i^nL .ut.f-'/
VORKSHIRE COL1.EGE.
OR!A UNIVEr.
LEÇONS THÉORIQUES ET CLINIQUES
SUR LES
AFFECTIONS CUTANÉES
DE NATURE
ARTHRITIQUE ET DARTREUSE
Paris. — Imprimerie de L. Mautinet, rue Mignon, 2.
LEÇONS THEORIQUES Eï CLINIQUES
SUR LES
AFFECTIONS CUTANÉES
DE NATURE *
ARTHRITIQUE ET DARTREUSE
CONSIDÉRÉES U ELLES-MÊHES ET DANS LEURS RAPPORTS
A.VEC
LES ÉRUPTIONS SGROFULEUSES, PARASITAIRES ET SYPHILITIQUES
PROFESSÉES
PAR LE DOCTEUR BAZIN.
Médecin de l'hôpitul Suint-Louis, Chevalier de la Le'gion d'honneur, etc.
RÉDIGÉES ET PUBLIÉES
Par LUCIEN SERGENT,
Interne des liôpiUiux.
REVUES ET APPROUVÉES PAR LE PROFESSEUR.
I
PARIS
ADRIEN DELAHAYE, LIBBAIRE-ÉDITEUR,
PLACE DE L*ÉC0LE-DE-MÉDEC1NE, 23.
1860
Droits de traduction et de reproduction re'serva's.
PRÉFACE.
Mes leçons sur les affections parasitaires, publiées il y a
deux ans, ont fait sensation dans le monde médical.
Depuis l'époque de leur publication, toutes les vérités
que nous annonçions ont été confirmées par l'expérience
des praticiens qui se tiennent au courant de la science.
Aujourd'hui, le groupe des affections parasitaires est irré-
vocablement constitué et a sa place marquée dans les ca-
dres nosologiques. Je puis le dire avec la certitude de
n'être démenti par personne, il n'en est aucun, en derma-
tologie, qui soit mieux connu dans ses causes, son diagnostic
et son Iraitemenl.
Dans les leçons de 1859, j'ai traité des arthritides et des
HERPÉTiDEs, dcux mots nouveaux que je propose pour dési-
gner deux groupes d'affections cutanées.
Les arthritides, que je viens signaler à l'attention des
médecins, constituent un groupe d'affections cutanées, tout
aussi obscur, disons mieux, tout aussi inconnu que l'était,
avant mes recherches, le groupe des affections parasi-
taires.
Les rapports du rhumatisme et de la goutte avec les ma-
ladies de la peau n'avaient pas échappé à l'attention des au-
II PRÉFACE.
teurs, mais aucun ciïorl n'avait été tenté pour circonscrire
le groupe d'affections de peau qui précède ou accompagne
la diathèsc rhumatismale ou goutteuse.
Encore moins s'était-on appli(|ué à la rcclicrche des ca-
ractères à l'aide des(iuels il serait permis de diiïérencier les
affections de peau faisant partie de ce groupe.
Pour moi, les affections cutanées d'origine arthritique
constituent une famille tout aussi naturelle que celle des
syphilides ou des afl^ctions parasitaires; et, malgré l'éton-
nement que va causer sans doute, dans le public médical,
une pareille manière de voir, j'ai la certitude qu'avant peu
mon opinion sur ce point de la science sera partagée par
les hommes éclairés qui, de bonne foi et sans prévention,
dans le seul intérêt de la science et de l'humanité, travail-
lent avec ardeur à la recherche de la vérité.
Considérer la dartre comme unité pathologique, et le
groupe d'affections spéciales que j'appelle herpétides ,
comme la Iraduction de celle-ci sur le tégument externe,
est une idée neuve. C'est une sorte de réhabilitation du vice
darlreux des anciens. Cette manière d'envisager les affec-
tions chroniques de la peau ouvre des voies nouvelles et
plus larges à l'observation ; elle aura d'immenses consé-
quences en thérapeutique et pourra éclairer d'un jour tout
nouveau la science hydrologique.
Est-il toujours facile, sur la peau, de distinguer nette-
ment les produits de l'arthrilis des produits de la dartre?
Assurément non ; mais on peut en dire autant de toutes
les maladies constitutionnelles, de la syphilis elle-même.
Dans les généralités, le lecteur trouvera un plan de clas-
PRÉFACE. III
sifioalion dermatologique. Je n'ai indiqué que les bases de
la classification et les divisions principales ; pour les détails,
je renvoie à la deuxième édition de la scrofule cutanée, qui
paraîtra prochainement.
Assurément, je n'ai pas la prétention de croire que mes
doctrines vont être universellement adoptées sans protes-
tation. Je m'attends à des objections nombreuses.
Le premier reproche qui nous sera adressé, sans doute,
sera d'avoir négligé les procédés de vérification en matière
scientifique. On nous objectera que nos opinions auraient
besoin d'être étayées par un grand nombre d'observations.
Nous répondrons que nous sommes loin de dédaigner la
méthode numérique, mais que pour bien observer, il faut
savoir d'abord ce que l'on observe, et que les statistiques
n'ont de valeur qu'autant qu'elles sont faites sur une large
échelle. Nous produirons des chiffres, quand ils seront
assez élevés pour qu'il ne soit pas possible d'en contester
la valeur.
D'autres objections, plus ou moins spécieuses, seront
encore mises en avant; et, comme on m'accuse de rester
impassible et muet devant les recherches scientifiques qui
contrarient les miennes, j'éprouve le besoin d'exposer ma
profession de foi en matière de discussion scientifique.
La presse médicale est complètement libre et use large-
ment de son droit. liCs journaux acceptent toutes les élucu-
bralions plus ou moins scienfifiques, tous les écrits sur la
médecine, quelle qu'en soit l'origine, sans discernement
et sans choix.
Que d'excentricités, sans parler de la guérison de la
IV VWkVUCE.
teigne en huit minutes, ne voit-on pas enregistrées ciiaque
jour cl fidèlement re[)roduites dans toutes les feuilles pé-
riodi(|ues! La plupart du temps les critiques (pii parlent
de vos travaux ne les connaissent pas; ils parlent de vos
livres sans les avoir lus. Qu'arrive-t-il, c'est que vos opi-
nions sont étrangement travesties, ou que l'on vous prête
des opinions que vous n'avez jamais eues.
Est-on tenu de répondre à tous les opuscules et articles
de journaux, où l'on fait intervenir si légèrement votre
nom et si inexactement vos travaux ? Je ne le crois pas, car
alors il faudrait avoir toujours la plume à la main et se ré-
soudre à perdre un temps qui peut être mieux employé
pour la science et pour l'art.
Dans mon opinion, on doit, avant de répondre, voir si
le travail de l'adversaire est digne d'une réponse, et aussi
prendre le nom de l'auteur en sérieuse considération.
Depuis deux ans, il a paru certains opuscules et articles
de journaux où mes idées sur la mentagre et les affections
parasitaires ont été attaquées. Je le dis sincèrement, ces
attaques ne m'ont pas paru assez sérieuses pour mériter
de ma part une réponse si courte qu'elle pût êire. •
Je dois des remercîmenls à M. Sergent, mon interne,
pour les soins qu'il a apportés à la fidèle rédaction de ces
leçons.
E. Bazin.
25 janvier 1860.
LEÇONS THÉORIQUES ET CLINIQUES
SUR LES
AFFECTIONS CUTANÉES
ARTHRITIQUES ET DARTREUSES
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
Il y a quatre ans, je vous ai exposé les principes généraux
qui me guident dans l'étude des affections cutanées. J'ai dit
ce qu'il fallait entendre par maladie, symptôme et affection,
lésion, trois états morbides qu'on ne doit pas confondre. Après
avoir donné ces notions indispensables de pathologie géné-
rale, je me suis occupé de la séméiotique cutanée.
En 1856, je vous ai communiqué sur la scrofule mes opi-
nions basées sur les nombreux faits qui sont soumis à mon
observation, je vous ai montré les analogies et les différences
qui existent entre les quatre maladies constitutionnelles :
scrofule, syphilis, dartre et arthritis.
En 1857, je vous ai fait part de mes recherches sur les
affections cutanées parasitaires. Je crois que mes travaux
n'ont pas été sans quelque influence sur les progrès de cette
partie de la pathologie cutanée et sur le traitement de ces
affections, qui, avant moi, était abandonné à un empirisme
aveugle.
4
2 LEÇONS SUR L'ARTHRITIS ET LA DARTRE.
En 1858, j'ai étudié les syphilides; je me suis appliqué à
les classer d'une manière méthodique, à les distinguer des
éruptions dartreuses, scrofuleuses et parasitaires, avec les-
quelles elles sont si souvent confondues. Cette année, je me
propose d'examiner avec vous les affections de peau vulgaire-
ment désignées sous le nom de dartres.
Le mot dartre est un terme générique employé pen-
dant longtemps par les pathologistes français. Il est cer-
tain que ce mot n'avait aucune signification précise, et
que les anciens désignaient, sous cette expression, des affec-
tions cutanées chroniques ayant de la tendance à récidiver et
à se généraliser. Comme ces affections chroniques sont très
fréquentes, nous comprenons qu'elles aient été observées dès
les temps les plus reculés. Hippocrate, Gahen, Celse les ont
décrites sous des noms différents : \{^Mpa, \j>Mpa zl*(ù§n^, scabies,
varus, lichen, impétigo, etc. Le terme qui paraît répondre
avec le plus d'exactitude au mot dartre, tel que nous l'en-
tendons, est l'expression à'herpès employée principalement
par Lorry, à une époque plus rapprochée de nous. Cepen-
dant, quelques auteurs avaient donné au moidartre une signi-
fication mieux déterminée. Mercuriali (1576), Turner (171/i),
divisaient les affections cutanées en deux classes : celles de
la tête ou teignes, et celles du tronc ou dartres. Cette der-
nière dénomination s'étendait alors à une nombreuse classe
d'affections de nature très différente. Plenck (1776), Willan
et son école démontrèrent sans peine que le mot dartre avait
un sens vague et indéterminé, et ils proposèrent sans hésita-
tion de le rayer du vocabulaire nosologique.
Si les noms imposés aux affections cutanées variaient, les
causes de ces affections ne variaient pas moins, suivant les
théories professées par les auteurs. Ainsi, pour Galien, les
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 3
dartres étaient dues aux altérations des humeurs, soit en
quantité, soit en qualité. Les médecins iatroehimistes faisaient
jouer un grand rôle à l'acidité ou à l'alcalinité du sang dans
la production des maladies dé la peau. Les descriptions des
affections cutanées n'étaient pas plus claires que les causes
et les dénominations qu'on leur attribuait. Il faut arriver,
jusqu'à Mercuriali et à Turner, pour trouver un essai de classi-
fication fondée sur le siège plutôt que sur les caractères propres
des affections. Plenck et Willan prirent, pour base de leur
classification des maladies de la peau, les lésions élémentaires
dans leur période d'état : les formes des affections cutanées
furent décrites avec plus de soin, mais, d'un autre côté, les
doctrines organiques professées par ces auteurs ont jeté de
la confusion dans l'étiologie et la thérapeutique de ces affec-
tions. Jusqu'à Plenck et Willan, on étudiait des maladies
dont les lésions cutanées étaient symptômes ; au contraire,
l'école de Willan élève les lésions ou les symptômes au de-
gré de maladies. Il en résulte qu'on n'admet plus les dar-
tres, affections variées quant à l'élément primitif, mais uni-
ques par leur cause et par leur nature. La maladie est démem-
brée, puis niée complètement. Cette suppression de la maladie
entraîne celle de l'étiologie, et la thérapeutique ne s'adresse
plus à la maladie elle-même, mais à la lésion ou aux sym-
ptômes.
La doctrine de AVillan a été importée en France par Biett,
et, à part quelques modifications peu importantes, elle est
encore aujourd'hui professée par la plupart des dermatolo-
gistes. Cependant aucun progrès ne s'est-il accompli depuis
Willan?
On ne peut nier que l'étude éliologique des affections cuta-
nées n'ait progressé depuis les travaux de Plenck et de
4 LEÇONS SUR L'ARTIIRITIS ET LA DARTRE.
Willan. En 1780, Pierre Lalouette, conlemporaiii de Plenck,
essaye de décrire les scrofulides bénignes, groupe naturel
d'aflections culanées que j'ai réédifié, il y a cinq ans, et dont
j'ai fait connaître les caractères propres. Plus lard, Joseph
Frank indique d'une manière assez vague les caractères des
dartres arthritiques, qu'il confond avec les dartres herpéti-
ques; à la même époque, IJiett donne les symptômes des
syphilides. M. Rayer fait une bonne étude des éruptions arti-
ficielles, qu'il divise en éruptions directes et en éruptions
indirectes. Les éruptions artificielles directes sont produites
par le contact d'un agent irritant snr la peau ; elles se trou-
vent dans tous les ordres de Willan. Parmi les érythèmes sont
les éruptions déterminées par la moutarde, l'urtica urens, etc.
Dans les affections vésiculeuses et ecthymatiques, se rencon-
trent les éruptions produites par l'huile de croton et le tartre
stibié. Dans les affections huileuses, on trouve celles qui ré-
sultent de l'action des cantharides, de l'ammoniaque et de
l'huile de noix d'acajou. Vous connaissez tous l'éruption artifi-
cielle produite par les frictions répétées d'Iiuile de cade: elle
est caractérisée par des boutons pustuleux, durs à leur hase,
légèrement ombiliqués et traversés par un poil; elle constitue
un véritable sycosis cadique qui est dû à une inflammation
des follicules pileux, provoquée par l'action irritante de l'huile
de cadc déposée sur l'orifice du follicule pendant les fric-
lions.
Certains agents produisent sur la peau des éruptions va-
riées. Chez les ouvriers des fabriques de papiers peints et
chez tous ceux qui se servent des composés arsenicaux, on
voit apparaître des al'fcclions papuleuses, pustuleuses et ulcé-
reuses, qui ont la plus grande analogie avec des éruptions
syphililiqiies, à tel point que les hommes les plus versés dans
CONSIDÉKATIONS GÉNÉRALES. 5
la coniluissancc des affeclions spéciales de la peau ont pu
commettre de funestes méprises. Je ne saurais trop vous en-
gager à lire le travail que 31. lîeaugrand a présenté derniè-
rement à l'Académie de médecine, sur les dangereux effets
des verts arsenicaux. Ce sujet est intéressant à connaître au
point de vue de la dermatologie, de l'hygiène et de la méde-
cine légale.
A côté des éruptions artificielles, je place une grande famille
d'affections cutanées, les affections cutanées parasitaires.
Vous savez qu'il y a deux sortes de parasites, l'un végétal et
l'autre animal : de là deux sortes d'affections cutanées para-
sitaires, les insecto-der7nides et les phyto-dermides. J'ai
établi le rôle du parasite qui est la cause et non le produit
de l'affection.
Les expériences de M. Pouchet ont-elles diminué l'impor-
tance du rôle du parasite? Je ne le crois pas. Cette doctrine,
qui admet la possibilité du développement spontané des êtres
inférieurs, animaux ou végétaux, est, suivant moi, une doc-
trine fausse qui repose sur des faits mal observés. Plusieurs
fois j'ai soumis des amas de spores à une chaleur qui dépas-
sait 100", et la plupart de ces spores avaient encore la faculté
de se développer. Il n'est donc pas exact de dire qu'une cha-
leur de 100° anéantit tout principe de vie dans les corpus-
cules reproducteurs des végétaux inférieurs.
Avant mes recherches , les affections phyto-dermiques
étaient rangées au nombre des dartres ou des maladies idio-
palhiques de la peau; maintenant le groupe des affec-
tions cutanées parasitaires est irrévocablement constitué. Il
se dislingue des dartres par deux caractères fondamentaux :
1» la contagion , 2" la curabilité. Que sont, en effet, les dar-
tres contagieuses des auteurs , sinon des affeclions parasi-
6 LEÇONS Smi L'AUrillUTJh m la J)AltTJl£.
tairesï L'iierpès circiiic n'esl pus une dartre : c'est une attec-
tion produite par le trichopliyton tonsurant. On a aussi
rapporté des laits de contagion observés dans le pityriasis
versicolor, le porrigo decalvans, le lichen circonscrit, etc.
Mais toutes ces afléctions ne sont-elles pas engendrées par
nos parasites cutanés?
Quant à la curabiiité, il est facile d'apprécier à sa juste
valeur ce signe distinctif. En interrogeant les malades du
service, vous arriverez à établir deux catégories d'aiïections :
dans l'une, vous trouverez les favus, les mentagres, les
herpès circinés ou tonsurants, les pelades, admis à l'hôpital
pour la première fois et guéris radicalement dans un espace
de temps déterminé. Dans la seconde catégorie d' affections
cutanées, vous rencontrerez les psoriasis, les eczémas, les
lichens, qui disparaîtront ou auront déjà disparu sous l'in-
fluence d'un traitement approprié, mais qui ne tarderont pas
à récidiver et à ramener le malade dans nos salles ou dans
les autres services de l'hôpital.
Parmi les éruptions artificielles de M. Rayer, les éruptions
indirectes correspondent à nos affections pathogénétiques.
L'urticaria ab ingestis, la roséole qui est produite par l'ad-
ministration du baume de copahu, les taches qui se montrent
sous l'influence des préparations arsenicales, sont autant
d'éruptions indirectes ou pathogénétiques.
Quand on élimine des affections apyrétiques de la peau les
diflbrmités et les affections artificielles, parasitaires, scrofu-
leuses et syphilitiques, il reste encore une classe très nom-
breuse d'affections : ce sont les dartres.
Les dartres forment-elles un groupe naturel? Se montrent-
elles toutes sous l'influence d'une môme cause, la diathèse
dartreuse? La plupart des auteurs répondent par l'affirmative.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 7
Je ne puis adopter cette opinion, qui est celle de notre excel-
lent collègue M. Hardy.
Le groupe des affections dartreuses des auteurs est un
assemblage incohérent d'affections cutanées qui différent et
par la forme et parla nature. Déjà J. Frank avait entrevu la
diversité des dartres, qu'il partageait en plusieurs groupes
naturels et parfaitement distincts : il admettait des impéti-
gines arthritiques, gastriques et scorhu tiques. Ces dernières
sont rarement observées de nos jours; elles étaient, à ce
qu'il paraît, beaucoup plus fréquentes, il y a cinquante ans.
Quant aux impétigines gastriques^ qui sont placées sous
l'influence d'une diatbèse gastrique, je ne vois dans celte
expression que l'indication du rapport des affections viscé-
rales (de l'estomac, du foie, etc.) et des affections cutanées
qu'on trouve dans la dartre pure.
J'ai déjà dit que Pierre Lalouette avait entrevu le groupe
des scrofulides bénignes.
En définitive, il n'existe pas, pour nous comme pour
M. Hardy, une famille naturelle d'affections cutanées que l'on
puisse appeler dartres. Ces dartres se rattachent à trois prin-
cipes, à trois maladies constitutionnelles, et forment trois
groupes différant et par les caractères objectifs des affections
qui les composent, et par le traitement qu'ils réclament. Nous
avons appelé l'un de ces ^vou^es scrofulides bénignes; nous pro-
posons de nommer les deux autres arthritides et herpétides,
groupes qui répondent aux impétigines arthritiques et gastri-
ques de Frank. S'il fallait absolument donner la définition de
l'expression c?«r/re5, qu'il est préférable de ne pas employer
dans l'état actuel de la science , je dirais : Les dartres sont
des affections cutanées, non contagieuses, pyrétiques ou
apyrétiques, récidivant avec opiniâtreté, survenant sous
0 ttÇONS SUR L'ARTIIUITIS LT LA OAllTRE.
1 -mfluence de trois maladies constitutionnelles ^ l'arthritis,
la dartre et la scrofule.
Pour se comprendre, il faut exactement définir les termes
qu'on em[)loie, surtout quand on les emploie dans un sens
difîérent de celui qui est généralement adopté. Il est indis-
pensable de vous dire tout d'abord c« que j'entends par dia-
thèse et par maladie constitutionnelle; puis, dans un der-
nier paragraphe, je chercherai à vous indiquer la place que
les dartres doivent occuper dans une bonne classification
dermatologique.
Le mot diathèse (rliaGî^tç) est aussi ancien que la médecine
elle-même; à lui seul il contient toute une doctrine. Aussi
peut-on dire qu'il a changé de sens chaque fois qu'une nou-
velle doctrine a paru en médecine. Employé par le plus
grand nombre des auteurs pour exprimer la nature de la
cause prochaine , le terme diathèse a servi pour dési-
gner une modification hypothétique dans la constitution
matérielle d'une partie ou de la totalité de l'organisme. D'au-
tres auteurs n'ont donné aucune explication sur la nature
intime de la diathèse^ et l'ont confondue avec la pré-
disposition latente. Parmi ces derniers, quelques-uns ont
restreint la signification du mot diathèse en ne l'appli-
quant qu'à la disposition du corps qui provoque le retour
du même état morbide, ou bien à la seule prédisposition
qui fait éclater la maladie sans le secours de la cause occa-
sionnelle.
Ainsi, dans la théorie galénique, la diathèse n'est autre
chose que l'intempérie des humeurs qui amène la ma-
ladie.
Dans les théories dichotomiques de Thémison, de Brown,
de Rasori et de Broussais, la diathèse consiste dans le laxum
COiNSlDÉlimONS GÉNÉRALES. 9
et dans lè slrictum, dans l'asthénie et la sthénie, dans le sti-
mulus et le contro-stimulus, etc.
Pour les humoristes modernes, la diathèse n'est que l'alté-
ration du sang.
Les auteurs contemporains adoptent presque tous la défi-
nition de Cliomel. Je crois que, pour ce motif, il est intéressant
de nous arrêter quelques instants sur les doctrines de ce pa-
thologiste.
« La maladie est un désordre notable survenu, soit dans la
disposition matérielle des parties constituantes du corps vi-
vant, soit dans l'exercice des fonctions.
)) Quelques auteurs ont cherché à établir une distinction
entre l'affection et la maladie... Cette distinction doit être
rejetée comme contraire à l'acception commune, et comme
propre à porter de l'obscurité dans le langage sans répandre
aucune lumière sur les choses... Dans le langage médical, on
emploie comme synonymes, les mots maladie eia^eciion{i) .
Les causes éloignées sont celles qui préparent ou détermi-
nent l'altération intime qui forme Vessence ou la cause pro-
chaine de la maladie... La cause prochaiîie n'est autre chose
que l'essence même de la maladie, que la modilication intime
do l'organisme qui la constitue, et ne peut pas être comptée
parmi les causes qui la produisent (2).
» Toutes les fois qu'une maladie se montre sans cause évi-
dente, el c'est ce qui a lieu dans la plupart des cas qui sont
du ressort de la pathologie interne, on est obligé, pour en
expliquer la production, de recourir à une prédisposition
latente qui elle-même semble devoir consister en une modi-
fication spéciale, mais entièrement inconnue dans son essence,
(1) ChoincI, Éléments de pathologie générale, 3« édition, p. 16.
(2) Id., p. 30 et 32.
10 LEÇONS SUR L'AUTHRITIS ET LA DARTRE.
soit de toute réconomie, soil d'une ou de plusieurs des par-
ties qui la constituent...
> L'observation a fait connaitre que, chez un certain
nombre d'individus, un organe est beaucoup plus fréquem-
ment afleclé que les autres, ou môme est le siège exclusif de
presque toutes les maladies qui se montrent pendant le cours
entier de la vie, ou du moins pendant une ou plusieurs de
ses grandes périodes, comme l'enfance, la jeunesse, l'âge mûr :
chez l'un, c'est le poumon; chez l'autre, c'est l'estomac ou
les intestins; chezun troisième, c'est le cerveau qui, suivant
l'expression vulgaire, est l'organe faible, c'est-à-dire le plus
disposé à recevoir l'action des causes morbiOques. Les parti-
sans de la doctrine de l'irritation ont proposé de désigner par
le mot diathèse cette disposition d'un organe à être affecté
de maladies quelconques, et ils ont admis ainsi des diathèses
pulmonaire, gastrique, cérébrale, utérine, etc.; mais dans les
écrits de la plupart des médecins et dans le larigage usuel de
la science, ce mot a une acception différente.
» La diathèse est une disposition en vertu de laquelle plu-
sieurs organes ou plusieurs points de l'économie sont à la fois
ou successivement le siège d'affections spontanées dans leur
développement et identiques dans leur nature, lors même
qu'elles se présentent sous des apparences diverses. En effet,
si plusieurs phlegmasies, une péritonite, par exemple, une
pneumonie, uneoplilhalmie, se montrent simultanément chez
un même sujet, et si chacune d'elles est produite par une
cause extérieure manifeste, il n'y a point là de diathèse; mais
si les mêmes affections viennent à se développer sans causes
évidentes, on dit alors qu'elles sont dues à une disposition
commune, qu'on nomme ^\îiW\hsQ inflammatoire (ï). d
(1) Chomel, Éléments dcpalh. gén., 3* éditioo, p. 89 et 90,
COWSIUÉRATIONS GÉNÉRALES. U
Telle esl la doctrine de Chomel, admise par la plupart des
médecins contemporains. En quoi cette doctrine diffère-t-elle
de la nôtre? Le voici.
Chomel confond le symptôme, qui est aussi un désordre
fonctionnel, et la lésion, qui est un désordre dans la consti-
tution matérielle des parties, avec la maladie, qui peut être
l'un ou l'autre-, tandis que, pour nous, la maladie est l'état
du corps qui produit ces désordres. De ce que nous ne con-
naissons point la cause prochaine des maladies, il ne s'ensuit
point qu'elle n'existe pas : c'est comme si l'on voulait sup-
primer le signe représentant l'infini d'une formule algébrique,
parce qu'il n'est pas donné à l'homme de comprendre l'in-
fini. Est-il réellement nécessaire d'admettre deux sortes de
causes internes, toutes deux inconnues dans leur essence, la
prédisposition latente et la diathèse? Pourquoi multiplier
ainsi le nombre des inconnues étiologiques? En quoi la dia-
thèse diffère-t-elle de la prédisposition latente dans la doc-
trine de Chomel?
La diathèse présente cette seule différence qu'elle est com-
mune à plusieurs maladies. Mais ne voyez-vous pas que toutes
ces maladies, identiques dans leur nature, qui existent en-
semble ou se développent successivement sur le même su-
jet, qui procèdent de la même disposition inconnue dans
son essence, ne voyez-vous pas que toutes ces maladies
ne sont que des symptômes ou des lésions que Chomel prend
pour des maladies? En réalité, il y a une prédisposition
latente, une et indivisible pour chaque espèce morbide, et il
n'y a point de prédisposition latente commune à plusieurs
maladies. Il estdonc inutile d'admettre la diathèse comme
une cause interne de maladie, distincte de la prédisposition
latente.
12 LEÇO^S SLR l'AHTHRIIIS et la DAlt'lKL.
J'aurais bien d'autres objections à adresser à cette doctrine
des diatbèses, considérées comme causes communes de mala-
dies de nature identique. Et d'abord, je demanderais ce qu'est
l'identité de nature ; notre auteur n'en dit rien. « La dialhèse
est une disposition du corps qui donne lieu à des affections
spontanées dans leur développement, identiques dans leur
nature, lors môme qu'elles se présentent sous des apparences
diverses. » Mais à quels caractères reconnaîtra-t-on que ces
affections sont identiques dans leur nature? Il y a là une
lacune que la lecture du livre de pathologie générale tout en-
tier ne saurait parvenir à combler.
La définition que Chomel donne de la diathèse ne permet
pas de rattacher aux maladies dialhésiques celles qui ne se
traduisent que par une seule affection. Le cancer du sein,
s'il est seul, ne reconnaîtra pas pour cause une diathèse; mais
s'il coexiste avec un cancer de matrice, il. sera le produit
d'une diathèse. Si l'on voit dans les différentes manifestations
^ d'une même cause interne autant de maladies différentes, on
méconnaît l'unité pathologique; on perd de vue les' évolu-
tions successives, les rapports et la marche des affections qui
la composent; on n'étudie qu'une partie de la maladie, au
lieu de la considérer dans son ensemble.
M. I>aumès (de Lyon) définit la diathèse « un besoin
anormal de la vie végétative, très souvent héréditaire, quel-
quefois acquis, devant nécessairement, fatalement, spontané-
ment, se produire au dehors par des manifestations morbides
qui paraissent, puis disparaissent dans un point, pour repa-
raître là ou ailleurs, à des époques séparées par des inter-
valles plus ou moins longs, qui affectent partout une forme
identique ou revêtent des formes diverses, mais toujours dé-
rivant d'un môme principe et étant, par conséquent, de la
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 13
môme nature (1). » Dans le langage imagé de M. Baumes, be-
soin de la vie végétative veut dire état morbide bien établi.
En eiïel, un peu plus loin, il attaque la définition de Chomel...
« La diathèse, dit-il, n'est pas seulement une disposition, mais
un état morbide réel.» Quel est cet état morbide bien établi?
M. Baumès cberclie à satisfaire sur ce point la curiosité du
lecteur. Nous lisons à la page 59 : « Ainsi, d'un côté, quelque
chose de spécial dans le sang, modifiant vicieusement les
solides, les ganglions ou centres nerveux, dans la sphère de
la vie végétative; d'un autre côté , tendance spontanée, qui
en résulte, aux décharges fluxionnaires ; voilà, dans l'hypo-
thèse précédente, quels seraient les deux éléments insépara-
bles de tout état diathésique, de toute diathèse.
» Mais, comme nous ignorons complètement ce qu'il y a de
spécial dans le sang, etc., il nous semble plus naturel, plus
rationnel, de nous en prendre avant tout à une disposition
vicieuse, native ou acquise de l'organisation de certains tissus,
qui fait que ceux-ci, sous l'influence des mouvements fluxion-
naires qu'ils contribuent à provoquer et qu'ils appellent plus
particulièrement sur eux, en vertu de cette disposition, sé-
crètent dans les deux diathèses dont il est question , par
exemple des produits hétérogènes, ou se transforment en ces
produits hétérogènes, dont tous les éléments leur sont four-
nis par le sang. »
Concluons de cette lecture que M. Baumès est plutôt soli-
diste qu'humoriste; que, pour lui, le mot diathèse est syno-
nyme de cause prochaine, et que la cause prochaine réside
dans une altération du sang ou des liquides de l'économie. Se
laissant guider par ses tendances organopathiques plutôt que
par l'observation des malades, M. Baumès a prisses divisions
(l) Précis théorique et pratique sur les diathèses. Lyon, 1859, p. 42 et 43 '
14 LEÇONS SUR L'aBTHRITIS ET LA DARTRE.
des (liatlièses dans ranatomie. Il partage les diatlièses èn trois
groupes :
1° Diathèses d'organes;
2° Diathèses de tissus ;
3° Diathèses d'ensemble.
Cette doctrine tout organique nous explique pourquoi
l'auteur a souvent morcelé l'unité pathologique, et donne,
comme espèces morbides distinctes , de simples phases de
maladies constitutionnelles ; je n'en veux citer qu'un exemple.
On lit à la page 278 du Précis des diathèses :
« Un client, sujet à une assez forte migraine depuis l'âge
de la puberté, commença à se plaindre, à vingt-deux ans, de
maux d'estomac, de mauvaises digestions. La migraine dis-
parut. L'année suivante, une bronchite avec expectoration
et oppression se montra, et la gastralgie cessa. Le prin-
temps qui suivit, des dartres squameuses, par plaques circu-
laires, apparurent sur différents points, en même temps que
la bronchite cessait. Les dartres durèrent l'espace de trois
années.
» A cette époque, le malade revint me consulter pour une
douleur forte, avec léger gonflement, qui s'était manifestée
dans le 'genou droit, et qui avait été précédée d'une douleur
et d'un gonflement semblables dans le genou gauche. Le ma-
lade m'avoua qu'il avait consulté, en même temps que moi,
un praticien distingué de Lyon, qui ne s'était jamais expliqué
sur la nature des affections différentes qui se produisaient
dans diverses régions. Mais dernièrement il avait revu ce
médecin, qui lui avait déclaré reconnaître actuellement que
toutes les affections successives qu'il avait présentées étaient
dues à un rhumatisme.
j> C'était aussi mon avis, mais je me demandais sur quoi
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 15
pouvait se baser l'opinion autrefois si incertaine , mainte-
nant si positivement exprimée par ce praticien, et comment
ce rhumatisme avait pu tour à tour se faire migraine , gas-
tralgie, bronchite, dartres et gonflement de l'articulation du
genou. »
Nous sommes loin de partager l'embarras de M. Baumès,
nous voyons dans toutes ces affections autant de phases suc-
cessives d'une même maladie : l'arthritis. Les diathèses mu-
queuses et dartreuses de M. Baumès ne sont que des symptômes
de plusieurs maladies constitutionnelles que nous avons sou-
vent nommées. Cet auteur a inauguré un langage différent
de celui qu'on emploie dans les écoles, mais il n'en reste pas
moins organicien.
Notre collègue M. Hardy est resté, comme Chomel et le
plus grand nombre des auteurs contemporains, sous le joug
de la tradition. La diathèse, pour lui, est une cause
interne commune à plusieurs maladies, ce qui l'a conduit à
établir une classe de maladies avec les symptômes de trois
maladies constitutionnelles : la scrofule, la dartre et l'ar-
thritis.
« Le mot dartres, dit M. Hardy, est resté dans le langage
populaire, et c'est à tort qu'il a été rayé du cadre nosologique
dans lequel il doit reprendre sa place. Il existe une diathèse
dartreuse : c'est cette diathèse qui produit les maladies ap-
pelées dartres. Les dartres forment une famille naturelle
composée de quatre espèces morbides : l'eczéma, le Hchen,
le pityriasis et le psoriasis. »
On pourrait demander à M. Hardy pourquoi il n'admet que
quatre espèces de dartres, au lieu d'en reconnaître cinq, six
et un plus grand nombre. Le pemphigus ne devrait-il pas
figurer parmi les dartres? J'avoue que j'aimerais mieux en
16 LEÇONS SUR 1,'ARTIIRITTS HT I.A DARTRi:.
faire une dartre qu'une lésion accidentelle de la peau. Ce
reproche ne s'adresse pas seulement à M, Hardy, mais ù Ali-
bert, qui avait aussi rayé la dartre pldyclénoîde, pour en
faire une dermatose eczémateuse. Pourquoi ne trouve-t-on
pas l'urticaire et le prurigo sur la liste des affections dar-
treuses?
Selon M. Hardy, les caractères communs des affections
qu'il compte au nombre des dartres sont les suivanls : l'hé-
rédité, la récidive, la tendance à se propager sur la surface
du corps, l'existence de démangeaisons, la marche chro-
nique, enfin la guérison sans cicatrice.
Mais l'urticaire et le pemphigus ne présentent-ils pas
tout l'ensemble des caractères communs des maladies dar-
treuses ?
Les quatre affections culanécs qui jouissent du privilège,
dans le livre de M. Hardy, d'être nommées dartres, recon-
naissent une cause interne commune, la diathèse dartreuse.
Mais cette diathèse ne se révèle que par un petit nond)re de
phénomènes qui sont, pour ainsi dire, les prodromes des
maladies dartreuscs : la sécheresse de la peau , le prurit et
une organisation spéciale de la membrane tégumentaire, qui
la rend apte à recevoir l'action pathogénétique de certains
aliments, comme les moules, le homard, etc. En vérité, peut-
on admettre que les sujets prédisposés à l'une de ces quatre
maladies dartreuses, seuls soient capables d'éprouver ces
trois phénomènes?
Si l'eczéma, le lichen, le pityriasis et le psoriasis sont
quatre maladies différentes, bien qu'elles soient toutes le
produit d'un môme vice, comment expliquer les transforma-
tions si ordinaires de ces affections les unes dans les autres?
Je viens de vous exposer les motifs qui m'empêchent
CONSinftR VTrONS GÉNÉRALES. 17
d'admettre la diathèse dans le sens que la tradition et l'usage,
selon Chomel, ont réservé à ce mot; maintenant il faut pré-
ciser ce que nous entendons par ces expressions, diathèse
et maladie constitutionnelle.
Eh bien! ces deux expressions, pour nous, ne sont autre
chose que deux termes génériques, par lesquels nous dési-
gnons deux classes de maladies dans le tableau nosologique. |
Une diathèse est une maladie aiguë ou chronique, pyré- |
tique ou apyrétique, continue ou intermittente, contagieuse
ou non contagieuse, caractérisée par la formation d'un seul !
produit morbide qui peut avoir son siège indistinctement ,
dans tous les systèmes organiques. (Exemple : diathèses tu-
berculeuse, cancéreuse, etc.) \
Une maladie constitutionnelle est une maladie aiguë ou 1
chronique, pyrétique ou apyrétique, continue ou intermit-
tente, ordinairement à longues périodes, contagieuse ou non
contagieuse, caractérisée par un ensemble de produits mor-
bides et d'affections très variées, sévissant indistinctement
sur tous les systèmes organiques. (Exemple : scrofule, syphi-
lis, etc.) ,
Les classifications dermatologiques sont nombreuses; ce-
pendant toutes peuvent se rapporter à trois méthodes princi-
pales, selon M. Cazenave. {Introduction à l'étude des mala-
dies de la peau. Schedel et Cazenave, Maladies de la
peau, V édit.)
Première méthode. — La première méthode consiste à
diviser les affections de la peau en deux groupes principaux,
suivant qu'elles se manifestent à la tôte [teignes), ou sur le
tronc {dartres). Mercuriali (1576), Turner (I71/i), Alibert
(1806) ont tour à lour adopté cette méthode pour base de
leur classification.
♦
2
48 LEÇONS SUR L'aRTHRITIS ET LA DARTRE.
Deuxième méthode. — La seconde mclhode est celle de
Joseph Frank. Cet auteur divise les maladies de la peau en
aiguës et chroniques : les premières comprennent les exan-
thèmes, et les secondes renferment les impétigines. La divi-
sion des maladies en aiguës et chroniques est mauvaise en
nosologie, la marche des maladies n'en changeant pas la na-
ture. Bien que éloigné de Frank sur le terrain des doctrines
médicales, je me rapproche singuhèrement de ce patliolo-
giste dans les divisions dermatologiques; aussi n'est-il pas
sans intérêt de vous les faire connaître.
Les exanthèmes de Frank se partagent en deux groupes :
-l" Exanthèmes symptomatiques ;
2° Exanthèmes primitifs.
Les premiers comprennent les éruptions pestilentielles
(anthrax, charbon), et les éruptions fébriles (sudamina, mi-
liaire fébrile, etc.).
Les exanthèmes primitifs répondent aux pseudo-exan-
ihèmes, aux fièvres éruptives, aux phlegmasies et aux hémor-
rhagies.
Les impétigines sont primitives ou locales, secondaires ou
symptomatiques. Les impétigines locales sont constituées par
les difformités et infirmités congénitales ou acquises, et par
les affections de cause externe. Quant aux impétigines secon-
daires ou symptomatiques, elles ne sont que les manifesta-
tions cutanées des maladies constitutionnelles et des dia-
thèses. Frank admet des impétigines :
1° Inflammatoires;
2" Gastriques ;
3° Arthritiques-,
4° Carcinomateuses ;
5* Scrof uleuses ;
CONSinÉRATIONS GÉNÉRALES. 49
6° Scorbutiques;
T Vénériennes ;
8° Nerveuses.
Enfin il existe un dernier groupe d'impétigines composées
ou compliquées.
Les impétigines inflammatoires rentrent évidemment dans
la classe des impétigines qui dépendent de la diathèse arthri-
tique, appelée par quelques auteurs diathèse congestive ou
inflammatoire.
Dans les impétigines gastriques et arthritiques, nous re-
trouvons nos herpétides et nos arthritides. Toutefois, il est
bon d'ajouter que Frank n'a fait qu'entrevoir cette distinc-
tion des manifestations cutanées de la dartre et de l'arthri-
tis; en effet, dans le chapitre oti il est question de l'herpès,
il dit que la plupart des dartres sont arthritiques, et il oublie
de mentionner l'herpès gastrique.
Je n'ai aucune remarque à faire sur les impétigines car-
cinomateuse, scrofuleuse, scorbutique et vénérienne, dont
les dénominations donnent une idée suffisante .des aflections
cutanées auxquelles Frank a appliqué ces expressions. Tou-
tefois je ne puis m'empôcher de vpus faire observer, à propos
des impétigines scrofuleuses, que Frank ne connaissait que
les scrofulides malignes, et, à propos des impétigines scorbu
tiques, que celles-ci étaient plus communes de son temps et
dans son pays, qu'elles ne le .sont aujourd'hui dans les con-
trées que nous habitons.
Les impétigines nerveuses du pathologisle allemand rap-
pellent les névroses cutanées de M. Cazenave, mais elles en
diffèrent complètement. L'habile dermatologiste français dé-
signe sous ce nom les affections des papilles, qu'il considère
comme formées presque exclusivement par l'élément nerveux.
20 LEÇONS SUR L'AUTHUITIS I-T LA DARTRE.
C'est détourner, pour le dire en passant, de son sens tradi-
tionnel le mot névrose, qui signifie afl'eclion sans lésion ma-
térielle, et non aflection qui a son siège dans les nerfs. Le
pathologiste allemand entend par impétigines nerveuses celles
qui se lient aux affections des nerfs ou du système nerveux
central. Quand la sensibilité et la myotilité sont troublées, la
nutrition et les sécrétions, dit-il, sont également troublées, et
de là résultent des éruptions et des squames à la surface de
la peau.
Mais, évidemment, ces lésions cutanées sont des symptômes
de symptômes, et ne sauraient constituer un groupe particu-
lier d'affections cutanées reconnaissables à des caractères
propres comme les autres groupes naturels que nous avons
établis. L'histoire de ces affections consécutives appartient à
laséméiolique delà peau et à la description des maladies aux-
quelles elles se rapportent. Je citerai comme exemple le pru-
rigo ictérique, dont l'étude est inséparable de cellede l'ictère.
Troisième méthode. — La troisième méthode prend pour base
de classification l'élément anatomo- pathologique, la lésion
cutanée élémentaire. Plenk en 1789, Willan en 1798, sont
les deux premiers auteurs qui ont formulé cette classification,
dans laquelle les affections cutanées sont rapportées par le
second de ces auteurs à huit ordres : i° exanthèmes, 2" vési-
cules, 3» bulles, A" pustules, 5° papules, 6° tubercules,
7° squames , S" macules.
Celte classification est celle qu'ont adoptée MM. Schedel et
Cazenave dans leur Traité des maladies de la peau; ils ont
ajouté une neuvième classe, composée de maladies qui,
par leur nature, ne peuvent se rapporter à aucun des ordres
ci-dessus : lupus, pellagre, bouton d'Alep, syphilides, pur-
pura, éléphantiasis des Arabes, kéloïde.
CONSlDÉRATlOiNS GÉ^ÉitALES. 21
Pour nous, l'affection cutanée n'étant qu'un symptôme,
une bonne classification dermatologique ne doit être, s'il
m'est permis de m'exprimer ainsi, que l'empreinte, sur le
tégument, du cadre nosologique. Or, dans l'état actuel de la
science, il n'existe pas, il faut bien le dire, une bonne classi-
fication nosologique; par conséquent, il n'y a pas de classifi-
cation des affections de la peau exempte de reproches.
Voici celle qui me paraît la meilleure.
J'établis trois catégories d'états morbides :
1» Difformités 5
2" Maladies chirurgicales;
3° Maladies internes.
A chacun de ces groupes d'étals morbides correspondent
des groupes d'affections cutanées, ainsi qu'on peut s'en con-
vaincre en jetant les yeux sur le tableau ci-joint :
CLASSIFICATION NOSOLOGIQUE.
1" Difformiles congéniales ou ac-
quises.
2° Maladies chirurgicales [de canso
cxteruc).
3" Maladies internes.
A. Pestes.
B. Fièvres.
CLASSIFICATION DERMATOLOGIQUE,
1" Difformiles congéniales ou ac-
quises.
Nœvi, ichthyose, vililigo congénital
ou acquis.
2" Affections cutanées chirurgi-
cales (de cause externe') :
A. Mécaniques : plaies, déchirures,
brûlures, eccliymoses.
B. Arlilicielies : directes, indirectes
OU palhogénéliqucs.
C. Parasitaires : phyto-derniiques,
iusecto-dermiqucs.
3° Affections cutanées de cause in-
terne .•
A. Éruptions pestileutiellcs ( an-
thrax malin, charbon, etc.).
B. Éruptions fébriles (lâches ro-
sées lenticulaires, sudamina, miliaire
fébrile).
LiivONs SUR L'Aimiiuns j;i i.a DAuiHt;.
C. Exuiillièincs.
D. Fseiidu-cxaulbèmes.
il. Phlegmasies.
F. Héuiorihagies.
G. Maladies consliiuiio)inelles :
a. Scrofule.
b. Syphilis.
c. Dartre.
d. Arthrilis.
e. Scorbut.
f. Pellagre
H. Dialhcses.
C. li^ruplious cxautliéiiiatiques [rou-
geole, .scarlaiiiie, variole, varioloïde,
varicelle).
D. Éruptioiis pseudo exaiillu-mati-
ques (roséole, urticaire, pityriasis ru-
bra aigu, pcmpliigus aigu ou lièvre
huileuse, herpès phlycténoïde, zoua).
E. Érysipèle.
F. Purpura.
G . Éruplions propres aux maladies
consUlulionnelles, ou impélùjines de
Frauk :
a. Scrofulidcs.
b. Syphilides.
c. Herpétides.
d. Arthritides.
e. Éruptions scorbutiques.
f. Éruptions pellagreuses (1).
H. Éruptions dialhésiques {ép'ilhé-
lioraa, carciue , cancroïde , luyco -
sis, etc.).
Les affections culanées^marqiient uiie période, une phase
d'évoluUonjdeTu^^ dàns les maladies consti-
tutionnelles ; cette phase elle-même offre différents degrés
d'intensité, qui sont en rapport avec l'ordre chronologique.
Ainsi, dans les syphilides, nous avons trois groupes d'affec-
tions, qui marquent les trois degrés de la syphilis cutanée :
1° Syphilides exanlhématiques;
2° Syphilides circonscrites ;
3° Syphilides ulcéreuses.
(l) Les progrès de la science pourront apporter quelques changements à
cette classification , mais ils ne sauraient en ébranler les bases. Ainsi, d'après
les intéressantes recherches de M. le docteur Costallat (de Bagnèrcs) , la
pellagre serait produite par un parasite analogue à Tergot de seigle. Si ces
recherches se confirmaient , la pellagre ne pourrait plus figurer parmi les
maladies conslilutionuelles ; sa place naturelle serait dans les affections arti-
ficielles indirectes ou pathogénétiques.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 23
Dans la scrofule, nous trouvons de même trois ordres de
scrofulides, qui correspondent à ces trois ordres de syphi-
lides :
1" Scrofulides bénignes, superficielles et étendues;
2° Scrofulides malignes, circonscrites;
3° Scrofulides ulcéreuses.
Dans la dartre, nous rencontrons également ces trois
groupes :
1° Les herpétides pseudo-exantliématiques, superficielles;
aiguës et rapides dans leur marche 5
2° Herpétides circonscrites ;
3° Herpétides généralisées, invétérées.
Dansl'arthritis, nous n'aurons que deux ordres d'éruptions
marquant deux degrés de l'arthritis cutanée.
J'ai une autre remarque à vous, faire, c'est que dans ces
groupes naturels d'affections cutanées, il y a tantôt simple
analogie, et tantôt identité de cause. Ainsi, dans les exan-
thèmes, chaque éruption appartient à une individualité pa-
thologique distincte, tandis que, dans les impétigines con-
stitutionnelles, tout le groupe éruptif dépend de la même
diathèse, c'est-à-dire qu'il fait partie de la même unité patho-
logique.
L'étude des dartres doit èjtre précédée de l'étude des deux
maladies constitutionnelles dont elles ne sont qu'une des
nombreuses manifestations, et de la connaissance de la sé-
méiotique cutanée. J'ai déjà traité cette dernière en 4858 et
en 1855; je n'ai donc à m'occuper cette année que de l'his-
toire comparative des deux unités pathologiques, l'arthritis
et la dartre.
PREMIÈRE PARTIE
DE L'ARTHIUTIS ET DE LA DARTRE CONSIDÉRÉES COMME
UNITÉS PATHOLOGIQUES.
Dans quatre chapitres séparés, j'étudierai successivement
les symptômes, les causes, la séméiotifjue et le traitement
de l'arthritis et de la dartre.
CHAPITRE PREMIER.
ÉTUDE NOSOGRAPHIQUE DE l'aRTHKITIS ET DE LA DARTRE.
•
Afin de mettre autant d'ordre que possible dans cette étude,
et de bien séparer les caractères qui sont communs à toutes
les maladies constitutionnelles de ceux qui sont propres à
chacune d'elles, et en particulier à l'arthritis et à la dartre,
je veux appeler votre attention successivement : 1° sur la
symptomatologie des maladies constitutionnelles en général;
2"* sur les symptômes propres de l'arthritis; 3° sur les sym-
ptômes propres de la dartre ;/i° enfin sur les affections com-
munes à l'arthritis et à la dartre, et sur les phénomènes géné-
raux de ces maladies constitutionnelles.
ÉTUDK NOSOGHAPHlQUli.
25
§ I.r. _ Symptomatologie des maladies constitutionnelles en général. -
C'est assurément l'observation qui nous fait connaître les
symptômes des maladies constitutionnelles; mais l'obser-
vation a besoin d'un guide, et ce guide ne peut être que la
doctrine médicale à laquelle nous nous rattachons sciem-
ment ou à notre insu.
La plupart des auteurs contemporains, je vous l'ai déjà
dit, sont galénistes en ce sens qu'ils confondent la maladie
avec l'affection. Comment pourraient-ils' arriver, avec cette
doctrine, à la connaissance d'une maladie qui consiste préci-
sément dans les rapports d'un certain nombre d'affections
entre elles ?
Les anatomo-pathologistes adoptent la doctrine de Pinel,
qui confondait si bien la lésion avec la maladie, que la cin-
quième classe de maladie admise par cet auteur est dite
celle des lésions organiques. Cette doctrine est aussi impuis-
sante que celle de Galien ; elle ne saurait nous servir de
flambeau pour l'étude des maladies conslitutionncUesi
Hufeland reconnaît des groupes de maladies modifiées par
une diathèse, espèce de constitution morbide intermédiaire
à la santé et à la maladie. Cette doctrine ne vous conduira
pas davantage à la connaissance des maladies constitution-
nelles, parce que votre attention ne sera appelée que sur les
évolutions successives d'une seule et même affection, quel-
que modifiée qu'elle soit d'ailleurs par la diathèse, et non
sur les évolutions de la série des afiections qui représente
l'état symplomatologique de l'unité morbide.
Notre doctrine est la seule qui conduise à l'étude des rap-
ports des affections. Nous définissons la maladie : un état
2<> Dii l'arthritis et de la dartre.
accidentel et contre nature du corps, qui p^^dmt-et ^eW-
^f^e un ensemble de désordres fonctionnels ou organiques,
isolés ou réunis, simultanés ou successifs.
D'après celle définition, on voil que la mnladie est la
source commune des symptômes, des lésions, lu cause des
évolutions successives de tous les phénomènes morbides.
Nous devons ddnc nous attacher à découvrir la succes-
sion et les rapports des affections ou des symptômes, les
évolutions successives de ces accidents. L'ordre constant que
suivent dans leur apparition les différents phénomènes des
maladies constitutionnelles, ainsi que leur physionomie spé-
ciale, prouvent incontestablement qu'ils procèdent du même
état moi'bidei
A. Prodromes des maladies con'stitltionnelles. — Dans
les maladies chroniques, aussi bien que dans les maladies
aiguës, on peut trouver des prodromes. La maladie n'existe
pas encore, elle n'est pas déclarée, et déjà les fonctions sont
plus ou moins dérangées.
Les maladies constituiionnelles présentent-elles des pro-
dromes ?
J'ai déjà fait connaître l'ensemble des caractères prodro-
miques qu'on rencontre chez les scrofuleux. On est convenu
d'appeler cet ensemble de cai'actères prodromiques la consti-
tution scrofuleuse ou écrouelleuse.
Dans les autres maladies constitutionnelles, souvent on
trouve également un ordre de phénomènes qui peuvent être
considérés comme des prodromes ; ce sont des troubles
physiologiques qui se montrent avec persistance : dérange-
ments des fonctions digestives, chaleur de la face, amai-
grissement, etc. , ou certaines modifications de la consti-
tution.
ÉTUDE iNOSOGRAPHlQUE. 27
B. Symptômes. — La symjDtomatologie commence des
qu'une affection propre vient à se déclarer. Pour n'omettre
aucun des accidents si variés que représente le tableau sym-
ptomalique des riialadies constitutionnelles , nous ferotis
l'histoire séparée des affections propres et des phénomènes
communs. Ce tableau correspond à l'anciennë" division dëS
auteurs, symptômes locaux et symptômes généraux.
a. Affections propres. — Les affections propres des ma- '
ladies constitutionnelles se succèderit-elles dans un ordre
déterminé? Oui, dans l'immense majorité des cas.
Les accidents procèdent de l'extérieur à l'intérieur, de la
périphérie au celitre. Ils débutent par les surfaces tégumen-
taires, se propagent aux tissus cutanés, aux lymphatiques, aux
cordons nerveux, et envahissent en dernier lieu les os et les
viscères. Toutefois, à cette règle, on trouve de nombreuses
exceptions. Sous l'influence d'une cause physique, la mala-
die constitutionnelle pourra commencer indistinctement
par l'un des accidents des trois dernières périodes : un
coup sur le genou provoque le développement d'une tumeur
blanche chez un scrofuleux, qui n'a présenté jusqu'alors au-
cune manifestation de la maladie constitutionnefle.
D'un autre côté, il est important de distinguer les troubles
sympathiques des affections proprement dites. Au début dé
la maladie constitutionnelle, celle-ci ou l'affection tégumen-
laire qui en est la première manifestation, f)eut réagir sur
les viscères ; vous ne devez pas confondre ces réactions sym-
pathiques avec les affections viscérales, qui constituent les
accidents de la dernière période de l'état morbide. Je n'en
veux citer qu'un exemple : l'ictère, dans la syphilis, peut se
montrer au début de la deuxième période et coïncider avec
les syphylides, c'est un ictère sympaihicjue ; ou il apparaît
28 13E L'aHTHIUTJS et la DAllTHr..
dans la cachexie syplulilinne, et il devient alors le signe de
la dégénérescence du parenchyme hépatique.
L'ordre dans lequel se succèdent en général les accidents
des maladies constitutionnelles m'a permis de partager la
marche de ces dernières en quatre périodes. Cette division
anatomo-nosographique, à laquelle je n'attache d'ailleurs
qu'une médiocre importance, revient à la division tradi-
tionnelle : période de débuts période ^ augmenta période
à' état et période de déclin.
La peau est donc ordinairement le siège des premières
manifestations des maladies constutionnelles, qui se portent
ensuite sur le système lymphatique. Toutefois remarquons
que le système lymphatique, qui peut être aPlècté lymphali-
quement dans toutes les maladies constitutionnelles, ne pré-
sente comme affections propres que celles de la scrofule et
de la syphilis : il y a des adénopathies syphilitique et scro-
fuleuse, tandis qu'il n'existe pas d'adénopathies dartreuse et
arthritique. Dans la dartre et l'arthritis, les vaisseaux et les
glandes lymphatiques s'irritent consécutivement aux affec-
tions des surfaces tégumentaires.
Après les affections tégumentaires, viennent celles des
cordons nerveux, du tissu cellulaire et des membranes sé-
reuses, des os et des viscères.
Voilà ce que nous avons à dire du siège, en général, des
affections dans- les maladies constitutionnelles. 11 nous reste
à parler de la modalité pathogénique de ces affections.
Dans les diathèses, la maladie commence par des affec-
tions identiques. Quel que soit le système primitivement at-
teint, vous observez toujours du cancer dans la diathèsc can-
céreuse, du tubercule dans la dialhèse tuberculeuse. Les
maladies constitutionnelles se comportent d'une manière
ÉTUDE iNOSOGRAPHlQUE. 29
bien différente : on peut observer tous les modes pathogéni-
ques, l'hypercrinie, la congestion, l'inflammation et la dégé-
nérescence.
La différence du tissu modifie seulement l'affection, mais
n'en change pas l'essence; quand une affection passe d'un
système sur un autre, elle conserve toujours, en quelque
sorte, la même modalité pathogénique. Je vais rendre cette
pensée plus claire, en lui donnant des développements.
L'hypercrinie se traduit à la peau par une augmentation
de la sécrétion épidermique dans les affections squameuses,
de la sécrétion sébacée dans certaines variétés d'acné et
dans les flux sébacés, de la sécrétion sudorale dans quel-
ques eczéma et pempholix. Or, on observe souvent dans les
maladies constitutionnelles les phénomènes suivants : si
l'hypersécrétion aqueuse de la peau vient à être supprimée
subitement, elle est remplacée par une ascite ou une ana-
sarque, c'est-à-dire par une hypersécrétion du système
séreux. D'autres fois, l'hypercrinie aqueuse de la peau
fait place à un asthme humide, c'est-à-dire à une hypersé-
crétion de la muqueuse bronchique. Cependant il n'existe
pas là de règle absolue. Tous les jours, on voit une affec-
tion sécrétante cesser brusquement, pour être remplacée
par une alîection essentiellement inflammatoire, ou du moins
par une affection dont la modalité pathogénique est diffé-
rente: ainsi, sur la peau, une sécrétion épidermique peut suc-
céder à une sécrétion aqueuse qui a duré un certain temps.
Pour arriver à la connaissance d'une maladie constitution-
nelle, la réunion d'un ensemble d'affections n'est pas indis-
pensable. L'existence d'une seule de ces affections, avec les
caractères objectifs qui lui sont propres, vous permet de re-
connaître la maladie. Pour vous donner un exemple, je pren-
30 DE l'aRTIIRITIS F,T pP. LA DARTRE.
i|rai une affection sypliilitique : si vous l'avez bien constalée,
n'êtes-vous pas en droit d'annoncer que le malade est placé
sous rinfluence de la diatlièse sypliililique?
Id. Symptômes comrnuns. — Pour faciliter l'énuméralion
des affections propres, et afin de les exposer dans l'ordre
chronologique, j'ai divisé la nriarche de la maladie en quatre
périodes. De même, dans le but de simplifier l'étude des sym-
ptômes communs de la maladie constitutionnelle, je l'ai par-
tagée en deux temps: une p?'emière époque, pendant la-
qiielle les symptômes communs sont intermittents et placés
sous la dépendance exclusive des alTections propres; une
deuxième époque, pendant laquelle les symptômes communs
sont continus et procèdent tout à la fois des affections et de
la maladie. On a donné le nom de cachexie à l'ensemble des
phénomènes communs qui caractérisent les dernières périodes
des maladies constitutionnelles.
Dans la première époque, les accidents généraux sont
en rapport avec les affections locales. L'état fébrile ne se ren-
contre que rarement : on peut citer comme exemples de
pyrexies constitutionnelles placées sous la dépendance de
l'affection locale, la pyrexie du rhumatisme articulaire aigu
dans Varthritis, celle de la bronchite capillaire ou péri-
pneumonia notha dans la dartre. Nous rencontrons en-
core d'autres phénomènes sympathiques des affections lo-
cales. Ainsi, à la suite des hémorriiagies, si fréquentes
dans certaines maladies constitutionnelles, nous trouvons les
troubles occasionnés par la cbloro-anémie.
L'appétit vénérien peut être augmenté par une éruption
qui a son siège sur les parties génitales et sur la muqueuse
génito-urinaire ^ il est quelquefois diminué par la môme érup-
tion qui provoque des pertes séminales et de l'affaiblissement.
ÉTUDE NOSOGRAPHIQUE. 31
Dans la seconde époque des maladies conslitutionnelles, la
fièvre devient continue, avec des exacerbations vers le soir :
c'est Vîiectique constitutionnelle. Les symptômes communs
qu'on observe alors, procèdent et de la maladie et des affec-
tions ; ils constituent par leur ensemble letat cachectique.
La cachexie est le syndrome de la maladie, et non d'une
affection en particulier. Elle n'est pas plus l'expression sym-
ptomatique d'une lésion du sang, qu'elle n'est la traduction
d'une altération d'organes ou d'un système de tissus. Toutes
les fonctions concourent, chacune dans la mesure qui lui a
étp assignée, à la destruction progressive de l'individu (1).
Lorsque la maladie est arrivée à la seconde époque, c'est-
à-dire à la cachexie, la terminaison est presque toujours
fatale La cachexie est bien différente, selon les maladies
constitutionnelles dans lesquelles elle est observée. Nous
allons énumérer succinctement les divers phénomènes qui la
caractérisent et qui sont observés successivement dans les fonc-
tions animales, vitales et naturelles. Voici cette énumération
résumée : 1" intégrité des fonctions intellectuelles ; 2° état
variable des fonctions respiratoire et circulatoire; 3*" dimi-
nution graduelle de l'appétit, diarrhée, lientérie; k° séche-
resse de la peau ou sueurs colliquatives ; 5° altération con-
stante et plus ou moins grande de l'urine ; 6" amaigrissement,
émaciation, marasme ou infiltration séreuse; T état de souf-
france plus ou moins grande; 8° dépression des forces;
9" lièvre hectique ; 10° mode particulier d'agonie.
D'après ce court exposé des phénomènes de la cachexie, on
voit que toutes les fonctions, à l'exception des fonctions in-
tellectuelles, présentent des altérations plus ou moins pro-
(4) Bazin, Leçons sur la scrofule, 2« édition.
32 i)K i/AinniuTis f.t ni' l.\ dartiu:.
fondes. J'ai déjà dil que la cachexie difîérail dans les diverses
maladies conslitulionnelles.
En eflet, dans la cachexie arthritique, nous remarquons
une dyspnée progressive, une grande anxiété, souvent une
infiltration séreuse. La fièvre hectique est peu marquée, et la
mort a lieu ordinairement par le cerveau ou par le poumon.
Dans la cachexie dartreuse, l'amaigrissement est porté à
ses dernières limites, à moins qu'il ne soit masqué par une
infiltration séreuse passagère. La soullVance se traduit sur
toute la peau couverte d'exfoliations et d'exsudats inllam-
niatoires. La fièvre hectique peut se montrer sous les types
des fièvres tierce, quarte, quotidienne : elle devient continue
dans les derniers jours. La syncope est un genre de mort fré-
quent dans la dartre.
Les cachexies scrofuleuse et syphilitique présentent aussi
des caractères particuliers; mais je ne veux pas m'étendre
davantage sur ce point intéressant. On trouvera une des-
cription plus complète de chaque cachexie dans l'étude des
différentes maladies constitutionnelles.
c. Marche et durée des maladies constitutionnelles.
— La marche des maladies conslitulionnelles est ordinaire-
ment intermittente pendant les premières périodes ; plus tard
elle est continue.
La durée de la maladie est en général très longue, et sou-
vent elle se mesure par la durée de l'existence elle-même.
Dans le plus grand nomhre des cas, les affections des ma-
ladies constitutionnelles ont une marche chronique ; quel-
quefois, mais par exception, elles présentent une marche
aiguë et foudroyante. Dans les intervalles qui séparent ces
affections, les malades jouissent d'une santé plus ou moins
parfaite, sauf quelques accidents passagers : des névralgies,
«
ÉTUDK NOSOGRAPHIQUK. 33
des congestions passcagères surviennent à la suite de la plus
légère infraction aux règles de l'hygiène.
Les maladies constitutionnelles, à l'instar des maladies
aiguës, subissent-elles une évolution dans la série générale
des affections qui les composent? Cela ne fait aucun doute.
Ont-elles, comme les maladies aiguës, des crises et des jours
critiques? Bordeu le pensait, et de nombreuses considérations
pourraient nous porter à considérer comme phénomènes
critiques les furoncles et les anthrax qui se monirent parfois
dans le cours de la dartre et de l'arthritis. Mais gardons-nous
de faire des hypothèses, et contentons-nous d'exposer les
faits avec une exactitude scrupuleuse.
d. Terminaisons. — Après une durée plus ou moins lon-
gue, les maladies constitutionnelles se terminent par la mort
ou par la guérison.
La guérison peut avoir lieu dans toutes les périodes de la
maladie. Mais il ne faudra pas confondre la guérison des
aiïeclions qui se reproduisent à des époques fixes ou indé-
terminées, sur les mômes systèmes anatomiques ou sur des
systèmes diflërents, avec des modalités pathogéniques sem-
blables ou dissemblables, il ne faudra pas confondre, dis-je,
la guérison de ces affections avec la guérison de la maladie
qui comprend la série entière de ces mêmes affections.
Le praticien est souvent placé dans un grand embarras,
quand il est requis de se prononcer sur la guérison radicale
d'une maladie constitutionnelle.
La scrofule, la dartre, la syphilis surtout, ont-elles sus-
pendu leur marche d'une manière définitive, ou le malade
se trouve-t-il seulement en présence d'un ajournement plus
ou moins long? Ces questions sont d'une importance extrême
dans la pratique; elles intéressent au plus haut point U
?
Dli L'arTHRITIS ET DE LA DARTRE.
sanlé lies personnes qui en l'ont l'objet et la sécurité des fa-
milles. Nous nous [iroaietlons de revenir sur oe sujet intéres-
sant à propos du pronostic.
La mort peut avoir lieu également dans toutes les périodes
de la maladie. Elle airive le plus souvent, dans la période
quaternaire comme le terme nécessaire de toutes les évolutions
successives des alleclions propres de la maladie constitution-
nelle. Elle est le résultat de l'épuisement produit par l'abon-
dance des sécrétions morbides et par l'altération graduelle
de la fonction digestive.
Toutefois la mort ne survient pas toujours dans ces con-
ditions; elle peut être déterminée par un accident ou
une complication qui met un terme prématuré aux souf-
frances du malade. Les phlegmasies ultimes, les hémorrha-
gies, les lymphites et les plilébites, l'artérite sont des com-
plications fort ordinaires dans la période cacbectique des
maladies constitutionnelles.
e. Complications. — Les complications des maladies con-
stitutionnelles sont nombreuses, et je citerai, parmi les plus
fréquentes, les hémorrbagies et les bydropisies. Or, nous
savons que ces alTections peuvent être symptomatiques dans
quelques maladies constitutionnelles. Nous devrons donc re-
chercber si elles se rattachent à l'essence de la maladie, ou
si elles se montrent à titre de véritables complications.
Les maladies constitutionnelles ne sont point incompati-
bles ; souvent elles se compliquent et se développent simul-
tanément sur le même malade. Cependant, s'il existe deux
maladies, l'une l'emporte habituellement sur l'autre qui
est arrêtée dans sa marche, au moins pendant quelque
temps.
Une diathèse peut compliquer une maladie constitution-
ÉTUDE NOSOGRAPHIQUE. 85
nelie; ainsi la diathèse tuberculeuse, ou phHiisie essentielle,
coexiste quelquefois avec la scrofule. Vous la reconnaîtrez à
son évolution propre. Dans la scrofule, les tubercules sont
disséminés dans le cerveau, les muscles, les ganglions, etc.
Dans la diathèse tuberculeuse, la lésion a pour siège le
poumon, le larynx et l'intestin. Outre le siège, il faudra
prendre en considération la marche et le développement du
produit morbide, l'ensemble et l'évolution des symptômes.
Toutefois il ne faut pas se dissimuler les difficultés qu'on
éprouve à reconnaître une diathèse qui vient compliquer une
maladie constitutionnelle, lorsque la diathèse est caractérisée
par un des produits que l'on trouve dans l'autre état mor-
bide.
Une des complications les plus intéressantes des maladies
constitutionnelles, c'est le parasite. Tantôt le parasite pré-
cède et tantôt il suit le développement des premières ma-
nifestations constitutionnelles : la psore éveille la dartre, le
trichophyton provoque l'apparition du sycosis arthritique, la
pelade se montre souvent chez les sujets syphilitiques.
f. Variétés des maladies constitutionnelles . — La ma-
ladie ne présente pas toujours la même évolution ni la même
gravité. Les modifications observées dans le tableau noso-
graphique des maladies constitutionnelles dépendent soit de
certaines conditions physiologiques, soit de la nature môme
de la maladie.
1° Variétés suivant les conditions physiologiques. La
maladie présente un aspect différent suivant l'âge, le sexe et
divers états physiologiques.
2" Variétés selon la nature de la maladie. — Les variétés
dues à la nature ou au génie de la maladie constituent les
formes, dont nous reconnaissons quatre espèces dans les ma-
36 DH i/artiiritis et de la dari-rf.
latlies corisliliilionnelk's : 1" forme commune; 2" forme bé-
nigne; 3" forme maligne ; h" forme fixe primitive.
Dans la forme commune, rjui est la plus fréquente, la ma-
ladie suit une marche simple. Les affections ne possèdent pas
le caractère de bénignité qu'on retrouve dans la forme sui-
vante, mais elles n'ont pas non plus la gravité qui se monlre
dans la forme maligne.
Dans la forme bénigne, les affections ne sont graves ni
par la durée, ni i>ar le siège. Souvent la maladie suit une
évolution incomplète, et quelquefois elle se borne à une
seule manifestation.
Dans la forme maligne, il y a une gravité insolite que le
génie seul de la maladie peut expliquer. Les affections pré-
sentent une évolution rapide et marchent presque fatalement
vers une terminaison funeste.
Enfin, dans la forme fixe primitive, on observe une ma-
nifestation unique qui appartient souvent à une période
avancée de la maladie constitutionnelle, et qui n'est précédée
d'aucune affection de môme nature.
Une forme fixe primitive de la scrofule est la tumeur
blanche, qui quelquefois apparaît d'emblée, sans qu'on puisse
trouver antérieurement d'autres accidents de la maladie
constitutionnelle.
§ II. — Symptômes propre» de l'arthritis.
Une bonne définition comprend en substance toute l'his-
loire symptomatologi(jue de la maladie, de sorte que l'exposé
des symptômes n'est en réalité que la déduction et le déve-
loppement des termes de la définition.
L'arthritis est une maladie constitutionnelle, non conta-
ÉTUDE NOSOGHAPHlQUIî. 37
gieusc, caractérisée par la tendance îi la formation d'un
produit morbide (le lophus), et par dos affections variées
de la peau, de l'appareil locomoteur et des viscères, af-
fections se terminant généralement par résolution.
On pourrait m'objecter que je réunis sous le nom d'ar-
tbritis la goutte et le rhumatisme, cependant je considère
ces maladies comme deux entités morbides qui sont, à la
vérité, très rapprochées dans le cadre nosologique. D'ailleurs
elles ont été confondues par des hommes d'un incontestable
mérite. Chomel a cru à l'identité des deux maladies, et il a
créé un rhumatisme goutteux qui participerait à la fois delà
goutte et du rhumatisme. Si la distinction est si difficile à
établir entre la goutte et le rhumatisme, quand on a sous
les yeux les manifestations articulaires, il n'est pas étonnant
que nous n'ayons pu saisir les caractères qui distinguent les
affections cutanées rhumatismales de celles qui sont de na-
ture goutteuse. En alteatlant que nous connaissions les ca-
ractères propres des affectiotis cutanées rhumatismales et
goutteuses, nous les décrirons sous la dénomination com-
munt) d'arthritides.
a. Prodromes. — L'arthritis, comme la scrofule, présente
un ensemble de phénomènes qu'on peut considérer comme
les prodromes de la maladie.
On observe différents troubles dans les fonctions de lu
peau : ainsi la transpiration est exagérée , surtout dans cer-
taines régions, la tète, les aisselles, les pieds, les mains et
les organes sexuels. La chute prématurée des cheveux pré-
cède et accompagne souvent les manifestations de l'ar-
thritis.
Les sujets arthritiques ont une tendance à l'obésité, bien
qu'ils aient un appétit modéré. Ils sont habituellement con-
'^^ Dli L'ahTHHITJS ET Dli LA DAHTHI:.
slipés, lundis que les darlreux sont souvent alleinLs de
diarrhée.
Une coniplicalioii l'réquente, qui peut être considérée
presque à titre de prodrome, ce sont les hémorrlioïdes.
Nous mentionnerons encore comme des accidents prodro-
miquesdel'arthritis, des migraines, des congestions delà tôte,
des épistaxis, des lluxions et caries dentaires, des troubles
de la vue et de l'ouïe, tels que des éblouissements, des tinte-
ments et des bourdonnements d'oreille.
Enfin, comme il existe une constitution écrouelleuse, il y
a aussi une constitution arlhi i tique, caractérisée principale-
ment par le développement du système musculaire.
b. Première période. — La première manifestation de l'ar-
tbritisest quelquefois une attaque de rhumatisme articulaire
aigu avec tous les symptômes des phlegmasies iranchement
inflammatoires. Toutefois, sachons que cette affection se
montre de préférence dans la seconde période de la maladie
constitutionnelle. Elle est rarement observée avant l'âge de
la puberté, bien que je l'aie rencontrée quelquefois chez des
enfants âgés de deux à trois ans.
En l'absence du rhumatisme articulaire, on trouve un grand
nombre d'autres affections qui sont légères, superticielles et
temporaires, et portent particulièrement sur la peau et les
membranes muqueuses.
Nous signalerons d'abord un eczéma du cuir chevelu, qu'il
ne faut pas confondre avec l'eczéma scrofuleux que nous
avons décrit parmi les gourmes. Quelques formes particulières
d'acné et certaines angines aphlheuses se montrent assez
souvent chez les enfants. Enfin n'oublions pas de mentionner
rérythème noueux qu'on pourrait nommer érythèine arthri-
tique.
ÉTUDE NOSOGRAPHIQUE. 39
Après la puberté, on observe les atî'ections suivantes :
1" l'érythème des parties sexuelles , 2° l'érythème œdé-
nnateux des articulations, 3° l'urticaire, h° le zona, 5° l'her-
pès, 6" la fièvre huileuse, 7° les furoncles et les anthrax.
Du côté des muqueuses nous rencontrons aussi divers
accidents : des coryzas, des bronchites, des ophthalmies spé-
cifiques et ces éruptions aphtheuses dont nous avons parlé
plus haut. On voit quelquefois une affection de la peau al-
terner avec une affection des muqueuses, et récipro(]uo-
ment, une affection cutanée succéder à une affection catar-
rhale.
Dans l'intervalle des affections de la peau et des muqueuses,
il existe un ordre d'accidents plus simples. On constate,
alternativement ou simultanément, des migraines, de lu
dyspepsie arthritique, des douleurs musculaires vagues, des
épistaxis et des hémorrhoïdes.
c. Deuxième période. — Dans cette période, on trouve
deux symptômes prédominants : des attaques de goutte ou
de rhumatisme articulaire aigu, et des affections cutanées
persistantes. Ces deux ordres d'accidents peuvent coexister
et alterner; souvent il y a une sorte de balancement entre le
rhumatisme et les affections cutanées. Plus Tattaque de rhu-
matisme ou de goutte est intense, moins les arthritides sont
prononcées; au contraire, les affections cutanées sont tenaces
et opiniâtres, lorsque le rhumatisme articulaire n'existe pas
ou se montre à un faible degré. Chez nos malades, vous
verrez souvent que des dartres rebelles sont survenues vers
l'âge de quarante ans, après des atteintes légères de rhuma-
tisme; dans ce cas, on rencontre toujours des dyspepsies
antérieures.
Les arlhntides, comme le rhumatisme articulaire aigu, ont
4^ DE L'AUTIHUTIS liT Dli LA DARTHE.
une durée temporaire et une marche forcée; aussi, recom-
mandons-nous de n'avoir aucune confiance dans les moyens
perturbateurs employés pour abréger la durée de ces af-
fections.
Dans l'intervalle des manifestations arlliriliques de la se-
conde période, ou pendant ces manifestations, o^ trouve
encore un grand nombre d'accidents que nous allons énu-
mérei'.
Des douleurs vagues, des crampes, des contractures, se
produisent avec la plus grande facilité chez les sujets arthri-
tiques. On observe fréquemment des congestions cérébrales
répétées, des formications dans les membres, des troubles
de la vue, des angines, des coryzas remarquables par leur
durée et par l'abondance de leurs sécrétions qui enflamment
les parois de l'arrière-bouche. Un accident qui se montre
souvent, c'est la dyspepsie, qui difTère beaucoup de celle qui
est symptomatique de la dartre : la dyspepsie arthritique
s'accompagne de chaleur à l'épigastre, de pyrosis et de
constriction de l'œsophage.
De temps en temps, il existe du prurit général ou limité à
certaines régions. Le prurit localisé à l'anus, aux narines,
aux parties génitales, présente une plus grande valeur que
celui qui est étendu à toute la surface du corps. La fissure
anale , avec constriction spasmodique du sphincter, coïncide
souvent avec le prurit anal.
d. Troisième 2)ériode.— Bans cette période, les affections
articulaires se généralisent et deviennent fixes ; c'est alors
qu'on voit autour des jointures des dépôts de matière topha-
cée. Les lésions articulaires peuvent revêtir un caractère de
gravité plus grand; on observe quelquefois la destruction des
cartilages, l'ankylose ou la pseudo-ankylose, et môme la carie
ÉTUDE JNOSOGIUPHIQUE. Ui
des os. Pendant l'existence de ces affections profondes, la
peau reprend ses caractères normaux.
Dans la forme herpétique de l'arthritis, les accidents sont
peu nombreux du côté des articulations; mais alors des dés-
ordres graves se produisent vers les viscères.
e. Quatrième période. — Dans la dernière période de la
maladie constitutionnelle que nous étudions, on rencontre
des affections viscérales graves et nombreuses.
Les affections organiques du cœur sont presque toujours
de nature arthritique. M. Senac, dans sa thèse inaugurale
(1859), rattaclie toutes les affections organiques du cœur à
deux maladies : la diathèse arthritique et la diathèse herpé-»
tique.
Au nombre des manifestations de l'arthritis, il faut placer
certaines congestions et apoplexies, l'asthme catarrhal, diffé-
rentes lésions du foie et des reins. Quant à la cataracte, aux
calculs biliaires et aux calculs rénaux, malgré la fréquence
de leur production dans le cours de l'arthritis, je ne puis les
regarder que comme des complications, et non comme des
affections propres de la maladie constitutionnelle.
La cirrhose, le cancer du foie, celui de l'estomac, la gas-
trite chronique, le cancer de l'utérus, des ovaires, survien-
nent souvent comme affections ultimes de l'arthritis.
Les diathèses anévrysmale et variqueuse, qu'on rencontre
assez souvent dans le cours de l'arthritis, ne font pas partie
de cette maladie constitutionnelle; elles sont des compli-
cations qu'on observe fréquemment.
Formes de Parthritis. — Nous admettons cinq formes
dans l'arthritis :
1* Une forme bénigne, caractérisée par la bénignité des
accidents;
DE l'arthritis et de la dartre.
2° Une forme commune, (jui est celle qu'on trouve le plus
souvent; elle présente des aneclioiis à marche moins rapide,
mais plus grave que dans la forme précédente;
3° Une forme maligne^ dont les afl'ections ont une gravité
insolite; les lésions organiques viscérales se montrent préma-
turément ;
Ix" Une forme fixe primitive^ qui est caractérisée par la
localisation du rhumatisme ou de la goutte sur une ou plu-
sieurs articulations, et qui se borne à celte seule manifes-
tation ;
5° Une forme herpétique, qui est une forme fixe primitive
dans laquelle toutes les affections se montrent sur la peau et
sur les muqueuses, tandis que les articulations sont respec-
tées par la maladie.
§ III. — Symptômes propres de la dartre.
Définition. — La dartre est une maladie constitution-
nelle, à longues périodes, à marclie lente, continue ou inter-
mittente, non contagieuse, constituée par des afleclions spé-
ciales, qui ont pour siège les membranes tégumentaires, les
nerfs, les viscères, et caractérisée par la fréquence des réci-
dives et la persistance des manifestations cutanées.
a. Prodromes . — Chez les sujets prédisposés à la dartre, la
transpiration est rare et peu abondante. La peau est sou-
vent le siège de démangeaisons et d'affections patliogé-
niques qui se montrent avec la plus grande facilité : ainsi
des éruptions variées et éphémères seront occasionnées par
l'ingestion de certains aliments , comme le homard , les
écrevisses, la moule, etc., ou par l'excès des boissons al-
ÉTUDE NOSOGKAPHIQUE.
cooliques. Nous signalerons la maigreur, qui est un état
presque constant. Sous ce rapport, le dartreux est loin de
ressembler au sujet arthritique, qui est, au contraire, re-
marquable par un embonpoint plus ou moins considérable.
La diathèse herpétique s'annonce encore par des névroses
diverses : la gastralgie, la névralgie des espaces intercostaux
ou des autres régions, la migraine franche, caractérisée par
des douleurs lancinantes et des vomissements. Le dartreux
présente ordinairement un caractère irascible et porté à la
mélancolie.
Tels sont les phénomènes qui doivent être considérés
comme les signes précurseurs de la dartre -, celle-ci pourra se
manifester, datis un temps plus ou moins éloigné, par des
affections spéciales, dont nous allons étudier les différents
caractères.
b. Première période. — Nous signalerons, en premier
lieu, les pseudo-exanthèmes que nous avons décrits depuis
longtemps : la roséole, l'urticaire, le zona, le pityriasis rubra
aigu, l'herpès et la fièvre huileuse ou pemphigus aigu. Ces
affections ne sont pas propres à la dartre ; elles peuvent être
encore idiopathiques ou arthritiques. La première question à
s'adresser ici consiste à se demander s'il existe des carac-
tères propres aux pseudo-exanthèmes dartreux et arthri-
tiques.
L'urticaire arthritique apparaît et augmente sous l'influence
du froid, diminue et disparaît à la chaleur du lit, s'accom-
pagne de cuisson, de picotements, et subit l'influence des
variations de température. A ces caractères on peut opposer
ceux de l'urticaire dartreuse -.apparition sous l'influence des
émotions morales, augmentation de l'éruption par la chaleur
et démangeaisons très vives. Le zona dartreux est précédé,
l>i; l.'AimiUlUS liT i)E LA DAinHt.
accoinpîigiié et suivi do douleurs lancinantes, inlenses, ayant
leur siège dans les nerfs et persistant souvent après la dis-
parition de l'éruption. Le zona arthritique présente une dou-
leur dont les caractères sont bien diiïérents; elle est con-
tinue, plus sourde, d'une durée moins longue, et réside
dans les muscles. Le premier existe dans l'âge mûr ou la
vieillesse, le second dans l'enfance ou l'âge adulte. Il y a
donc quelques différences dans les caractères des pseudo-
exanthèmes, suivant qu'ils appartiennent aux dialhèses ar-
thritique ou herpétique. Nous insisterons davantage sur ce
sujet, lorsque nous étudierons les affections propres de la
dartre et de l'arlhrilis.
Dans la première période, après les pseudo-exanthèmes
viennent d'autres affections cutanées qui possèdent des ca-
ractères propres et sont conséquemment plus faciles à distin-
guer. L'eczéma est, à cette époque, une des herpétides les plus
fréquentes; lorsqu'il siège au cuir chevelu chez l'enfant, il
est souvent confondu avec l'impétigo ou l'eczéma scrofuleux,
collectivement décrits sous le nom de gourmes. Cependant,
l'eczéma dartreux présente chez l'enfant les mêmes sym-
ptômes objectifs que chez l'adulte ou le vieillard : déman-
geaisons très vives, sécrétion séro-plastique abondante,
croûtes jaunes, ou brunes si elles renferment du sang résul-
tant du grattage, absence d'adénopathie, de kératite, etc.
Dans l'eczéma scrofuleux, nous trouvons d'autres carac-
tères : démangeaisons peu vives ou nulles, sécrétion séro-
purulente, croûtes épaisses et jaunâtres ou verdàlres,ophthal-
mies et otites strumeiises. Pendant Tannée, nous avons eu
l'occasion d'observer, chez un enfant de trois ans, un exemple
évident d'eczéma dartreux qui existait sur le cuir chevelu,
la face, plusieurs parties du tronc et les membres. On voyait
ÉTUDE NOSOGRAPIIIQUE. U5
çà el là des plaques rouges couvertes d'un liquide clair et
visqueux, des croules jaunes ou brunâtres, des déchirures de
la peau et des traînées noirâtres qui attestaient l'existence
d'un prurit très intense; on ne trouvait ni ophthalmics , ni
engorgements ganglionnaires , ni aucune affection scrofu-
leuse. Il faut noter l'absence d'adénopathie dans cet eczéma
qui durait depuis plusieurs mois , et quelques antécédents
importants ; ainsi le père du petit malade est tourmenté par
des migraines, des éruptions boutonneuses et des déman-
geaisons atroces qui mettent obstacle au sommeil.
Dès les premières manifestations delà diathèse herpétique,
les muqueuses présentent un certain nombre d'affections :
c'est ainsi qu'on peut trouver des ophthalmies légères avec
prurit du bord libre des paupières, des attaques répétées de
coryza accompagné d'angine granuleuse, des diarrhées glai-
reuses, des bronchites, des leucorrhées ou des blennorrhées
se montrant ordinairement à la puberté et quelquefois dans
l'enfance.
Pendant la première période de la dartre, les phénomènes
sympathiques sont peu nombreux et n'ont aucune impor-
tance. Nous pourrons constater l'existence d'un léger mou-
vement fébrile dans les angines et les pseudo-exanthèmes,
ou l'insomnie qui est occasionnée de temps en temps par des
démangeaisons plus ou moins intenses. Ainsi, la santé ne
semble pas altérée durant les manifestations précoces de la
diathèse herpétique.
c. Deuxième période. — Les affections revêtent des ca-
ractères qui ne permettent plus de les méconnaître; elles
sont à la fois plus étendues, plus fixes et plus exposées à la
récidive. Elles peuvent se montrer sur une ou plusieurs des
parties suivantes : i" sur les téguments externes; 2° sur les
Di'^ l'arthritis kt de la dartre.
téguments internes; 3" sur le système nerveux; A" sur le sys-
tème séro-cellulaire. Les all'cclions de lu peau se présentent
sous deux états dilï'érents dont il faut tenir compte, soit pour
le pronostic, soit pour le traitement.
Dans un premier cas, la dartre est caractérisée par l'exis-
tence de squames ou papules, et l'absence de sécrétion hu-
mide : psoriasis, pityriasis, lichen, etc. Ces herpélides sèches
ont une longue durée et exigent un traitement énergique.
Les dartres qui se montrent dans le second état, s'accom-
pagnent au contraire d'une sécrétion séreuse ou séro-puru-
lente plus ou moins abondante : l'eczéma, l'impétigo darireux
ou mélitagre, etc. Ces dartres, qu'on peut appeler herpé-
lides humides, disparaissent plus facilement que les herpétides
sècbes, mais elles offrent aussi des récidives plus fréquentes.
Elles ont pour caractère de se transformer souvent de l'une
dans l'autre, de donner lieu quelquefois, parleur suppression
trop prompte, à des métastases sur le tissu cellulaire ou les
muqueuses; enfin elles amènent 1'élat.cachectique plus rapi-
dement que les herpétides sèches, dont le. pronostic sous tous
les rapports offre de moindres dangers.
Les affections des membranes muqueuses, telles que les
catarrhes piluiteux, les blennorrhées ou les leucorrhées, les
diarrhées rebelles, qu'on observe dans la seconde période de
la dartre, ne sont pas moins graves que les herpétides pré-
cédentes. En effet, nous savons et nous voyons tous les jours
quelles difficultés on rencontre dans le traitement curatif de
ces différentes affections!
Comme manifestations dartreuses sur le système nerveux,
je signalerai les névralgies franches avec élancements : névral-
gie intercostale, cubitale, sciatique, etc.
Le grand sympathique lui-même peut être affecté; ainsi il
ÉTUDE NOSOGRAPHIQUE. lil
n'est pas rare d'observer des coliques sèches, des douleurs
névralgiques utérines et lombaires chez la femme.
Vers la fln de la seconde période apparaissent les affections
du tissu cellulaire ou séreux, et l'on peut voir l'anasarque,
l'ascite, l'hydropéricard^ ou d'autres hydropisies. Ces collec-
tions de sérosité ont pour caractère de se résorber rapide-
ment, et souvent d'alterner avec les affections de la peau
ou des muqueuses.
Dans rénumération des signes prodromiques de la dartre,
nous avons signalé l'irascibilité ou la mélancolie. Dans la se-
conde période, les désordres intellectuels sont plus considé-
rables; ils peuvent aller jusqu'à l'aliénation mentale, qui,
toutefois, se rencontre plus souvent dans la période suivante.
d. Troisième période. — Les herpétides tendent à enva-
hir toute l'étendue de la peau et à devenir fixes ; elles ne dis-
paraissent généralement que sous l'influence des moyens
appropriés. Cependant elles entraînent fréquemment par leur
disparition diverses affections métastatiques, même après
avoir été combattues par un traitement rationnel. On a vu
maintes fois survenir à la suite de la guérison des dartres
étendues, l'ascite, l'hydropéricarde, l'œdème pulmonaire,
l'apoplexie séreuse ou l'aliénation mentale. D'autres fois
nous avons observé quelques herpétides coexistant ou alter-
nant avec une névralgie périodique, des accès d'asthme, des
vomissements, un ictère, des catarrhes pulmonaires ou vé-
sicaux.
Nous pouvons nous résumer en disant que, dans la troi-
sième période, nous trouvons des herpétides qui tendent à
se généraliser, et des affections viscérales nombreuses dont
la disparition peut encore être obtenue.
e. Quatrième période. — Les herpétides couvrent toute
DE i.'ARTnRiTis rr w. i\ oartre.
la surface du corps, ({u'elles n'ahandunneiiL plus d'une façon
complèlc; elles se Iransformeut et se confondent à tel point
(ju'il est souvent impossible de reconnaître la lésion pi imitive.
On observe un amaigrissennent cxtrônne qui est quelque-
lois masqué par une infiltration du tissu ceMulaire : la peau
plissée, accolée aux os, couverte de squames, de croûtes et
d'exsudats inflammatoires, est le siège d'une sécrétion abon-
dante qui contribue à épuiser le malade. Souvent les organes
internes ont subi une atteinte profonde ; tantôt on reconnaît
les signes évidents d'un cancer de l'estomac, du foie, des
ovaires ou do l'utérus, tantôt les accès d'asthme se rappro-
chent et ne laissent aucun repos au malade. Enfin l'agonie
se déclare et la mort ne tarde pas à survenir.
En effet, lorsque la dartre est arrivée à cette période, elle
marche nécessairement vers une terminaison fatale.
Nous devons nous demander comment nous distinguerons,
des lésions viscérales de la scrofule et de la syphilis, celles
qui sont syniptomatiques de la diathèse herpétique. En ce
moment, nous ne possédons pas les éléments suffisants pour
répondre à cette question intéressante; mais je suis con-
vaincu qu'en donnant une bonne direction aux recherches
ultérieures, on arrivera à connaître les caractères anato-
miquesetnosographiques des cancers dartreux, arthritiques,
scrofuleux et syphilitiques.
Formes ou modifications de la dartre. — Dans la dar-
tre, comme dans les autres maladies constitutionnelles, nous
reconnaissons quatre formes: 1° la forme commune , 2° la
forme bénigne, 3° la forme maligne, 4" la forme fixe pri-
mitive.
La forme bénigne est caractérisée par la simplicité et la
courte durée des affections des quatre périodes.
fiTUDE NOSOGRAPHIQUE. i!|9
La forme maligne est remarquable par la gravité et
l'évolution rapide des affections. Ainsi, dès le début, les her-
pétides arrivent à se généraliser ; les lésions viscérales se
montrent bientôt avec une marche foudroyante, et la mort
vient terminer la maladie d'une manière aussi prompte
qu'inattendue.
La forme fixe primitive n'est pas rare, et, disons-le,
elle est loin de présenter la même gravité que la forme pré-
cédente. Elle est souvent constituée par le psoriasis ou
l'une des autres herpétides sèches, que nous avons considé"
rées comme étant moins dangereuses que les dartres humides.
La forme commune est la plus fréquente. Ses affections
ne sont ni aussi simples que celles de la forme bénigne, ni
aussi graves que celles de la forme maligne, caractérisée le
plus souvent par des dégénérescences fdjreuses ou cancéreuses
des organes internes.
§ IV. — Symptômes communs ou généraux.
Nous examinerons les phénomènes communs dans la dar-
tre et l'arthritis, à deux époques de ces maladies constitu-
tionnelles. Pendant une première époque, marquée par une
sorte d'intermittence entre les manifestations morbides, les
phénomènes communs paraissent indépendants les uns des
autres; dans une seconde époque, il s'établit une sorte de
solidarité entre eux, comme cette solidarité existe entre les
affections elles-mêmes.
a. Preiyiière époque. — La santé générale semble par-
faite dans les intervalles qui séparent l'apparition des diffé-
rentes affections 5 la maladie ne se traduit, pour ainsi dire,
que par l'état local.
t'ARTHRlTiS tt DK TA î)ARTnr,.
Cependant on observe, dans un grand nonihre de cas, quel-
ques dérangements dans la santé ; les phénomènes que Ton
i'encoiltre peuvent être jiropres ou communs aux deux mala-
dies constitutionnelles que nous étudions.
1° Symptômes communs à Varthritis et à la dartre. — Un
I accident fréquent de l'arthritis et de la dartre, c'est la dys-
\ pepsie qui offre des caiactères différenls, suivant qu'elle ap-
partient à l'une ou à l'autre de ces maladies. Si la dyspepsie
s'accompagne de pyrosis, de constriction œsophagienne et
subit l'influence des variations de température, elle est ar-
thritique. Celle qui est de nature herpétique a pour carac-
tères de présenter des douleurs vives, lancinantes, où téré-
branles, d'être produite et augmentée par les émotions mo-
rales.
La migraine est une affection qu'on peut aussi rencontrer
dans l'arthritis et la dartre. La céphalalgie arthritique se ma-
nifeste par une lourdeur ou une pesanteur de la tête, par des
tintements d'oreille et des éblouissements. Au contraire, la
I migraine dartreuse présente une douleur vive, lancinante,
limitée à la moitié du crâne (hémicrànie), ou à une partie de
la tête, le front, les tempes, etc., souvent précédée de four-
millements et de sensations diverses dans une région voisine;
enfin, cette affection est encore caractérisée par des nausées
et des vomissements, dont l'apparition annonce généralement
la terminaison des accidents névralgiques.
i On peut trouver, dans les deux dialhèses arthritique et
herpétique, des troubles semblables dans les fondions gé-
nitales.
Rien n'est plus commun que de rencontrer dans ces mala-
dies le prurit des parties t^exuelles. Ce symptôme provoque
parfois des pertes séminales, qu'il ne faut pas rapporter à
ÉTUDE NOSOGRAPHÎQUi;. ai
une dépression des forces, ni considérer comme une consé-
quence immédiate de la maladie constitutionnelle.
Voilà les phénomènes que l'on peut dire communs à la
dartre et à l'arthritis, quoiqu'ils présentent déjà un certain
nombre de caractères propres à en établir la nature. Il
nous reste à étudier d'autres symptômes généraux, qui
appartiennent en particulier à chacune des diathèses dar-
treuse et arthritique , et qui sont plus faciles à recon-
naître.
2° Phénomènes généraux 'propres à la dartre et à l'arthri-
tis. — Dans la première maladie la transpiration est dilïicile
et rare, dans la seconde elle est abondante et fréquente : l'une
présente une coloration variée des téguments externes, due
à la présence des produits excrétés; dans l'autre, on trouve
parfois des plaques de vitiligo sur différentes parties de la
peau. Dans la dartre, les urines se troublent rapidement
après leur émission et contiennent beaucoup de phosphates;
dans l'arllirilis, elles sont peu abondantes, rouges, chargées
d'urée et d'acide urique. Chez l'arthritique, la nutrition
subit des atteintes peu sensibles, et souvent l'embonpoint
persiste jusqu'aux périodes avancées de la maladie; chez
le dai treux, on trouve de bonne heure l'amaigrissement,
qui fait plus tard des progrès très rapides. Enlin, je signa-
lerai un dernier phénomène, la chute prématurée des che-
veux, qui existe fréquemment dans l'arthritis, et (jue l'on
n'observe pas dans la dartre.
b. Seconde époque. — On donne le nom de cachexie
à cette époque des maladies constitutionnelles. Les phé-
nomènes qui la composent sont placés dans une sorte
d'équilibre qui fait augmenter l'un, quand l'autre vient à
diminuer ; ils sont l'expression directe de la maladie parvenue
52 DE l'arthhitis i:t de la dartre.
à son dernier période. Nous allons les passer en revue dans
l'arlliritis et la dartre.
Dans l'arllirilis, les affections ont quitté la peau qui a re-
pris l'état normal; dans la dartre, cette membrane tégumen-
taire est couverte de squames, de croûtes et d'exsudats in-
flammatoires.
L'émaciation se montre dans les deux maladies, mais elle
est plus prononcée dans la diatlièse herpétique. Do part et
d'autre, elle peut ôlre masquée par une infiltration séreuse du
tissu cellulaire ; mais celle-ci, due souvent à la métastase des
affections cutanées, disparaît et reparaît dans la dartre plus
promptement que l'hydropisie causée, dans l'arthrilis, par
des lésions cardiaques ou vasculaires. Ces mêmes lésions dé-
terminent souvent des troubles de la circulation.
La température du corps est plus élevée dans la dialhèse
herpétique que dans l'arlhiitis. Cette dernière présente une
dépression des forces plus considérable dès ses premières
manifestations.
Dans la dartre, on rencontre la mélancolie et quelquefois
une exaltation cérébrale qui peut aller jusqu'à la folie; dans
l'arthrilis, on observe la démence et le délire qui se montrent
souvent à la suite des congestions cérébrales répétées, des
apoplexies et des ramollissements.
L'albuminurie est une affection commune aux deux mala-
dies, mais elle n'est qu'un symptôme passager.
La diarrhée colliquative, l'anorexie sont presque con-
stantes dans la dernière période de la dartre; elles manquent
ou sont très-rares pendant l'existence des affeclions avancées
de l'arthritis.
La fièvre hectique, dans l'arthrilis, est peu marquée et
continue ; celle qu'on observe dans la cachexie darlreuse.
ÉTUDE ÉTIOLOGIQUE. 53
peut se montrer sous les différents types des fièvres inter-
mittentes, et ne devient continue que pendant les derniers
temps de la quatrième période.
Il n'est pas jusqu'à l'agonie, dont le mode ne soit différent
dans les deux maladies conslitutionelles. Dans l'arlliritis, la
dypsnée est le symptôme prédominant : les malades sont
emportés, soit par des apoplexies et des catarrhes pulmo-
naires, soit par des congestions cérébrales. Au contraire,
l'agonie n'a pas toujours le temps de se déclarer chez les dar-
treux, qui succombent souvent à une syncope ou à une apo-
plexie nerveuse.
Lesphlegmasies ultimes sont beaucoup plus fréquentes dans
l'arlhritis, qui se complique dans un assez grand nombre de
cas, de péricardite, de pleurésie et de la formation de caillots
dans le cœur ou les autres organes vasculaires.
Anatomie 'pathologique. — Déjà nous avons dit que nous
ne connaissions pas les caractères anatomiques propres des
lésions viscérales arlliriliques et darlreuses. Espérons que,
dans un avenir prochain, des recherches nouvelles nous dé-
voileront ce qui est encore mystérieux pour nous dans l'his-
toire des lésions viscérales des maladies constitutionnelles.
CHAPITRE II.
ÉTIOLOGIE DES MALADIES CONSTITUTIONNELLES.
Nous avons à examiner deux ordres de causes : 1° la cause
interne ou prédisposition, 2° les conditions extérieures ou
propres à l'individu, qui favorisent le développement de la
maladie. Quand nous aurons élucidé ces deux questions, une
Dli L'Ain IllUTIS lil l)K I.A DAIM HE.
troisièiiKî se présenUMu iialurelluimiiil, c'esl lu question pa-
tliogénique, qui coniporle la solution des problèmes suivants ;
1" faire connaître la nature de la maladie, 2° démontrer l'exis-
tence de l'unité patl)ologi(iue, 3° déterminer la place (pie lu
maladie doit occuper dans le cadre nosologique.
§ I. — Prédisposition ou caute interne.
J'admets la prédisposition dans toutes les maladies. Je lui
reconnais trois modes d'action, et de cette manière il existe :
1° une prédisposition spontanée, 2" une prédisposition héré-
ditaire, 3° une prédisposition éveillée par la contagion.
Si une maladie est transmise parles aïeux ou les parents
plus proches, elle se développe sous l'influence de la cause in-
terne appelée prédisposition héréditaire. Les diathèses qui
présentent ce mode de développement sont dites diathèses
héréditaires : la scrofule, la dartre et Tarthritis sont très sou-
vent des maladies héréditaires.
Si une maladie, la scrofule, la dartre, etc., se manifeste
chez un sujet dont les parents n'ont pas présenté ce même
état morbide, elle dépend de la prédisposition spontanée.
Celle-ci naît avec l'organisme, et n'attend qu'une cause occa-
sionnelle pour se traduire par une maladie qui aura ses évo-
lutions successives.
Enfin, -la contagion est le troisième mode de transmission
des maladies. Dans ce cas, je reconnais encore l'existence
d'une cause interne, nécessaire au développement de l'état
morbide. Dans les maladies contagieuses, la syphilis, la va-
riole , etc. , les virus ou autres agents ne sont que -des
causes déterminantes dont l'action serait impuissante à dé-
velopper la maladie, s'il n'existait préalablement une cause
interne ou prédisposition.
ÉTUDE ÉTIOLOGIQUE. 5(5
Examinons successivement chacune de ces causes internes
ou prédispositions.
1° Hérédité. — L'hérédité ou la prédisposition héréditaire
no saurait être mise en doute par personne : elle s'exerce
directement des parents aux enfants, ou hien elle saute une
génération. Elle a ordinairement un mode d'action croisé : le
fils apporte en naissant la prédisposition aux maladies mater-
nelles, la Hlle hérite des maladies paternelles. Plusieurs dia-
thèses héréditaires peuvent se montrer chez le même sujet:
la scrofule et l'arlhrilis, la dartre et lu scrofule existent
souvent d'une manière simultanée. Tanlôt les deux maladies
sont transmises par le même parent, tantôt l'une est donnée
par le père, et l'autre par la mère.
L'hérédité est certainement le mode de transmission le
plus fréquent dans les maladies constitutionnelles. Si son
existence n'est pas plus souvent constatée, il faudra quelque-
fois s'en prendre à l'ignorance des observateurs, qui mécofl-
naissent, par exemple, les relations de nature entre la tur
meur blanche et la phthisie, entre les dartres et les névralgies.
L'hérédité a-t-elle le pouvoir de transformer les maladies?
La syphilis peut-elle engendrer la scrofule? Selon nous, les
unités pathologiques ne s'altèrent et ne se transforment pas
plus par l'hérédité, qu'elles ne s'altèrent ou ne se trans-
forment par leur durée.
2° Contagioîi. — Les auteurs, qui ont cherché à pénétrer
l'essence de la contagion, ont admis plusieurs hypothèses sur
lesquelles il faut donner des explications. Ainsi, ils ont
institué un virus, un agent toxique, qui contient tous les
cléments de la maladie et qui se fnultiplie par une sorte de
fermentation. Mais pourquoi ne tiendrait-on aucun compte
ilc l'organisme, dont le rôle actif nous est démontré tous U g
^'^ DE L'aRTHRITIS ET DE LA DARTRE.
jours? Ne voyons-nous pas à chaque instant des sujets résister
à l'action des virus ou des agents contagieux? Nous croyons
que, s'il est nécessaire de reconnaître l'action des virus, il
faut admettre préalablement une cause ou prédisposition in-
terne, sans laquelle la maladie ne saurait se produire. Pour
nous, le viruâ n'est pas plus un agent toxique qu'un ferment;
c'est une cause déterminante spéciale qui, pour déterminer
l'état morbide, a besoin d'un terrain favorable sans lequel
elle reste impuissante.
3° Prédisposition spontanée. — Si une maladie rj'est ni
héréditaire, ni contagieuse, on admet qu'elle est spontanée,
c'est-à-dire qu'elle se développe sous la seule influence de
la cause interne.
■ De tout ce qui précède, il résulte qu'il n'existe pas de
diathèses acquises : une diathèse dépend toujours d'une pré-
disposition héréditaire, d'une prédisposition spontanée, ou
d'une prédisposition mise en action par une cause spéciale,
l'agent contagieux.
§ II. — Conditions extérieures ou propres à l'individu, qui favorisent
le développement de la maladie.
Les causes qui résultent des conditions extérieures sont
les causes déterminantes et prédisjoosantes. Il faut bien se
garder de confondre ces dernières avec la prédisposition ou
cause interne. On peut ranger ces deux ordres de causes
dans trois catégories : 1° influences physiologiques, 2° in-
fluences pathologiques, 3o influences hygiéniques.
a. Influences j^hysiologiques. — Nous étudierons successi-
vement rinfluence de l'âge, du sexe, du tempérament et des
révolutions physiologiques, telles que la puberté, l'âge cri-
ÉTUDE ÉTIOLOGIQUE. 57
tique, sur le développement et l'aspect des maladies consti-
tutionnelles.
Age. — L'âge exerce une certaine influence sur les mani-
festations diathésiques : ainsi, le zona qui apparaît dans l'en-
fance est arthritique, celui qui se montre dans l'âge mûr ou
la vieillesse est hei pétique. Dans l'enfance, la scrofule est plus
fréquente que la dartre et l'arthritis.
Sexe. — La dartre semble plus commune chez la femme,
et l'arthritis chez l'homme. Cependant j'avoue que cette pro-
position aurait besoin d'être appuyée sur un plus grand
nombre de faits, pour être admise comme une vérité in-
contestable. Le sexe exerce encore une influence sur les
formes des affections : les dartres humides sont plus fré-
quentes chez la femme, et les dartres sèches se remarquent
plus souvent chez l'homme.
Les névralgies franches et les migraines appartiennent
particulièrement au sexe féminin, dans lequel on observerait
aussi plus souvent la transformation des afl'ections.
Tempérament, coîistitution. — Les éruptions dartreuses
se développent de préférence chez les sujets qui ont une
constitution sèche et le tempérament bilieux ou nerveux.
Dans l'arthritis, on rencontre le plus ordinairement une con-
stitution forte avec prédominance du système musculaire et
adipeux, et le tempérament lymphatico-sanguin. Cependant
nous n'accordons point au tempérament, dans la production
des maladies, une importance aussi grande qu'on le fait
généralement^ il n'en existe pas un seul qu'on ne puisse
trouver dans toutes les maladies constitutionnelles.
Mais si, dans la détermination des maladies, les tempéra-
ments n'ont pas toute l'influence qu'on leur a reconnue,
on ne saurait leur refuser une certaine action dans la pro-
5" DE L'ARTIIUIIIS lil DR LA HARTRE.
diiclion dos formes des ariecliotïs. En effel, les éruplions
acnéiques, pustuleuses et vésiculeuses se motilreril liabituel-
lemenl dans le tempérament lympiiati(|ue, les aHeelions
érythémateuses et tuberculeuses dans le tempérament san-
guin, celles qui sont huileuses dans le tempérament bilieux,
enfin les névralgies arthritique et herpétiques, les éruptions
papuleuses dans le tempérament nerveux.
Révolutions physiologiques. — Les révolutions physiolo-
giques ont une influence évidente sur la production etPaspect
des affections constitutionnelles. Ainsi, les gourmes ap[)arais-
sent ordinairement à l'époque de la première dentition, la
couperose est fréquente à la puberté et à l'âge critique. Pen-
dant la grossesse et l'allaitement, on observe souvent des érup-
tions, qui étaient désignées autrefois sous le nom de dar-
tres laiteuses.
h. Influences pathologiques . — La dysménorrhée, l'amé-
norrhée, les hémorrhoides, la conslipation sont plutôt des
effets que des causes de maladies. Mais il est une classe
d'affections qui peuvent jouer le rôle de causes détermi-
nantes dans la production des maladies constitutionnelles :
je veux nommer les affections parasitaires.
Les dartreux des hôpitaux accusent presque toujours la
gale, comme élant le point de départ de leur affection. Ils
n'ont pas tort complètement; les parasites sont souvent
des causes occasionnelles qui font éclater des diathèses
latentes. De la môme façon agiront quelquefois l'érylhème
produit artificiellement par la sueur ou la malpropreté, cer-
taines maladies spontanées, comme les fièvres éruptives et
autres maladies totius substantia^.
c. Influences hygiéniques, ou influences communes exer-
cées par le milieu qui entoure le malade. — Des excès de
ÉTUDE ÉTIOLOUIQUE. 59
lablt', l'usage do cerlains ingesla (moule, homard, café, bois-
sons alcooliques, etc.), déterminent souvent des manifesta-
lions cutanées. ,
Les localisations et les formes des affections constitution-
nelles sont iiilluencées d'une manière évidente parles appli-
cala et les circumfusa, comme la chaleur, le froid, les varia-
tions de température, le retour des saisons, les phénomènes
inéléorologiques, etc.
Les professions sont importantes à considérer dans leurs
rapports avec les affections diathésiques. On sait que les
épiciers, les boulangers, dont les mains sont continuellement
irritées par différentes substances, sont sujets à une forme
particulière de dartres qui disparaissent facilement par le
simple repos, à moins que la diathèse ne soit déjà parvenue
à une période avancée.
Les émotions morales (pei-cepta) occasionnent fréquem-
ment des éruptions cutanées de nature herpétique.
§ III. — Pathogénie.
Les anciens, recherchant avec ardeur et ne pouvant péné-
trer l'essence de la maladie, avaient créé les virus et les vices,
qu'ils considéraient comme les causes premières des états
morbides. Mais le virus syphilitique, les vices herpétique et
arthritique ne sont pas plus connus dans leur nature, que la
syphilis, l'arthritis et la dartre, dont ils sont les causes pro-
ductrices. On voitdonc que la question proposée parles pre-
miers auteurs n'a reçu qu'une solution illusoire; celle-ci,
pour être complète, exigerait la connaissance intime des
virus et dts vices qui furent admis à titre de simples hypo-
thèses. Cependant ces hypothèses avaient un mérite, celui
de conserver intactes les unités paihologiques. Plus tard,
f>0 I>K L'AinmUTJS ET I)F LA DARTRE.
elles furent remplacées par une aulre liypollièse, la dialhèse,
qui ne peut nous expliquer davantage la nature des mala-
dies. Nous ne reviendrons pas ici, sur ce que nous avons
dit des diathèses dans les considérations générales.
La science moderne a tout à fait abandonné la reclierclie
des essences morbides, pour ne s'occuper que des rapports des
affections. Aussi, toutes les questions de nature consistent
aujourd'hui à limiter et à classer les unités pathologiques.
Quelles sont les preuves de l'unité pathologique? Elles no
résident pas dans l'existence des virus ou des vices^ dont
nous ignorons complètement la nature. L'observation seule
peut nous conduire à la détermination de l'unité patholo-
gique. En effet, elle nous montre la relation des affections
d'un système anatomique avec celles des autres systèmes;
elle nous fait connaître les caractères objectifs propres aux
différents groupes de ces alTections; enfin elle nous indique
le médicament sous l'influence duquel les phénomènes mor-
bides disparaîtront, quels que soient leur siège et leur mode
pathogénique. Ainsi, l'étude du malade et l'observation doi-
vent guider le vrai nosologiste pour limiter et classer les ma-
ladies par une méthode simple et naturelle. Si l'on part de la
physiologie ou de Tanatomie pathologique, on ne considère
que des lésions, des symptômes et des affections, dont on fait
autant de maladies ; on arrive à démembrer l'unité mor-
bide.
Cette doctrine traditionnelle démontre-t-elle l'existence
de la dartre et de l'arthritis ? Nous répondons parl'affirmative.
En effet, les affections dartrcuses coïncidentes ou successives
disparaissent sous l'influence des préparations arsenicales,
tandis que les manifestatious arthritiques guérissent par lad-
minislration des alcalins. D'un autre côté, nous reconjiais-
ÉTUDE ÉTIOLOGIQUE. 61
sons des groupes d'affections qui présentent des relations
invariables, des caractères objectifs propres et une évolution
particulière dans chacune des diathèses.
Il reste à nous demander quelle place occupent dans le cadre
nôsologique la dartre et l'arthritis. La multiplicité des lé-
sions et des symptômes, les longs intervalles qui séparent
quelquefois les périodes, la durée de ces dernières, font ran-
ger ces deux états morbides dans la classe des maladies con-
stitutionnelles. Nous ne saurions nous dissimuler que le terme
maladie constitutionnelle , employé pour désigner une classe
dans lecadre nôsologique, est défectueux, en ce sens quela plu-
part des maladies chroniques finissent par attaquer la consti-
tution. Mais il suffit de donner une définition précise de l'ex-
pression dont on se sert, comme nous l'avons fait pour le
cas présent dans les considérations générales.
L'arthritis peut être placée k côté de la scrofule et de la
syphilis, avec lesquelles elle présente quelque analogie. Ces
trois maladies sont caractérisées par des affections cutanées
exemptes du prurit propre à la dartre, devant disparaître
dans la quatrième période, par des affections osseuses et par
un produit morbide particulier dans chacune d'elles : le tuber-
cule dans la scrofule, la gomme dans la syphilis et le tophus
articulaire dans l'arthritis.
La dartre se rapproche, par l'ensemble de ses caractères,
des maladies constitutionnelles lèpre, scorbut et pellagre!
Ni les unes ni les autres ne possèdent un produit morbide
particulier. On trouve des phénomènes nerveux variés : des
névralgies dans la dartre, l'anesthésie dans la lèpre, et des
accidents cérébraux dans la pellagre. La peau est pendant
longtemps le siège d'affections propres : le dartreux est cou-
vert desquames et d'exsudats, les altérations cutanées se pro-
62 i)£ L'ARTiihitis i:'r ni- t.A DAiniu:.
nohcent davanlnge dans la pellagre el le scoi l)ul, à mesure que
la maladie avance vers la terminaison falale.
CHAPITRE m.
SÉMÉIOTIQUE.
§ I. — Diagnostic.
La séméiotique de l'arthrilis et de la dartre comprend le
diagnostic et le pronostic. Je ne m'attacherai pas à vous mon-
trer loule l'importance du diagnostic, à propos de ces mala-
dies constitutionnelles. Vous savez que, sans diagnoslic, il
ne peut exister qu'un traitement incertain el basé sur un em-
pirisme aveugle.
Les éléments du diagnoslic des maladies diathésiques sont
empruntés à la nosographie, à l'étiologie et à la thérapeu-
tique. En effet, la nosographie apprend la marche et l'évo-
lution des alfections de chaque système organique; par elle,
on arrive aussi à la connaissance des caractères spéciliques,
généraux et particuliers des affections constitutionnelles.
L'étiologie peut éclairer le diagnoslic par les renseigne-
ments utiles que donne l'exaiuen de la constitution, de l'âgée
de l'hérédité, de la profession, etc. Enfin, dans quelques cas
obscurs, un traitement qui a été suivi de guérison, contribue
pour sa part à indiquer la nature de l'affection.
Le diagnostic de la dartre et de l'arthrilis consiste à re-
connaître : 1° l'unité pathologique; 2° les afieclions propres
qu'on trouve sur les systèmes légumentaire, nerveux, mus-
culaire ou parenchymaleux-j 3» le genre et la lésion élémen-
taire de l'affection.
I
ÉTUDE SÈMÉIOTIQUË. • OS
Plus loin, quand nous décrirons les affections propres de
la dartre et de l'arthritis, nous donnerons leurs caractères
spécifiques, généraux et particuliers.
L'étude des éruptions communes et de la lésion élémen-
taire Fait partie de la séméiotique cutanée, quej'ai déjà traitée
à plusieurs reprises, et que vous devez connaître.
Quant tà présent, je me bornerai à quelques remarques sur
le diagnostic de la dartre et de l'arthitis, considérées comme
unités pathologiques. Nous ferons d'abord le diagnostic dif-
férentiel de ces deux maladies constituliotmelles, puis nous
chercherons à les distinguer des autres maladies constitution-
nelles et des dialhèses.
a. Diagnostic différentiel de la dartre et de Varthritis.
Ces deux maladies ont des caractères communs et des carac-
tères propres.
1° Caractères communs. — Les dialhèses arthritique et
herpétique appartiennent au i^iéme groupe du cadre nosolo-
gique, se montrent à tous les âges et dans les deux sexes, sont
hérédilaires, mais non conlngieuses. Elles ont une longue du-
rée, et présentent des affections variées : des congestions,
des inflammations, des hémorrhagies, des catarrhes, des né-
vroses, etc. Enfin, toutes deux commencent par des acci-
dents cutanés et aboutissent parfois à la dégénérescence can-
céreuse.
2» Caractères propres. — '^•Axxm les systèmes organiques,
les uns, comme la peau, les muqueuses et les tissus paren-
chymateux, sont affectés dans l'arthritis et la dartre; les au-
tres ne présentent des affections que dans l'une de ces mala-
dies. Ainsi, dans la dartre, les cordons nerveux sont le siège
d'une affection propre, la névralgie, qu'il ne faut pas con-
fondre avec la rhuinalalgie qui réside dans les muscles,
DE L'ARTHRITIS lîT DE LA DARTRE.
L'arthrilis se manifeste d'une manière spéciale sur le sys-
tème fibro-séreux, et possède comme', affections propres le
tophus et différentes lésions du cœur, à savoir : endocardite,
rétrécissements, etc. On devra éviter de confondre l'asthme
essentiel de nature dartreuse, et l'asthrne catarrhul qui est
un phénomène arthritique.
En considérant les manifestations de la dartre et de l'ar-
Ihritis sur tous les systèmes en général, on trouve d'autres
caractères différentiels. Dans les premières périodes, on
peut opposer la fixité des arthritides à la mobilité des
herpétides. Celles-ci se montrent indistinctement sur toutes
les régions, et les autres se développent sur des lieux de
prédilection, le cou, le visage, les mains, les parties gé-
nitales, les pieds, etc. La symétrie qui existe le plus sou-
vent dans les éruptions dartreuses, manque le plus ordi-
nairement dans les affections arthritiques. Les premières
persistent dans la période ultime de la maladie, les secondes
quittent la peau lorsque les lésions viscérales viennent à se
déclarer. Dans la dartre, on trouve souvent les lésions
élémentaires, telles qu'elles ont été décrites par Willan.
Dans l'arlhritis, on observe plus fréquemment certaines
formes ou variétés, l'eczéma sec et nummulaire, le lichen cir-
conscrit, etc., et des affections composéesqui semblent parti-
ciper primitivement.de plusieurs lésions élémentaires : je cite-
rai, comme exemple, le psoriasis artbriiique qui emprunte
ses caractères aux affections vésiculeuses et squameuses.
Enfin, je donnerai un dernier signe différentiel des arthri-
tides et des herpétides ; celles-ci guérissent sans produire
de cicatrices, celles-là peuvent en laisser. Toutefois, ajou-
tons que la grande majorité des affections arthritiques ne pro-
duisent aucune cicatrice.
firUDE SftMÉrOTiQUE. 05
b. Diagnostic différentiel entre la dartre et l'arthritis,
et entre les diathèses ou les maladies constitutionnelles.
— La scrofule sera facilement distinguée de l'arthritis
et de la dartre par les caractères objectifs de ses affec-
tions, et par une affection qui lui est propre, l'adénopa-
thie. Est-ce à dire que rengorgement ganglionnaire ne se
montre jamais dans l'arthritis et la dartre? Non, ces mala-
dies ne sont pas exemptes d'adénopathies; mais celles-ci sont
plus rares et ne sont jamais spontanées, étant toujours con-
sécutives aux lésions cutanées.
La syphilis se reconnaîtra aussi aux symptômes propres
de ses affections et à l'adénopathie spéciale qui lui appar-
tient. En outre, elle est contagieuse, ce qui n'a pas lieu dans
l' arthritis et la dartre.
Mais est- il toujours possible de distinguer ces deux ma-
ladies constitutionnelles de certaines diathèses? Les pre-
mières aboutissent souvent au cancer, et, d'un autre, côté la
diathèse cancéreuse présente le môme produit morbide;
à quels signes connaîlra-t-on la nature du cancer ob-
servé? Pour arriver au diagnostic de l'espèce du cancer,
il faudra surtout s'appuyer sur l'évolution de la maladie.
Dans la diathèse cancéreuse, le produit morbide existe dès le
début-, dans les maladies constitutionnelles, il est précédé
d'un grand nombre d'affections, et n'apparaît que dans la
période terminale. Un jour on aura peut-être des signes
plus certains, fondés sur les caractères objectifs, pour diffé-
rencier les cancers symplomatiques d'une diathèse, de ceux
qui se montrent comme affections des maladies constitution-
nelles. Mais en attendant, nous savons que le diagnostic
précédent offre quelquefois des difficultés insurmontables,
causées par la coexistence ou la présence successive, sur le
lÔ DE i/aRTHRITIS Rï DE LA DAftTRE.
niônio sujet, de différenles diullièses ou maladies constilu-
tionnelles.
En elTet, rien n'esl plus IVéquenl que de trouver la scro-
fule dans l'enfance, et l'arlhritis dans Tage mûr ou la vieil-
lesse. Il n'est pas rare de voir Tassocialion de la dartre et de
la scrofule, de cette dernière maladie et de la syphilis ; enfin
il n'existe pas d'incompatibilité entre la dartre et l'arllirilis.
Dans tous ces cas complexes, nous devons nous demander
comment nous arriverons à établir l'origine des affections. Eh
bien, nous apprendrons à quelle espèce morbide ces affections
appartiennent en considérant leurs caractères objectifs, leurs
rapports, et leur place dans l'évolution de la maladie.
Nous savons que les caractères objectifs et les rapports
des phénomènes morbides coniribuent pour une large part
à donner la notioq de l'unité pathologique.
D'un autre côté, il n'est pas moins important d'examiner la
place qu'occupent les affections dans l'évolution de la ma-
ladie. Nous avons vu que les maladies constitutionnelles
né rétrogradent pas dans leur évolution, et qu'on peut les
déclarer guéries quand elles ont parcouru leurs quatre
périodes. Si donc, chez un malade qui a présenté autrefois
des signes de scrofule à la troisième période (carie osseuse),
vous constatez la présence d'un eczéma constitutionnel,
vous pouvez affirmer que cet eczéma n'appartient pas à la
scrofule, mais à la dartre ou à l'arthritis.
Lorsque les diathèses s'associent aux maladies conslitu-
lionnelles, le diagnosliç est souvent très embarrassant,
comme nous l'avons dit précédemment. C'est par l'élude
attentive de l'étiologie et de l'évolution de la maladie que
l'on parviendra à distinguer la diathèse, qui complique la
maladie constitutionnelle.
ÉTUDE SÉMÉIOTIQUE. 57
Les diathèses calculeuse, anévrysmale, variqueuse et hé-
morrliagicjue s'observent souvent dans la dartre et l'artliritis ;
elles doivent être considérées comme des complications et
non comme des affections arthritiques ou herpétiques, dont
elles ne possèdent aucun des caractères objectifs. D'ailleurs,
elles n'ont aucune place assignée dans l'évolution des mala-
dies qu'elles compliquent : elles se montrent tour à tour au
début, au milieu ou à la fin des diathèses herpétique et ar-
thritique.
§ II. — Pronostic.
L'artliritis et la dartre sont des maladies graves. Elles
peuvent amener une mort presque subite par des congestions
capillaires viscérales, par des phlégmasies intercurrentes de
la poitrine ou de la tête ; si elles parcourent leur évolution,
elles entraînent fréquemment des dégénérescences organi-
ques qui sont toujours mortelles. Quand elles ne tuent pas,
elles déterminent des accidents variés, prurit, douleurs, mi-
graines, infirmités qui rendent souvent la vie odieuse au ma-
lade et le poussent quelquefois au suicide.
Les affections de ces maladies constitutionnelles sont d'au-
tant plus graves qu'elles appartiennent à des périodes plus
avancées.
Les herpétides sont plus fixes, plus persistantes à la troi-
sième période qu'à la deuxième; les arlhritides sont limitées,
n'ont pas de tendance à envahir toute la surface du corps, et
présentent moins d'inconvénients que les affections articu-
laires, qui amènent souvent des déformations osseuses et
même des ankyloses.
Cependant il ne faut pas exagérer la gravité trop réelle de
l'arthrilis et de la dartre. Leur évolution peutsubir u.-- temps
68 DE l'artiiuitis eï de la dautre.
d'arrêt-, on voit alors un état presque stalionnaire persister
pendant de longues années. On observe également cet arrêt
de développement dans la sypliilis.
Lorsque les manifestations diatliésiques cessent d'avoir
lieu, la santé est parfaite, sauf quelques accidents qui con-
stituent pour le malade de simples indispositions. Ainsi l'ar-
thritique est tourmenté par des angines, des étourdisscments,
des céphalalgies et des douleurs musculaires erratiques; le
darlreux présente des névralgies diverses , des catarrhes, du
prurit qui existe môme en l'absence de toute éruption.
La dyspepsie se rencontre avec des caractères différents
dans les deux maladies. Néanmoins l'intégrité des fonctions
digestives est conservée, et la santé semble parfaite aux
yeux de ceux qui entourent le malade.
La maladie pourra se borner à ces simples accidents
pendant plusieurs années ; mais généralement elle finira
par suivre son évolution, et le pronostic deviendra plus
grave.
Est-ce à dire que la guérison de l'arthritis et de la darire
est impossible? Assurément non : elles se comportent comme
toutes les autres maladies constitutionnelles, qui, lorsqu'elles
ont parcouru leurs quatre périodes et que la thérapeutique
est restée triomphante, sont considérées comme étant gué-
ries. Le sujet est définitivement à l'abri de toutes les affec-
tions propres de la maladie. Toutefois, on ne doit passe mé-
prendre sur le sens de mes paroles. Si les récidives des
maladies constitutionnelles n'existent pas, ou du moins sont
très rares, il n'en est pas de môme pour les affections qui se
reproduisent fréquemment.
Lorsque vous avez fait disparaître par une ihérapcutiquc
sage les symptômes présents, ne vous hâtez pas de croire à la
ÉTUDE SÉMÉIOTIQUE. 69
guérison de la maladie; souvent vous n'aurez déterminé
qu'un temps d'arrôt. N'est-ce pas ce qui arrive tous les jours
dans la syphilis, quand on administre le mercure?
Comparées à la scrofule et à la syphilis, les maladies dartre
et arlhrilis ne tiennent que le second rang par la gravité. La
scrofule laisse souvent des cicatrices horribles, des mutila-
tions des membres, la perte de quelques sens. La syphilis est
plus facile à guérir; mais souvent elle porte à la constitution
une altération profonde, qui peut retentir sur les générations
futures.
Comparées entre elles, elles présentent un genre de gra-
vité différent. La dartre est généralement plus intolérable,
plus rebelle au traitement, exposv'^ davantage au tœdiiim vitœ
et aux dégénérescences cancéreuses. L'arthritis entraîne plus
souvent des obstacles à la locomotion, des affections organi-
ques du cœur et des gros vaisseaux.
Dans la même maladie, le pronostic est variable selon la
forme, le siège, la durée, l'étendue des affections et la résis-
tance qu'elles opposent au traitement. Nous reviendrons sur
toutes ces questions, lorsque les éléments nous en seron t four-
nis par l'étude désaffections propres delà maladie. Cependant,
nous pouvons dire que l'affection otîVe une gravité d'autant
plus considérable qu'elle siège près des organes des sens, sur
des parties exposées à la vue, qu'elle est plus ancienne et plus
généralisée. Nous ajouterons encore une observation : c'est que
l'affection, qui existe depuis longtemps sur un point, a chance
d'y rester et de ne pas se porter sur les viscères. H en résulte
une indication thérapeutique, disons-le par anticipation, de
ne toucher à celte affection qu'avec une extrême réserve. Il
nous a été donné d'observer deux malades, où l'oubli; de ce
précepte thérapeutique a entraîné de fâcheux résultats.
TO nu j/autiiuitis eï di; \.\ DAinni-.
Premier cas. — Un homiiiu riait alleiiil truii eczéma gé-
néralisé, iloMl il désirait ôlre débarrassé pr(jm[)temeril; un
traitement énergique est dirigé contre celle aHeclion qui
disparaît en quinze jours. Bientôt des accidents gasti iques se
montrent , et après quelcjues mois le malade meurt d'un
cancer de l'estomac.
Deuxième cas. — Depuis longtemps une femme est en proie
aux douleurs aiguës d'une fissure à l'anus et d'un rhumatisme
articulaire fixe, pour lesquels elle avait infructueusement
employé mille moyens. Un jour les afl'ections disparaissent,
sous l'influence d'un traitement hydrothérapique, à la grande
satisfaction de la malade; mais des métrorihagies abon-
dantes ne tardent pas à se montrer, et par le loucher je
constate l'existence d'un cancer énorme de l'utérus. Je fais
appeler en consultation plusieurs médecins, les princes de la
science, qui reconnaissent le cancer et le considèrent comme
étant au-dessus des ressources de l'art. La mort ne devait pas
être éloignée. Cependant la malade vit encore et ne paraît
pas éprouver de grandes souffrances. Ce fait ne doit pas vous
surprendre ; depuis longtemps on a signalé la bénignité
de certains cancers qui sont très graves en apparence. Nous
avons dit qu'on ne connaissait pas encore le développement
des cancers des maladies constitutionnelles, et nous avons
recommandé à l'attention des observateurs l'étude de ce point
important de pathologie.
ÉTUDE THÉUAPEUTIQUÈ.
7l
CHAPITRE IV.
THÉRAPEUTIQUE GÉNÉRALE DES ARTHRITIUES ET DES HERPÉTIDES.
L'élude des maladies constitutionnelles n'aurait pas l'im-
porlance que nous lui accordons, si elle ne nous permettait
d'afriver à une thérapeutique rationnelle, qui doit être le but
constant de toutes nos l echerches. Pinel semble avoir négligé
ce précepte, lorsqu'il écrit : « Une maladie étant donnée,
trouver la place qii elle occupe dans le cadre nosologique . »
La plupart des médecins contemporains ont imité Pinel, en
attachant une plus grande importance à porter un diagnostic
exact qu'à établir le traitement.
Toutes les maladies ne sont pas susceptibles d'une guéri-
son radicale; mais on peut chercher à modifier l'état patho-
logique, et quelquefois à prévenir une influence morbide qui
paraît imminente. Le traitement sera ou préserva-
tif, si Ton cherche à prévenir le développement d'un élat
morbide; il sera curatif, si l'on cherche et obtient la guéri-
son de la maladie; enfin il sera jmlliatif, h l'on n'arrive qu'à
modifier avantageusement les symptômes observés.
§ 1. — Traitement préventif ou préservatif.
Le traitement préventif a une grande imporlance, mais
plusieurs causes en rendenU'application difficile. Et d'abord
les malades qui n'éprouvent que les signes précurseurs
des maladies constitutionnelles, ne réclament pas nos soins
pour des affeclions qu'on a rhabitude de considérer comme
de simples inaispositions; puis, s'ils viennent demander nos
72 DE L'auTHRITIS et de DARTRE.
conseils, ils se soumellent avec répugnunce à un ordre de
moyens préventil's, parce qu'ils ne croient pas au développe-
ment prochain d'afl'ections plus graves. Vous n'aurez donc'
que rarement l'occasion d'appliquer en ville le traitement
prophylactique, et vous ne le mettrez jamais en usage chez
nos malades des hôpitaux. En effet, ceux-ci attendent tou-
jours que l'affection soit déclarée pour demander leur ad-
mission à l'hôpital. Cependant il arrivera parfois que vous
serez consultés sur le régime à suivre pour combattre
certaines indispositions. C'est sur les légères affections, ran-
gées au nombre des prodromes des maladies constitution-
nelles, que vous baserez les indications à remplir.
Le traitement préventif consiste dans la soustraction des
causes occasionnelles de la maladie et dans une sage appli-
cation des règles de rhygiène.
Moyens hygiéniques. — Le sujet prédisposé à l'arthri-
tis portera de la flanelle, changera souvent de linge qui
est fréquemment mouillé par la transpiration, évitera avec
soin les variations de température. Il ne gardera pas une pro-
fession qui l'oblige à toucher des substances irritantes qui
peuvent occasionner le développement de la diathèse. Sou-
vent des épiciers, des boulangers, des teinturiers, portent
sur les mains, les avant-bras, la poitrine ou la face, des affec-
tions rebelles qui disparaîtront facilement dès que le malade
aura renoncé à ses occupations journalières. Vous prescrirez
un régime doux, composé de légumes frais, de viandes blan-
ches ; et vous défendrez les viandes noires, le gibier, en un
mot, une nourriture trop azotée.
Dans la dartre, il importe d'éviter autant que possible les
émotions morales qui sont des causes fréquentes d'éruption.
II faut aussi surveiller attentivement le régime du malade: on
ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE. 73
proscrira le café, les alcooliques, les condiments et quelques
aliments, tels que le homard, les écrevisses, les moules, etc.,
dont l'usage détermine souvent des affections éruptives.
Tel est le traitement préventif que l'on prescrit générale-
ment dans l'arthritis et la dartre. Néanmoins, il existe encore
une classe de moyens à la fois curatifs et prophylactiques
sur lesquels on est quelquefois appelé k se prononcer. Les
malades désireront se rendre aux eaux minérales, et de-
manderont qu'on leur indique la source qu'ils doivent
choisir.
On ne saurait nier le profit réel que les malades atteints
de diathèses retirent de l'emploi des eaux minéralisées ; mais
il faudra conseiller, contre chaque dialhèse, les eaux qui lui
sont applicables. Or, si vous consultez à ce sujet les travaux
faits par les médecins des établissements thermaux, vous
vous trouverez dans le plus grand embarras. Si l'on croit le
médecin d'un de ces établissements, l'eau est efficace contre
toutes les maladies. Ces assertions n'ont rien qui puisse éton-
ner, et sont le résultat de la confusion qui existe entre l'af-
fection et la maladie, ces deux termes étant considérés comme
synonymes. Tant qu'on n'aura pas distingué l'affection de
la maladie, et qu'on n'aura pas indiqué la nature de l'affection
pour laquelle on emploie une classe d'eaux minérales, il n'y
aura qu'incertitude dans l'administration de ces agents thé-
rapeutiques si puissants; et, par exemple, on ne devra pas
se contenter de préconiser les eaux sulfureuses et arsenicales
contre l'eczéma, mais il faudra savoir si cette affection est
scrofuleuse, herpétique ou arthritique.
En appliquant cette doctrine à l'examen des propriétés
thérapeutiques des eaux minérales, je suis arrivé à recon-
naître d'une manière générale : 1° que les eaux alcalines
7Û DE l/AinillUTlS ET J)E l,A DAMTRE.
sont efïicaces dans les uircclioiisarllirilitiucs ; 2*qu'il faiitad-
nistrer les eaux arsenicales dans les lierpélides; 3" enfin, que
les eaux sulfureuses sont des agents énergiques contre les
( affections de nature scrofuleuse.
Dans l'arthritis cutanée, je recommande et j'em|)Ioie les
eaux alcalines suivantes : celles de Vichy, de Villel, de
Luxeuil,deConlrexéville, du Mont-Dore, d'Ems, de Carlsbad,
de Wiesbaden, etc. Les eaux sulfureuses ne peuvent être
utiles que dans les cas où la dialhèse arthritique se trouve
associée à la diathèse scrofuleuse, ou a été précédée de scro-
fule, ce qui arrive encore assez fréquenuneni. Contre les dar-
tres herpétiques, j'ordonne les eaux tninérales qui renferment
une certaine quantité d'arsenic : les eaux de Plombières, de
la Bourboule. Dans la convalescence des arthrilides et des
herpétides, je conseille avec profit pour le malade, les eaux
chlorurées sodiques légères, sulfatées sodiques et sulfatées
càlciques-, dans les arlhrilides humides en voie de guéri-
son, j'envoie le malade aux eaux d'Aix-la-Chapelle, de Néris
ou de Bagnères-de-Bigorre.
Les eaux chlorurées sodiques légères, càlciques, qui sont
employées dans la convalescence des dartres arthriliques et
herpétiques, pourraient aussi Tôlre données avec avantage
dans le traitement préventif de la dartre et de l'arthritis.
Jusqu'ici nous avons à peine parlé des eaux sulfureuses :
c'est que nous réservons les eaux thermo-sulfureuses pour
comhattre les affections scrofuleuses. Sur ce point, nous
sommes loin d'être d'accord avec M. Durand-Fardel,qui con-
sidère la médication sulfureuse comme étant spécifique de
l'herpélisme. Pour appuyer noire opinion , nous avons
notre propre expérience et celle de plusieurs hydrologistes
distingues, entre autres MM. Gerdy et Allard.
ÉT L Dli 'JIl É U A l> 1 ; U Tlq U E.
7S
g II. - Traitement curatif.
Sur quelle hase repose le choix d'un moyen curatif?
La thérapeutique d'une maladie se compose d'une série-
d'indications qui sont fournies par l'unité pathologique, les pé-
riodes, les formes, les affections, l'état des aHections qui sont
sèches ou humides , les symptômes prédominants et enfin
par les causes. La connaissance des indications conduit à
celle de la médication : la médication est un ensemble de
moyens de traitement et de médicaments agissant lous dans
une voie commune et tendant vers un but déterminé.
Nous passerons en revue les indications et les médications
employées dans l'arthritis et la dartre. En dernier lieu, nous
étudierons les rapports des indications aux médications.
i° Indications ti?'ées de l'unité pathologique. — En pré-
sence de l'unité morbide, nous devons chercher un médica-
ment qui s'applique à toutes les affections, à toutes les pé-
riodes et aux formes de la maladie. Cet agent est un
médicament dit spécifique, comme le quinquina dans la fièvre
des marais.
La dartre et l'arthritis n'ont pas de remède spécifique.
Sous ce rapport, elles ne diffèrent pas des autres maladies
constitutionnelles; et, par exemple, on admet généralement
un remède spécifique dans la syphilis, le mercure. Mais nous
savons bien qu'il ne faut pas croire à l'action spécifique de ce
médicament qui est inutile et même nuisible dans certaines
périodes de la maladie.
Cependant nous connaissons des médicaments qui sont em-
ployés avec succès contre des afi'ections de plusieurs systèmes :
je citerai précisément le précédent qui possède une action
curativc dans toutes les affections secondaires de la syphilis.
76 m 1,'Ain'iiiu ns lt j)t; \a ))Autiœ.
Dans l'arllirilis, nous administrons avec avantage les al-
calins, tant àrinlcrieur qu'à l'cxlérieur, contre des aflections
variées quant au siège et au mode pathogéniquc.
A l'extérieur, nous prescrivons des hains renfermant 90,
100 ou 120 grammes de sous-carbonate de soude, dose que
nous ne dépassons jamais. Trop souvent on oublie que la
peau des arthritiques est irritable, et l'on porte les doses de
sous-carbonate de soude à 200 et même 500 grammes. Il
en résulte dans l'aflection une aggravation plus ou moins
grande.
A l'intérieur, j'ordonne l'eau/de Yicby, ou une et deux
cuillerées de sirop alcalin, ou enfin une solution de bicarbo-
nate de soude. Autrefois j'administrais indilîéremment le
carbonate ou le bicarbonate de soude; maintenant je donne
la préférence à ce dernier médicament. Outre ces prépara-
tions qu'il est toujours facile de se procurer, il ne faut pas
oublier une classe d'eaux minérales qui, déjà conseillées dans
le traitement préventif, seront ici plus impérieusement indi-
quées. Chaque année, nous constatons des améliorations
notables et des guérisons chez des malades qui ont séjourné
pendant une ou plusieurs saisons dans des établissements
d'eaux minérales.
Parmi les médicaments employés contre l'arthritis, je
place au second rang les préparations antimoniales. Je
donne assez souvent le soufre doré d'antimoine et les pilules
de Plummer qui produisent de bons résultats.
Enfin, en dernier lieu, je recommande la teinture de col-
chique que j'ai prescrite avec succès dans quelques arlhritides.
J'ai vu des eczémas, des pityriasis de longue durée disparaître
par l'administration de 1, 2 et 3 grammes par jour, de tein-
ture de colchique. Dernièrement, sur un sujet atteint d'un
ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE. 77
pityriasis arthritique, nous avons porté la dose à h grammes
par jour, sans produire aucun accident.
Contre les affections herpétiques qui intéressent la peau et
les cordons nerveux, nous donnons en premier lieu les pré-
parations arsenicales. Nous prescrivons, soit l'arsénite de
fer en pilules à la dose de 2 milligrammes à 10 et 15 centi-
grammes par jour, soit l'arséniate d'ammoniaque à la dose
de 1 milligr. à 2 et 3 centigrammes dans le même temps.
Les préparations arsenicales ont été préconisées par Biett et
ses élèves qui n'en ont pas précisé nettement les indications.
En effet, elles étaient employées dans toutes les affections
cutanées de longue durée, sujettes à récidiver et comprises
sous la dénomination de dartres rebelles. Il n'est point dou-
teux qu'un grand nombre d'affections scrofuleuses, parasi-
taires et arthritiques n'aient été traitées autrefois par les
préparations arsenicales. Or, Biett appliquait là un traite-
ment au moins inutile ; car, si l'arsenic est un excellent mé-
dicament dans la dartre, il n'a aucune action favorable dans
la scrofule, l'arthritis et les affections parasitaires.
Un certain nombre de préparations balsamiques ont pro-
duit des résultats avantageux dans plusieurs affections dar-
treuses. Biett a expérimenté la créosote, et nous-mème avons
administré à l'intérieur l'huile de cade qui a fait disparaître
quelques psoriasis. M. Hardy dit avoir obtenu des succès par
le baume de copahu pris à l'intérieur; il recommande ce
médicament contre le psoriasis, et il le donne à la dose de
û à 6 grammes par jour sous forme d'opiat et mélangé avec
une égale quantité de magnésie. La térébenthine cuite et
l'essence de térébenthine,'sous la forme d'opiat ou de pilules,
sont aussi employées avec quelque utilité dans les affec-
tions dartreuses. Mais il faudra surveiller l'administration de
DE L^ARTIIRITIS ET DE LA DAETnK.
ce médicameiiL (|ui détermino. faciluinoiit de la gaslialgio, el
souvent des diarrhées rebelles.
La teinture de eanlharide jouit d'une action non douteuse,
et elle a été donnée avec succès dans des dartres rebelles.
Nous avons nous-mômc guéri par son emploi à petites doses
un pempliigus généralisé, de nature arthritique. L'expé-
rience nous manque pour préciser d'une manière absolue les
indications de cet agent thérapeutique.
Le soufre exerce-t-il une influence favorable dans le trai-
tement des affections dartreuses?
Je déclare que je ne suis pas complètement fixé sur ce
point de tbérapeutique. En ce moment, nous expérimentons
Teau sulfureuse artificielle de M. Marcellin Pouillet; elle pos-
sède une action plus énergique que la plupart des eaux sulfu-
reuses naturelles, et pourra être utile, sinon dans la dartre,
au moins dans la scrofule.
Voici le résultat de nos expériences, formulé dans les jiro-
posilions suivantes :
\° Dans la dartre humide, le soufre produit une aggrava-
tion constante.
2° Dans la dartre sèche, le soufre n'a pas une aclion sen-
sible; l'affection reste stationnaire pendant l'administration
du médicament.
3» Dans l'arthritis, les préparations soufrées, données à
l'intérieur et à des doses assez élevées, amènent de l'exaspé-
ration.
l\° Je me suis bien trouvé de l'emploi des douches d'eaux
sulfureuses froides dans le traitement de certaines arlhri-
tides.
Le soufre est donc nuisible ou inutile dans la dartre; il est
le plus ordinairement nuisible dans Tarthritis. Il n'est réel-
ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE. 7((l
lement efficace que dans les aflections scrofuleuses. Jusqu'à
nouvel ordre, je ne le donne que dans la scrofule, et peut-
être je l'emploierais aussi, comme je l'ai déjà dit, dans les
cas d'association de l'arthritis et de ja scrofule.
Le mercure a été préconisé contre les dartres dès les
temps les plus reculés. Je suis loin de partager l'opinion
de ceux qui l'administrent dans la diathèse herpétique ;
je crois que, dans ce cas, il ne peut produire qu'une ac-
tion nuisible. Dès lors, comment expliquer ces nombreux
succès obtenus par ce médicament dirigé contre les dartres?
Par une erreur de diagnostic. Je suis convaincu que les dar-
treux guéris par le mercure n'étaient que des syphilitiques,
dont les affections sont souvent confondues avec celles de la
dartre et de l'arthritis.
Il existe encore un grand nombre de médicaments recom-
mandés, à tort ou à raison, contre la dartre : la vipère, l'ané-
mone, l'orme pyramidal. Je ne crois pas que ces substances
aient des propriétés thérapeutiques énergiques. Cependant il
est un médicament qui a joui d'une grande vogue, je veux
parler de l'hydrocolyle asiatique. Cet agent a d'abord été
préconisé contre l'éléphantiasis, puis contre les eczémas.
Pour moi, j'ai pu constater son impuissance dans le traite-
ment de toutes les affections cutanées. D'ailleurs, Thydro-
cotyle n'est plus guère employé par les hommes de l'art; il
est devenu l'instrument de ces gens qui abusent de la cré-
dulité publique, en préconisant des substances qui n'ont
aucune action curative.
2° Indications fournies par les périodes. — Les périodes
ont une grande influence sur l'action des médicaments; des
substances très actives dans une période de la maladie, sont
tout à fait impuissantes dans les périodes suivantes. Ainsi,
80 DE l'artiiritis et de la dartre.
dans l'arUiritis et la darlre, on administrera avantageuse-
ment dans les trois premières périodes les préparations alca-
lines et arsenicales, qui ne produisent aucun effet dans
les dégénérescences viscérales. Sous ce rapport, elles of-
frent une grande analogie avec le mercure, dont l'action cu-
ralive est nulle dans les affections quaternaires de la sy-
philis.
3° Indications fournies par les formes. — Le traitement
antiherpétique et aniiarthi'itique réussira presque toujours
dans la forme commune des maladies. Dans la forme bé-
nigne, quelques doses peu élevées des médicaments, et des
moyens hygiéniques convenables sufiiront pour combattre
les affections. Mais, dans la forme maligne, un traitement
énergique qui pourrait vous donner des espérances légi-
times de succès, restera impuissant dans le plus grand nom-
bre des cas. Vous serez réduit au rôle de spectateur devant
des affections qui feront de continuels progrès, et qui amè-
neront la mort malgré tous les efforls que vous ferez dans
le but d'enrayer la marche de la maladie.
h° Indications fournies par les affections. — Les affec-
tions propres de la dartre et de Farthritis fournissent des
indications particulières, que nous étudierons quand nous
nous occuperons de chacune de ces affections. Cependant
leur mode pathogénique peut être la source d'indications que
nous allons passer en revue.
Le mode inflammatoire réclame les antiphlogistiques. Dans
le mode hypertrophique, vous aurez recours aux frictions,
aux vésicatoires et aux pommades fondantes. S'il existe
de la faihlesse, de l'anémie, on administre les toniques.
Dans les dégénérescences, nous sommes obligé de nous
adresser à chaque symptôme : le traitement est purement
ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE. 81
palliatif, jusqu'à ce qu'on soit arrivé à trouver des médicaments
efficaces contre les affections de la quatrième période des
maladies constitutionnelles. Peut-être conviendrait-il d'es-
sayer encore les préparations alcalines et arsenicales, pour
être édifié complètement sur leur valeur dans le traitement
des lésions viscérales arthritiques et darlreuses.
5° Indications tirées de l'état des affections. — Les af-
fections pseudo-exanthématiques-, soit arthritiques, soit her-
pétiques, ne réclament pas un traitement énergique : quel-
ques bains, un régime doux, un léger purgatif et parfois
une saignée sont les seuls moyens à employer.
Les arthritides érylhémateuses qui ont un caractère aigu,
exigent le même traitementque les pseudo-exanthématiques.
Lorsqu'elles se montrent à l'état chronique, on peut mettre
en usage une série de moyens plus ou moins actifs ; les dou-
ches froides et d'autres agents substitutifs, tels que les dou-
ches sulfureuses, l'huile de cade pure ou mélangée à une
partie égale d'huile d'amande douce. Dans ces affections,
on aura aussi recours, non plus aux bains simples, mais aux
bains alcalins.
Dans les arthritides squameuses, et en général dans
toutes les affections cutanées qui présentent une hypersécré-
tion épidermique, l'huile de cade procure des succès rapides.
Ce médicament amène une pron;pte disparition de l'affection ;
toutefois il ne produirait qu'une guérison éphémère, si Ton
n'administrait pas en même temps la médication alcaline qui
prévient les récidives.
L'huile de cade peut être remplacée par la benzine. Celte
substance possède une action presque identique et a l'avantage
d'être incolore, avantage hautement apprécié par les gens du
monde. Vous savez que l'huile de cade laisse une coloration
6
9% DE L'aRTHRITIS El DE LA DARTRE.
jaune de la peau, qui est lente à disparaître. Quant à son odeur,
elle est tenace et pénétrante, mais celle de la benzine est
encore plus infecte.
Comme adjuvants de la médication alcaline et du traite-,
ment par l'huile de cade, on emploiera encordes bains alca-
lins artificiels ou naturels et les bains de vapeur. Si l'affec-
tion existe sur une surface garnie de poils, ceux-ci devront
ôtr^ coupés pour favoriser Tapplication des topiques.
(Test dans les arlbrilides squameuses que j'ai obtenu des
guérisons par l'administration de la teinture de colcbique.
Les arthritides boutonneuses seront combattues par les
mômes moyens de traitement que les arthritides squa-
meuses.
Dans les arthritides humides, je fais souvent usage des
purgatifs. Je préfère aux purgatifs énergiques des laxatifs
répétés fréquemment. En môme temps, je prescris des tisanes
diurétiques et des applications de poudre d'amidon ou de
fécule ; je donne les alcalins à petite dose. Pendant qu'il
existe du suintement, il faut se borner à la médication déri-
vative et émolliente, et se garder d'employer les agents
substitutifs. Ainsi, l'huile de cade, si puissante dans les af-
fections sèches, ne fait qu'aggraver les affections humides.
Cependant nous la prescrivons dans les arthritides humides,
mais lorsque toute sécrétion a disparu. C'est à cette seule
condition que vous obtiendrez des succès à l'aide de ce re-
mède héroïque.
Les herpétides érythémateuses sont des affections très
rebelles ; contre elles on pourrait essayer l'hydrothérapie.
Les herpétides squara^^uses réclament l'administration
des préparations arsemcjle^. Elles seront promplement mo-
difiées par 1 iiuiie de cade qui pourrait, à la rigueur, être
ÉTUDE THÊRAPipyTIQpE. 85
remplacée par la pommade au goudron. Mais ce dernier mé-
dicament n'agit pas avec autant d'efficacité. C'est dans ces
affections qu'on a employé, et quelquefois avec avantage, le
baume decopahu, la créosote et la térébenthine.
Dans les herpétides boutonneuses, M. Hardy préconise les
préparations arsenicales. M. Devergie dit avoir obtenu un
plus grand succès de l'administration de la teinture de can-
tliarides; je partage sur ce point l'opinion de M. Hardy. En
même temps, on recommandera l'huile de cade et les bain^
sulfuro-alcalins.
Enfin, les herpétides humides seront combattue^ par les
préparations arsenicales à petites doses, données à l'intérieur.
Comme moyens topiques, on conseille la conspersion de
poudres absorbantes et résolutives, les cataplasmes de fécule,
les bains d'amidon. (Voir le traitement des herpétides en par-
ticulier.)
6° Indications fournies par les symptômes prédominants.
— Parmi les symptômes prédominants, le prurit est celui
que l'on est appelé le plus souvent à combattre; contre
lui on dirige une médication interne et externe.
Parmi les médicaments pris à l'intérieur, je place au pre-
mier rang les agents curatifs de l'arthritis et de la dartre,
c'est-à-dire les préparations alcalines et les préparations ar-
senicales.
Au nombre des moyens externes qui ont une action directe
sur la peau, se trouvent les sels de mercure qui produisent de
bons effets dans le prurit en général. On emploie les prépara-
tions mercuriellcs sous la forme de solutés, de poudres, de
liniments et de pommades, pour lesquels je me sors des exci-
pients suivants : glycérine, miel, axonge, blanc de haleine,
mucilage, lait, eau distillée, décoctions ou infusions, etc.
8^1 DE l'artiiritis et de la darthe.
J'ordonne assez souvent le soluté qui coiiLienl :
Eau 500 grammes.
Sublimé 0,10 centigrammes.
Bateman a préconisé contre le prurit le nitrate de mer-
cure; mais celui-ci ne paraît ôtre utile que dans le prurit
dû aux affections de cause externe. Des lotions faites avec
un liquide renfermant 20 à liO grammes de sous-acétate de
plomb pour 200 grammes d^eau, l'alcool camphré, l'ammo-
niaque, l'eau sédalive étendue, peuvent être employés avec
plus ou moins de succès pour calmer le prurit.
Dans les affections arthritiques accompagnées de vives dé-
mangeaisons, ou pour apaiser le prurit de l'anus si fréquent
dans l'arthritis, je prescris souvent les lotions suivantes :
Glycérine deux cuillerées.
Eau de guimauve ou de son 500 grammes.
Je conseille aussi un Uniment ainsi composé :
Eaux de chaux 30 grammes.
Glycérine 30 grammes.
Huile d'amande douce 60 grammes.
Le cyanure de potassium dissous dans de l'eau de laitue
apaise souvent les démangeaisons.
Pour combattre le prurit, on fait usage encore de différentes
pommades au calomel, h la calamine, à l'oxyde de zinc, à
la morphine. Cette dernière renferme de 5 à 10 centigrammes
de morphine pour 30 grammes d'axonge; elle agit en déter-
minant à la peau une douleur plus vive, mais plus facile à sup-
porter que la démangeaison,
Dans les dartres humides, je rejette l'emploi des prépara-
tions liquides. Ici il faut conserver autant que possible
ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE. 85
l'épidermequi est un des meilleurs topiques, en préservant le
derme du contact de l'air. Alors j'ai recours aux poudres
d'amidon, de tan, de vieux bois, de ratanhia, d'alun ou de
sang-dragon. Ces poudres se mêlent aux produits sécrétés et
forment des croûtes qui garantissent la peau de l'air exté-
rieur-, elles exercent aussi une action émolliente ou légère-
ment astringente.
7° Indications fournies par les causes, — Il faut éloigner
la cause pour guérir la maladie : sublatâ causé, tollilur
effectus. Si nous avons affaire à une affection de cause ex-
terne, cette indication peut être remplie : les parasilicides amè-
nent une prompte guérison. Mais dans les maladies internes,
le médecin ne saurait détruire qu'une espèce de causes,
celles qui déterminent et entretiennent les affections. En un
mot, il se bornera à prescrire un traitement préventif. Ainsi,
le malade renoncera à une profession qui l'oblige à se
mettre en contact avec des agents irritants; ceux-ci provo-
quent chez lui des manifestations continuelles de la diathèse.
Il devra aussi perdre, si cela est possible, d'anciennes habi-
tudes qui consistent à se gratter sans cesse. Le dartreux n'a
bien souvent qu'une occupation, celle de se déchirer la
peau avec les ongles pendant le jour et la nuit. On tâchera
de préserver les parties malades ou saines des sécrétions
normales ou anormales : chez Tarthritique, des éruptions
sont souvent produites par lasueur abondante quiirrite etma-
cère quelques régions, et l'on voit un grand nombre d'affec-
tions cCrtanées qui ont pour point de départ dés coryza, leu-
corrhée, blennorrhagie, etc. Enfin, le régime sera le sujet
spécial de l'attention du malade et du médecin.
8° Médications. — Qu'est-ce qu'une médication? Une mé-
dication est un ensemble de moyens de traitement et de
86 DE L'Ain IIRITIS liT J)l- I,A DAIlTHi:.
médicamenls agissant tous dans une voie commune el ten-
dant vers un but déterminé et commun. La médication a
pour bases l'unité pathologique et l'état des lorces du malade.
Dans l'arthritis et la darlre nous avons une médication
principale dirigée contre l'unité pathologique : médication
alcaline dans la première, médication arsenicale dans la se-
conde. Suivant l'état des forces du malade, suivant la moda-
lité pathogénique désaffections, vous ferez appel à des médi-
cations secondaires. Qu'il existe une profonde anémie, une
grande faiblesse, vous aurez recours à la médication tonique;
cela n'empêche pas d'établir la médication principale contre
l'unité pathologique.
Quelquefois la médication secondaire prime la médication
principale. Chez un malade épuisé, l'estomac ne peut suppor-
ter ni les préparations alcalines, ni les préparations arseni-
cales; dans ce cas il est indiqué d'employer la médication
reconstituante, et vous ne donnerez la médication principale
qu'après le rétablissement des forces. De même, s'il existe
une vive inflammation des parties affectées, vous la com-
battrez d'abord par des antiphlogistiques, des dérivatifs ou
des résolutifs.
9° Rapports des indications aux médications, ou voies par
lesquelles on arrive des indications aux médications . — Dans
l'arthritis et la dartre, quelques remèdes sont universelle-
'ment adoptés, comme les alcalins dans la première de ces
maladies, el l'arsenic dans la seconde. Leur action thérapeu-
tique nous est attestée et par l'expérience et par la tradi-
tion. Mais ces deux sortes de médicamenls n'agissent pas
dans toutes les affections arthritiques ou dartreuses, ou
du moins ils n'ont qu'une action faible et incertaine contre
plusieurs d'entre elles. Il est donc nécessaire de trouver des
ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE.
agents plus efficaces que les premiers pour combatlre ces
formes rebelles de l'arthrilis et de la dartre.
Quelle voie suivrobs-rious pour arriver à la connaissance
de ces agents? Le hasard doit-il nous guider, etn'avons-riouS
pas d'autre méthode à suivre que celle qui consiste à es-
sayer l'un après l'autre tous les agents de la matière médi-
cale? C'est ici qu'il importe de connaître l'action des médicà-
ments.
Tout agent médicamenteux a trois modes d'action sur l'oh-
gkriismé sain : 1° urie action topique, 2° une action physior'
logique, 3° une actiôii palhogéhétique. Dans le premier cas;
il agit par ^ës propriétés physiques ou chimiques, et il est
irritant, astringent, etc. 5 dans le second cas, il manifeste son
action physiologique par des phénomènes variés, et il est
sudorifîque, diurétique, purgatif, etc.; enfin dans le troi-
sième cas, il détermine des aB'ections qui se rapprochent plus
bli rridiris de celles qu'on observe dans les maladies.
On peut utiliser ces trois modes d'action. L'action topique
absorbanié, asti'ingente, catliérétiqne etc., est d'un grand
secours dans la thérapeirtique locale. L'action physiologique
purgative, diurétique etc., est mise chaque jour à contribu-
tion dans le traitement des dartres humides. Quant à l'ac-
tion pathogénélique, il nous est prouvé par l'expérience
qu'elle se transforme chez le sujet malade en action cura-
tive. Par conséquent, il serait très utile de connaître la pa-
thogénésië Hes médicaments : malgré tout ce qui à été èbrit
sur ce sujet, je dois dire que c'est là une des parties les plus
obscures de la matière médicale.
L'observation nous apprend que les agents qui ont une
aciion directe sur les dartres exercent dans l'état normal
une action palhogénétique sur la peau : il s'ensuit, que
88 DE I-'aUTHIUTIS KT m LA DARTRli;.
Ton doil chercher k^s iiiétlicameiils ù expérimenter, parmi
les substances qui influencent la peau clans l'état normal.
Nous arrivons encore à la connaissance des remèdes nou-
veaux [)ar un autre procédé de raisonnement. Nous nous
appuyons alors sur les relations de nature qui existent entre
les aflections des différents systèmes. Nous savons que la
teinture de colchique agit favorablement dans le rhumatisme
articulaire; d'un autre côté, nous n'ignorons pas que les ar-
Ihrilides ont des relations intimes avec le rhumatisme,
puisque ce dernier et ces affections cutanées sont des sym-
ptômes de la même maladie. Ce seul fait, la nature identique
de l'affection cutanée et rhumatismale, ne suffit-il pas pour
nous donner le droit d'administrer la teinture de colchique
contre les arlhritides qui n'avaient pas encore été soumises
à l'action de cet agent thérapeutique. L'expérimentation
que nous prenons pour le critérium de notre doctrine vien-
dra nous démontrer la valeur cura'tive du médicament;
aidée par le raisonnement, elle doit être le principal guide
dans les recherches thérapeutiques. S'il en était autrement,
on retomberait dans un grossier eoipirisme, qui ne tarderait
pas à amener la plus grande confusion dans la partie la plus
importante de la médecine.
Nous ajouterons que certains médicaments ont une action
thérapeutique mixte : ils conviennent dans les cas com-
plexes, où l'on observe la coexistence de plusieurs maladies
constitutionnelles. Le soufre, par exemple, pourrait être uti-
lement appliqué au traitement des combinaisons si ordinaires
de l'arthritis et de la scrofule.
DEUXIÈME PARTIE.
ARTHRITIDES ET HERPÉTIDES EN PARTICULIER.
DES ARTHRITIDES.
Nous allons éludier les affections cutanées qui appartien-
nent à rarllirilis. Je propose de leur donner une dénomina-
tion générale qui en indique l'espèce, comme on l'a fait pour
les affections cutanées symptomatiques de la scrofule et de
la syphilis. Le nom arthritide est celui qui me paraît le plus
applicable aux dartres arthritiques. J'attache une grande
importance, et je l'ai déjà dit, aux termes syphilide, scrofu-
lide et arthritide. Ces expressions donnent l'idée de la nature
des affections qu'elles désignent, et vous permettent souvent
de nommer des éruptions qui, à cause de la multiplicité des
lésions anatomiques, trouvent difficilement une place dans
le cadre nosologique de Willan. En effet, une affection cu-
tanée présente quelquefois des éléments variés, papules, vé-
sicules, pustules, etc.; ou bien elle change d'aspect dans son
évolution, et, par exemple, une syphilide d'abord tubercu-
leuse ou papuleuse, devient plus tard squameuse : dans
ces deux cas, les Willanistes seront souvent embarrassés
pour donner un nom à Taffection. Pour nous, nous cherche-
90 DES ABTHRITIDES.
rons à connaîlre l'espèce, si nous ne pouvons préciser le genre ;
et après avoir acquis des notions sur la nature de ratïection,
nous aurons des bases suffisantes pour ap[)liqu('r un traitement
rationnel. Quarid tioiis aurons établi que l'éruption cutanée
est une scrofulide, une syphilide ou une arthritide, il nous
sera indiqué de la combattre par les médications antiscrofu-
leuse, antisyphililique et anti -arthritique. La connaissance de
l'espèce passe avant celle du genre, et c'est elle qui con-
duit principalement à une thérapeutique éclairée et utile.
Les arthritides ont des caractères communs et des ca-
ractères particuliers , que nous étudierons successivement
dans deux paragraphes différents.
CARACTÈRES COMMUNS ET DIFFÉRENTIELS DES ARTHRITIDES.
Les caractères communs des arthritides portent sur la con-
sidération du siège, de la forme, de la coloration, de la na-
ture des produits excrètes, de là disposition relative des élé-
ments éruptifs, de la complexité des lésions primitives, de la
marche, de la durée, des récidives, et enfin de là modifica-
tion de la sensibilité cutanée.
1" Siège topographique. — Les affections cutanées se dé-
veloppent dans des régions spéciales, suivant les maladies
constitutionnelles auxquelles elles appartiennëriL Nous sa-
vons qiie lëè scrôfulides se montrent de préférence sur le cuir
chevelu, d'où ëlles s'irradient sur les autres parties du
corps, et que les syphilides ont pour lieu d'électiôh le front,
les ailes du nèz, la nuque, les épaules, etc. Les arthritides
ont aussi des lieux d'élection qu'il est important de con-
nâilrè. Elles se développent principalehient sur les parties
dêcbuvërtés, ièllèS que là face, lë fi'ont, la racine des che-
CARACIÈRES COMMUNS ET DIFFÉRENTIELS. 91
veux, la nuque, la partie supérieure et antérieure de la poi-
trine, les rhains, les (ileds, lés avant bras Û les j.imbes. Elles
se mahifesient, et très sbilvelii, clHns les régions les plus
riches en glandes sudorifëres et pileuses : le cuir chévelil, là
^ pautlie dès nidins, là plante des pîëds, les régions axillaire et
Om'bilicale, les mamelles au monierit de là lactation, et ëhfiri
lés parties génitales.
2° Forme. — Lés àrthritides présentent habituellement lâ
forme nummulaire ; éîlès bbcupent des régions peu étendues.
Cependant, si elles envahissent quelquefois de grandes sur-
faces par la naissfthce sùbcëèéîvè dë plusieurs gi'diipës, ja-
mais elles ne deviennent générales comme les herpétides.
Elles manquent aussi de la fixité ou de la pérsislahce de ces
dernières, car elles disparaissent toujours dans les dernières
périodes de la maladie. La peau reprérid alors ses caractères
riormaux.
3° Coloration. — La coloration pathologique de la peau est
duë à deux causes : à une altération de là sécrétion pigmen-
taifë, ou à une congestion capillaire. La couleur de la peau,
causée par iine augmentation ou une dimihUtioh de la sécré-
tion pigmentaire, est -importante â considérer. Les syphilides
laissent à leur suite des taches brunes caractéristiques, et
dans là pelade on constate line décoloration ou mémo une
colo^ation blanchâtre, produite à la fois par la diminution de
la sécrélion pigmentaire et par le champignon. Dans les ar-
Ihritides, là côlôratlbri butàhée h'ëst pas uli caractèi-e aiissi
constant et aussi nécessaire que dans les àlfeciiohs précé-
aëtiles; tdutefois ëllë liriéritë d'être sîghaî&ë â râltëniion.
Elle est orditiâirëment d'un rougè vinëux, ôii ressemblant
â la coulctir delà framboise; elle est occasionnée parla con-
gestion, et souvent parla dilatation variquéilsë dés Vdisséàux
92 Di;S AmilRITIDES.
capillaires de la peau. Quelquefois la congeslion est portée
jusqu'à riiéniorrhagie, et roii trouve parmi les éléments de
raiîection, soitde petits foyers sanguins, soit des ecchymoses
consécutives dans Tépaisseur du derme.
On rencontre souvent dans l'arthritis des adections dys-'
cliromateuses, qui ont leur siège sur les régions découvertes
ou sur les parties sexuelles. Ces vitiligo ne sont que de sim-
ples difformités, et ne constituent pas plus des arthritides
que lé vitiligo du cou, chez les syphilitiques, ne constitue
une syphilide.
k' Nature des produits excrétés, — La nature des pro-
duits excrétés varie beaucoup dans les différentes maladies
constitutionnelles.
En effet, dans la syphilis, nous trouvons une sécrétion pu-
rulente et visqueuse, qui se concrète sous la forme de croûtes
brunes et vernissées; dans la scrofule, nous rencontrons une
sécrétion séro-purulente, qui fournit des croûtes moins sè-
ches, jaunes ou brunâtres et rugueuses ; dans la darlre, nous
voyons une sécrétion séro-plastique, ahoiidante, qui se con-
crète en lamelles jaunâtres et molles. Dans les arthritides, la
sécrétion est peu considérable et quelquefois elle est nulle :
les surfaces malades sont sèches, couvertes de croûtes très
minces ou de squames. D'après les faits que j'ai observés, il
sendjlerait que les affections squameuses se montrent de
préférence avec le rhumatisme, tandis que les affections croû-
teuses et bullo-lamelleuses se rencontrent plus particulière-
ment avec la goutte.
5» Disposition des éléments éruptifs. — D'une ma-
nière générale, les arthritides sont disposées en groupes sé-
parés par des intervalles de peau saine, qui n'ont pas de ten-
dance à se réunir.
CARACTÈRES COMMUNS ET DIFFÉRENTIELS. 93
Elles diflerent beaucoup des herpétides qui se manifestent
par de larges plaques ou par des groupes qui, d'abord isolés,
ne lardent pas à se joindre pour couvrir de grandes surfaces.
L'alVection darlreuse n'est pas limitée : elle gagne cbaque
jour du lorrain par le développement de nouvelles plaques.
Ce mouvement d'extension progressive n'existe pas, ou est
moins marqué dans l'artliritide.
Multiplicité des lésions primitives. — Dans l'arthritis
on trouve une variété de lésions qui rend très difficile le
diagnostic anatomique. Ainsi, sur une même surface, vous
verrez simultanément ou successivement du lichen , de
l'eczéma, du pityriasis, etc.
Celle multiplicité des lésions primitives n'a pas échappé à
l'observation des willanistes ; elle a conduit M. Deverofie à
instituer formes composées. Au contraire, nous rencon-
trerons souvent dans la dartre les formes simples d'affec-
tions cutanées, telles qu'elles ont été décrites par Willan et
ses disciples.
7° Marche, durée ^ terminaison et récidive .-^ Au début de
la maladie, les arlhritides ont une durée plus longue et une
fixité plus grande que les herpétides; mais tandis, qu'elles
disparaissent d'unie manière définitive dans les périodes plus
avancées de Ja diathèse, les herpétides deviennent au con;
Iraire plus persistantes, couvrent la plus grande partie delà
peau et coexistent avec les afiéctions viscérales. D'une ma-
nière absolue, les dartres lierpétiques présentent une durée
beaucoup plus longue que les arlhritides, qui cessent de se
montrer dans les périodes avancées delà maladie constitu-
tionnelle.
Les arlhritides récidivent avec une grande facilité, mais
toujours sur les mêmes régions : à chaque printemps, le
^jt PES AUTHRlTiDES
nialaJe aura un eczémii aux mains, aux pieds, à la face, pic.
Au contraire, les herpélides sont très mobiles et se proniè-
nenl sur toute la surface du corps.
8° Distribution des affections. — Npus troMyons l'alj-
se^^çe de symétrie dans la distribution des arihrilides, et la
symétrie dans la disposition des herpétides. Ces dernières se
développent simultanément, ou à peu de distance, suj;" des
parties analogues : par exemple, un eczéma dt^rtreux existera
aux deux plis du coude, aux creux poplités,aux cuisses, etc.
Les arthrilides sont remarquables par l'irrégularité qu'elles
offrent le plus ordinairenienl dans leur arrangement : vous
constaterez une plaque d'eczéma arthritique sur le dos d'une
main, sur un avant-bras, etc., et vous n'observez rien sur
les régions du côté opposé.
9° Modification de la sensibilité cutanée. — Dans les
sypliilides, la démangeaison et la douleur manquent; dans les
scrofulides, les douleurs sont presque nulles et les déman-
geaisons sont peu considérables; dans les herpétides, on
trouve le prurit à tous les degrés. Dans l'arthri^^, le prurit
franc est rare; il est remplacé [)ar des élancements, des pi-
cotements ou de la cuisson des parties affectées. Toutefois le
prurit de l'anus et des parties génitales, indépendant de toute
éruption, doit être considéré comine un symptôme ordinaire
de l'arthritis.
CARACTÈRES PROPRES.
Après avoir étudié les caractères généraux des arthritides,
nous allons nous occuper de chacune de ces affections en
particulier. Nous les plaçons dans trois sections différentes:
1° arthritides pscudo-exantliémaliques, 2° arthritides sèches,
3° arthritides humides.
PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES.
95
PREMIÈRE SECTION.
DES ARTHRITIDES PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES.
Les arthritides pseudo-exanthémaliques renferment trois
chapitres :
1° arthritides pseudo-exanthématiques érythémateuses :
erythemanodosum, urticaire, pityriasis aigu disséminé.
2" Art/mtides pseudo-exanthématiques vésiculeuses : her-
pès, zona.
3° Arthritide pseudo-exanthématique huileuse: pemphi-
gus aigu.
Avant d'entrer dans l'étude particulière de chacune des
arthritides pseudo-exanthémaliques, nous croyons qu'il est
indispensable de dire ce que nous entendons par pseudo-
exanthème et affection pseudo exanlhématique.
Le pseudo-exanthème est une maladie aiguë, pyrétiqueou
apyrétique, le plus souvent pyrélique, non contagieuse, carac-
térisée par une éruption qui a une marche régulière et se te|*-
mine toujours par résolution et spontanément dans l'espace de
trois à cinq semaines. Dans celte définition du pseudo-exan-
thème, nous voyons un certain nombre de caractères qui le rap-
prochenl,etd'autresqui le différencient des exanthèmes. Ainsi
il n'est pas contagieux, et nous savons que la contagion joue un
rôleimportantdans ledéveloppementdesexanthèmes.S'ii pré-
sente une marche régulière, il accomplit cependant son évo-
lution dans un temps qui peut varier de trois à cinq semaines ;
tandis que les exanthèmes (variole, rougeole, etc.), parcou-
rent leurs différentes périodes dans un espace de temps qui
ne varie jamais. Enfin, et ce n'est pas le caractère le moins
important, si le pseudo-exanthème peut être, comme l'exan-
■r
'J^> DES ARTHRITIDES
thème, une onlilé morbide, il se montre aussi à titre de sym-
ptôme dans dill'érenles maladies constitutionnelles. En effet,
la scrofule, la syphilis, la dartre et l'arthritis présentent sou-
vent, dans leurs premières périodes, un certain nombre
d'affections pseudo-exanthémaliques, que nous avons déjà
étudiées ou qu'il nous reste à décrire.
Si le pseudo-exanthème est tantôt idiopathique et tantôt
symptomatique, on nous demandera à quels signes nous re-
connaîtrons quMl appartient à une maladie constitutionnelle.
Pour établir la nature de cette affection, nous |)rocéderons
selon les principes que vous connaissez ; nous nous appuierons
sur ses caractères objectifs et sur ses rapports avec d'autres
affections dont la nature ne saurait être révoquée en doute.
Et d'abord trouvons-nous toujours des caractères objectifs
propres à chaque pseudo-exanthème, suivant qu'il est sympto-
matique de telle maladie constitutionnelle? Quelques pseudo-
exanthèmes possèdent des caractères objectifs, dont l'exis-
tence suflira à en indiquer l'origine : comme exemple, je
citerai l'érylhème noueux qui a des symptômes objectifs
propres et faciles à reconnaître, et qui appartient toujours à
l'arthritis.
Si les caractères propres manquent au pseudo-exanthème,
et malheureusement c'est ce qui arrive souvent, l'étude
de ses relations avec les affections antérieures ou conco-
mitantes pourra nous renseigner quelquefois sur sa na-
ture. Cependant, nous devons avouer que les affections
antérieures sont peu nombreuses, puisque les pseudo-exan-
thèmes sont des symptômes initiaux des maladies constitu-
tionnelles; et, d'un autre côté, si les caractères objectifs font
défaut, nous ne saurions nous dissimuler combien il est sou-
vent difficile de se prononcer sur l'essence d'un pseudo-
PSEUDO-EXANTIIÉMATIQUES. 97
exaiUlième. Dans un certain nombre de cas, nous n'arri-
verons à résoudre la question de nature, qu'en attendant
l'apparition des affections ultérieures de la diathèse.
D'ailleurs, dans les maladies constitutionnelles, la diffi-
culté que nous éprouvons à distinguer les affections propres
pendant les premières périodes, ne se rencontre-t-elle pas
également pendant les périodes plus avancées ? Ne voyons-
nous pas certaines scrofulides et syphilides ulcéreuses pré-
senter des caractères objectifs peu différents ? En ce moment,
nous avons dans notre service un malade atteint d'un lupus,
sur la nature duquel nous conservons des doutes ; le sujet a
présenté des symptômes de scrofule et de syphilis, et l'af-
fection n'offre pas des symptômes objectifs assez accusés pour
que l'on puisse en reconnaître l'origine. En présence de ce
fait, nous administrons d'abord le mercure qui, s'il n'amène
pas une prompte amélioration, sera remplacé par l'huile de
foie de morue.
Nous avons dit que nous ne possédions pas encore les
symptômes objectifs des affections de la quatrième période
des maladies constitutionnelles. Cependant il faut convenir
que, malgré l'absence de caractères propres, le diagnostic de
ces affections sera beaucoup plus facile que celui des affec-
tions pseudo-exanthématiques. En effet, les premières pour-
ront être indiquées par toute la série des affections anté-
rieures de la première, seconde et troisième période; les
pseudo-exanthèmes, se manifestant au début de la maladie
constitutionnelle, ne sont souvent précédés d'aucune affec-
tion.
7
98 ARTHRITIDES PSEUDO-EXAN'I'HÉMATIQUF.S ftHYTHfiMATEUSF.S.
CHAPITKK PUKAIIEK.
DES ARTHRITIDES PSKUDO-EXANTHÉMATIQUES ÉRYTHÉMATEllSES. -
Ce chapitre comprend plusieurs genres, que nous allons
étudier dans des paragraphes stvparés : 1° l'éryllième noueux,
2" Turlicaire, 3° le pityriasis aigu disséminé.
§ I. — De l'érythème noueux.
L'éry thème noueux {erythema nodosum) est une afTection
précédée, quelquefois accompagnée d'uji état fébrile, et
caractérisée par une éruption de plaques rouges, dures et
douloureuses, disparaissant spontanément et par résolution,
après une durée de douze à quinze jours.
Willitn, Baten)an, Bii.;lt ont donné la description de l'éry-
thème noueux, dont ils ont quelquefois mécoimu la nature.
Ainsi, Bateman a confondu d'iuie manière évidente l'erythema
nodosum avec une forme d'érylhème induré, que nous avons
sif'nalé dans la scrofule. Cet auteur dit qu'on observe l'éry-
thème noueux sur les jambes, chez les jeunes blanchisseuses
ou chez les jeunes filles qui présentent les attributs du tem-
pérament lymphatique (1). M. Bouillaud a parfaitement
aperçu les relations qui existent entre l'érythème noueux et
le rhumatisme : dans le traité clinique du rhumatisme arti-
culaire, il donne plusieurs observations de 'cette dernière
atîection coïncidant avec l'érythème noueux.
(1) Leçonx sur la scrofule, p. 96.
ÊRYTHfeME NOUEUX. 99
M. Rayera signalé, chez des individus alleints de rhuma-
tisme aigu, un érythème papuleux qui ne paraît élre que
l'aiïection dont nous nous occupons en ce moment. D'autres
observateurs ont décrit un érythème noueux, symptomatique
de la diathèse rhumatismale.
En Allemagne, le professeur Schœnlein a donné l'histoire
d'une maladie nouvelle, à laquelle il impose le nom de
péliose rhumatismale, dénomination sous laquelle Alibert
avait décrit l'hémorrhagie interstitielle de la peau. On sait
que ce célèbre dermatologiste rejetait le terme purpura, que
la tradition, suivant lui, avait appliqué cà la miliaire des nou-
velles accouchées. MM. Fr. Duriau et Max. Legratid, après
avoir soumis le mémoire étranger à une critique aussi éclai-
rée que judicieuse, ont conclu que la péliose rhumatismale
du professeur Schœnlein est une affection identique à celle
qui a été décrite, en France, sous le nom d'érythème noueux
rhumatismal. Je me rattache complètement à l'opinion de
ces deux auteurs.
Symptomatologie. — L'érylbème noueux est annoncé
habituellement pendant un, deux ou trois jours, par du ma-
laise, de l'anorexie, un mouvement fébrile modéré, des pico-
tements ou des démangeaisons sur les parties qui seront le
siège de l'éruption. Quelquefois, il existe aussi des douleurs
vives dans les articulations ou dans la continuité des mem-
bres. Puis, sur les parties affectées de picotements ou de dé-
mangeaisons, on aperçoit des taches rouges qui s'élargissent
peu à peu et atteignent un diamètre variable, de quelques
millimètres à ù ou 5 centimètres. Ces taches présentent
souvent une forme ovalaire, dont le plus grand diamètre est
parallèle à l'axe du membre; elles offrent à leur centre une
légère élévation - elles sont remarquables par l'intensité de
100 ARTHRITIDES PSEUI)0-EXANTHf:MATIQUES ÉRYÏHÊMATEUSKS.
t
leur coloration, qui est d'un rouge foncé et môme violacé.
Enfin, par le loucher, on constate qu'elles reposent sur une
induration qui pénètre dans le tissu cellulaire, et qu'elles
sont très douloureuses à la pression.
Lorsque l'éruption est accomplie, les phénomènes fébriles
diminuent et disparaissent complètement; quelquefois ils
persistent encore pendant deux ou trois jours, en môme
temps que les douleurs, qui se montrent dans la continuité
des membres et se traduisent par un sentiment de lassitude
générale. Il ne faut pas confondre ces douleurs, qui font partie
des symptômes de l'affection cutanée, avec l'arthropathie ou
la myodynie rhumatismale proprement dite.
Marche et durée. — Vers le septième ou huitième jour,
on observe des changements remarquables dans les petites
tumeurs érythémateuses. Celles-ci qui semblaient tendre
à la suppuration, diminuent et se ramollissent au point de
donner la sensation d'une fluctuation obscure. Leur colora-
tion rouge est remplacée par une teinte bleuâtre, et ensuite
par une couleur jaunâtre, ecchymotique, qui disparaît au
douzième ou quinzième jour.
Siège. — L'érylhème noueux peut occuper toutes les par-
ties delà surface cutanée, mais il se montre plus particuliè-
rement sur les membres. Il est souvent limité à quelques
régions, et, dans ce cas, il^se développe principalement à la
partie antérieure des jambes ou autour de l'arliculalion du
genou. L'éruption se manifeste ordinairement par des sail-
lies rouges, discrètes et isolées, mais d'autres fois par de pe-
tites tumeurs confluentes qui forment de larges plaques bos-
selées.
Étiologie. — L'érythème noueux est plus fréquent chez
l'homme. Willan et IJateman ont émis l'opinion opposée,
ÉRYTHÈME NOUEUX. 101
parce qu'ils ont confondu avec cette affection l'érythème
induré scrofuleux qui se montre, il est vrai, plus souvent dans
le sexe féminin.
Il se développe ordinairement chez les individus doués d'un
te m pér am en t sanguin.
Le froid, et surtout le froid humide, ont une grande part
dans la pi'oduction de l'erythema nodosum.
Aux causes précédentes nous ajouterons les suivantes : la
fatigue, les excès alcooliques, les écarts de régime, etc.
PatJiogénie, — Si l'on pratique une saignée chez un ma-
lade atteint d'érythème noueux, on trouve sur le caillot une
couenne analogue à celle qu'on rencontre dans la saignée du
sujet affecté de rhumatisme. L'erytl>ema nodosum accompagne
souvent le rhumatisme, comme le témoignentnos propres ob-
servations et celles de M.ïï. Bouillaud, Rayer, Schœnlein, etc.
Le froid a une influence incontestable sur la production de l'é-
rythème noueux. Ne voyons-nous pas qu'il existe, entre cette
dernière affection et le rhumatisme articulaire, des relations
intimes et un certain nombre de caractères communs, qui
plaident en faveur de sa nature? J'ajouterai môme que l'éry-
thème noueux ne se rencontre jamais dans d'autres maladies
constitutionnelles que l'arthrilis.
Diagnostic — \\ est facile de reconnaître, d'après les ca-
ractères que nous avons énumérés plus haut, l'élément pri-'
mitif qui est une tache sanguine, et le genre de l'affection
qui est un érythème. Cependant, on peut confondre l'éry-
thème noueux avec un certain nombre d\aiïections, et nous
allons entrer à ce sujet dans quelques détails.
Nous établirons d'abord une distinction entre l'érythème
noueux cl l'érythème induré scrofuleux, distinction qui n'a
pas été faite par Willan et Bateman. L'érythème scrofuleux
102 ARTHRITIDES PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES ÉRYTHÉMATEUSES.
se manifeste cliez des malades (juioiilune constitution molle
et le tempérament lynjp]iati(jiie. Il est caractérisé par une
plaque ordinairement unique, d'un rouge vineux, plus large
que les taches observées dans l'érythème noueux, située à la
partie antérieure ou externe des jambes, non douloureuse,
constituée par une induration uniforme qui est limitée à la
peau et ne s'étend pas dans le tissu cellulaire. Au contraire,
l'érythème noueux se montre chez des sujets qui ont les at-
tributs du tempérament sanguin et de la constitution arthri-
tique, que nous avons fait connaître. Il est caractérisé par des
plaques plus petites et multiples, qui présentent une rou-
geur inilammatoire à laquelle succèdent une teinte bleuâtre
et une véritable cbloration ecchymotique, qui peuvent se
développer dans toutes les régions. Ces plaques sont doulou-
reuses à la pression et sont formées par des indurations un
peu arrondies, situées dans la peau et le tissu cellulaire sous-
cutané. Un dernier signe différentiel, c'est l'existence des
phénomènes fébriles dans l'érythème noueux, et l'absence de
ces symptômes généraux dans l'érythème scrofuleux.
Les nodosités caractéristiques des plaques de Yerythema
nodusiim le feront distinguer de la roséole papuleuse et de
l'érythème papuleux.
Je me bornerai à signaler les indurations scorbutiques,
variqueuses et Tanthrax, que certains observateurs peu atten-
tifs otit pu confondre avec l'érythème noueux.
Cette affection pourrait mieux être simulée par l'urticaire.
Celle-ci présente des plaques rouges, saillantes, et quelque
peu analogues à celles de l'érythème noueux. Mais on arri-
vera promptement à établir le diagnostic : les plaques or liées
sont décolorées à leur centre, et sont remarquables par leur
courte durée, leur apparition intermittente et le prurit m-
ÉRYTHÈME NOUKUX.
lense qu'elles détermiïieiil ; tandis que les taches de l'éry-
thème noueux sont rouges, puis bleuâtres et jaunâtres,
qu'elles sont douloureuses à la pression et offrent une durée
de douze à quinze jours.
Après avoir établi le diagnostic de l'élément primitif et du
geiire de lerylhème noueux, il nous reste à en déterminer la
nature. Mais cette question se trouve naturellement résolue,
puisque l'érythème noueux est toujours, selon nous, utie af-
fection arthritique.
Pronostic. ~ Considéré en lui-même, l'érythème noueux
n'est pas grave. 11 disparaît spontanément et n'entraîne au-
cun accident sérieux-, il indique seulement que le malade est
sous l'influence de l'arthritis, dont les manifestations pour-
ront se montrer dans un temps plus ou moins éloigné.
Traitement. — Nous employons des moyens simples (jui
sont une petite saignée au début de l'affection, des bains
d'amidon, un régime doux et des boissons rafraîchissantes.
Ce traitement suffit à amener une prompte guérison.
Oreillon. — L'oreillon se manifeste dans le jeune âge.
Souvent il est produit par le froid humide -, il présente des
rapports fréquente avec l'angine et la métastase testicu-
laire. Enfin, je vous dirai que j'ai souvent trouvé cette affec-
tion chez des malades qui offraient des signes de scrofule
ou d'arthritis.
Mes observations me porteraient à croire que l'oreillon
peut quelquefois être symptoma tique delà scrofule et de l'ar-
thritis ; mais elles ne sont encore, ni assez nombreuses, ni
assez concluantes, pour que je puisse me prononcer sur cette
question intéressante.
104 ARTIIIUTJDES PSEUDO-liXAMIlÉMATJQUF.S ÉaYTHÉMATEUSES.
S II. — I>e l'urticaire.
Pour le moment, nous ne décrirons que Vtirticaùe pseiido-
exanthématique, la fièvre ortiée proprement dite, qui cor-
respond à la scarlatine prurigineuse de Sauvages. Plus loin,
nous étudierons l'urticaire chronique, que nous plaçons au
nombre des arthritides sèches. Peut-on nous accuser d'avoir
scindé sans nécessité la description d'une affection? Assuré-
ment, non; car, pour nous, l'urticaire fébrile et l'urticaire
chronique sont deux affections différentes, indépendantes.
La première est un pseudo-exanthème qui se termine spon-
tanément dans l'espace de huit à dix jours, et la seconde est
une affection essentiellement chronique, qui ne succède
jamais à l'urticaire aiguë. Nous ne saurions donc nous dis-
penser d'assigner des places séparées, dans le cadre nosolo-
gique,à des affections aussi différentes que l'urticaire fébrile
et l'urticaire chronique.
Symptomatologie . — L'urticaire fébrile est annoncée, pen-
dant un et deux jours, par des phénomènes variés qui sont :
une lassitude générale, de la céphalalgie, de l'anorexie,
quelquefois des nausées et des vomissements, souvent de
l'anxiété, des étouffements, et un mouvement fébrile plus ou
moins intense.
Le premier symptôme local est un prurit qui existe sur
tout le corps, ou seulement sur quelques régions. L'éruplion
apparaît ensuite sous la forme de papules ou de plaques, sur
])lusieurs points de l'enveloppe cutanée, ou successivement
aux membres, à la face, sur le tronc, etc.
Les papules ortiées présentent une coloration rosée qui
disparait par la pression; souvent elles offrent, à leur
UinlCAlRE. 105
centre, une coloration blanche qui tranche vivement sur
l'aréole rouge qu'on voit à la hase de chacune d'elles.
Elles ont une forme plus ou moins régulière, le plus
ordinairement circulaire. Elles ont une étendue variable :
leur diamètre mesure de quelques millimètres à 2 centimè-
tres. Par le loucher, on sent que les papules, ou plutôt les
plaques d'urticaire, sont dures vers leurs bords, mais que
l'induration ne dépasse pas la face profonde du derme.
Quelquefois on trouve au centre des papules ortiées une
tache noire, constituée par une hémorrhagie capillaire qui se
fait dans l'épaisseur de la peau.
Les phénomènes prodromiques, fièvre, anxiété, etc., dis-
paraissent lorsque l'éruption commence à se développer.
Cependant un mouvement fébrile plus ou moins marqué se
déclare souvent à l'approche de la nuit. Il précède l'appari-
tion de nouvelles papules, qui se montrent par poussées
successives. Le prurit, ou les picotements, que nous avons
signalés au nombre des phénomènes initiaux, persistent
ordinairement avec une telle intensité, qu'ils empêchent
plus ou moins complètement le repos du malade.
L'éruption de l'urticaire aiguë peut être discrète, ou con-
fluente {nrticaria conferta de Willan). Si elle est confluente,
les papules se touchent, reposent sur une partie fortement
œdématiée et forment de larges plaques nuancées de rouge
et de blanc.
Marche et durée. — Chaque papule ortiée a une courte
durée, qui varie de quelques minutes à plusieurs heures ; mais
une papule est bientôt remplacée par une autre, de sorte que
la durée totale de l'urticaire aiguë est ordinairement de sept
à huit jours. Pendant ce temps, l'éruption est plus ou moins
visible. Elle présente une marche intermillenteetse manifeste
106 ARTHRITIDES PSELDO-liXAMHftMATIQUES ÉRYTHÉMATRUSES.
principnleineiil pendaiil lu iiiiil - dans l(i joui-, (die se réduit
à quelques taoiies rouges, parfois décolorées, légèrement
saillatiles.
La chaleur semble favoriser le développement de Viiïïac-
tion, qui se montre ordinairement lorsque le nialade se met
au lit. Néanmoins, J. Fank a retnarqué que les plaques or-
tiées naissent quelquefois sous l'influence du froid, pour dis-
paraître à la chaleur. De notre côté, nous avons observé
non-seulement que l'urticaire aiguë ne disparaissait pendant
le jour ni aussi facilement ni aussi complètement que l'ur-
ticaire chronique, mais aussi que l'urticaire arthritique di-
mitjue parfois parla chaleur du lit et augmente sous l'im-
pression de l'air froid. La remarque de J. Frank nous paraît
donc juste, mais elle n'est applicable qu'à l'urticaire aiguë
d'origine arthritique, ce qui n'avait été spécifié par personne.
Pour nous résumer en quelques mots sur la marche de l'ur-
ticaire aiguë de nature arthritique, nous dirons : 1° que
l'éruption existe habituellement pendant la nuit et disparaît
pendant le jour, mais qu'elle ne disparaît jamais aussi com-
plètement que l'urticaire chroni(jue; 2° qu'elle augmente
quelquefois sous l'impression du froid et diminue sous l'in-
fluence de la chaleur, tandis que l'on observe l'inverse dans
l'urticaire chronique ^ 3" que chaque papule a une durée,
souvent éphémère, pouvant varier de quelques minutes à
plusieurs heures, tandis que la durée totale de l'éruption est
de sept à huit jours.
Siège. - Toutes les parties de la peau peuvent être le
siège de l'éruption ortiée : les membres, le tronc, la face et
même le cuir chevelu. Loisque l'affection débute, les papules
se montrent à la fois dans un grand nombre de régions ; ou
elles n'existent d'abord que sur des surfaces peu étendues.
URTICAIRE. i07
comme celles des jambes, des bras, de la figure, elc, el en-
vahissent ensuite les parties voisines.
Étiologie. — L'urticaire se développe à tous les âges ; tou-
tefois, elle- est plus fréquente chez les enfants et chez les
jeunes gens que chez les vieillards.
L'urticaire arthritique se montre habituellement dans le
sexe masculin, el chez les sujets doués d'un tempérament san-
guin \ nous verrons, au contraire, que le sexe féminin el le tem-
pérament nerveux sont plus prédisposésà l'urticaire dartreuse.
La chaleur et le froid sont également des causes détermi-
nantes ; mais nous ferons remarquer que le froid joue un rôle
plus important dans la production de l'urticaire arthritique,
et que la chaleur a une influence plus directe dans le déve-
loppement de l'urticaire darlreuse.
Il est certains aliments (le homard, les écrevisses, les
moules, etc.), qui déterminent souvent l'éruption ortiée.
J. Frank rapporte l'histoire singulière d'un homme qui s'expo-
sait à contracter une urticaire, chaque fois qu'il prenait de l'eau
deSeltz. Dans ces cas, l'afi'ection est pathogénétiq«e et devra
être distinguée de la fièvre ortiée, manifestation d'une mala-
die cojistilulionnelle. Cependant, toutes les urticaires qu'on
observera à la suite de l'ingestion des homards, moules, etc.,
ne seront pas nécessairement des affections pathogénétiques.
En effet, ces aliments peuvent bien, en agissant à titre de
causes occasionnelles chez le dartrcux ou l'arthritique, dé-
terminer une urticaire symptomatique.
Nous ne ferons que mentionner l'urticaire produite par
les feuilles de Xurtica dioica et par le contact de quelques in-
sectes. Ici, nous avons affaire à une éruption artificielle qui
est de courte durée.
Pathogénie. — Nous distinguons l'urticaire febnle de
108 AUTlIRiriDES PMEUno-KXANTHftMATKjUES ÉRYTHf'MATEUSKS.
l'urticaire chronique, qui apparlient à la dartre dans le plu^
grund nombre des cas.
Si nous éliminons encore l'urticaire produite par une cause
externe {urtica dioica), et par des substances f/ui ont une
action pathogénétique sur la peau (homard, moules, etc.),
11 ne nous reste à parler que de l'urticaire pseudo-exan-
Ihématique.
Cette affection peut être symptomatique de deux mala-
dies constitutionnelles : l'arthrilis et la dartre. L'urticaire
existe aussi à litre de pseudo-exanthème idiopathique.
Au moment où nous écrivons l'histoire de l'urticaire arthri-
tique, nous lisons la relation de plusieurs faits cliniques
relatifs au rhumatisme encéphalique, à l'érythème et à
Vurticaire^ considérés comme éruptions rhumatismales.
Ces observations, qui viennent à l'appui de ce que nous
avons dit, se trouvent consignées dans YUnion médicale
(samedi 2/i décembre 1859), et ont été communiquées par
M. Legroux à la Société des hôpitaux, dans la séance du
12 octobre 1859.
Diagnostic, — L'élément primitif est une largo papule,
caractérisée par une décoloration spéciale de sa partie cen-
trale. Trois signes nous conduisent à la connaissance du
genre : existence des larges papules précédentes, caractère
fugace de l'éruption, et présence de vives démangeaisons.
Cependant l'urticaire pourrait à la rigueur être confon-
due avec un certain nombre d'affections cutanées, que nous
allons passer en revue.
Quelquefois on a pris l'urticaire pour un éry thème noueux ;
mais cette erreur ne saurait être de longue durée. En effet,
dans la première on trouve des plaques rosées ou décolorées,
indurées et superficielles, d'une durée éphémère et accom-
URTICAIRE. 109
pagnées de fortes démangeaisons. Au contraire, dans l'éry-
thcme noueux, il existe des plaques rouges, puis bleuâtres
et jaunâtres, constituées par des nodosités qui ont leur siège
idans la peau et le tissu cellulaire, ayant une durée de cinq à
uit jours et occasionnant de vives douleurs à la pression.
La roséole présente des taches rosées, peu saillantes, qui
diffèrent complètement des papules ortiées.
Le pityriasis rubra sera facile à distinguer de l'urticaire.
[1 se manifeste par des taches rouges, à peine saillantes, assez
ouvent disposées en demi-cercles, couvertes de squames, et
lans tous les cas ayant une durée de plusieurs jours. A ces
ignés, opposons ceuxde l'urticaire : plaques saillantes, rosées
u décolorées, marche fugace de l'éruption et absence de
fJesquamation.
L'urticaire diffère de l'érytlième papulo-tuberculeux, que
DUS étudierons plus loin, parla marche intermittente de son
ruption et par d'autres signes propres à Térythème papulo-
uberculeux.
Lorsque la congestion cutanée a été portée au point de
réduire une hémorrhagie dans la peau, il reste, après la
lisparition de la papule ortièe, une tache ecchymotique qui
essemble à une piqûre d'insecte; quand la fluxion capil-
aire diminue, on voit souvent un cercle rouge qu'on pour-
rait prendre pour un herpès circiné; enfm les légères ecchy-
noses, qui persistent quelquefois en l'absence des papules
Drtiées, simulent un peu le purpura. Dans tous ces cas, le
iagnostic sera sufTisamment établi par les renseignements
ue fournit le malade : on apprend que des plaques rouges,
aillantes, accompagnées de vives démangeaisons, se sont dé-
eloppées pendant la nuit et ont disparu avec une grande
apidité. D'ailleurs, en exerçant des frottements sur la peau,
110 ABTIIRITIDES PSELDO-LXANTHÉMATIQUES ÊR YTHÉMATEUSES.
on délermint' presque à volonté l'éruplion orliée, qu'il ne sera
pas possible de méconnaître.
Le diagnostic du genre étant fait, nous devons maintenant
reclierclier la nature de l'aflection. Nous serons porté û rat-
tacher l'urticaire à l'artbritis, lorsque nous rencontrerons
un certain nombre de caractères : une congestion intense
ou une liéniorrhagie de la peau, l'intluence évidente du
froid sur l'apparition des plaques ortiées, et une augmen-
tation de la fibrine du sang. Cependant, nous parviendrons le
plus souvent à savoir si le pseudo-exanthème est arthritique
ou dartreux, moins d'après les quelques caractères précé-
dents, que d'après des renseignements fournis par les af-
fections antéiieures ou concomitantes. Kiifin, nos investiga-
tions pourront dans certains cas ne produire aucun résultat,
et nous serons obligé d'attendre l'apparition d'une nouvelle
phase de la maladie.
Pronostic. — L'urticaire pseudo-exanthémalique ne pré-
sente aucune gravité. Elle se termine spontanément au bout de
six à huit jours; mais c'est une affection exposée à récidiver.
Traitement. - Le traitement de l'urticaire fébrile est très
simple. On a conseillé des lotions vinaigrées et alcalines pour
calmer les démangeaisons ; nous préférons les lotions émol-
lientes et tièdes avec la décoction de guimauve, de graine
de lin ou de pavot. Un léger purgatif ou une petite saignée,
un régime doux, sont les moyens généraux qu'on emploiera
contre l'éruption, qui disparaît définitiveii.ent vers le cin-
quième ou huitième jour.
§ III. — Du pityriasis aigu disséminé. •
Le pityriasis rubra disséminé est un pseudo-exanllième,
précédé habituellement par des phénomènes fébriles et carac-
PfTYRTASTS AICU DTSSÊMTNÊ. Ul
térisé par des taches rouges, disséminées et petites, fornumt
quelquefois de larges plaques par leur réunion, couvertes
de squames furfuracées grises ou blanchâtres, et se termi-
nant par résolution dans l'espace de deux à quatre septé-
naires.
Les auteurs ont admis et décrit un grand nombre de va-
riétés de pityriasis : pityriasis versicolo?\ nigra, alba, ca-
pitis, pilaris et barbœ, rubra.
Pour nous, toutes ces variétés de pityriasis ne sont pas
des formes d'une alîection unique, mais elles sont en rtînlité
des affections très différentes par leurs causes et leur nature.
Ainsi, nous avons considéré et étudié les pityriasis versicolor^
nigra et «/éa comme des affections parasitaires. Nous aurons
occasion d'examiner avec détail, dans le chapitre consacré
aux arihrilides sèches, les pityriasis capitis^ pilaris et baj'-
bCB, qui appartiennent à l'arlhritis. Enlin il existe deux pity-
riasis rubra d'espèce différente. L'un, qui est généralisé et pré-
sente une marche chronique, a été rapproché par M. Devergie
de l'eczéma généralisé : c'est une affection de nature herpé-
tique. L'autre, qui est anssi étendu à de grandes surfaces et se
comporte à la manière des pseudo-exanthèmes, se montre
comme symplôme de, deux maladies constitutionnelles :
l'arlhrilis el la dartre. Nous allons nous occuper ici du pi-
tyriasis rubra pseudo- exanthématique de nature arthri-
tique.
Symptomatologie . — Les prodromes de cette affection
sont ceux que nous avons signalés dans les pseudo-exan-
thèmes précédents, c est-à-dire du malaise, de l'anorexie,
de la fatigue et un état fébrile plus ou moins prononcé. Il
faut encore mentionner une démangeaison àssez vive sur les
parties qui seront le siège de l'éruption.
H2 AKTUIUTIDES PSEUDO-EXANTHÊMATIQUES ÉUYTHÈ.MATEUSLS.
Symptômes. — Suivant l'aspccL de l'éruption, nous éta-
Llissons deux variétés : 1° pili/riasis ?naculata, 2" pii//riasis
circinata.
Le pityriasis rubra maculata est caractérisé par des
lâches d'un rouge vif, petites et disséminées, non sail-
lantes, i)lus ou moins arrondies et à bords sinueux. Ces
taches, multiples et isolées d'abord, se réunissent parfois et
forment de larges plaques irrégulières. Dans les premiers
temps de l'affection , l'épiderme se soulève et se détache
sous forme de lamelles, qui se succèdent à plusieurs re-
prises ^ plus tard, l'exfoliation lamelleuse est remplacée
par une exfoliation furfuracée. A cette époque, la rougeur
vive qui existait sur les taches de l'éruption, a disparu com-
plètement, et le pityriasis rubra est devenu, pour un instant,
un véritable pityriasis simplex.
Dans le pityriasis circinata, l'éruption se manifeste sous
la forme de petites taches rouges, disséminées, semblables à
celles qu'on trouve dans le psoriasis gutlata; elles se réu-
nissent bientôt et constituent des cercles plus ou moins com-
plets qui ressemblent à ceux de l'herpès circiné, ou elles
forment des bandes linéaires, des demi-cercles qui rappellent
l'éruption de la lèpre vulgaire. Néanmoins, l'élément du pi-
tyriasis rubra circinata diffère par l'absence de saillie, de
celui qui appartient, au psoriasis et à l'herpès circiné.
Au début, les taches sont le siège d'une exfoliation lamel-
leuse-, plus tard, la desquamation est furfuracée. Dans les
deux variétés, circinata et maculata, les phénomènes géné-
raux cessent dès que l'éruption se développe ; mais les déman -
geaisons persistent pendant toute la durée des affeclions.
Nous avons observé récemment deux beaux exemples de
pityriasis rubra circinata. Chez nos malades, qui présentaient
PITYRIASIS AIGU DISSÉMINÉ. 113
des alTeclions arthritiques antérieures et concomitantes, il
existait des cercles rouges complets et incomplets, de gran-
deur variable, sur la partie antérieure de la poitrine, la
paroi abdominale et les régions thoracique postérieure et
lombaire.
Siège. — Le pityriasis rubra pseudo-exanthématique so
développe ordinairement sur la face, le cuir chevelu et le
tronc; très rarement il se rencontre sur les membres.
Marche^ durée et te7ininaiso7i. — Cette affection varie
dans sa marche et sa durée. Elle disparaît quelquefois dans
l'espace de dix ou quinze jours; dans d'autres cas, elle se
continue pendant un mois et cinq septénaires par des érup-
tions successives. Mais elle se termine toujours par résolu-
tion, jamais elle ne passe à l'état chronique.
Etiologie. — Le pityriasis aigu disséminé s'observe prin-
cipalement dans le jeune âge.
Le froid, les écarts de régime et la suppression de la
transpiration occasionnent plus particulièrement le pity-
riasis rubra d'origine arthritique. Les émotions morales et
Tusage de certains aliments, qui ont une action pathogéné-
tique sur la peau, déterminent spécialement le pityriasis rubra
de source herpétique. Dans les deux cas, l'influence hérédi-
taire peut contribuer à la production de l'affection cu-
tanée.
Si le pityriasis rubra est un pseudo-exanthème idio-
pathique, il devient difficile de saisir les causes de son
développement.
Enfin, il se montre assez souvent chez les scrofuleux. Alors
doit-on le considérer comme un pseudo-exanthème idiopa-
thique, qui existerait à titre de complication ? I\'est-il pas plu-
tôt le signe avant-coureur de l'arthritis, maladie constitution^
8
\Ml ARTHRITIDES PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES ÉRYTHÉMATEUSKS.
rielle qui coexiste souvent avec la scrofule et lui succède en-
core plus fréquemment?
Pathogénie. — Le pityriasis rubra disséminé est une af-
fection, soit idiopathique, soit symptomatique de l'arllirilis et
de la dartre. 11 vient compliquer la scrofule ou annoncer le
début de l'arthritis cbez le scrofuleux.
Diagnostic. — L'élément primitif est une tache con-
gestive, accompagnée d'une desquamation lamelleuse et fur-
furacée. Le genre est caractérisé par cet élément et d'autres
symptômes que nous venons d'érmmérer ; cependant il res-
semble plus ou moins à un certain nombre d'affections, dont
il faut que nous sachions le distinguer.
L'urticaire présente des plaques saillantes, rosées ou déco-
lorées, lisses et sans desquamation. Ces plaques ne sauraient
être confondues avec les taches rouges, non saillantes, re-
couvertes de squames lamelleuses ou furfuracées, qu'on
trouve dans le pityriasis rubra. En outre, l'urticaire présente
une marche particulière, qui suffira toujours à en établir le
diagnostic différentiel.
La roséole simple sera distinguée du pityriasis rubra par
certains symptômes : taches d'un rouge moins foncé, mieux
circonscrites, plus confluenles, et absence de desquamation.
Mais nous devons surtout éviter de confondre entre elles les
variétés de pityriasis, qui sont pour nous des affections fort
différentes par leur nature et méritent des places séparées
dans le cadre iiosologique.
Le pityriasis simplex, encore désigné par M. Hardy sous
le nom de pityriasis alba, est une affection très bénigne
que l'on rencontre sur le visage et sur le cuir chevelu. Il est
souvent produit artificiellement par le rasoir, par des pom-
mades de mauvaise qualité, ou par le contact de diverses
PITYRIASIS AIGU DISSÉMINÉ. 115
substances irritantes; il est connu sous la dénomination
vulgaire de dartre farineuse^ et ne présente aucun point
dç ressemblance avec le pityriasis rubra aigu.
Dans nos leçons sur les affections parasitaires, nous avons
démontré que le pityriasis alba de M, Devergie appartenait à
la seconde période de la teigne tonsurante, et nous en avons
fait le diaonostic différentiel.
Le pityriasis versicolor, autre affection parasitaire, est
quelquefois difficile à distinguer du pityriasis rubra.
Cependant le premier présente des taches jaunes, couleur
café au lait, et des squames fines et furfuracées; le second,
des taches congestives et des squames lamelleuses. L'un a
une marche chronique, l'autre est une affection aiguë. Enfin
le microscope compléterait le diagnostic, s'il y avait quel-
que doute, en démontrant l'existence du microsporori furfur
dans le pityriasis versicolor et l'absence de ce champignon
dans la squame du pityriasis rubra.
Le pityriasis nigra dilTère du pityriasis rubra parla couleur
noirâtre de ses taches, la finesse de ses squames et sa longue
durée.
Plus loin, nous établirons le diagnostic entre le pityriasis
rubra aigu et le pityriasis rubra chronique, qui est une affec-
tion dartreuse; entre le pityriasis rubra et les pityriasis ca-
pitis, barbœ eXpilaris, qui sont des manifestations de ladia-
thèse arthritique.
Après avoir reconnu l'élément primitif et le genre de l'af-
fection, il faut en rechercher la nature,
A quels caractères saurons-nous que le pityriasis rubra
est d'origine arlhrilique? Sur ce point difficile de diagnos-
tic, je ne puis rien ajouter à ce que j'ai dit tout à l'heure
relativement à l'urticaire aiguë. D'ailleurs, cette question se
116 ARTHRITIDES PSlîUDO-EXANTIlÊMATIQUES VÉSICULKUSES.
présentera de nouveau, lorsque nous nous occuperons de
l'espèce de pityriasis rubra qui appartient à la dartre.
Pronostic. — Le pityriasis rubra aigu se termine toujours
par résolution et n'offre par lui-môme aucun danger. II in-
dique seulement que le malade est atteint d'une maladie
constitutionnelle qui, étant à son début, pourra déterminer
plus tard un certain nombre d'affections graves.
Traitement. — On prescrit des bains alcalins ou d'ami-
don, des boissons rafraîchissantes, une petite saignée si les
phénomènes fébriles sont intenses, et des laxatifs répétés.
Ces quelques moyens sont utiles pour favoriser la guérison
du pityriasis rubra, qui possède déjà une tendance naturelle
à se terminer par résolution.
CHAPITRE II.
DES AUTHRITIDES PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES VÉSICULEUSES.
Dansée chapitre nous ne trouvons que deux genres:
1° l'herpès, 2° le zona.
Les auteurs considèrent ces deux affections comme étant
deux variétés d'une seule espèce morbide, Vherpès. Le mot
herpès (epiretv, ramper) a été employé pendant longtemps
dans le môme sens que l'expression dartre. Il s'appliquait
à des affections de nature très différente : aux affections ar-
thritiques, parasitaires, et surtout aux éruptions darlreuses.
Il fut réservé par Willan, qui classait les affections cutanées
d'après les lésions primitives, à un genre de maladies bien
distinct. Ce genre est caractérisé par une éruption de vé-
sicules, réunies en groupes sur une surface entlamniée,
nrounes bien circonscrits et séparés par des intervalles dans
HERl^ËS PHLYCTÉNOÏOE. 117
lesquels la peau est saine. Alibcrl a décrit le genre herpès
sous le nom à' olophlyctide .
Les auteurs ont établi, d'après la forme, quatre variétés
d'herpès : jMycténoïde, zona, circhiéei iris. Pour nous, nous
ne voyons pas, dans ces différents herpès, de simples varié-
tésj mais des espèces bien distinctes. Nous avons démontré
que les herpès circiné t\. iris appartiennent à la classe des
affections parasitaires; le zona qVV herpès j)hlycténoïde sont
des affections syniptomatiques de deux maladies constitution-
nelles, l'arthritis et la dartre.
On admet encore des variétés d'après le siège : herpès
labialis, prœjmtialis. M. Gubler en a augmenté récemment
le nombre, en signalant la présence de l'éruption herpétique
sur plusieurs muqueuses.
Nous étudierons séparément, 1° l'herpès phlycténoïde,
2° l'herpès zoslcr (zona). On trouvera la description des
herpès circiné et iris dans nos leçons sur les affections para-
sitaires.
§ I. — Herpès phlycténoïde.
Nosogrophie. - L'éruption herpétique, si elle est un peu
étendue, est ordinairement précédée par un état de malaise
général, la perte d'appétit, un mouvement fébrile assez mar-
qué et de la cuisson ou de la démangeaison. Elle débute par
des lâches rouges, groupées dans des espaces étroits et cir-
conscrits. Sur ces taches naissent des vésicules saillantes,
dures, ayant le volume d'un grain de millet, ou tout au plus
d'un petit pois. Chaque vésicule est d'abord entourée d'une
aréole rouge et distincte ; celle-ci se réunit bientôt aux aréoles
des vésicules voisines, de sorte que toute la surface du groupe
parait uniformément rouge.
118 ARTHRITIDES PSEUDO-EXANTIIÉMATIQUES VÉSICULEUSES.
Les vésicules sont plus ou moins nombreuses, et on en
trouve cinq, dix, vingt, trenU; ou (juaianle sur clia(|ue
plaque. Klles sont dures, globuleuses et transparentes dans
les premiers moments de leur formation ; mais elles devien-
nent blanches ou jaunâtres dans le jour qui suit leur appa-'
rition. Elles se flétrissent bientôt, puis elles sont remplacées,
vers le troisième jour, par des croûtes minces, brunâtres ou
jaunâtres. Celles-ci se détachent, au septième ou huitième
jour de l'éruption, en laissant des macules rouges qui dispa-
raissent lentement et parfois de légères excoriations un peu
douloureuses.
A l'apparition des vésicules, les phénomènes généraux
cessent et il n'existe plus qu'une sensation de cuisson ou de
démangeaison sur la partie affectée. Quelquefois , si les
groupes sont nombreux, on observe encore pendant l'érup-
tion de la fièvre, du malaise et de l'insomnie.
Siège. — L'herpès se manifeste sur toutes les parties du
corps, et plus particulièrement sur les lèvres, les joues, le
cou, la poitrine et les bras. Mais il se développe aussi sur les
membres inférieurs, le tronc, le prépuce, les grandes et pe-
tites lèvres, le col de l'utérus, etc.
Dans certains cas, on ne trouve qu'un ou plusieurs
groupes de vésicules disséminés d'une manière très irré-
gulière ; d'autres fois, les groupes sont disposés sous la
forme d'une bande plus ou moins large [herpès en traînée^
M. Devergie). Nous ne croyons pas qu'il soit utile de décrire
les variétés d'herpès labialis, prœputialis^ en traînée, etc.,
variétés qui n'offrent rien de remarquable, si ce n'est le siège
et le groupement de l'élément éruptif.
Étiologie. — L'herpès se montre chez les enfants, les
adolescents elles adultes. Il apparaît fréquemment sous Tin-
HERPÈS PHLYCTÉNOÏDE. 119
fluencedes écarts de régime, des émotions morales et d'une
légère excitation fébrile.
II est aussi déterminé par le froid, surtout par le froid hu-
mide, et par les changements de température.
11 peut être produit d'une manière artificielle par le con-
tact-de différentes substances irritantes. Ainsi, la matière
sébacée accumulée sous le prépuce et les écoulements vagi-
naux occasionnent souvent des éruptions herpétiques au
gland, à la vulve et à la partie interne des cuisses.
Il n'est pas rare d'observer dans le cours de quelques ma-
ladies graves, la pneumonie, la fièvre intermittente, etc.,
des groupes d'herpès sur les joues, les lèvres, la voûte pa-
latine et sur d'autres régions. Les anciens considéraient cette
éruption comme un phénomène critique d'un heureux pré-
sage.
Enfin, l'herpès se montre quelquefois chez des sujets bien
portants, sans être produit par une cause appréciable ; c'est
alors qu'il est une affection idiopathique.
Pathogénie. — L'herpès phlycténoïde est habituellement
une affection symptomatique, et il peut appartenir à trois ma-
ladies constitutionnelles : Tarthritis, la dartre et la syphilis.
Dans quelques cas, il constitue une affection idiopathique.
D'autres fois, il est produit artificiellement par le contact de
divers agents irritants ; il rentre dans la classe des affec-
tions artificielles.
Enfin, s'il survient dans des maladies graves, il est souvent
considéré comme un phénomène critique.
Diagnostic. — L'élément vésiculeux de l'herpès est assez
caractéristique pour qu'il ne soit pas possible de le mécon-
naître ; d'un autre côté, les symptômes que nous venons de
donner, nous permettront presque toujours d'établir le dia-
120 AUTFIRITJDF.S PSIiDOO-EX ANTHÉ.MATIQUES VÉSICULEUSES.
gnoslic (In genio do l'niïeclioii. Cependant, riiorpès présente
parfois quelque ressendjlance avec des éruptions vésicu-
leujes et huileuses.
I/lierpès ne saurait ôtre confondu avec l'eczéma, dont les
vésicules sont moins élevées, plus rouges, acuminéeset non
globuleuses, plus confluenles, répandues uniformément sur
de larges surfaces et non disposées en groupes comme les
vésicules d'herpès.
La varicelle se distinguera de l'herpès par la forme acumi-
née et l'isolement de ses vésicules.
On peut rencontrer quelques difficultés à établir le dia-
gnostic différentiel entre Therpès pr?eputialis et le chancre ou
les plaques muqueuses du prépuce. Cependant le chancre dé-
bute par une pustule qui est bien différente de la vésicule
herpétique; on ne trouve qu'une pustule chancreuse, et il
existe ordinairement plusieurs vésicules groupées dans l'her-
pès. Ces dernières se recouvrent d'une croûte jaunâtre, fa-
cile à distinguer de la croûte du chancre, qui est unique,
brunâtre ou grisâtre'. L'ulcération qui succède à la chute des
croûtes, est superficielle dans l'herpès j elle est plus pro-
fonde dans le chancre.
La plaque muqueuse commence par un soulèvement de la
muqueuse avec une dépression centrale, et l'herpès par une
tache rouge sur laquelle naissent des vésicules. Dans la plaque
muqueuse des organes sexuels, on ne trouve habituellement ni
croûte ni ulcération, ou quelquefois il existe une ulcération
légère dont les bords sont mal limités ; dans l'herpès, il y a
des croûtes qui recouvrent des ulcérations superficielles, ar-
rondies et nettement circonscrites.
Maintenant, nous devons nous demander à quels carac-
tères nous reconnaîtrons la nature arthritique de l'herpès.
HKRPÉS ZOSTER OU ZONA. 121
On soupçonnera l'origine nrlhritique de celte affection, si
elle survient périodiquement, si elle est causée parles varia-
tions de température, si elle se montre sur les parties dé-
couvertes ou les parties sexuelles, si les vésicules ont un vo-
lume inégal, ou si les unes renferment du pus et les autres
simplement un fluide séreux, enfin si les groupes vésiculeux
sont accompagnés de picotements ou d'élancements plus ou
moins vifs. 11 n'est pas nécessaire de dire qu'on devra encore
chercher des indications dans Texamen des antécédents du
malade.
Pronostic. — L'herpès est une affection qui disparaît
spontanément après une courte durée. Quelquefois il est con-
sidéré comme un signe favorable, lorsqu'il se montre à titre
de phénomène critique dans les maladies aiguës.
Traitement, ■ — On recommandera au début des boissons
acidulées et un régime doux ; on se servira comme topique
de la poudre d'amidon qu'on pourra remplacer avec avan-
tage par la glycérine. Plus tard on donnera quelques bains
simples ou mucilagineux.
g II. — Herpès zoster ou zona.
Le zona ainsi nommé, 'parce qu'il entoure le tronc ou les
membres comme une demi-ceinture, est connu depuis les
temps les plus anciens. Mais il a porté des noms très diffé-
rents : ignis sacer (celse), erysipelas pustidosiim, erysi-
pelas ;S65/er (scRiBONius largus), herpès phlycténoïdes., her^
pès zoster, zosler.
L'herpès zoster, ou le zona, est une affection caractérisée
par des groupes de vésicules réunies sur des plaques rouges,
irrégulières, disposées sous la forme d'une moitié de ceinture
122 ARTHRITIDES PSEUDO-IiXANTHÉMATIQUES YÉSICULEUSES.
qui part d'un point de la ligne nirdiuue du coi ps pour se
rendre au poini 0|)posé.
Nosographie. — L'anorexie, une lassitude générale, un
mouvement fébrile plus ou moins intense sont les premiers
symplômes de Taffection. Souvent on observe aussi une dou-
leur vive et lancinante, ou une douleur tcnsive et brûlante
sur les parties qui seront le siège de l'éruption. Ces phéno-
mènes ont une durée de douze à vingt-quatre heures. On
voit alors apparaître, simultanément ou successivement, des
plaques rouges et irrégulières qui sont disposées sous la forme
d'une demi-zone plus ou moins complète.
Dans quelques cas, l'éruption a lieu à la fois sur toute l'é-
tendue de la demi-ceinture qui ne dépasse la ligne médiane
ni à la partie antérieure, ni à la partie postérieure du tronc.
D'autres fois, les deux plaques situées à l'extrémité de la
zone se montrent les premières; elles sont en général plus
larges et plus régulières que celles qui sont placées dans l'es-
pace intermédiaire. Enfin dans un troisième cas, le |)remier
groupe vésiculeux apparaît sur la partie moyenne de la
demi-ceinture.
Les plaques du zona ne sont pas disposées en une bande
uniforme et. rectiligne, mais elles sont toujours placées sui-
vant une ligne oblique etflexueuse. Elles ont une forme irré-
gulièrement arrondie et une étendue qui varie de 2 à 3 centi-
mètres de longueur sur 1 à 2 centimètres de largeur. Elles
présentent une couleur d'un rouge vif ; sur leur surface, on ne
tarde pas à voir une série de vésicules brillantes et transpa-
rentes.
Ces vésicules, isolées ou réparties par groupes de trois à
quatre, ou de quinze à vingt, ont d'abord la grosseur d'un
grain de millet. Puis elles augmentent et atteignent le volume
HERPÈS ZOSTER OU ZONA. 123
d'un petit pois ; plusieurs d'entre elles se réunissent quelque-
fois et forment de véritables bulles. Primitivement, elles sont
remplies d'une sérosité cilrine qui devient bienlôtlaclescente,
opaque et souvent noirâtre. Elles se développent pendant
trois ou quatre jours; vers le quatrième ou cinquième jour,
elles s'affaissent et se recouvrent de légères croules jau-
nâtres et brunâtres, qui tombent en laissant des taches
ronges, lentes à disparaître.
La marche des vésicules n'est pas toujours aussi simple.
Si l'inflammation a été trop vive, on voit au niveau de la
vésicule une petite eschare dont la chute donne lieu à une
plaie douloureuse. Chez les vieillards débilités, on observe
parfois la gangrène de la peau dans toute l'étendue d'une ou
de plusieurs plaques.
En général, la durée d'un groupe de vésicules est de huit
à dix jours. Mais comme les groupes naissent successive-
ment, la durée totale du zona est subordonnée à l'abondance
de l'éruption, et varie entre deux et trois septénaires. Nous
ne parlons pas du zona gangréneux dont les plaies exigent,
pour se cicatriser, un ou deux mois.
Les phénomènes généraux cessent au moment de l'érup-
tion ; cependant, si celle-ci se fait lentement, ils persis-
tent pendant quelque temps. Les douleurs névralgiques,
ou le sentiment de cuisson et de brûlure continuent; ils
ont parfois une telle violence qu'ils mettent obstacle au som-
meil. Il peut môme arriver que la douleur, ayant diminué
pendant l'éruption, reprenne ensuite toute son intensité et
se perpétue pendant un temps considérable. On a vu des
névralgies consécutives au zona, résister à tous les trai-
tements pendant cinq, dix, vingt mois et même deux
années. C'est principalement chez les vieillards qu'on observe
I
12/» ARTJllUTJDl'S rSl'UnO-KXAMllÉMATlQUES VfSICULEUSES.
ces névralgies conséculives si lenaces. Ajoutons que, dans ce
cas, l'herpès zoster est toujours de nature dartreuse.
Siège. — Le zona se développe ordinairement sur le tronc,
et il occupe particulièrement la base de la poitrine. Cepen-
dant, il commence quelquefois sur le tronc pour se terminer
sur les membres. Nous avons actuellement un bel exemple
d'un zona qui, partant de la ligne médiane de la région lom-
baire et contournant la fesse, arrive à la partie interne de la
cuisse. Les membres supérieurs peuvent aussi être le siège
de I herpès zoster. Mais, comme cela a lieu pour les mem-
bres inférieurs, TafTection a presque toujours son point de
départ sur le tronc : ainsi, elle commence habituellement
s
sur la partie antérieure ou postérieure du thorax, se dirige
obliquement en haut et en dehors vers le bord de l'aisselle,
et s'arrête là ou se continue sur le bras.
Le zona peut encore occuper le front, les joues et môme
le cuir chevelu. M. Rayer cite le cas d'un zona de la face,
qui s'était propagé aux gencives et à la face interne des joues.
On s'accorde à dire, d'après les faits observés, qu'il est
plus fréquent sur la moitié droite du corps, sans qu'on puisse
expliquer cette singulière prédilection. M. Rayer a trouvé
le zona trente-sept fois à droite, et seize fois seulement à
gauche. Dix-neuf fois sur vingt, cette affection occupe le
côté droit du corps suivant l'opinion de M. Cazenave ; mais
ce rapport ne me paraît pas exact. Si le nombre des herpès
zona est plus grand à droite, il est loin d'être aussi consi-
dérable que l'indique le chiffre donné par le dermatolo-
giste précédent.
Variétés, — Les auteurs ont admis plusieurs variétés d
zona, basées sur la direction : zona perpendiculaire ^ oblique
transversal. Il existerait encore un zona complet, c'ç?,{-k-<\\\'
HERPÈS ZOSTER OU ZONA. 125
formant une ceinture complète : il était même considéré
comme une affection mortelle. Mais le zona complet est très
rare et n'offre pas la gravité qu'on lui a attribuée.
Étiologie. — Le zona est plus fréquent chez l'adulte et
le vieillard; il s'observe aussi chez l'enfant et, dans ce cas,
il est presque toujours de nature arthritique.
Le froid humide occasionne le développement du zona ; il a
surtout une influence marquée sur celui du zona arthritique.
Au contraire, les causes les plus ordinaires du zona dar-
Ireux sont les émotions morales.
Le sexe masculin est plus souvent atteint de l'herpès zos-
ter que le sexe féminin.
Dans quelques circonstances, cette affection singulière
semble être placée sous une influence épidémique. Ainsi, il
nous est arrivé de rester plusieurs mois sans rencontrer un
seul zona, après en avoir observé un grand nombre pendant
quelque temps.
Diagnostic. — Le caractère vésiculeux de l'affection, la
disposition spéciale des vésicules réunies en groupes et
siégeant exclusivement sur une moitié du corps, nous
permettront de reconnaître presque toujours et la lésion
primitive et le genre. Toutefois, le diagnostic du zona
peut offrir des difficultés, quand l'éruption occupe un siège
insolite; avec un peu d'attention, ces difficultés sont faciles
à lever. Je passe immédiatement à une question plus im-
portante, celle qui concerne la nature de l'affection.
Le zona peut être arthritique, dartreux et idiopatbique
Nous n'avons à nous occuper ici que des caractères du zona
arthritique; plus tard, nous donnerons ceux du zona dar-
lreux,elnous pourrons alors établir le diagnostic différentiel
de ces deux espèces d'affections cutanées.
426 ARTHRITIDES PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES VÈSICUIEUSES.
Dans le zona arllirilique, les vésicules reposent sur des
surfaces rouges qui sont le siège d'une vive inflammation ;
elles sont remarquables par Tinégalité de leur volume. L'é-
ruption s'accompagne de cuisson, de picotements ou d'une
véritable myodynio qui cesse à l'époque de la disparition des
groupes vésiculeux; elle coïncide souvent avec la dyspepsie
arthritique, dont nous connaissons les caractères.
Le zona arthritique est souvent produit et influencé par le
froid humide et les changements de température. Il se montre
ordinairement chez Tadulte et presque jamais chez le vieil-
lard. Le zona qui apparaît dans Tenfance est arthritique dans
l'immense majorité des cas.
Si l'on ajoute à ces caractères déjà nombreux, ceux qui
seront fournis par les antécédents propres du malade et par
les renseignements recueillis sur la santé des parents, je
crois qu'on arrivera dans la plupart des cas à reconnaître la
nature du zona arthritique.
Pronostic. — D'une manière absolue, le zona n'est pas
une affection sérieuse. Le zona arthritique est moins grave
relativement que celui qui appartient à la dartre. Nous sa-
vons, en effet, que ce dernier s'accompagne quelquefois d'ac-
cidents plus ou moins fâcheux, de névralgies rebelles, d'ulcé-
rations gangréneuses chez les vieillards.
Traitement. — La plupart du temps, on se bornera à re-
commander le repos, un régime doux et des boissons acidulés
ou légèrement diurétiques. Au début de l'éruption, on s
contentera d'évacuer le liquide renfermé dans les vésicules
et de saupoudrer d'amidon les parties malades. On évitera
avec soin de prescrire des bains ou des applications liquides
qui, en déterminant la rupture prématurée des vésicules,
laissent exposées à l'air des ulcérations douloureuses.
HliRPÊS ZOSTER OU ZONA. 12?
Si les douleurs du zonu ont une grande intensité, nous de-
vrons chercher à combattre ce symptôme. On a conseillé et
l'on a employé, souvent sans succès, les applications émol-
lientes, les narcotiques à l'intérieur et à l'extérieur, des vési-
catoires loco dolenti. Turner avait proposé la cautérisation
des vésicules, afin d'empèchor les ulcérations et les névralgies
consécutives. Mais, dans un grand nombre de cas, tous ces
moyens de traitement échouent et nous laissent en présence
d'une névralgie rebelle, qui peut durer des mois et des an-
nées.
Il y a quelque temps, je fus appelé à Soissons pour une né-
vralgie intercostale consécutive à un zona. Depuis trois mois,
on avait essayé tous les traitements préconisés on pareil cas.
Sachant que cette névralgie avait succédé à un zona dar-
Ireux, je n'ai pas hésité à prescrire les préparations arseni-
cales qui procurèrent une guérison rapide. Cette médication
m'a donné des résultats aussi avantageux dans une affection
de même nature qui datait de six ans.
Ce serait peut-être le cas de recourir, dans ces névralgies
rebelles, aux injections de sulfate d'atropine qui ont été pré-
iconisces récemmentconlre les douleurs névralgiques ; si elles
échouaient, il serait temps encore de revenir aux préparations
arsenicales. Le zona arthritique tend à disparaître spontané-
ment ; toutefois, il sera bon de le combattre par l'administra-
tion des alcalins qui en favoriseront la guérison.
128 ARTHRITIDE PSEUDO-EXANTHÉMATIQUE RULLIiUSE.
CHAPITRE m.
ARTimiTlDE PSEUDO-EXANTHÉMAÏIQUIÎ BULLEUSE.
Il n'existe qu'une seule arthrilide pseudo-exanlhémalique
huileuse, c'est le pemphigus aigu.
Pemphigus aigu.
Nous décrirons séparément le pemphigus aigu et le pem-
phigus chronique. Le premier est une affection hénigne, qui
a une marche rapide et ne passe jamais à l'état chronique ;
le second est une affection presque toujours mortelle, qui se
montre dès le début à l'élat chronique et ne succède jamais
au pemphigus aigu. Entre le pemphigus aigu et le pem-
phigus chronique , nous établissons la même distinction
qu'entre l'urlicaire aiguë et l'urticaire chronique, le pvli-
riasis ruhra aigu et le pytiriasis rubra chronique.
Nosographie. — Le pemphigus aigu, ou la fièvre huileuse,
{febris bullosa) est une affection pseudo-exanthématique, qui
est ordinairement précédée par des phénomènes fébriles
d'intensité variable, et qui est caractérisée par une éruption
huileuse que nous allons décrire.
Et d'abord, outre les phénomènes fébriles, on trouve
d'autres signes prodromiques qui sont l'anorexie, une lassi-
tude générale et des picotements ou des démangeaisons.
Les prodromes ont une durée de deux à trois jours. Puis
l'éruption apparaît sur différentes régions : les membres, la
poitrine, la face, les organes génitaux. Elle commence par
des taches rouges, circulaires, d'une étendue variable; sur
PliMPlIlCUS AIGU. i29
ces lâches, l'épiderme est bientôt soulevé par une sérosité ci^-
trine et abondante, qui forme des bulles dont les dimensions
varient depuis la grosseur d'un petit pois ou d'une noisette jus-
qu'à celle d'une noix et même d'un œuf. Ces bulles sontplus ou
moins nombreuses ; quelquefois, elles sont groupées par trois,
quatre ou dix sur une seule lâche; d'autres fois, celle-ci est
recouverte par une bulle unique et volumineuse. Sur quel-
ques plaques la bulle avorte; l'épiderme est à peine déta-
ché par un léger épanchement de sérosité.
Lorsque l'éruption a acquis tout son développement, c'est-
à-dire vers le cinquième ou le sixième jour, les bulles per-
dent leur transparence et se flétrissent; elles sont remplacées
par de petites croûtes foliacées, brunes, appliquées sur le
derme, qui a perdu la vive rougeur que nous avons signalée
au début de l'affection. Les croûtes ne lardent pas à tomber
et laissent des macules violacées qui disparaissent lentement.
L'éruption bulleuse est souvent compliquée d'affections furon-
culaires et ecthymatiques.
! Lorsque les bulles se développent, les phénomènes géné-
raux cessent habituellement; il ne reste que des déman-
geaisons ou des picotements sur les parties malades.
Marche, durée et terminaison. — Le pemphigus aigu a
une marche rapide; il se termine dans un espace de temps
compris entre un et trois septénaires. 11 a une issue toujours
heureuse et, sous ce rapport, il diffère beaucoup du pem-
phigus chronique.
Siège. — L'éruption bulleuse peut se montrer dans toirtes
les régions. Mais si elle appartient à l'arthritis, elle se déve-
loppe plus particulièrement sur les parties sexuelles, sur la
face, sur les membres et sur les épaules.
Etiologie. Le pemphigus aigu de nature arthritique
9
130 AniHlUTIDIi PSEUl)0-i;XANTHf;MATlQL'K BULLEUSI'.
esUlôlermirjô par l(?s diiït'n'iilcs causes que nous avons assi-
gnées à la protlucliou des pseudo-exanlliènies arthritiques, et
que nous ne répéterons pas ; elles sont énumcrées dans la
partie éliologique de l'ui licaire aiguë.
Pathogénie. — Le peuqdiigus nigu se nrionlre soit comme
un pseudo-exanthème idiopalhique, soit comme symptôme
(htns deux maladies constitutionnelles : l'arthritis et la
darl^e.
Diagnostic. — Je suppose, et cela est l'acile, qu'on ait
rc'coiinu le genre de l'airection d'après les caractères que
nouft venons de dônner, il s'agit de savoir quelle en est la
nature*
Icij nous ne nous occuperons point de faire le diagnostic
différentiel entre le pemphigus et quelques affections qui
peuvent le simuler.
On trouvera cette question traitée avec détail dans les cha-
pitres consacrés aux pemphigus chronique, dartreux et
arthritique.
Pour le moment) je veux seulement énumérer les carac-
tères qui appartiennent plus spécialement au pemphigus aigu
de nature arthritique, et qui le distinguent du pemphigus de
source herpétique. 11 présente des taches d'un rouge foncé et
dedimenïions très variables ; sur chacune des taches, on ren-
contre généralement plusieurs bulles à contours irréguliers et
inégales par le volume. L'inégalité de volume et rirrégularité
des bulles constituent deux caractères importants, qui man-
quent dans le pempliigus dartreux : en effet, ce dernier pré-
senteoi dinairement sur chaque tache uneoudeux larges bulles,
arrondies et bien circonscrites. Le pemphigus arihritique est
souvent compliqué d'éruptions ecthymo-furonculaires ou de
petits abcès de la peau. Il s'accompagne de démangeaisons
IMÙVIPHIGIS AIGU. 131
OU do pirotemeiUs plus intenses que ceux du pemphigus
dartreux. Son siège doit aussi être considéré : les bulles se
développent de préférence sur les parties découvertes et les
parties sexuelles.
Enfin, il reconnaît pour causeshabituelles le froid humide,
les variations de température et la suppression de la transpi-
ration.
A ces caractères propres au pempliigus aigu de nature
arthritique, nous opposerons plus tard ceux du pemphigus
aigu herpétique : alors, nous ferons mieux ressortir les diffé-
rences qui existent entre ces deux affections. Pour arriver
à la connaissance de la nature du pempliigus aigu arthri-
tique, nous ne négligerons pas d'interroger les antécédents
du malade qui pourront nous fournir des renseignements
précieux.
Pronostic. — Le pronostic du pemphigus aigu n'est pas
grave. Autant est grave le pemphigus chronique, autant est
bénigne la fièvre huileuse.
Traitement. — L'affection se termine par résolution et
spontanément. Elle ne réclame qu'un traitement des plus
simples. Pendant les phénomènes fébriles, il faudra dimi-
nuer la quantité de nourriture; parfois il sera indiqué de
pratiquer une légère saignée, si la fièvre est intense ou si le
sujet est pléthorique. On se bornera à saupoudrer les bulles
avec des poudres émollieiiles ou légèrement astringentes ;
poudres d'amidon, de fécule, de tan, etc. Plus tard on don-
nera un bain, dont la température ne sera pas trop élevée,
pour détacher les croûtes.
Nous avons terminé la description des pseudo-exanthèmes
arthritiques. Nous pouvons nous demander si l'érysipèle
qu'on observe assez souvent dans le cours de l'arthritis
132 ARTHRITIDES SÈCHKS
ne doit pas être rapproclié des affections précédentes. Nous
répondons que cette maladie complique souvent l'arlliri-
tis , mais qu'elle ne présente pas les caractères des affec-
tions pseudo-exanthémaliques de cette maladie constitution-
nelle. Elle débute par un frisson et des phénomènes généraux
qui sont en rapport avec la gravité des phénomènes locaux;
plus lard, l'état général et l'inflammation locale seront encore
subordonnés l'un à l'autre. L'affection n'offre pas une évolu-
tion aussi régulière que celle des exanthèmes et des pseudo-
exanthèmes. En définitive, l'érysipèle est une phlegmasie
qui complique souvent l'arthritis, mais qui ne peut en être
regardée comme une affection propre. A ce compte, il fau-
drait faire delà pneumonie une affection propre de l'arthritis :
elle se montre dans la maladie constitutionnelle dont il est
question, au moins aussi fréquemment que l'érysipèle.
DEUXIÈME SECTION.
ARTHRITIDES SÈCHES.
Au nombre des caractères généraux des arlhritides, nous
avons signalé l'état de sécheresse des surfaces malades. En
effet, ce caractère est plus ou moins marqué dans toutes les
affections arthritiques-, cependant il appartient plus particu-
lièrement à quelques-unes d'entre elles que nous avons ran-
gées pour cette raison dans une seule section, sous le nom
d'arthritides sèches. J'espère qu'après vous avoir exposé les
caractères propres et les rapports de ces affections avec les
autres symptômesde l'arthritis, vous n'hésiterez pas à parta-
ger mes convictions sur cette partie si intéressante de la pa-
thologie cutanée. Jusqu'à présent, on n'avait, pas ignoré
ARTUlUTIUIiS SÈCHES ÉIlYTHÉMATEUSES. 133
compléUment ces rapports qui sont trop évidents pour
quelques afiections. M. Rayer a fait la part du rhumatisme
et de la goutte dans la production d'un certain nombre
de maladies cutanées. M. Cazenave a signalé les rapports
mystérieux de celles-ci avec la diathèse goutteuse. M. Gibert
a également parlé de l'influence rhumatismale dans l'étiolo-
gie de plusieurs affections de la peau. Mais nul auteur n'a
recherché les caractères propres des arthritides, et c'est
vers ce but important que seront dirigés tous nos efforts.
Nous n'avons pas la prétention d'être arrivé à une étude
complète des affections cutanées de nature arthritique. Nous
croyons que de nouvelles recherches sont encore nécessaires;
mais elles seront rendues plus faciles par les données impor-
tantes qui sont déjà en notre possession. Voyons donc où en
est la science sur ce sujet.
Les arthritides sèches peuvent être réparties dans trois cha-
pitres : 1° arthritides sèches érythémateuses , 2° arthritides
sèches squameuses, 3° arthritides sèches boutonneuses.
CHAPITRE PREMIER.
ARTHRITIDES SÈCHES ÉRYTHÉMATEUSES.
Les arthritides sèches érythémateuses se montrent sur des
lieux d'élection, affectent une marche chronique, récidivent
avec facilité et sont caractérisées par une surface d'un rouge
foncé, ordinairement lisse, mais quelquefois papuleuse et
môme tuberculeuse. Il est facile de les distinguer des arthri-
tides pspudo-exanthématiques. En effet, celles-ci s'accompa-
13^1 AUTHRITJDtS SliCHliS J- H VlHÉMA'Jl'USliS.
gneiit au début de phéiionièries fébriles; ellesont une marcbe
aiguë el se terminent dans l'espace de trois à quatre septé-
naires; elles ne récidivent pas d'une manière constante;
enfin, elles se nianileslent sur la plus grande partie du corps
et à peu près dans toutes les régions. Au contraire, les ar-
thritides sèches érytliémateuses sont apyréliques, ont une
marche chronique, récidivent toujours, sont circonscrites et
occupent des lieux d'élection qui sont : les parties découvertes
et les régions pourvues de poils.
Le chapitre des arthritides sèches érythémateuses ren-
ferme quatre genres : 1° l'interlrigo, 2° l'érythème papulo-
tuberculeux, 3* la couperose, 4' cnidosis.
S 1. — Intertrigo arthritique.
L'interlrigo se développe au contact prolongé des surfaces
cutanées. Il est caractérisé par une éruption érythémateuse,
à laquelle se joignent souvent des éruptions papuleuses ou
furonculaires, et qui s'étend en largeur par un bourrelet
analogue à celui qu'on ohserve dans l'herpès circiné.
Siège. — Il se montre dans les régions oij les surfaces cu-
tanées sont adossées, de sorte qu'on le trouve dans les parties
suivantes : aux aisselles, derrière les oreilles, dans les plis du
bas-ventre chez les personnes grasses, au pli de l'aine, à la
face interne des cuisses qui touche le scrotum, quelquefois
au jarret, à la marge de l'anus.
Nosographie. — Au début, l'interlrigo est une afleclion
artificielle, produite par le contact de la sueur altérée. Alors,
il est caractérisé par une coloration rosée des surfaces cuta-
nées et par des démangeaisons qui excitent le malade à se
gratter. Si le ^ ujet n'e?t placé sous rinfluenco d'aucune dia-
i
INTERTKIGO ARTHIUTIQUE. 135
thèse, 011 aura aflaire à une éruption artificielle qui disparaî-
tra facilement par quelques soins de propreté. Mais s'il existe
une maladie constitutionnelle chez le malade, l'éruption
érythémateuse présentera des caractères et une marche qui
lui sont propres.
Dans rintertrigo arthritique, la rougeur devient plus
intense, riiiilammation se propage aux bulhes pileux et aux
aréoles dermiques : de là il résulte que la surface primitive-
ment rouge et lisse se couvre de pustules, de tuhercules et
de furoncles. L'affection ne reste pas bornée Ain parties con-
tiguës. La rougeur s'étend peu à peu sur les surfaces saines ;
petle extension se fait souvent par un bourrelet légèrement
saillant et semblable à celui qui se remarque dans l'herpès
eircinô.
A mesure que l'alfeclion envahit les parties voisines, on
voit se multiplier les éruptions furonculaires et pustuleuses.
L'intertrigo arthritique est le siège de démangeaisons et
de picotements ou d'élancements. Lorsqu'il existe à la parlje
interne des membres inférieurs, il occasionne une grande
gêne dans la marche ; s'il occupe les aisselles, il rend diffin iies
les mouvements des membres supérieurs. Chez la femme, il
envahit quelipiefois la vulve et le vagin ; il peut alors déter-
miner une surexcitation considérable des organes génitaux,
et consécutivement de l'amaigrissement, des troubles des
.fonctions digeslives et même des désordres intellectuels.
Marche et durée. — On ne peut assigner aucune liniite à
l'intertrigo arthritique, qui se prolonge ordinairement pendant
plusieurs mois et parfois pendant des années. Non-seulement il
ftune longue durée, mais il récidive avec la plus grande facilité.
. Etiologie. — L'intertrigo est produit par le contact de la
sueur altérée. Il se mon Irc chez .des personnes qj^j ont trans-
130 ARTFIRITIDES SkCIIES ÈRYTIIÉMATEUSES.
pire abondamment, après des marclies prolongées ou pen-
dant les fortes chaleurs. Mais la sueur n'est évidemment que
la cause occasionnelle qui vient éveiller la diathèse arthritique.
Cette alîeclion peut exister à tous lei âges , mais elle est
plus fréquente à l'âge adulte.
La malpropreté, de même que la sueur, peut déterminer
l'intertrigo.
Diagnostic. — L'intertrigo arthritique est facile à re-
connaître par le siège d'élection qu'il occupe et par ses
caractères propres que nous avons fait connaître. Cepen-
dant, il a quelque analogie avec la teigne tonsurante. 11
serait possible de confondre ces deux affections; en effet,
elles présentent une marche herpétiforme et occupent de
préférence certaines régions. Souvent on voit l'herpès cir-
ciné à la partie interne des cuisses, qui est le siège habituel
de l'intertrigo arthritique. Il n'est pas jusqu'aux éruptions
furonculaires qu'on ne retrouve aussi dans l'herpès circiné.
Néanmoins, il est de la plus grande importance d'établir un
diagnostic différentiel au point de vue du traitement.
En examinant les poils de la région, on trouvera un
signe important. Dans la teigne tonsurante, ils sont cas-
sés, tortillés, altérés dans leur couleur et entourés à leur
hase d'une gaîne blanche caractéristique. Mais ce signe peut
faire défaut, lorsque l'affection a été traitée par des pommades
qui ont détruit le champignon situé à la surface de la peau.
Il faut alors recommander au malade de n'employer aucun
topique pendant plusieurs jours. De cette manière, vous
pourrez constater la germination du parasite, qui se montre
sous l'apparence d'un duvet semblable à de la neige, qui en-
toure la base des poils et forme une gaine complète à ceux
d'entre eux qui sont cassés.
IiNTERTRJGO ARTHRITIQUE. 137
On devra encore explorer avec soin les mains, la face, pour
tâcher d'y découvrir des cercles ou demi-anneaux d'herpès
circiné. Enlin, si ces recherches nous laissaient dans le doute
relativement cà la nature de Faffection, nous aurions recours
au microscope qui nous permettra de constater la présence
ou l'absence du Irichophyton.
Nature.. — La nature de l'intertrigo arthritique est éta-
blie d'après ses caractères propres, et surtout d'après ses
rapports avec des affections et des phénomènes qui appar-
tiennent à l'arthritis. Il existe chez des sujets qui présen-
tent de Tembonpoint, de la dyspepsie, des rhumatismes, de
l'acné arthritique ou d'autres manifestations cutanées de
même nature.
Pronostic. — L'intertrigo arthritique est une affection sé-
rieuse à cause de sa longue durée et de ses récidives fréquentes.
Suivant le siège qu'il occupe, il occasionne des accidents plus
ou moins nombreux. S'il est fixé à la partie interne des cuisses
I ou dans les aisselles, il rend les mouvements des membres
difficiles et douloureux. Mais s'il s'étend aux parties géni-
tales, à la vulve et au vagin chez la femme, il produit des
phénomènes plus graves : il existe alors des démangeaisons
pénibles et tenaces, qui empoisonnent l'existence de la ma-
' lade, qui peuvent être le point de départ d'une altération
des fonctions digestives et quelquefois de désordres intel-
lectuels.
Traitement. — On recommandera les plus grands soins
de propreté; on évitera le séjour prolongé de la sueur sur la
ipeau. Le malade prendra alternativement des bains alcalins
et d'amidon. On emploiera comme topiques la poudre d'ami-
\ don ou de fécule, les lotions alcalines, et mieux encore un
î mélange de glycérine et do saponine. On prescrira à Tinté-
1
ARTriRlTlOF.S SKCHFS /'-R YTUfcMATEUSliS.
rieur 1rs alcalins sous la ïonm de sirop oud'eanx artificielles.
Eufin, si ralTeclion est rebelle, on conseillera les eaux miné-
rales et l'on choisira do préférence celles qui sont alcalines.
§ H. — Coupero»e arthritique.
La couperose est une affection érythémaleuse, caractérisée
parla dilatation âes vaisseaux capillaires de la peau.
La plupart des auteurs ont confondu, à tort, la couperose
avec l'acné rosacée 5 car, si les pustules d'acné se dévelop-
pent sur les plaques de couperose, elles ne s'y montrent
«
qu'accidentellement et à titre de complication. Nous décri-
rons donc séparément l'acné rosacée et la couperose.
Siège. — L'affection que nous étudions occupe générale-
ment quelques parties de la face : les joues, les commissures
des lèvres et le nez; d'autres fois, elle s'étend à toute la figure.
Elle se développe aussi sur la partie antérieure de la poitrine,
surtout au niveau de l'extrémité supérieure du sternum.
Nosographie. — La couperose débute sous la forme d'une
tache rosée, dont la coloratioji augmente après le repas ou
l'exposition à la chaleur. Si l'on examine celte tache, on
voit que sa couleur est produite par la présence de vais-
seaux capillaires dilatés et remplis de sang : la pression, en
refoulant le sang, fait disparaître à l'instant la rougeur.
Bientôt les vaisseaux augmentent en volume et en nombre.
Il existe alors des plaques plus étendues et d'un rouge
plus foncé, autour desquelles on aperçoit un certain nom-
bre de capillaires dilatés et flexueux qui se perdent dans
les parties saines. La peau devient plus épaisse et indu-
rée : l'induration est due à l'hypertrophie des cléments
du derme et à l'accroisscmont de volume des capillaires.
COUPEROSE ARTHRITIQUE. 139
Dans la couperose ancienne, Thyperlrophie est quelquefois
portée à un tel degré qu'on observe sur la surface érythé-
rnaleuse des tubercules rugueux qui peuvent atteindre le vo-
lume d'une noisette. Outre ces petites tumeurs qui appar^
tiennent à la couperose, on en voit souvent d'autres moins
volumineuses qui doivent être regardées comme une compli-
cation et non comme un symptôme de Taffection. Je veux
i parler de ces petites indurations rouges, qui se terminent or-
dinairement par une pustule occupant le tiers ou le quai't de
leur volume : ce sont de simples pustules d'acné qui ont
une durée très courte. Les malades éprouvent de temps en
temps des picotements et des élancements, ou de la cuisson
et une sensation de chaleur sur la partie affectée.
Marche et durée. — La couperose présente une marche
chronique. On observe quelquefois des temps d'arrêt et même
des améliorations passagères; mais la guérison spontanée est
excessivement rare. Cette alTection est très tenace et fait le
désespoir du malade et du médecin.
Etiologie. — L'exposition fréquente de la figure à la cha-
leur, l'usage des lotions ou pâtes irritantes, certaines pro-
fessions exigeant que latète soit penchée, les excès de table,
sont autant de causes occasionnelles.
' La couperose se montre ordinairement vers l'âge de trente
à quarante ans. Elle est fréquente à l'âge ciitique, mais
elle est rare chez les jeunes gens.
Toutes ces causes, il ne faut pas l'oublier, ne font qu'éveiller
ladiathèse arthritique dont la couperose n'est qu'une mani-
' festalion.
La couperose peut être encore produite par les excès de
table et l'abus des liqueiu's aIco:)liques • dans ce cas, elle
I appartient à la classe des nlîections palhogénétiques.
\tiO ARTimiTIDES SËCUtS ÉH YiHÉMATELSES,
Diaç/noslic. — Il est iinpossihUî de méconnaître la
plaf|iie do couperose caractérisée par une rougeur foncée, par
une légère induration et surtout par la dilatation variqueuse
des vaisseaux cutanés. Cependant, quelques afl'ections «e
rapprochent d'elle par la coloration et l'existence d'une indu-
ration : je citerai l'érytlième induré qui appartient à la scro-
fule. II est facile de distinguer ces deux éruptions.
Dans l'érytlième scrofuleux, l'induration est profonde et
pénètre dans le tissu cellulaire, la coloration est violacée et
se continue insensiblement avec la couleur normale de la
prau. Au contraire, dans la couperose l'induration n'intéresse
que la peau -, la coloration est rouge, nettement limitée et
produite par la présence d'un grand nombre de vaisseaux ca-
pillaires qu'on aperçoit sans difficulté. Le siège est encore
différent : la première affection se montre le plus souvent
sur les jambes, et la seconde se développe ordinairement sur
la face. Celle-ci s'accompagne de prurit et d'élancements,
celle-là ne présente ni douleur ni démangeaison.
La couleur cuivrée des sypbilides empêchera toujours de
confondre certaines syphilides circonscrites avec l'érythême
couperosique.
Nous n'insisterons pas plus longtemps sur le diagnostic du
genre delà couperose. 11 est une question plus difficile à ré-
soudre, c'est celle qui a trait à la nature de l'affection.
Nous admettons trois espèces de couperose : l'une appar-
tient à la scrofule, l'autre est symptôme de l'arthritis et la
troisième est produite par l'abus des liqueurs alcooliques.
Nous savons que le diagnostic de la nature d'une affection
repose sur ses caractères propres et sur ses rapports avec
les affections antérieures ou concomitantes.
Malheureusempnt la couperose, comme tant d'autres affcc-
COUPEROSE ARTHRITIQUE.
lions, ne présente pas loujours des caractères objectifs bien
Jaccusés suivant Tespèce. Toutefois, il ne faut pas oublier dans
le diagnostic les nuances de symptôaies qui se n:iontrent plus
particulièrement dans l'arthritis : les élancements doulou-
l eux, l'injection vasculaire plus prononcée et la rougeur plus
l'oncée des parties affectées.
Vous parviendrez encore à la connaissance de la nature
de la couperose, en consultant ses rapports avec les affections
[intérieures et actuelles. Eri ce moment, nous avons dans le
service une jeune fille atteinte d'une couperose, dont la nature
aurait pu nous être dévoilée par l'existence seule d'un cer-
tain nombre de symptômes arthritiques.
Cette malade porte deux larges plaques de couperose sur
les deux joues ; elle a eu sur les mains de l'eczéma arthrili-
:]ue dont il reste quelques vestiges; elle est tourmentée par
des migraines, par des douleurs rhumatismales etpardes an-
gines; son père est atteint de rhumatisme et de migraine.
Pnfin, l'affection s'est montrée à une époque qui correspond
exactement à la disparition presque complète de l'eczéma
les mains. Cet exemple vous montre de quelle utilité peut
'Ire l'examen des antécédents d'un malade, pour arriver à
•onnaître la nature d'une affection.
La couperose scrofuleuse présentera des relations non
moins évidentes avec des affections de la scrofule. Elle aura
'té précédée de gourmes, d'adénopathies et coïncidera avec
I'acné punctata, indurala, etc.
Enfin, la couperose qui s'observe en l'absence de toute ma-
.adie constitutionnelle, est une affection palhogénétique qui
lîst produite, chez les ivrognes, par l'abus des boissons
.Icooliques. On en établira le diagnostic en s'appuyant
l'une part sur l'absence des dialhcses, d'autre part sur l'exis-
U2 AKIIIlUTIDrs SiXIlKS /^li Y'I'IIÉMA 1 liUSl-S.
Icnco d'une cause spécinle qu'il esl facile de conslater.
Pronostic. — La couperose présente une longue durée et
ne peut ôtre guérie qu'avec de grandes dilïicuUés. Souvent,
elle résiste à tous les moyens thérapeutiques et passe à l'état
de difformité d'autant plus incommode qu'elle siège liabi-
tuellement au visage.
Traitement. — On devra chercher à éloigner les causes
qui ont occasionné le développement de l'alïection. 11 faudra
recommander un régime doux et une vie régulière. Le ma-
lade ne s'exposera pas à la chaleur et ne se livrera point à
des exercices fatigants. Outre ces moyens hygiéniques, nous
ordonnons de badigeonner, tous les deux ou trois jours, les
surfaces malades avec l'huile de cade. Il nous arrive rare-
ment d'avoir recours à un modificateur plus énergique tel
que l'huile de noix d'acajou ou la teititure d'iode. Nous avons
aussi employé, mais sans un avantage marqué, la pommade
de bi-iodure de mercure et celle d'iodo-chlorure mercureux.
Les douches alcalines et les douches d'eaux sulfureuses nié-
ritejit une mention spéciale pour l'amélioration qu'elles oui
quelquefois procurée.
§ III. — Érythème papulo-tuberculeux.
Nous avons eu l'occasion d'observer un assez grand nombre
de fois une affection qui se rattache essentiellement à l'ar-
thritis: elle est caractérisée par une rougeur éi ythémateuse,
des papules et même des tubercules. 11 serait difficile de lui
trouver une place dans les huit ordres de Willan. Pour nous,
nous n'éprouvons pas le môme embarras. Cette affection ap-
partient par sa nature aux arthritides; l'érythème, qui en
est le caractère objectif prédominant, la fait ranger dans la
section des arthritides érythemateuses.
ÊRYTHfeMK PAPULO-TUBERCULEUX. 143
Siège. L'éry thème papulo-tuberculeux occupe des lieux
(réleclion qui sont : le dos des mains et des avant-bras, quel-
ques parties de la face et particulièrennent le nez, les joues,
les lèvres et les paupières. Dans la plupart des cas, l'érup-
tion s'est aussi manifestée sur la conjonctive, les muqueuses
piluilaire et bronchique.
Nosugraphie. — Le début est généralement brusque, et
•<i l'éruption se montre simultanément sur plusieurs régions.
Dans un cas que nous observions récemment, Térythème s'é-
tait déclaré en même temps sur le dos des deux mains, le lo-
bule du nez et les conjonctives.
(Chez ce malade, il existait depuis quelques jours une lé-
gère bronchite qui augmenta d'intensité, quand apparut
l'éruption.
IChez un autre malade, l'affection s'est manifestée avec la
même soudaineté, mais elle n'occupait que le dos des mains
et les conjonctives.
Dans la plupart des cas, l'érythème papulo-tuberculeux
n'est précédé ni accompagné de symptômes généraux. Le
premier phénomène consiste dans l'existence de quelques
picotements sur la partie qui sera affectée ; puis, on observe
les symptômes suivants.
4 Pendant les premiers joui s, on constate un œdème dur,
i rénitent et siégeant dans le lissu cellulaire ; il diminue et
devient souple vers le cinquième ou le sixième jour. La peau
jn-ésente une coloration d'un rouge foncé et violacé : la con-
gestion cutanée est quelquefois si considérable qu'elle donne
lieu à des hémorrliagies intradermiques. La surface affectée
est lisse et tendue dans la plus grande partie de son
étendue.
L'érythème papulo-luberculeux n'existe pas sous la forme
U'j ARTHRITIDKS SKCHKS /• IIYTHÈM\TF.USES.
d'une plîiqiic uni(ine, qui onoupornil toute la région; mais il
se manifeste ordinairement par une, deux ou trois plaques
à contours un peu irréguliers. Au centre ou sur les bords
de ces plaques, se trouvent quelques indurations arron-
dies et comme tuberculeuses; sur les parties voisines, sont-
disséminées des taebes peu étendues, presque circulaires,
dépassant rarement la largeur d'une pièce de 50 centimes
et légèrement saillantes, en forme de papules. Ces papules et
ces tubercules ne tardent pas à disparaître et sont remplacés
par une teinte rouge ou eccbymolique.
Par cette description succincte, on voit que l'érytbème
papulo-tuberculeux est caractérisé par la réunion de plusieurs
éléments éruptifs et qu'il répond aux variétés des auteurs :
érythèmes simple, papuleux et tuberculeux.
Quelquefois on rencontre deux autres variétés d'éry-
thèmes décrites comme maladies : les érythèmes circinéet
marginé En effet, les petites taches dispersées autour des
larges plaques papulo-tuberculeuses présentent dans cer-
tains pas une surface nettement limitée par des bords rouges
et saillants; dans d'autres circonstances, elles sont rempla-
cées par des cercles rouges dont le centre est tout à fait sain.
Les muqueuses, avons-nous dit, sont souvent affectées. II
n'est point rare d'observer un coryza aigu, une conjoncti-
vite ou une bronchite calarrhale. Parfois, il existe même une
\éri table ecchymose sous-conjonctivale.
Les élancements et la cuisson qui avaient annoncé l'érup-
tion, persistent après son apparition.
Marche, durée, ter7ninaison, — La marche de l'érytlième
papulo-tuberculeux est lente. Cette affeclion présente une
durée de dix-huit à vingt jours ; elle se termine toujours par
résolution, d'une manière spontanée. Elle esl sujette à réci-
ÉRYTIIÈME PAPUI.O-TUnKRCULEUX. l/»5
dives; elle se montrait pour la deuxième ou troisième fois
cliez plusieurs des malades que nous avons observés.
Diagnostic. — Le diagnostic de la lésion est facile : c'est
un érythème avec des indurations papuleuses ou tubercu-
leuses. On arrivera sans peine k la connaissance du genre, si
L'on. se reporte à la description que nous venons de faire; ce-
pendant, on pourrait peut-être confondre l'érythème papulo-
tuberculeux avec les plaques muqueuses'de la peau et l'éry-
thème papuleux de nature scrofuleuse.
Les plaques muqueuses de la peau se présentent sous la
forme de taches rouges, saillantes sur leurs bords et ressem-
blant quelque peu à l'érythème circiné ou marginé. Toute-
fois, elles sont indolores et ne possèdent ni la coloration
foncée, ni l'étendue de l'érythème papulo-tuberculcux ; elles
sont disséminées sur toutes les parties de la peau et se
montrent avec des caractères bien accusés dans certaines
régions : l'anus, les parties génitales, les commissures la-
biales et l'isthme du gosier.
L'érythème papuleux des scrofuleux alterne souvent avec
l'érythème pernio ; il occupe le plus ordinairement le dos
des mains et les joues. Il est caractérisé par une sur-
face érythémaleuse diffuse, sur laquelle s'élèvent quelques
papules analogues aux papules proéminentes du lichen ;
Il ne présente ni la couleur violacée et ecchymotique, ni
les éléments papuleux et tuberculeux de l'érythème arthri-
tique.
Maintenant, nous devons parler de la nature de l'aiïec-
lion. Nous affirmons que Térythème papulo-tuberculeux est
d'origine arthritique : nous nous appuyons tant sur ses ca-
ractères objectifs que sur ses relations évidentes avec d'autres
affections arthritiques.
10
1^6 AUTHRITIDKS StCIIES ftRYTHÉMATEUSES.
Un certain nombre des symptômes propres à l'érythéme
papulo-liiberculeijx sont des pliénomènes communs des ar-
tliritides : nnilli|)licilé des cléments éruptifs, coloration rouge
et foncée, élancements et siège sur les parties découvertes.
D'un autre côté, nous avons toujours rencontré des affections
arthritiques antérieures ou concomitantes, quand nous avons
observé Térythème papulo-tuberculeux : l'arthropathie rhu-
matismale coexiste ou alterne fréquemment avec cette érup-
tion.
Pronostic, — Le pronostic est peu sérieux : l'érythéme
papulo-tuberculeux disparaît spontanément dans l'espace de
dix-huit à vingt jours. Il est moins exposé à récidiver que
beaucoup d'arthritides. *
Étiologie. — Les causes qui produisent cette affection sont
celles qui provoquent le développement des autres arthritides.
L'érythéme papulo-tuberculeux s'est présenté plus souvent
dans le sexe féminin chez les malades qui ont été soumis à
notre examen.
Les variations de température, le froid humide ont paru
agir dans quelques cas.
Traitement. — On prescrira le repos, un régime doux,
des bains alcalins et des bains d'amidon. A rintérieur, on
administrera les préparations alcalines et, de temps à autre,
quelques légers purgatifs. •
§ IV. — Du cnidosis arthritique,
Alibert a décrit l'urticaire sous le nom de cnidosis (xvt^r/,
ortie) : à l'exemple de tous les auteurs, il admettait un cni-
dosis aigu et un cnidosis chronique. Le cnidosis aigu est la
fièvre orliéc que nous avons placée dans les pseudo-exan-
thèmes arthritiques et dartreux. Le cnidosis chronique dif-
CNIDOSIS AUTlIRlTIOUE. \kl
fère com[)létemenl par sa nature de l'affection précédente:
jamais il no lui succède et toujours il se montre d'emblée à
l'état chronique ; il répond assez exactement à Vurticationde
Joseph Fratdf.
A deux affections différentes on devrait donner des noms
différents. Pour éviter d'augmenter le vocabulaire de la der-
matologie, déjtà trop considérable, je préfère me servir des
mots qui ont cours dans la science. Je conserverai àl'urticaire
aiguë, ou fièvre orliée, la dénomination d'urticaire et je dé-
signerai, sous le nom de cnidosis, l'urticaire chronique des
auteurs ou l'urtication de J. Frank.
Nous reconnaissons deux espèces de cnidosis : l'un est
arthritique, l'autre dartreux. Ici, nous ne devons nous occu-
per que du cnidosis arthritique.
Le cnidosis arthritique se mon Ire sous la forme de la va-
riété Krtica tuùerosa ; il est caractérisé non-seulement par des
papules particulières, dont nous avons donné la description
dans l'étude de l'urlicaii e fébrile, mais aussi par des tubé-
rosités plus ou moins volumineuses, dures, accompagnées de
tension, de gêne dans les mouvements et laissant à leur
disparition des dépressions comme cicatricielles. Ces indura-
tions tuberculeuses et papuleuses présentent une coloration
d'un rouge foncé ; parmi elles, on observe quelquefois des hé-
morrhagies interstitielles de la peau.
L'éruplion a lieu sur les parties découvertes comme la
face, les mains et les avant-bras; souvent elle semble se
grouper autour de quelques jointures telles que l'articulation
tibio-tarsienne, radio-carpienne ou fémoro-tibiale. Elle ap-
paraît ordinairement le soir et la nuit : pourtant, elle se
développe quelquefois pendant le jour sous l'influence du
ifroid. Enfin, elle ne présente pas des démangeaisons vives et
U« AUTHRITIDES StCHKS ÈRYTUflMATEUSLS.
franches comme l'urticaire darlreuse ; elle s'accompagne
plutôt de picotements et d'élancements.
Le cnidosis arthritique a une durée qui varie de quelques
mois à plusieurs années. Il n'offre pas une marche aussi in-
termittente que le cnidosis dartreux, qui disparaît ordinaire-
ment le jour pour revenir à l'approche de la nuit. Si l'érup-
tion est plus intense pendant la nuit, souvent elle n'en
persiste pas moins toute la journée.
Il n'est pas rare de voir coïncider le cnidosis arthritique
avec des affections de même nature : douleurs rhumatismales,
eczéma arthritique, lichen pilaris, érythème papulo-tuber-
culeux, etc.
Étiologie. — Les excès de régime, l'abus des boissons alcoo-
liques, les variations de température, l'exposition au froid sont
les principales causes déterminantes du cnidosis arthritique. Il
faut que le sujet soit placé préalablement sous l'influence de
la diathèse arthritique.
Diagnostic. — Les caractères de l'éruption que nous venons
de faire connaître, ne permettent pas de confondre le cni-
dosis arthritique avec d'autres affections; cependant il a
quelque analogie avec l'érythème noueux.
Ce dernier se distinguera par la marche aiguë et par la
durée continue de l'éruption. Nous savons, au contraire, que
le cnidosis présente une marche essentiellement chronique,
qu'il est remarquable par la facilité avec laquelle paraît et
disparaît Téruption.
Le cnidosis arthritique se différencie aussi de l'urticaire
aiguë. Il n'est précédé ni accompagné de phénomènes fé-
briles, et il se montre à l'état chronique dès son apparition.
L'urticaire aiguë est annoncée par des phénomènes fébriles
et ne présente qu'une durée de huit à dix jours.
CNIDOSIS ARTHRITIQUE. iU9
Il ri'esl pas toujours si facile de distinguer le cnidosis ar-
thritique du cnidosis dartreux. Il faut prendre en considéra-
lion les différences qu'on trouve dans le mode de production,
la marche et les symptômes de ces deux affections. L'une,
celle qui appartient à l'arthritis, se présente avec les carac-
tères de \urtica tuberosa, l'autre se montre ordinairement
sous la forme de Vurtica evanida. Le cnidosis arthritique se
caractérise encore par des élancements et des picotements, par
des hémorrhagies interstitielles de lapeau, par une coloration
plus foncée des aréoles qui entourent les papules ortiées; il
se manifeste autour des jointures et sur les parties décou-
vertes, la face, la poitrine, les mains ; il coïncide et alterne
souvent avec le rhumatisme ou avec d'autres affections arthri-
tiques comme l'érylhème papulo-tuberculeux ou l'eczéma ar-
thritique. Au contraire, le cnidosis dartreux se montre sur
toutes les parties du corps et se trouve fréquemment accom-
pagné par des herpétides. Enfin, tandis que celui-ci est assez
souvent produit par les émotions morales et qu'il paraît la
nuit pour disparaître le jour, celui-là est occasionné le plus
ordinairement par l'exposition au froid ou par les variations
de température, et persiste quelquefois pendant la journée
ou augmente même sous l'influence du froid.
Traitement. — Le cnidosis arthritique est une affection
très rebelle. On prescrira un régime doux , les bains alcalins
et les préparations alcalines à l'intérieur. Malgré l'emploi de
ces moyens, on voit parfois le cnidosis durer des mois et des
années. Dans les cas difticiles, on pourra conseiller au malade
de se rendre à une source d'eaux minérales. Les eaux de
Vichy, d'Ems et de Wiesbaden seront spécialement recom-
mandées,
150
AUTHIllTIDES SQUAMEUSES.
1
CHAPITRE II.
ARTHIUTIDKS SQUAMEUSES.
Nous reconnaissons deux genres d'arlhrilides squameu-
ses : l'un est caractérisé par des squames petites , grisâ-
tres, connues sous le nom de furfures : c'est le pityriasis;
l'autre genre présente des squames plus larges, blanches,
épaisses, souvent imbriquées : c'est le psoriasis.
S I. — Pityriasis artbritique.
Le pityriasis arthritique n'a pas été étudié par les derma-
tologistes ; cependant quelques-uns de ses caractères ont été
mentiormés dans la variété pityriasis capitis. M. Hardy
donne plusieurs symptômes du pityriasis arthritique dans la
description de la variété pityriasis pilains.
Si les auteurs ont aperçu plusieurs caractères objec-
tifs du pityriasis arthritique, ils ne les ont point groupés
et ne sont pas arrivés à la connaissance de l'espèce. Nous
allons essayer de vous exposer la nosographie, la séméio-
tique et le traitement de cette affection si importante par sa
fréquence.
Siège. — Le pityriasis arthritique se développe sur les ré-
gions velues et les parties découvertes : le cuir chevelu, les
sourcils, la barbe, les parties génitales, la partie antérieure
de la poitrine et les aisselles.
Symptômes. — Il se montre sous la forme de plaques irré-
gulières qui se manifestent de préférence à la nuque, aux ré-
gions temporales, à la partie antérieure du cuir chevelu ; il est
PITYRIASIS ARTHRITIQUE. 151
rare que celui-ci soit eiivalii dans sa Lotalilé. A la figure, on
l'observe principalement aux joues et à la lèvre supérieure.
En examinant les parties affectées, on constate à leur sur-
face tantôt une rougeur générale, superficielle ou disposée
par petits disques arrondis à la base des poils, tantôt une
absence de coloration rouge. On remarque aussi des squames
minces et petites, qui recouvrent les glandes pilifères dont la
saillie est légéremeiit augmentée. Les poils sont enveloppés,
au sortir du bulbe, d'une gaîne épidermique qui remonte
plus ou moins haut sur la tige; il sont, comme les parties
affectées, le siège d'une sécheresse remarquable qui les rend
friables. Lorsque la maladie a duré longtemps, ils sont atro-
phiés, se cassent avec la plus grande facilité et tombent; ils
repoussent pendant quelque temps, jusqu'à ce que la calvitie
soit définitive.
Les altérations qu'on trouve dans le follicule pileux ou les
glandes annexes nous expliquent la plus grande partie des
phénomènes précédents. La suspension de toute sécré-
tion de la sueur et de la matière sébacée entraîne la séche-
resse de la partie affectée et des poils. Les parois du folli-
cule sécrètent en abondance des squamules qui remplissent
le canal de la glande pilifère. La papille qui porte le poil
reste intacte pendant longtemps; mais il peut arriver que sa
nutrition soit troublée à son tour : il en résulte alors que les
poils sont plus ou moins atrophiés et que leur chute, d'abord
temporaire, devient permanente si les altérations de la pa-
pille sont considérables.
Un dernier symptôme du pityriasis arthritique, c'est le
prurit qui est souvent remplacé par des picotements ou par
des élancements.
Marche et durée. - Cette uffection pi-ésente une marche
1<^2 AmnitlTIDES SQlIAMCrSF.S.
clironifjiip. Elle pout exister pendant un temps qui varie de
plusieurs mois à plusieurs années; elle est (rês sujelte à ré-
cidiver. Une calvitie temporaire, souvent permanente, est
le résultat ordinaire du pityriasis arthritique.
Éliologic. - Le pityriasis arthritique s'observe dans les •
deux sexes, mais plus souvent dans le sexe masculin.
Il se montre dans la jeunesse et principalement dans 1 âge
adulte.
Au nombre des causes occasionnelles, nous plaçons les
pommades ouïes cosmétiques de mauvaise qualité, les lotions
irritantes, le contact prolongé de la sueur qui, chez les sujets
arthritiques, est très abondante dans quelques régions comme
les parties génitales, la tète, etc.
Enfin l'afTection dont il est question est déterminée par
une cause générale, la diathèse arthritique.
Diagnostic. — Nous ne reviendrons pas sur les caractères
quifont reconnaître le pityriasis arthritique. Nous aborderons
immédiatement une question de diagnostic très importante.
Comment distinguerons-nous le pityriasis arthritique du
pityriasis dartreux et du pseudo-pityriasis qui succède à l'ec-
zéma du cuir chevelu chez les sujets scrofuleux?
Le pityriasis dartreux a son siège dans le réseau papillaire
du derme et non dans le follicule pileux : aussi peut-il occu-
per des régions dépoui vues de poils et s'étendre à de grandes
surfaces, par exemple, à tout le cuir chevelu. Lorsqu'il se
développe sur des parties velues, les poils sont respectés et
ne tombent qu'exceptionnellement, si l'inflammation aug-
mentée quelquefois par des topiques irritants se propage aux
bulbes pileux.
Aces caractères du pityriasis dartreux on peut opposer ceux
du pityriasis arthritique. Celui-ci occupe les follicules pileux
PITYRIASIS ARTHRITIQUE. 153
et se monlre par conséquent dans les régions velues : les poils
sont altérés, tonnbent et ne repoussent plus dans quelques cas.
Chez les scrofuleux, il n'est pas rare d'observer à la suite
d'un eczéma chronique un pseudo-pityriasis qui est difficile
de distinguer du pityriasis arthritique. Cependant on parvien-
dra dans la plupart des cas à établir le diagnostic différen-
tiel. Dans l'eczéma, on apprendra qu'une sécrétion plus ou
moins abondante existait au début de l'affection ; le pityriasis
est squameux dans toutes ses périodes. Le faux pityriasis
présente des squames plus épaisses, un peu jaunes, qui ont
un certain aspect d'humidité; le pityriasis est caractérisé par
des squames sèches, plus lines et grisâtres. Enfin celui-là
occupe des lieux de prédilection, derrière les oreilles ou sur
le pavillon auriculaire ; il n'est pas accompagné de prurit et
de picotements, qui existent constamment dans le pityriasis
arthritique.
L'acné sébacée se manifeste par une sécrétion huileuse qui
se conci cle sous la forme de squames grasses, un peu molles
jaunâtres ou brunâtres. On ne saurait confondre ces squames
lavec celles du pityriasis que nous connaissons : squames
sèches, fines et grisâtres.
! Pronostic. — Le pityriasis arthritique est une affection
rebelle et très sujette à récidiver. Il amène une calvitie tem-
poraire et souvent permanente ^ c'est là un inconvénient
grave, surtout chez la femme, qui voit ainsi disparaître un de
^ses plus beaux ornements.
Traitement. — La difficulté qu'on éprouve à guérir le pi-
tyriasis arthritique nous engage à nous arrêter quelque temps
sur son traitement. Voici ce que je conseille contre cette
an'ection.
1" J'ordonne la tisane de saponaire ou de pensée sauvage
ARTHRITIDES SQUAMEUSES.
édulcorée avec le sirop de fumelerre ou d'orme pyramidal.
2" Le malade prend malin et soir , une heure avant le
repas, une cuillerée à soupe de sirop alcalin ;
Sirop de saponaire, de lolu, de fumelerre, etc.. . 500 grarn.
Bicarbonate de soude 4 à 10 gram,
3" Je prescris une eau alcaline aux repas, soit de l'eau
de Vichy arlificielle, soit celles de Châleldon, de Fougues, de
Vittel ou toute autre se rapprochant de ces dernières par
leurs vertus thérapeuliques.
à" On fait raser ou couper, à quelques millimètres de la
peau, les cheveux ou les poils qui recouvrent les parties
malades.
5° Tous les trois jours, je recommande de badigeonner à
l'huile de cade les surfaces affectées.
6° On emploie trois ou quaire fois par jour les lotions avec
une solution de glycérine ou de saponine et une faible dose
de carbonate de soude :
Eau de son 500 gram,
Glycérine anglaise 30 grain.
Carbonate de soude 0,25 à 1 gram.
7° On peut varier les bains et donner : bains alcalins et
bains de vapeur, douches alcalines et douches de vapeur.
8° Enfin, il faut surveiller le régime qui doit être approprié
à la maladie constitutionnelle.
§ II. — Psoriasis arthritique.
Le psoriasis est une affection cutanée qui est caractérisée
par des squames épaisses, imbriquées, adiiérentes, blanches et
PSORIASIS ARTHRITIQUE. 155
comme nacrées, reposant sur des plaques irrégulières, rouges
et saillantes au-dessus du niveau de la peau; il a été décrit par
Alibert sous le nom (V herpès fur fureux arrondi. Il se montre
comme symptôme dans deux maladies constitutionnelles :
Varthrilis et la dartre. Il existe donc 1° un psoriasis arthri-
tique dont nous allons tracer les caractères, 2° un psoriasis
dartreux qui est observé beaucoup plus fréquemment et que
I nous étudierons dans la partie consacrée aux herpétid^s.
Siège. — Le psoriasis arthritique, à l'exemple des arthri-
tides en général, a pour sièges de prédilection les parties gé-
nitales et les régions exposées à l'air : la tête , la partie
antérieure de la poitrine, la paume des mains et aussi la
' plante des pieds. Il se montre rarement aux coudes et aux
genoux, sur lesquels se développe de préférence le psoriasis
dartreux.
Symptômes. — Suivant l'aspect, nous établissons deux
variétés de psoriasis arthritique : 1° le psoriasis scarlalini-
forme, 2° le psoriasis nummulaire.
a. Psoriasis scarlaii?ii forme. — Il présente une marche
plus aiguë que la variété suivante. Dans la plupart des cas,
il se développe simultanément à la plante des pieds, à la
paume des mains, à la racine des cheveux et aux organes gé-
nitaux , cependant, il peut aussi apparaître successivement
sur ces différentes régions ou se borner à quelques-unes
d'entre elles.
Il est caractérisé par un sentiment de brûlure, de tension
et par des élancements dans les parties aflectées^ il offre
une desquamation qui a lieu par larges plaques épidermi-
ques analogues à celles qu'on observe dans la scarlatine,
i Au-dessous dos squames, la peau est épaissie et présente
W une coloration d'uii rouge vif ou même d'un rouge lie-de-
1
ARTHRITIDI'S SQUAMHUStS.
vin, qui ressemble à la couleur deréruplion scarlalineuse.
La paume des mains et la plante des pieds sont pourvues
d'un épidémie très résistant; sur ces régions, les sfjuaines
sont plus épaisses et se font remarquer par des fissures pro-
fondes, desquelles s'écoule une sérosité plastique qui se con-
crète sous forme de croûtes. Les mains et les pieds sont le
siège d'une douleur et d'une tension très vives qui les rendent
immobiles: les doigts elles orteils sont ordinairement demi-
fléchis et retenus dans cette position.
b. Psoriasis nummulaire. — Cette variété de psoriasis
arlbritique offre une marche chronique; elle occupe à peu
près les mêmes régions que la variété j^soriasis scarlatini-
forme.
Le psoriasis nummulaire présente des squames qui res-
semblent à celles du psoriasis dartreux; cependant elles en
diffèrent à plusieurs égards. Ainsi, elles n'ont jamais ni la
couleur blanche, argentée, \n l'étal de sécheresse si remar-
quable qui caractérisent les squames du psoriasis dartreux;
elles ofl'rcnt toujours une humidité ou un aspect particulier
qui la rappelle, humidité due à une sécrétion inlerniittenle
des surfaces malades.
Cette affection est successivement, parfois simultanément,
squameuse et humide. Il devient alors difficile de décider si
l'on a affaire à un eczéma ou à un psoriasis.
On trouve, sur une des régions indiquées plus haut, de
larges plaques rouges, irrégulièrement arrondies, légèrement
saillantes, couvertes d'un liquide séro-plastique sur une
partie de leur étendue; sur quelques points, on observe des
squames épaisses comme celles du psoriasis, mais jaunâtres
et molles comme celles de l'eczéma. Enfin, sur la limite ou
dans le voisinage des plaques, il existe des squames psoria-
PSORIASIS AUTHRITIQUK. -157
siques parfaitement reconnaissables à leur couleur blanche et
nacrée. Dans d'autres cas, on ne constate qu'un seul élé-
ment; mais il est susceptible d'être remplacé par un autre.
Ainsi, il n'est pas rare de voir l'affection sécrétante se
transformer en affection squameuse, réciproquement, le
psoriasis se convertir en eczéma. Je considère même celte
mutation des éléments éruptifs comme un des caractères du
psoriasis arthritique.
Sur les plaques nummulaires, il existe encore des picote-
ments ou des élancements et, de temps en temps, une déman-
geaison qui pousse le malade à se gratter. Le grattage irrite
les surfaces affectées et détermine fréquemment la sécrétion
intermittente dont nous avons parlé précédemment.
Marche et durée. — Le psoriasis scarlatiniforme offre
souvent une marche aiguë : il peut alors se terminer
dans l'espace de quelques semaines. Mais il passe quelque
fois à l'état chronique, et il a dans ce cas une durée indéter-
minée.
Le psoriasis nummulaire suit toujours une marche chro-
nique; de temps en temps, on observe des exacerbations
pendant lesquelles l'affection est momentanément k l'état
aigu. Il a une durée toujours longue et fort variable :
il existe pendant des mois et des années. Il est sujet à
récidiver; souvent il revient à des saisons ou à des époques
fixes
Etiologie. — Lq psoriasis arthritique est plus fréquent
chez l'homme que chez la femme, et dans l'âge adulte qu'à
toute autre époque de la vie.
Nous l'avons souvent observé chez des sujets arthritiques
qui avaient été atteints de syphilis.
Diagnostic. - Dans celte affection, les lésions sont multi-
158 ARTIIRITIDES SQUAMEUSKS.
pies et faciles à reconnaître : sécrélioii de sérosité et sécré-
tion d'épiderme.
Cette variété de lésions pourra jeter quelque obscurité sur
le diagnostic du genre. En etîel, vous vous demanderez en
présence de la sécrétion séreuse, si vous n'avez pas atï'air»*
à un eczéma, tandis que la présence de squames psoriasiques
sur d'autres points tendrait à vous faire admettre un psoriasis.
Mais, sachant que le psoriasis nummulaire est caractérisé
par l'association des lésions de l'eczéma et du psoriasis, vous
ne devrez plus hésiter à porter votre diagnostic.
Après avoir reconnu le genre de l'affection, il faut cher-
cher à en connaître la nature. Nous savons que le psoriasis
n'appartient qu'à deux maladies constitutionnelles: l'arthrilis
etla dartre. Nous rejetons l'existence du psoriasis syphilitique,
et nous donnerons plus loin les raisons qui nous ont fait ad-
mettre cette opinion. Nous n'avons donc à nous occuper que
du diagnostic différentiel du psoriasis arthritique et du pso-
riasis dartreux.
Nous n'avons pas encore étudié le psoriasis dartreux;
toutefois, nous pouvons nommer ici ses principaux carac-
tères pour les opposer à ceux du psoriasis arthritique.
Le psoriasis dartreux présente des plaques saillantes et
rouges, couvertes de squames sèches, nacrées et imbriquées;
il se développe sur toutes les parties du corps, spéciale-
ment aux coudes et au devant des genoux. Enfin, il s'ac-
compagne très communément de démangeaisons plus ou
moins vives. Nous savons, au contraire, que le psoriasis ar-
thritique présente des squames moins sèches, quelquefois
humides, ayant un aspect terne, des plaques moins proé-
minentes et moiiis circonscrites; il occupe de préférence la
tête, la partie antérieure de la poitrine, Tanus, les mains,
PSORIASIS ARTHRITIQUE. 159
les pieds et les organes génitaux; les parties affectées sont
le siège de picotements et d'élancements. Tels sont les ca-
ractères objectifs, à l'aide desquels on distinguera entre eux
le psoriasis arthritique et le psoriasis dartreux. On trouvera
encore des moyens de diagnostic dans les antécédents du
malade.
Lorsque nous nions l'existence du psoriasis syphilitique,
nous nous éloignons beaucoup de l'opinion des auteurs qui
vont jusqu'à le considérer comme un signe certain de syphi-
lis, s'il est limité aux mains et q,ux pieds (i).
Pour nous, les psoriasis palmaria et planlaria sont toujours
I de nature arthritique. Comment concilier cette opinion et
celle des auteurs? Ceux-ci n'ont pas établi la distinction entre
, la lésion primitive et la lésion secondaire. De cette manière
Iils ont décrit, comme étant des psoriasis, la syphilide tuber-
culeuse circonscrite, la roséole et les plaques muqueuses des
mains : ces affections sont caractérisées par une exfoliation
épidermique secondaire dont il est facile de constater l'ana-
logie avec les squames du psoriasis. Au point de vue pratique,
il est important de distinguer le psoriasis proprement dit du
psoriasis syphilitique, qui n'est qu'une phase de l'évolution
.de quelques syphilides.
* Les affections syphilitiques, qui présentent une exfoliation
^épidermique susceptible d'être confondue avec la desquama-
tion du psoriasis, sont : la roséole, les plaques muqueuses de
la peau et la syphilide tuberculeuse circonscrite.
i Si la roséole s'accompagne aux mains et aux pieds d'une
desquamation qu'on pourrait prendre pour un psoriasis, le dia-
^gnostic ne saurait être incertain longtemps, quand on vient à
(I) Voir Hardy, Leçons sur les maladies de la peau.
160 ARllllUllDES S(,>UAMi:USES.
e.vainiiicr les aiilros réi>ions du corps, l'allé ne siège jamais
exeliisivoinent aux pieds et aux mains; elle se monlre avec
ses caractères propres sur le tronc et les membres.
Les plaques muqueuses et le psoriasis des mains ont des
symptômes objectifs qui ont assurément la plus grande res-
semblance. De part et d'autre, on trouve une squame blan-
châtre, jaunâtre, entourée d'un liséré rouge ou de cou-
leur ocrée. Mais les plaques muqueuses ne se développent
pas uniquement à la plante des pieds et à la paume des mains ;
vous en trouverez avec des caractères mieux accusés à l'anus,
aux parties génitales, sur le front, etc.
Lasyphilide tuberculeuse, pouvant se limiter aux mains ou
aux pieds, est plus difficile à distinguer du psoriasis : dans
ces deux affections, on rencontre des squames épaisses et
adhérentes. Cependant il est un caractère important qui ap-
partient à la syphilide tuberculeuse : les squames reposent sur
un groupe de tubercules faciles à apercevoir. Les antécédents
du malade fourniront aussi des renseignements précieux.
Si vous avez établi qu'une affection psoriasique des mains
et des pieds n'est point le résultat d'une phase de l'évolu-
tion d'une syphilide, il vous sera possible d'en connaître la na-
ture et le traitement : dans ce cas, le psoriasis est toujours
de nature arthritique. Aussi, en suivant cette voie, sommes-
nous parvenu à guérir plusieurs malades atteints de psoriasis
palmaire et plantaire, qui avaient été traités sans succès par
la médication antisyphilitique.
Pronostic. — Le psoriasis arthritique est une afTection qui
est rendue sérieuse par sa longue durée et par sa facilité à
récidiver. Il siège habituellement sur les parties découvertes,
aux organes génitaux, surtout, aux mains; aussi, produit-il
des inconvénients beaucoup plus grands que le psoriasis dar-
AlvnlUITlDES nOUTO.WKUSES. 161
li-cux, afleclivon qui peut rester bénigne pcn.lant de longues
années et quelquefois pendant toute l'existence du malade.
Traitement. — Contre le psoriasis artliriti(|ue nous em-
ployons le plus habituellement les sudorifiqucs, les prépara-
lions alcalines, antimoniales et de colchique. A l'extérieur
nous recommandons l'huile de cade, les pommades avec la
glycérine et le protochlorure de mercure, avec le blanc de ha-
leine et le sulfate de fer. Nous prescrivons aussi des douches
I alcalines, de vapeur et des bains de même nature.
CHAPITHE III.
DES ARTHRITIDES BOUTONNEUSES.
Les arthritides boutonneuses renferment trois genres qui'
sont : 1» le prurigo, 2" le lichen, 3° l'acné. Ces genres pré-
sentent plusieurs variétés dont l'étude se rattache à l'histoire
) de chaque affection en .particulier.
§ I. — Prurigo arthritique. ^^^^
Le prurigo est une affection caractérisée PWjes papules
, isolées, non groupées comme celles du lichen, sans change-
! ment de couleur à la peau, accompagnées de démangeaisons
i très vives et portant habituellement à leur sommet de petites
croûtes noirâtres formées par une gouttelette de sang dessé-
ché-, ces croûtes résultent de l'excoriation des papules sous
finfluence du grattage exercé par le malade. Il existe un
grand nombre d'espèces de prurigo ; nous reconnaissons un
prurigo: !• scrofuleux, 2" parasitaire, 3" darlreux, à" ar-
llu'ilique.
11
162 ARTHRITIDES BOUTONNEUSES.
Dans nos leçons sur lu scroriilc, nous avons parlé du pru-
rigo scroi'uleux (pii est caractérisé par des papules volumi-
neuses et par l'absence presque coinpièle de dénfiangeaisons.
Le prurigo parasitaire s'observe [)rincipaleiiient dans la
vieillesse. 11 est produit par des parasites végétaux (Iriclio- -
pliyton, microsporon), et plus souvent [)ar des parasites ani-
maux (acarus scabiei, poux du pubis, poux de corps, de
lôte, etc.). lia été décrit parmi les affections cutanées para-
sitaires.
Le prurigo dartreux présente des papules petites et dissé-
minées sur la surface de la peau ; il s'accompagne de dé-
mangeaisons très intenses, quelquefois intolérables, qui con-
stituent le symptôme prédominant.
Cette espèce sera traitée plus lard avec détail, lorsque nous
étudierons les affections dartreuses.
Pour le moment, nous nous bornerons à quelques consi-
dérations sur le prurigo arthritique.
Le prurigo arthritique occupe de préférence la face anté-
rieure de la poitrine, les faces latérales du cou, les environs
de l'anus, la face interne des cuisses et les organes génitaux.
Il est caractérisé par des papules discrètes qui ont le volume
de celles qu'on trouve dans le prurigo dartreux ; mais tandis
que ce dernier s'accompagne d'un prurit franc et très in-
tense, le prurigo arthritique présente des picotements ou des
élancements plutôt qu'une démangeaison véritable. Cette af-
fection paraît influencée dans sa marche et son évolution par
les saisons et par la température : le froid détermine quelque-
fois une aggravation et peut occasionner des récidives.
Il est rare que le prurigo arthritique ne soit pas accompa-
gné ou précédé de diflèrentes arthritides telles que l'eczéma,
le lichen, le psoriasis, etc.; eniin, nous ajouterons qu'il se
LICHEN ARTHRITIQUE. ItiS
reiicoiilre chez les sujets qui oiïietil les symptômes généraux
et la constitution de l'arthrilis.
Le prurigo arthritique est ordinairement une aflection d'une
longue durée, et il est sujet à récidiver. Mais sous ces deux
rapports, son pronostic n'est pas aussi grave que celui du
prurigo dartreux dont les deux symptômes prédominants sont
la persistance et la facilité à se reproduire.
Il sera toujours facile d'arriver au diagnostic du genre
qui est caractérisé par des papules couvertes de croûtes san-
guines et par des picotements ou par des démangeaisons. S'il
s'agit de reconnaître la nature de l'affection, la question pré-
sente de plus grandes ditîicultés. Cependant, on parviendra à
déterminer l'origine du prurigo arthritique, en considérant
ses rapports avec les affections antérieures ou concomitantes,
et en tenant compté de quelques symptômes qui lui sont pro-
pres ; ces derniers sont : l'existence de picotements ou d'élan-
cements et le siège de l'éruption dans des régions spé-
ciales. D'un autre côté, on rencontrera presque toujours,
comme nous l'avons dit, soit des arthritides, soit des phé-
nomènes généraux de l'arthritis.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur le prurigo ar-
thritique ; nous en donnerons le traitement après l'histoire
des autres arthritides boutonneuses,
§ II. — Iiichen arthritique.
Le lichen est une affection caractérisée par l'existence de
petites papules, groupées, quelquefois rouges, présentant
d'autres fois la couleur normale des téguments, accompa-
gnées de prurit ou de picotements, et plus tard par un épais-
sissement et une rudesse particulière de lu peau.
I
AUTiiumni-s nouioNNEiiSEs.
Les autours ont décrit un grand nombre de variétés de
liclien, dont la plupart sont, pour nous, des aircctions diiïé-
rentes par leur nature.
Dans lesaflections scrofuleuses, j'ai placé la xanélîi lichen
agrius de M. Devergie.
Dans mes leçons sur les affections cutanées parasitaires,
j'ai donné les caractères d'un lichen circonscrit qui appar-
tient à la classe des pliyto-dermides et qui se montre sou-
vent sur le dos des mains, des poignets, assez fréquemment
sur les parties latérales du cou et sur la face (page 155, Leçons
sur les affections cutanées parasitaires).
Sous le nom de syphilide papuleuse, j'ai décrit le lichen
syphilitique, la seule variété de lichen dont les auteurs aient
indiqué la nature.
Plus tard, nous ferons l'histoire du lichen dartreux; ici,
nous allons nous occuper du hchen arthritique.
Le lichen arthritique comprend trois variétés : 1° lichen
circonscrit, 2° lichen pi la?is, 3° lichen lividns.
a. Lichen circonscrit. — Le lichen circonscrit se développe
dans quelques régions spéciales qui sont: le dos des avant-
bras et des mains, le côté externe des membres, le front et les
parties génitales. 11 est caractérisé par des papules nom-
breuses et groupées, se touchant par leur base, formant des
plaques arrondies qui présentent un diamètre de 3, h et
5 centimètres. Ces plaques ont des bords bien arrêtés et
offrent une coloration rouge, quelquefois violacée; elles sont
plus ou moins nombreuses : on en peut trouver deux , trois,
quatre ou un plus grand nombre sur une même région. Elles
sont accompagnées de picotements ou d'élancements plutôt
que de démangeaisons. Bientôt, les pa|)ules se recouvrent à
leur sommet de petites squames très adhérentes; après une
LICniiN ARTHRITIQUE. iC5
certaine durée elles disparaissent complètement, et l'on ne
trouve plus qu'un épaississement marqué de la peau avec des
squames; la coloration est moins intense et finit par s'éteindre.
Dans cet état, les plaques de lichen circonscrit ressemblent
beaucoup à l'eczéma sec de nature arthritique, que nous al-
lons bientôt décrire.
Marche, durée, terminaison. — Le lichen circonscrit est
une affection très tenace etsujetleà récidiver; cependant, il est
destiné à disparaître dans un temps plus ou moins éloigné,
suivant l'évolution de la dialhèse arthritique dont il est une
manifestation. Nous verrons, au contraire, que le lichen dar-
treux persiste et quelquefois se généralise à mesure que la
maladie constitutionnelle parcourt ses périodes.
Diagnostic. — Il est en général facile de reconnaître le
lichen circonscrit. On ne saurait le confondre avec l'eczéma,
dont il est différencié par l'existence des papules au début,
par l'absence de sécrétion et l'épaississement de la peau.
Les papules du lichen sont remplacées par des squames qui
présenlentquelque ressemblance avec cellesqui appartiennent
au psoriasis; mais les caractères des squames, très différents
dans les deux affections, suffiront à établir le diagnostic.
Le diagnostic du genre ne présente pas de grandes diffi-
cultés, comme on le voit; mais celui de l'espèce offre sou-
vent des obstacles iJus considérables. M. Devergie s'est
appliqué à montrer les caractères qui distinguent le lichen
simple; il a fait remarquer que cette affection a son siège
de prédilection sur la partie interne des membres ou sur les
régions flexueuses, tandis que le lichen en plaques se déve-
loppe de préférence sur la face externe des membres. L'ob-
servateur s'est borné à constater les faits précédents dont il
n'a tiré aucune conclusion. Il admet aussi la contagion du
'Ififi ARTHRITIDKS KOLTONNEUSHS.
lichen, (jui se montre nlors sous forme de plaques. Or, il est
évident pour nous (jue eet auteur a confondu dans cette cir-
constance le lichen circonscrit arthritique avec le lichen cir-
conscrit parasitaire, puisque ce dernier est le seul qui soit
contagieux.
M. Hardy place le lichen circonscrit parmi les affections
darlreuses.
Les caractères objectifs et la marche du lichen circonscrit,
ses rapports fréquents avec des affections arthritiques nous
ont démontré qu'il était symptomatique de l'ai thritis. Com-
ment le distinguerons-nous du lichen dartreux , scrofuleux,
syphilitique et parasitaire?
Le lichen dartreux est caractérisé par des papules peu vo-
lumineuses, qui forment des groupes disséminés sur les diffé-
rentes régions du corps, et qui existent principalement à la
partie interne des membres. Il s'accompagne de démangeai-
sons excessivement vives et persistant quelquefois en l'ab-
sence de toute éruption ; il coïncide fréquemment avec des
migraines, des gastralgies ou d'autres névralgies herpé-
tiques. Le lichen circonscrit se montre sous la forme de pla-
ques arrondies qui occuperil le dos des mains, des pieds,
des avant-bras et en général la partie externe des membres.
Il ne détermine pas un prurit franc, mais des élancements,
des picotements ou de la cuisson; enfin, il coexiste souven
avec des migraines, des gastralgies ou d'autres névroses d
nature arthritique.
Il sera facile de distinguer le lichen arthritique du liche
scrofuleux. Celui-ci est formé par de grosses papules dont I
plupart se recouvrent à leur sommet de vésicules et de pus-
tules : il se développe en général sur de larges surfaces; s'il
est circonscrit, il se montre aux plis du jarret et du coude;
LICHEN AUTHRITIQUE. 167
il est accompagné de démangeaisons presque nulles, el il
existe principalement chez les enfants de douze à quinze ans.
A ces caractères on peut opposer ceux du lichen arthritique :
plaques circonscrites, sèches, couvertes de petites papules
qui occupent des surfaces limitées sur le dos des mains et des
avant-bras, sur le front, etc., démangeaisons ou picotements
et élancements, développement de cette affect^ion chez les
adultes.
La coloration cuivrée de l'éruption, l'absence de prurit, la
présence du chancre, de plaques muqueuses ou de végétations
établiront la nature du lichen syphilitique et l'enqiôcheront
d'être confondu avec le lichen arthritique.
I Le diagnostic différentiel du lichen parasitaire et du lichen
arthritique présente parfois de grandes difllcultés. Si l'affec-
tion existe sur des parties velues, l'examen des poils nous
fournira des renseignements précieux : en effet, nous savons
que dans le lichen parasitaire, les poils sont altérés dans leur
Istructure, cassés et revêtus d'une gaîne blanche particulière.
La présence d'anneaux herpétiques ou de débris de cer»
oies d'herpès sur le visage, le cou, le dos des mains et sur
îd'autres régions, nous mettra encoresur la voiedu diagnostic.
Enfin, nous mettrons à profit les données fouiuies par la
marche et le début de l'affection.
\ Pronostic. — Le lichen circonscrit est difficile à guérir; il
est aussi très sujet à récidiver : à ces deux points de vue, il
présente donc quelque gravité. Toutefois, cette affection doit
disparaître un jour, si ladiathèse arthritique fait des progrès;
elle peut^Micore cesser d'exister, si Ja maladie constitution-
nelle présente un temps d'ariôt.
Nous renvoyons l'étude des causes et du traitement après
la description do toutes les arthritides boutonneuses.
I
168 ARTHIUTIDES ROLTONNEUSES.
I). lAcJten pilaris {nitis anserina). — \m liclicii [)ilaris est
cai aclérisé par des pa[)uk'S traversées par un poil cl plus vo-
luMiineuses que celles du lichen simple.
Siège. -^W se moulre dans la barbe, sur la partie anté-
rieure de la poitrine et sur la face externe des membres qui'
supporte des poils-, il s'observe ordinairement aux jambes.
AI. Hardy n'admet pas le lichen pilaris; il pense que cette
alVection n'est qu'une variété de pityriasis, qu'il décrit sous le
nom de pityriasis pilaris.
D'après les (liiïérences qu'on peut trouver dans la lésion élé-
mentaire, j'établis deux variétés de lichen pilaris : 1° Lichen
par Iiypertrophie pajnllaire, 2° lichen par allération fonc-
tionnelle de la papille.
1° Dans la première variété, on ►rencontre de grosses pa-
pules traversées par un poil, constituées par l'hypertro-
phie du follicule pileux et de la papille pilifère. La peau
présente alors un aspect rugueux qui ressemble à cet
état qu'on désigne communément sous le nom de chair
de poule; c'est de là que vient aussi la dénomination de
cutis anserina.
Les démangeaisons sont peu vives et sont habituellement
remplacées par des picotements; on n'observe la chute des
poils qu'après une longue durée de l'affection.
2° Dans la seconde variété de lichen pilaris, la j)apille pili-
fère présente une grave altération fonctionnelle. Elle ne
donne plus naissance au poil; elle sécrète une matière
glulineuse qui, examinée au microscope, se montre com-
posée de cellules épidermiqucs molles, polyédriques et pour-
vues d'un noyau très visible. Cotte variété de lichen pilaris se
rapproche un peu du pityriasis capilis caractérisé par une hy-
persécrétion épidermiquc qui se l'ait aux dépens des parois du
LICHEN ARTHRITIQUE. lOJ
follicule pileux. Mais, dans la première affection, on Irouve
une sécrétion d'épiderme muqueux qui a lieu dans la pa-
pille elle-même; dans la seconde, on observe de véritables
cellules épidermiques aplaties, déformées et disposées sous '
la forme de lamelles ou furfures.
I.e licncn pilaris par altération fonctionnelle de la papille
offre des symptômes qui lui sont propres. 11 est caractérisé
par des papules petites, déprimées à leur centre, d'une
couleur jaunâtre ou brunâtre et disposées en plaques.
Ces plaques ont un aspect singulier : elles ressemblent à
une croûte de pain légèrement brûlée et superficiellement
râpée.
Les éléments du poil cessent d'être sécrétés de bonne
heure; aussi les papules ne sont point traversées par un poil
comme celles du lichen par hypertrophie papillaire.
Diagnostic. — On ne saurait confondre le lichen pilaris
avec le pityriasis capilis. Ce dernier est une affection squa-
meuse; le premier est une affection papuleuse, et il présente
des croûtes jaunes ou brunâtres qui donnent à l'éruption une
physionomie particulière. Il faudra surtout chercher à éta-
blir ulie distinction entre le lichen pilaris et l'acné pilaris
que nous allons bientôt étudier.
Pronostic. — Le lichen pilaris présente un pronostic qui
est rendu sérieux par la ténacité, la longue durée et la réci-
dive de l'éruption.
c. Lichen lividus. — Depuis longtemps, j'ai fait connaître
une variété de lichen que j'ai nommée licheîi à papules dé-
primées ; celte affection n'est pas décrite dans les auteurs.
Elle est caractérisée par des papules plus volumineuses que
colles des autres variétés de lichen, aplaties et se réunissant
par groupes de deux, trois, quatre ou en plus grand nombre,
ARTHRITIDES BOUTONNLUSKS.
pour former des plaques ; les ciéinangeaisons sont nulles ou f
peu marquées.
Dans quelques circonstances, l'éruption revêt une teinte
violacée 5 les papules sont mélangées de taches hémorrhagi-
ques et entourées d'une coloration livide : c'est à celte variété .
que les auteurs ont imposé le nom de lichen lividus. Celui-ci
n'est donc que le lichen à papules déprimées avec la ten-
dance spéciale aux hémorrhagies qu'on rencontre souvent
dans les affections arthritiques.
Siège. — Le lichen à papules déprimées se développe de j
préférence sur le front, le menton, le nez, les oreilles et les |
membres ; toutefois, je l'ai souvent observé sur le tronc.
Nature. — Lorsque je connus pour la première fois le ■
lichen à papules déprimées, je crus que cette affection était [
d'origine syphilitique. Plus tard, je constatai que le hchen li- i
vidus est toujours symplomatique de l'arthritis.
S III. — Acné arthritique.
On désigne sous le nom d'acné toutes les affections des
glandes sébacées, à l'exception des tumeurs connues sous le
nom de loupes, qui sont dues à l'obliléralion des orifices ex-
térieurs de ces glandes et à la dilatation de leurs conduits.
L'acné présente deux modes palhogéniques : le mode hy-
pertrophique et le mode inflammatoire.
Les variétés d'acné qui offrent le mode hyperlrophique,
sont l'acné varioliforme et l'acné végétante. Les variétés qui
affectent le mode inflanuiiatoire, sont l'acné miliaire, pustu-
leuse, indurata, etc.
Alibert avait reconnu que l'acné indiquait un état consti-
tutionnel; il en avait fait un genre de ses dermatoses dar-
ACNÉ ARTHRITIQUE. 17!
(relises, sous la dénoniinalion de varus. Il avait même
ajouté au groupe des affections acnéiques la mentagre et
]a couperose. Cet auteur ne s'est pas mépris seulement sur
la nature de l'acné, mais il a commis aussi une erreur sur
le siège de l'affection : la mentagre a son siège dans les folli-
cules pileux et non dans les glandes sébacées -, la couperose
est une affection érythémateuse.
L'acné appartient à trois maladies constitutionnelles : la
scrofule, l'arlhritis et la syphilis. Elle 'peut encore se mon-
trer à titre d'affection artificielle-, elle est produite alors par
la malpropreté ou des lotions irritantes. I/acné est peut-être
de nature parasitaire ; mais elle n'est jamais symptomatique
de la dartre.
Nous venons d'admettre la possibilité que l'acné soit une
affection parasitaire. Nous devons donner des explications
au sujet de cette nouvelle espèce, sur l'existence de laquelle
nous faisons des restrictions.
Grâce au concours et à l'obligeance de M. Lanquetin, nous
avons vu l'acare folliculaire décrit par M. Simon. Depuis
cette époque, nous avons retrouvé et observé plusieurs fois ce
parasite qui n'existerait, s'il faut en croire notre expérience
encore jeune sur ce point de pathologie cutanée, que dans
les follicules sébacés à l'état sain. C'est en vain que nous
avons recherché l'acare folliculaire dans un cas qui se prêtait
merveilleusement à nos investigations. Notre confrère, le
docteur Marliti (de Marseille), nous a adressé un malade qui
présente une hypertrophie énorme de la plupart des glandes
sébacées du tronc et de la face. On voit dans ces régions des
tumeurs folliculaires qui dépassent le volume du poing; on
en peut extraire des masses considérables de matièi-e séba-
cée. Celle-ci a été examinée au microscope par M. Lanquetin
172 AirrmuTiDi'.s nouroNMLLsr.s.
et pr nous ; ni l'un ni l'autre n'avons aperçu l'acare folli-
culaire. Le parasite ne se (lévelop[)erait-il que dans les
glandi's sél.acées à l'état normal ? Dans ce cas, il ne jouerait
pas un rôle considérable dans la production des anéctions pa-
tlio!ogiques de la peau. Toutefois je ne me prononce pas, cU
des recherches nouvelles sont nécessaires pour résoudre
c, tte intéressante question.
Dans mes leçons sur la scrofule, je considérais toutes les
formes de l'acné comme étant, dans la plupart des cas, des
manifestations scrofuleuses. Cette opinion était trop absolue:
l'observation m'a prouvé qu'un certain nombre d'affections
acnéiques devaient être rattachées à l'arthritis.
Les variétés d'acné qu'on peut rencontrer dans cette ma-
ladie constitutionnelle sont : 1° l'acné miliaire, 2° l'acné
pilaris, 3° l'acné indurala, li° l'acné rosea.
a. A^mé miliaire. — L'acné miliaire est caractérisée par
des pustules très petites, acuminées, entourées d'une aréole
rouge ou rosée, et constituées par un mélange de matière
sébacée, de lymphe plastique et de sérosité purulente; elles
sont disposées en groupes sur le front, les tempes, le nez et
le menton. Dans quelques cas, l'éruption est étendue cà
toute la suface du corps ; les pustules sont même réunies de
manière à former des arcs de cercle, des ellipses , des
grappes, etc. L'affection se manifeste ordinairement par des
poussées successives; elle occasionne un peu de démangeai-
son ou de légers picotements.
L'acné miliaire ressemble assez bien à l'acné syphili-
tique : je vais rapporter un exemple remarquable d'une erreur
qui avait été commise au sujet de celle affection. Une jeune
fille présenlail un grand nombre de groupes de pustules mi-
liaires figurant des arcs de cercle, des ellipses ou des grappes,
ACNÉ ARTHRITIQUE. 173
disséminés sur le Ironc, la face et les membres. La disposi-
tion des éléments éruplifs et leur généralisation avaient fait
admettre l'existence d'une sypliilide. Cependant, la malade
était jeune et dans des conditions sociales qui devaient la
mettre à l'abri du soupçon : je fis des recherches, et, soit
chez la jeune fdle, soit chez les parents, je ne découvris rien
qui pût indiquer la syphilis. Mais j'appris que la malade avait
eu des douleurs rhumatismales et d'autres affections arthri-
tiques, que ses parents présentaient aussi des symptômes
J'arlhritis; dès lors j'éloignai l'idée de syphilis et je pensai
jue cette acné pourrait bien tenir à la diathèse arthritique.
; Depuis que mon attention a été éveillée sur ce point, j'ai ob-
^ serve plusieurs cas semblables.
Dans le diagnoslic, il faut surtout s'attacher à distinguer
l'acné miliaire arthritique de l'acné miliaire syphilitique. De
part et d'autre, l'affection présente les mômes symptômes dans
; a période de début et dans la période d'état. Ainsi, l'on trou-
vera des pustules traversées par un poil, entourées d'une au-
éole d'un rouge vif et le même assemblage des éléments
èruptifs.La teinte cuivrée, qu'on rencontre si souvent dans les
'ruptipns syphilitiques, n'existe pas dans la syphilide qui esten
) ]uestion. Pendant les deux premières périodes de l'affection
acnéique,le diagnosticne s'appuieraquesurles antécédents du
malade ; plus tard, on trouvera des caractères objectifs diffé-
rents dans l'acné syphilitique et l'acné arthritique. La pre-
mière offre des cicatrices arrondies, déprimées, avec la teinte
■^cuivrée qui caractérise les affections cutanées de la syphilis
L't qui disparait lentement du centre vers les bords de la ci-
catrice. La seconde, c'est-à-dire l'acné arthritique, laisse des
^cicatrices plissées et non cuivrées comme les précédentes.
*l^es caractères distinctifs ne sont pas, comme on pourrait le
i7i!» AUTHHITIUKS BOUTONNIiUSIiS.
croire, do la séméiologie réirospeclivc. En olï'cl, l'acné nii-
liaire a lien sonvenl par ponssées successives; il sufïil d'a-
voir constaté une fois le signe dillerenliel dont il s'agit, pour
que le diagnostic soit délHiilivement établi.
Il sera facile de distinguer Tacné miliaire arthritique de
l'acné miliaire scrofuleuse. Cette dernière se montre sur le
visage, sur les épaules ; elle est associée à l'acné punclala et
indurata; enfin, elle ne présente pas la généralisation que
nous avons signalée dans l'acné miliaire arthritique et syphi-
litique.
b. Acné jnlaris. — L'acné pilaris est une adéction assez
fréquente et prise très souvent pour une syphilide.
L'acné pilaris se caractérise par des éléments papuleux,
pustuleux au sommet. La pustule est d'abord ombiliquée
et traversée au centre par un poil ; elle se dessèclie promp-
tementet se convertit en une croûte jaunâtre qui repose sur
une saillie arrondie, rouge et indurée. Lorsque l'affection a
duré un certain temps, les poils tombent; on ne constate
plus que des papules recouvertes de croûtes légèrement dé-
primées. Elle laisse habituellement des cicatrices blanches et
indélébiles.
L'éruption se montre sous la forme de plaques multiples,
plus ou moins circulaires. Ordinairement ces plaques se juxta-
posent et représentent des ligures variées : souvent elles
sont disposées en un demi-cercle qui part d'une tempe pour
se rendre à l'autre; là, les plaques vont se continuer avec
celles qui occupent les favoris et la barbe, de manière à en-
cadrer la plus grande partie du visage.
Il n'est pas rare de rencontrer à la nuque ou dans le cuir
chevelu cette éruption avec la disposition précédente. Enfin
les lèvres supérieure el inférieure, les joues, peuvent aussi
ACNÉ ARTHRITIQUE. 175
présenter des plaques d'acné pilaris diversement configu-
rées.
Dans l'acné pilaris, la lésion consiste dans l'inflammation
des glandes sébacées qui sont annexées au follicule pileux ;
elle nous explique parfaitement l'aspect de la papulo-pustule
qui est formée par un tubercule rouge, sur lequel existe une
pustule ombiliquée et traversée au centre par un poil. L'om-
bilicalion répond à l'ouverture du follicule pileux qui a con-
servé son volume normal, et la papulo-pustule est constituée
par les glandes annexes hypertrophiées et enflammées. Si
l'inflammation se propage au follicule pileux et à la papille
[)ililere, on observe la chule des poils. La lésion qu'on trouve
dans l'acné pilaris diffère donc de celle du lichen pilaris;
dans cette dernière alTection, elle porte dès le début sur le
follicule lui-môme.
L'acné pilaris s accompagne de quelques picotements ou
[le démangeaisons peu marquées ; elle constitue une difformité
)lulôt qu'une maladie. Elle a une longue durée et présente
le fréquenlos récidives.
Diagnostic. — La description précédente nous permet de
i-econnaître l'acné pilaris dans la majoritédes cas; mais cette
iffection a quelque ressemblance avec le lichen pilaris, la
Tientagre et la syphilide pustulo crustacée circonscrite.
Dans le lichen pilaris par hypertrophie papillaire, il existe
me papule acuminée, formée par l'augmentation du follicule
)ileux, et bien différente de la papulo-pustule ombiliquée de
l'acné pilaris.
Dans le lichen pilaris par altération fonctionnelle de la
lapiHe, on trouve une matière muqueuse qui se concrète
lans le follicule pileux et se montre au dehors sous la forme
e plaques jaunâtres ou brunâtres. Il ne faut pas confondre
17rt AKIIir,llll)i:.S HOLTONNEUSI.S.
ces plaques rugueuses et iué^j^ales avec celles qui ^'observunl
tiaus racué pilaris.
Dans la rnenlagre pustuleuse, c'est le follicule pileux qui
est enflammé; il en résulte une pustule acuminée et n(jn dé-
primée au centre. Au contraire, la pustule d'acné piésenti;
une ombilication, comme nous l'avons remarqué.
Beaucoup d'auteurs prennent l'acné pilaris pour la sy[)lii-
lide pustulo-crustacée circonscrite, qui débute par do petites
pustules acnéiques développées souvent sur la face et le
cuir chevelu. Cependant, on reconnaîtra cette affection aux
symptômes suivants qui manquent dans l'acné pilaris : les
pustules n'ont qu'une durée éphémère, se transforment
rapidement en croûtes entourées d'une auréole cuivrée; la
chute de ces croûtes laisse des cicatrices qui présentent une
teinte cuivrée plus prononcée qu'au début de l'éruption, qui
sont lisses et bien diflérentes des cicatrices de l'acné [)ilaris
analogues à celles de la variole.
c. Acné indurata. — Dans la plupart des cas, l'acné in-
durata est de nature scrofuleuse; elle peut être aussi une
affection arthritique.
Elle est caractérisée par des pustules volumineuses, dures,
rouges à la base, purulentes au sommet, isolées, quelque-
fois confluentes; un certain nombre d'entre elles se réunis-
sent alors et forment de petits groupes tuberculeux. Ces pa-
pules sont le résultat d'un travail inflammatoire qui s'empare
d'abord de la glande sébacée, et se propage consécutivement
au tissu cellulaire ambiant : la suppuration n'arrive que len-
tement et se montre au sommet des petits tubercules rougos
et indurés.
L'acné indurala affecte une marche chromVjuc. Elle se
termine souvent par la destruction et l'élimination de la
m
ACNÉ ARTMRÎTTQtJF.. 177
I glande sébacée. ()uelquefois on fait sortir par la pression, tics
pustules acnéiques, une sorte de bourbillon analogue à celui
du furoncle. Dans tous les cas, il reste après la guérison une
cicalrice oblongue et plissée.
L'acné indurata de nature arthritique se montre sous la
I forme de plaques sur le dos, à la partie postérieure des
! épaules et à la partie interne des cuisses.
i Diagnostic. — Comment distinguera-t-on l'acné indurata
scrofuleuse de l'acné indurata arthritique ?
La première siège aussi souvent à la face que sur le dos,
et souvent sur ces deux régions. Elle s'accompagne le plus
liabituellement de gourmes, d'adénopathies et des autres
variétés d'acné scrofuleuse : acné punctala, pustuleuse,
sébacée, etc.
L'acné indurata arthritique se développe par plaques sur le
dos, sur la partie interne des cuisses, et coïncide fréquem-
ment avec différentes atTeclions arthritiques.
L'acné indurata pourrait être confondue avec une syphi -
lide tuberculeuse. Cependant la couleur, la disposition par-
ticulière des tubercules syphilitiques et la cicatrice carac-
téristique qui leur succède, ne permettront pas de commettre
cette erreur de diagnostic.
d. Acné rosea. — L'acné rosea, que nous avons séparée
de la couperose décrite parmi les arlhritides érylhéma-
teuses, est une affection cutanée qui est caractérisée par
I Je petites éminences papulo-pustuleuses dont la couleur
rarie depuis le rose paie jusqu'au rouge lie de vin ; le som-
Tiet de ces éminences est habituellement purulent et jaunâ-
tre, et tranche sur la couleur rouge de leur base. Les papulo-
pustules sont discrètes, ou tellement nombreuses, qu'elles
;ont pressées les unes à côté dos autres ; dans l'intervalle
\2
I
I
"178 ARTHiuTinr.s bouton n fuses.
qui li's sépare, la peau présente dans la |iltipai l des cas une cou-
leur érylhéinaleuse, et souvent une lougeur qui est due ma-
nifestement à un état pidébectasique des capillaires cutanés.
L'acné rosea siège le plus ordinairement sur le nez, les
joues, le menton, plus rarement sur les régions temporale et
sternale.
Elle a une longue durée, une tendance excessive à réci-
diver, qui en rend la curation très diflScile.
On peut rapprocher de l'acné rosea certains tubercules vé-
gétants que l'on observe parfois sur les joues, à la partie
interne des cuisses ou sur d'autres parties du corps. Ces
végétations doivent être considérées comme un accident de
la couperose ou de l'acné rosea de nature arthritique.
Nous avons vu dernièrement sur un de nos confrères
celte singulière affection : on trouve à la partie interne des
cuisses, sur le périnée et la partie postérieure des bourses,
des tumeurs d'un rouge foncé, violacées. Parmi ces tumeurs,
les unes ressemblent à de gros tubercules muqueux; d'autres
sont arrondies et légèrement pédiculées : on n'observe ni ci-
catrices ni ulcérations. L'affection existe depuis plusieurs
années. Non-seulement ces tubercules ne disparaissent pas,
mais ils augmentent toujours en volume et en nombre. Le
malade ressent de la cuisson, des picotements et des élan-
cements sur les parties affectées ; la marche est considéra-
blement gênée. f
Quelle est la nature de ces tubercules qui ne sont ni mu-
queux, ni syphilitiques, ni cancéreux? D'après le siège, la
couleur, la marche et la nature des douleurs de ces tuber-
cules, et par la considération des antécédents que le malade
nous a offerts et indiqués, je suis porté à rattacher cette
affection à l'arthritis. On avait consulté avant nous plu-
ACNft AirnmîTiQUK. 179
sieurs médecins distingués de Paris, qui tous ont répondu
qu'il ne s'agissait point d'une affection syphilitique ou can-
céreuse: aucun ne s'est expliqué sur la nature de la maladie.
Diagnostic. — L'acné rosea peut être une affection scrofu-
leuse et arthritique. Elle se montre aussi à la suite de l'abus
des liqueurs alcooliques; alors elle existe à titre d'affection
pathogénétique. Comment parviendrons-nous à reconnaître la
nature de ces différentes espèces d'acné rosea? Les carac-
tères objectifs, n'ayant rien de particulier pourchacuned'elles,
ne pourront pas nous rendre de grands services dans le
diagnostic qui a rapport à la nature de l'affection. Mais on
devra s'appuyer sur les antécédents, les affections concomi-
tantes, la constitution et Tétat de santé du malade. Nous
avons déjà parlé de la distinction à établir entre la couperose
et l'acné rosea, qui sont deux affections différentes et se
compliquent fréquemment.
Étiologie. — Les arthritides boutoimeuses s'observent à
tous les âges^ mais elles sont plus fréquentes dans la jeu-
nesse et l'âge adulte.
L'influence héréditaire ne saurait être contestée.
La puberté, l'époque critique chez les femmes, exercent
une action évidente sur le développemmet des arthritides ac-
néiques. Les tempéraments bilieux et sanguin prédisposent
à ces affections plus que les tempéraments lymphatiques et
nerveux.
La malpropreté, l'abus des cosmétiques et des vinaigres de
toilette, l'usage du café et des boissons alcooliques, sont
autant de causes qui prédisposent aux arthritides bouton-
neuses. Il faut encore mentionner l'exposition à l'air trop
fréquemment répétée ou trop prolongée. Mais, toutes ces
causes n'amèneraient aucun résultat sans la prédisposition
180 ARTURITIDKS ROUTONNECSKS.
arlln itique, qui a évidcmmeiit la plus large pari dans la' pro-
duction de la maladie.
Traitement. — S'il existe une influence de cause externe,
il faut la rechercher et la comhattre iinniédiatement.
Les préparations alcalines données à l'intérieur et à l'ex-
térieur, occupent la première place dans le traitement des
arlhritides boutonneuses, aussi bien que dans celui des autres
ordres d'affections arthritiques. Mais dans la thérapeutique de
ces affections, et en particulier de l'acné, on doit insister sur
le traitement local beaucoup plus qu'on ne le fait pour les
autres groupes d'arlhrilides.
Pour combattre avec avantage l'acné pilaris, on adminis-
trera des bains alcalins, des bains et douches de vapeur, des
douches d'eau sulfureuse.
Contre le lichen à papules déprimées, j'ai mis en usage
avec un grand succès les bains sulfureux et les douches sul-
fureuses.
Dans le traitement du prurigo, j'ai eu recours aux lo-
tions faites avec un solutum de glycérine, quelquefois de
sublimé ou (le nitrate de mercure à faible dose : pour
250 grammes de véhicule, on ajoute 0,10 centigrammes de
nitrate de mercure ou de sublimé.
Contre l'acné arthritique, outre les douches de vapeur et
cVeau sulfureuse, je prescris souvent des applications d'huile
de cade, dont j'ai retiré un grand profit.
Le lichen pilaris réclame le traitement du pityriasis arthri-
tique; nous l'avons suffisamment indiqué (voy. Pityriasis
arthritique).
Les cautérisations avec la teinture d'iode m'ont paru iiio-
difier avantageusement le lichen par altération fonclionnoUe
de la papille.
m
ARTHIUTIDES HUMIDES. 181
Enfin, j'ai employé avec quelque succès, contre l'acné
rosea accompagnée de tubercules végétants, le chlorate de
potasse qui m'avait été utile à diverses reprises dans le trai-
tement des ulcères variqueux.
Il ne faut pas oublier de continuer pendant tout le traite-
ment l'administration des alcalins à l'intérieur ; on ordon-
nera soit le sirop alcalin, soit le bicarbonate de potasse, soit
l'eau de Vichy, etc.
Nous avons terminé la description des arthritides sèches.
Les unes nous ont présenté des caractères objectifs qui leur
sont propres et qui nous permettent d'arriver facilement à
la connaissance de leur nature : tels sont le pityriasis, l'acné
et le lichen pilaris d'origine arthritique. D'autres n'oflVent
pas, comme les précédentes, des symptômes caractéristiques:
leur nature nous a été révélée par leurs rapports avec d'au-
tres affections arthritiques qui sont plus nettement accusées.
En effet, il est très fréquent d'observer sur le même malade
plusieurs arthritides : chacune d'elles contribue pour sa part
à fixer le diagnostic, lorsqu'il est douteux.
Nous avons donné des aperçus nouveaux sur plusieurs
affections : le lichen pilaris, l'acné pilaris, le pityriasis ar-
thritique. Elles ont été le sujet de considérations impor-
tantes au point de vue pratique.
TROISIÈME SECTION.
DES ARTHRITIDES HUMIDES.
Les deux sections d'affections que nous venons d'étudier
se font remarquer par la sécheresse des produits morbides.
Les arthritides humides diffèrent des précédentes par un ca-
AHTJIHITIDES VÉSlCO-SQLAMtUSES.
ractère coiislarit, c'osl la produclion d'un liquide purulent
ou séro-purulent cà une opoquo de leur exislonce. D'après les
lésions élénieiitaires, elles peuvent ôire placées dans trois
chapitres : i° arthritides vésico-squameuses, 2" arlhritide
bullo-1 amelleuse, 3° arthritides puro-crustacées.
Nous trouvons dans le premier ciiapitre l'eczéma et l'hy-
droa, dans le second le pompholyx, dans le troisième la men-
tagre, l'eclhyma et le furoncle.
CHAPITRE PREMIER.
ARTHRITIDES VÉSICO-SQUAMEUSKS.
§ I. — ' De l'ecxéma arthritique.
L'eczéma (Èxî^tw, bouillonner) est caractérisé par le dévelop-
pement d'une éruption de vésicules petites, acuminées, agmi-
nées, remplies d'un liquide séreux ou séro-purulent qui se
résorbe quelquefois, se. rompant ordinairement et donnant
lieu à une sécrétion séreuse qui se transforme en squames
plus ou moins épaisses et plus ou moins humides. L'eczéma
est l'affection culanéela plus commune dans nos pays. D'a-
près les relevés faits par M. Devergie, il compterait pour le
tiers dans le nombre des affections cutanées qu'on observe à
l'hôpital Saint-Louis.
On admet généralement trois degrés dans le développe-
ment de l'eczéma. Dans le premier degré, on observe une
rougeur plus ou moins étendue, sur laquelle ne tardent pns
à se montrer des vésicules. Dans le second degré, les vési-
cules n'existent plus, mais on voit une surface qui présente
ECZÉMA ARTHRITIQUE. 183
(les ulcérations arrondies et un grand nombre de petits points
rouges, au centre desquels se trouve un orifice: de cet orifice
suinte une sérosité qui se rassemble bientôt sous la forme de
petites gouttelettes, qui se concrète en squames ou en
croûtes lamelleuses. Dans le troisième degré, la sécrétion
séreuse est remplacée par un état squameux. Je n'insiste
pas davantage sur ces différents phénomènes que nous trai-
terons plus complètement, lorsque nous étudierons l'eczéma
dartreux. J'ai le projet de décrire ici, d'une manière sj)é-
ciale, l'eczéma arthritique.
Siège. — L'eczéma arthritique occupe de préférence cer-
taines régions, qui sont le front, les lèvres, et surtout la
lèvre supérieure, la nuque, les tempes, le dos des pieds et des
mains, les parties génitales, les mamelles, la face dorsale des
avant-bras et la partie antérieure des jambes.
Quelquefois il existe sur la ligne médiane : au front, au
devant du sternum. Mais il est plus fréquent de le rencontrer
sur un seul côté du corps ; il s'observe alors sur une seule
main, une seule jambe, etc. Nous verrons plus loin que
l'eczéma dartreux est ordinairement symétrique.
Nous devons nous demander quel est le siège anatomique
de l'eczéma : cette question a été résolue d'une manière dif-
férente pai- les auteurs. M. Hardy place le siège de l'eczéma
dans la couche profonde du corps muqueux chargée de sécréter
l'épiderme. Il combat l'opinion de M. Cazenave, qui regarde
l'eczéma comme une inflammation des glandes sudoripares;
il s'appuie sur cette considération, à savoir, que la sécrétion
séreuse de l'eczéma, tachant et empesant le linge, ne res-
semble nullement à la sueur, et que l'état squameux de La
peau ne saurait être expliqué dans l'hypothèse de M. Caze-
nave. Malheureusement, l'hypothèse de M. Hardy repose sur
AiniiuiTii)i;s vésico-solameuses.
une erreur analomiqiie. On sait que les cellules épidermi-
ques sont formées par rexliaialiori des capillaires qui ram-
pent dans les papilles ; que ces cellules sont disposées en deux
couches : l'une est superficielle et constituée par les cellules
les plus anciennes, que distinguent leuraplalissement et leur
apparence pavimenleuse; l'autre est profonde et composée
de cellules polyédriques, dont l'ensemble forme le corps mu-
queux. On ne saurait donc dire que le corps muqueux sécrète
la couche superficielle de l'épiderme. D'un autre côté, il est
vrai que la sécrétion séreuse de l'eczéma ne présente pas la
composition de la sueur ; elle renferme des globules pyoïdes,
des globules de pus, de la lymphe plastique, c'est-à-dire les
produits ordinaires de l'inflammation. Mais, nous ne voyons
pas là un motif qui nous empêche de considérer le liquide de
Teczéma comme un produit de l'inflammation des glandes
sudoripares ; au contraire, nous serions étonné de voir un
produit morbide ressembler à un produit physiologique.
L'état squameux observé dans le dernier degré de l'ec-
zéma est un des phénomènes qui ont engagé M. Hardy à
croire qu'il existe dans cette afleclion une sécrétion vicieuse
de l'épiderme. M. Hardy a eu tort de considérer les squames
comme étant uniquement composées de cellules épider-
miques; dans ces squames, on trouve des globules de pus et
tous les produits ordinaires de l'inflammation.
Je pense avec M. Cazenave que le siège primitif de l'ec-
zéma est le conduit sudoripare; mais j'ajoute qu'en peu de
temps le liquide sécrété se répand sur la peau et irrite tout
le réseau papillaire, qui participe bientôt à l'inflammation.
Divisions. — L'eczéma peutêire une alTeelion artificielle:
tel est l'eczéma produit par l'application des acides, des tein-
tures, ele.
ECZfiMA AUTIllUTlQUE. 185
Il se rencontre aussi comme affection parasitaire, dans la
gale et les teignes.
Mais tous les auteurs reconnaissent que l'eczéma est dé-
terminé par des causes internes, dans la grande majorité des
cas. Selon nous, il a|)partient à trois maladies constitution-
nelles : la scrofule, l'arthritis et la dartre.
Les willanistes n'ont indiqué la nature que d'une seule ,
espèce, de l'eczéma syphilitique. Or, celui-ci n'existe pas, à
notre avis; ne l'ayant jamais rencontré, nous sommes porté
à croire que ceux qui en ont admis l'existence ont commis J
une erreur de diagnostic.
Nosographie. — L'eczéma arthritique se présente habi-
! tuelicmentsous la forme de disques ou plaques nummulaires,
bien circonscrites; quelquefois ces plaques sont irrégulières
et festonnées sur leurs bords.
En général, cette affection n'occupe que des régions peu
étendues, comme le dos du poignet, le cou-de-pied; cepen-
dant il peut arriver que plusieurs plaques se réunissent et
envahissent de grandes surfaces. De cette manière l'avar^^
bras, la jambe, la totalité d'un membre, sont couverts par
l'éruption ; ces cas sont exceptionnels, nous devons le dire.
! L'eczéma débute par une tache rouge, arrondie, sur laquelle
ne lardent pas à se montrer des groupes de vésicules. Celles-
ci sont bientôt remplacées par des squames ou des croûtes
jaunâtres et lamelleuses. Le suintement n'existe pas d'une
manière bien évidente : la sérosité se transforme sur-le-
i-hamp soit en croûtes, soit en squames. Il en résulte une
^écheresse remarquable de la surface malade.
L'éruption vésiculeuse provoque une démangeaison assez
/ive; mais lorsque la poussée est terminée, le prurit est
emplacé par des élancements ou des picotements.
186 AUTIIRITIDRS VÉSICO-SQUAMEUSES.
Les plaques d'eczéma arUirilique présenleiit une coloralioii
d'un rouge foncé, comme violacée ; elles sont parfois le siège
de vérilables hémorrliagies capillaires. Souvent elles sont
entourées par des dilatations variqueuses des vaisseaux de la
peau, et il n'est pas rare d'observer des varices sur les mem-
bres malades. La transpiration est supprimée sur les parties
afl'ectées.
. Comme caractères de l'eczéma arthritique, je mention-
nerai encore la fixité et Tabsence de symétrie : pendant des
mois et môme des années, une plaque d'eczéma arthritique
persistera sur la même région sans s'étendre ni diminuer.
Nous verrons plus loin que l'eczéma darlreux envahit suc-
cessivement différentes régions. Souvent, dans l'eczéma ar-
thritique, on n'observe une ou plusieurs plaques que sur une
seule main, un seul côté du cou, etc.; quelquefois l'afTection
J occupe la ligne médiane.
Marche^ durée et terminaison. — L'eczéma arthritique
aff'ecte une marche chronique : il peut durer pendant des
mois et des années entières. Il disparaît ordinairement pour
revenir à certaines époques; à chaque récidive, il occupe la
même place, ou d'autres régions également peu étendues. Il
ne se généralise jamais comme l'eczéma dartreux, et il cesse
de se manifester, soit parce qu'il est remplacé par d'autres
aff"ections arthritiques appartenant à une période plus avan-
cée de l'arthritis, sait parce que la maladie constitutionnelle
présente un temps d'arrêt dans son évolution.
Variétés. — L'eczéma arthritique offre des variétés suivant
le siège, la marche et la configuration.
a. Sur le front, les plaques sont souvent constituées par
des éléments papulo-vésiculeux qui donnent un aspect gra-
nulé à la surface malade.
ECZÉMA. ARTHIUTIQUE. 187
I 1). Eczéma des mains et des pieds. — \J eczéma manuale^
qui a été bien décrit par notre collègue M. Hardy, est une
affection arthritique; il se montre à l'état aigu et à l'état
chronique.
Dans la forme chronique, on constate sur les doigts, la face
palmaire et le dos des mains, les caractères habituels de l'ec-
zéma, c'est-à-dire de la rougeur, du suintement, des croûtes
ou des squames; souvent il s'accompagne de gerçures pro-
fondes de la peau. Dans la plupart des cas, il appartient à
l'arthrilis ; mais il peut être produit également par le contact
de substances acres, comme on l'observe fréquemment chez
les épiciers et chez les teinturiers. Dans cette circonstance,
il fait partie des affections artificielles : c'est lui qu'on dé-
^igne vulgairement sous le nom de gale des épiciers.
La forme aiguë présente des symptômes plus particuliers :
sur le dos ou à la paume des mains naissent des vésicules qui
)nt le volume d'un grain de millet. Si l'éruption est con-
lueiite, elle s'accompagne de rougeur et d'un gonflement no-
able. A la paume des mains et à la plante des pieds, l'épais-
eur de l'épidennie empêche les vésicules de se rompre; le
^iquide qu'elles renferment se résorbe et la membrane se
éapplique sur le derme. On voit alors des plaques jaunes
[ui se détachent en laissant à nu un épiderme de nouvelle
ormation, rouge et violacé.
Si les vésicules sont nombreuses, plusieurs se réunissent
larfois, donnent lieu cà des bulles qui ont le volume d'une
.loisette, et peuvent acquérir la grosseur d'une bulle de pem-
Tihigus.
y c. Eczéma herpéti forme . — J'ai observé un assez gratid
ombre do fois un eczéma arthritique qui offre une marche
erpétique. En ce moment, nous avons un bel exemple de
I
AinjinniDKs vAsico-squami-usks.
colle variété d'eczéma qui siège, chez noire malade, au niveau
de la malléole externe gauche.
L'eczéma herpéliforme se présente sous lu l'orme d'un
cercle plus ou moins complet. Les limites du cercle of-
frent un bourrelet rouge, couvert de petites croûtes et de
squames minces et jaunâtres. En dehors, ce bourrelet se
continue insensiblement avec la peau normale; en dedans,
il présente des bords déchiquetés, formés par l'épiderme dé-
collé. Le centre du cercle est sain et n'offre aucune cicatrice.
Dans les régions pourvues d'un épidémie épais, comme
au talon, il se forme une infiltration plastique entre les lames
épidermiques dissociées. En outre, la rougeur est peu vi-
sible, étant cachée par l'épiderme ; elle est remplacée par
une couleur ocrée qui se rapprocbe de la teinte cuivrée syphi-
litique. D'oij il résulte qu'il est facile de prendre celte forme
d'eczéma arthritique pour une syphilide tuberculeuse ou
pustulo-crustacée.
Dansle cas qui est soumis ànotre observation, cette erreur
fut commise par plusieurs médecinsdislingués; cependantelle
fui bientôt reconnue. On remarqua l'absence de tubercules au
niveau du bourrelet; il existait une couleur rouge, ocrée,
différente de la coloration syphilitique ; les squames de l'af-
fection ressemblaient à celles de l'eczéma. Enfin, au cenlre
du cercle, la peau ne présentait aucune cicatrice, ce qui
n'aurait pas eu lieu dans une affection syphihtique.
Alibert avait décrit la variété d'eczéma herpétiforme sous
le nom A' eczéma centrifuge.
Je recommande à votre attention celte forme de l'eczéma,
qu'on pourrait facilement prendre pour une affection syphi-
lilique.
d. Sur les parties latérales ou sur la pulpe des doigis, on
ECZÉMA ARTHRITIQUE. 1S9
I observe une autre variélé d'eczéma caractérisée par l'exis-
! tence de dix, quinze ou vingt cercles rouges. Ces cercles
se recouvrent de petites vésicules qui se rompent; ils sont
■ parfaitement limités par un liséré épidermique blanchâtre, qui
a succédé à la déchirure des vésicules.
]e. Herpès orbiculaire (Alibert). — Aliberl a décrit sous
ce nom une variété d'eczéma qui se montre autour des ori-
fices naturels, tels que l'anus, la bouche, l'ombilic, etc.: elle
appartient à l'arthrilis et présente une ténacité remarquable.
f. Eczéma de la région ano-coccygienne . — L'eczéma
arthritique se rencontre assez souvent à la région coccy-
j gienne, où il est souvent pris pour des plaques de lichen.
m g. On sait combien il est fréquent d'observer l'eczéma va-
1 riqueux sur les jambes; cette variété se rattache à l'arthritis
i dans la grande majorité des cas.
I Étiologie. — L'eczéma attaque indistinctement tous les
4 âges et tous les tempéraments.
L'influence héréditaire se rencontre fréquemment.
ILes variations de température, et surtout les changements
I de saisons, sont des causes prédisposantes : l'eczéma apparaît
ordinairement au printemps et à l'automne.
Les causes occasionnelles sont nombreuses. Nous citerons
les excès de tous genres, l'usage d'une nourriture trop exci-
tante, les veilles et les fatigues, des topiques irritants, la pré-
sence des parasites végétaux ou animaux : toutes ces causes
' peuvent provoquer \q développement de l'eczéma arthritique.
Il n'est pas rare de voir persister longtemps une in-
flammation arthritique des follicules pileux, après la des-
truction du trichophy ton. Dansée cas, le champignon a éveillé
la diathèse arthritique, qui devra être combattue par des
moyens appropriés.
^•'0 ARTMIUTJDKS vflsiCO-SQUAMK USKS.
Diagnostic. ~ Il ost généraUMiicnt farilo d'élablir le dia-
gnostic du genre de l'eczéma -, il suflit de se rappeler ses ca-
ractères essentiels pour éviter de le confondre avec l'éry-
lhème,lc pemphigns et le psoriasis. D'ailleurs, nous traiterons
plus longuement ce pointde diagnostic, quand nous étudierons
l'eczéma dartreux. Ici nous nous contenterons de donner les
signes qui indiquent la nature de l'eczéma arthritique et nous
permettent de le distinguer des autres espèces d'eczéma.
Les symptômes de l'eczéma arthritique nous sont connus:
plaques circonscrites, squameuses, rarement humides, oc-
cupant des lieux d'élection, présentant une couleur d'un
rouge foncé et étant le siège de picotements, de cuisson et
d'élancements.
Nous ne nous occuperons pas de Teczéma syphilitique,
dont l'existence reste à démontrer.
L'eczéma scrofuleux présente dès caractères que vous
connaissez depuis longtemps : il se montre de préférence
à la tête, d'où il peut s'étendre à toutes les parties du
corps; il se manifeste par larges plaques irrégulières, sur
lesquelles la sécrétion est abondante et presque purulente;
enfin , il s'accompagne souvent d'engorgements ganglion-
naires, d'ophthalmies et autres affections scrofuleuses. Si,
à'Ces symptômes, vous opposez ceux de l'eczéma arthritique,
vous arriverez sans peine à établir le diagnostic diflcrentiel
des deux affections.
Vous ne confondrez pas davantage l'eczéma arthritique
avec l'eczéma dartreux. Le premier présente une coloration
violacée et une absence presque complète de sécrétion ; le
second oflVe une coloration rosée et une sécrétion séreuse
très abondante. L'un occupe des parties limitées et se dé-
place dilïicilement ; l'autre se manifeste sur de grandes sur-
I KCZÉMA. ARTHRirÎQUE. 191
faces et se propage à différentes régions. L'eczéma arthri-
tique disparaît toujours au bout d'un temps plus ou moins
long; l'eczéma dartreux se généralise, à moins qu'il n'y ait
un arrêt temporaire ou définitif de la maladie constitution-
nelle. Enfin , celui-ci détermine des démangeaisons très
vives, celui-là des picotements et des élancements.
^ On voit qu'on peut arriver à reconnaître la nature d'un
eczéma d'après le simple examen des caractères objectifs.
Cependant ceux-ci peuvent être dénaturés par des traite-
ments intempestifs, ou être moins prononcés qu'à l'ordinaire.
Dans ces cas, le diagnostic serait plus difficile, mais il serait
i encore possible : on devrait s'appuyer sur l'existence des
J symptômes concomitants qui indiquent l'arthritis, la scrofule
I el la dartre. Les phénomènes généraux des maladies diathé-
si(|ues, que nous avons fait connaître dans nos considérations
! générales, manquent très rarement dans l'eczéma.
Pronostic. — L'eczéma arthritique présente une grande
facilité à récidiver: c'est une affection tenace qui peut durer
des mois et des années ; elle se montre habituellement sur
les parties découvertes, la face, les mains et le cuir chevelu.
Ces trois considérations rendent sérieux le pronostic de l'ec-
zéma arthritique.
^ Cependant nous trouvons dans la marche de Tattection
une sorte de compensation à tous 'ces inconvénients. L'ec-
zéma arthritique ne se généralise pas et disparaît spon-
I tanément, après un temps plus ou moins long, soit que la
maladie constitutionnelle dont il est un symptôme passe
^ à une période plus avancée, soit qu'elle subisse un temps
d'arrêt définitif.
1^ Traitement. — Le traitement consiste dans l'emploi sa-
gement combiné des moyens internes et des topiques.
I
/Virniiu rinr.s vf;si(,o-souAMiiL'Si;s.
Pendant la période aigiiii de l'eczéma, nous admiiiisUons
à l'inlérieur des purgatifs légers et répétés, les amers et les
alcalins à faible dose.
Nous ordonnons à l'extérieur les émoUienls et les résolu-
tifs : cataplasmes de fécule ou de riz, la poudre d'amidon, de
fécule, de tan, etc. Plus tard, nous mettons en usage les
pommades de glycérine, de calomel, de sulfate de fer ou de
carbonate de soude.
Contre Teczéma sec et squameux , on emploiera avec
succès l'huile de cade pure ou mélangée à une partie égale
d'huile d'anriandes douces. A cette époque, on devra encore
recommander les bains alcalins, les douches sulfureuses, les
bains et les douches de vapeur.
§ II. — De l'hydroa arthritique.
Sous le nom ^hijdroa arthritique^ nous désignons une
affection analogue à l'herpès phlycténoïde de Willan, ca-
ractérisée par des vésicules ou de petites bulles qui se mon-
trent par groupes placés à des intervalles plus ou moins
éloignés. Il n'est pas rare de voir cette affection durer pen-
dant cinq ou six mois.
L'hydroa arthritique est l'herpès successif et chronique,
qui n'a pas suffisamment attiré l'attention des auteurs : nous
avons observé un assez grand nombre de ces herpès, qui se
rattachent manifestement à l'arlhritis.
Nous distinguons trois variétés d'hydroa :
1" L'hydroa vésiculeux ;
2° Vhydroa vacciniforme, confondu avec Vaphthe chro-
nique {ophlyctide chronique d'Aliberl) 5
3° Vhydroa bulleux {joeniphigus à petites bulles).
HVDROA ARTHRITIQUE. 198
Première variété. — h'hydroa vésiculeux est une affec-
tion qui a été confondue généralement par les auteurs avec
rérythema papulatum ; nous en avons observé plusieurs cas
dans le courant de cette année, et nous allons en donner les
caractères.
Siège. — L'hydroa vésiculeux se développe sur les tégu-
4 ments cutanés et muqueux. A la peau, il existe ordinaire-
ment sur les parties découvertes; nous l'avons vu à la face
dorsale des mains et des poignets, à la partie antérieure des
genoux. Dans la plupart des cas, la muqueuse^buccale a été
affectée ; l'éruption occupe de préférence la lèvre inférieure
et la face interne des joues. Cependant, sur un de nos ma-
lades, la base de la luette était entourée par un cercle de vé-
sicules. La conjonctive peut être aussi le siège de l'éruption
que nous étudions,
Sijmptômes . — L'affection est quelquefois précédée de
malaise, d'anorexie et d'un léger mouvement fébrile; mais
ces phénomènes prodromiques peuvent manquer, où être si
peu marqués, que l'attention du malade est d'abord attirée
par le développement des vésicules.
L'éruption apparaît en premier lieu sur le dos des mains
et sur les genoux ^ elle ne se montre habituellement sur la
muqueuse buccale que vers le deuxième ou troisième jour.
Toutefois, un de nos malades avait accusé, comme signe pro-
[Iromique, une légère angine produite par une éruption vési-
culeuse de l'isthme du gosier.
Quel que soit le siège de l'éruption, elle présente les ca-
ractères suivants : on aperçoit d'abord des taches d'un rouge
foncé, petites, arrondies, un peu saillantes et à bords nette-
ment limités. Ces taches ont des dimensions qui varient de-
puis la largeur d'une lentille jusqu'à celle d'une pièce de
13
AnrHRlïIDES VÉSICO-SQUAMKUSÉS.
vingt cenliiiics ; ellos sont quehiuelois enLoui oesd'une auréole
rosée; elles préseiUeiil bienlôL à leur centre une petite vé-
sicule remplie d'un licjuide jaunâtre et transparent. Celte vé-
sieule naît le jour qui suit ra{)parition de la tache rouge;
elle se dessèche rapidement au centre qui est occupé par
une petite croûte noirâtre, tandis que le li(juide est ré-
sorbé à la circonférence. Ces phénomènes s'accomplissent
vers le deuxième ou le troisième jour de l'éruption.
A cette époque, l'aflèction prend un aspect particulier : on
voit de petits disques rouges supportant à leur centre une
croûte noirâtre et entourée d'un liséré blanchâtre, légère-
ment saillant. Ce liséré est formé par l'épiderme macéré
(jui, après la résorption partielle du liquide contenu dans la
vésicule, est applitiué imparfaitement sur le derme. Au
bout de quelques jours, la coloration de la petite tache
disparaît, la croûte centrale tombe en laissant une macule
violacée qui s'efface lentement.
Sur un de nos malades, l'affection a suivi une marche dif-
férente : on aperçut d'abord une petite vésicule arrondie d
transparente; autour de la. vésicule se montra une auréole
rouge qui s'étendit peu à peu du centre à la circonférence,
de manière à constituer une petite tache, légèrement sail-
lante, comme celle que nous avons signalée précédemment.
Les phénomènes ultérieurs nous sont connus : le liquide
placé à la circonférence de la vésicule se résorba, tandis
que celui qui en occupait la partie centrale se transforma
en une croûte brunâtre.
Enfin, il peut arriver, surtout dans les temps froids, que le
fluide exhalé dans la vésicule se résorbe proniptement. Il n'y
aura dès lors qu'une petite macule blanchâtre ou jaunâtre,
placée au centre d'un disque rouge et formée par de l'épiderme
HYDHOxV AHTlIfilTJpUK, |95
(.lécollé. C'est clans ce cas que l'aiïection a pu être confondue
avec l'érythema papulalum.
Sur les muqueuses, les vésicules sont blanchâtres et en-
tourées d'une auréole violacée; les croûtes se détachent plus
^ prqmptenient.
(Les disques rouges et vésiculeux sont plus ou moins nonj-
breux. Ils sont séparés habituellement par des parties de peau
saine ; quelquefois ils sont disposés par groupes de deux à
(rois et se touchent par leur circonférence. Ils n'apparaissent
pas tous simultanément, mais par poussées successives" pen-
dant plusieurs jours. Les parties affectées présentent à peine
1^! quelques démangeaisons. Les phénomènes fébriles, C[ui exis-
. lent rarement au début, cessent dès que l'éruption se déve-
loppe.
Chez nos malades, l'affection s'est montrée successive-
ment sur les genoux et le dos des mains, puis sur la mu-
queuse buccale, et en particulier sur la face interne de la
lèvre inférieure. Dans un cas, ainsi que nous l'avons dit,
on voyait une couronne de vésicules à la base de la
luette.
Durée et terminaison. — La durée de l'hydroa vésiculeux
I est de deux à quatre septénaires; chaque élément éruptif
pris en particulier parcourt son évolution en quatre ou cinq
• jours. L'affection ne se prolonge pendant plusieurs se-
maines que par l'existence des poussées vésiculeuses. La ré-
cidive peut avoir lieu; nous l'avons observée à différentes
reprises.
IEtiologie. — L'hydroa se montre dans les deux sexes,
mais plus souvent dans le sexe masculin.
Il se développe chez les adultes, vers l'âge de vingt à trente
ans.
196 ARTHRITIDES VÊSICO-SQUAMKUSKS.
Il csl plus fréquent au printemps et à l'aulomne ; le froid
et les variations de température ont une induence marquée
sur son apparition et sa marche.
Enfin, cette affection s'est toujours manifestée chez des su-
jets qui avaient présenté ou présentaient encore des sym-
ptômes d'arlhrilis.
Diagiiostic. — Il est facile de reconnaître l'hydroa vési-
culeux par les caractères que nous venons de donner. Cepen-
dant celte affection a été confondue et pourrait l'être encore
avec Vérythème papuleux et l'herpès.
Dans l'érythème pa^)uleux, on observe parfois une vési-
cule sur le sommet de quelques-unes des saillies rouges qui
constituent l'éruption. Mais dans cette affection, la vésicule
n'est qu'un symptôme accessoire; elle ne présente pas l'évo-
lution de la vésicule de l'hydroa que nous avons décrite avec
beaucoup de soin.
L'herpès est caractérisé par des vésicules groupées sur une
base enflammée- il est souvent accompagné de symptômes
généraux. Dans l'hydroa, chaque vésicule repose sur une pe-
tite tache violacée et parfaitement distincte 5 les symplômes
généraux font défaut le plus ordinairement.
Nature. — L'hydroa vésiculeux est une affection essentiel-
lement arthritique 5 du moins l'avons-nous toujours ren-
contré chez des sujets arthritiques; il a présenté constam-
ment des rapports évidents avec des manifestations de l'ar-
thrilis.
Pronostic. — Cette affection n'a aucune gravité; elle dis-
paraît spontanément au bout de quatre à cinq semaines. On
sait qu'elle est sujette à récidiver.
Traitement. — On devra se borner à prescrire des b;iiiis
alcalins et à employer des moyens hygiéniques : on ri'coiii-
M
HYDROA ARTHRITIQUE. 197
mandera simplement le repos, un régime doux et des bois-
sons diurétiques.
Deuxième variété. — Vlijdroa vaccini forme n'est pas
connu des auteurs; l'année dernière, j'eus Toccasion d'ob-
server cette singulière éruption. J'envoyai mon malade con-
sulter plusieurs médecins dt's liôpitaux : les uns crurent qu'il
s'agissait d'une affeclion syphilitique d'autres ne se pronon-
cèrent pas sur la nature de cette éruption. L'affection durait
depuis un an et avait été combattue sans succès par les
moyens les plus variés. J'engageai le malade à se rendre
aux eaux de Bourbonne qui l'avaient débarrassé autrefois
d'une artbropathie rhumatismale : l'éruption , rebelle à
tous les traitements jusqu'alors, n'a pas tardé à présenter
de l'amélioration ; elle a fini par disparaître complètement.
En ce moment, il n'y a eu aucune récidive et la santé est
excellente.
Je ne crois pas que cette affection ait été décrite ; cepen-
Jant il est important de la connaître à cause des graves
erreurs qu'elle peut occasionner.
Symptômes. — L'hydroa vacciniforrae apparaît à la suite
l'une promenade au grand air ou après l'exposition à un
5oleil ardent. Il existe un peu de malaise, de l'anorexie;
l 'éruption se montre d'abord sur les surfaces découvertes,
|}uis sur les autres parties du corps. La muqueuse buccale est
lussi envahie par l'affection.
On voit en premier lieu des taches rouges, sur lesquelles
liaissent bientôt des vésicules transparentes qui ressemblent à
i'elles qu'on observe dans l'herpès. Dès le second jour, ces vé-
sicules, qui sont arrondies, présentent une ombilication très
évidente -, en peu de temps il se forme une croûte succcssive-
nent au centre et à la circonférence de la vésicule. Lorsque
AUTHRITlDliS VÉSICO-SQUAMK UStS.
cèlte croûte, se délaclie, elle laisse une eicalrioe déprimée;
chez le malade doul nous parlions plus haut, les cicatrices
nombreuses (|ui codvraiciit la surface du corps auraient [)u
faire croire à l'existence antéi ieure d'une variole.
L'affection ^e prolonge par des poussées successives pen-
dant des mois; dans le cas que nous rapporlons, l'Iiydroa
vacciniforme a duré six mois.
Traitement. — Le traitement alcalin paraît indiqué dans
cette affection. N'oublions pas que les eaux salineî; de
Bourbônne ont procuré une guérison rapide et radicale,
alors que les autres médications avaient complètement
échoué.
Troisième variété. — L'Jujdroa huileux [pemphigus à
petites bulles) est une affection arthritique qui est générale-
ment peu connue. Depuis que notre attention est attirée sur
ce point, nous avons observé trois cas de pemphigus à pètites
huiles.
Siège. — L'affection s'est montrée sur les bras, le tronc
et la partie interne des cuisses ; elle s'est manifestée une
fois sur la muqueuse buccale.
Symptômes. — L'éruption est quelquefois précédée par
du malaise, la perte d'appétit et un léger mouvement fébrile.
Un malade, qui se trouve encore dans les salles, a présenlS
delà fièvre et une angine pour laquelle on a pratiqué une sai-
gnée : c'est autour de la piqûre de lancette que se montrèrerit
les premières bulles d'hydroa. Néanmoins les symptômes
généraux cessent promptement et ils font souvent défaut.
Le seul phénomène prodromique qui soit constant est uii
prurit très intense.
L'éruption se manifeste par des bulles qui présentent
un caractçre]^ important, c'est l'inégalité de leur voluiin' :
HYDROA ARTHRITlQUi:. 199
les unes sont de la grosseur d'une lentille, les plus considé-
rables ne dépassent pas le volume d'un pois. Ces bulles sont
arrondies, disposées d'une manière irrégulière, par groupes
de trois à quatre; elles sont remplies d\in liquide transparent
qui se trouble rapidement et prend une couleur jaunâtre ;
rnfin, elles reposent sur une surface rouge qui s'étend a leur
base sous la forme d'une auréole. Pendant que de nouvelles
. bulles se développent, les anciennes se dessèchent et sont
^ remplacées par une croûte jaunâtre ; si l'une d'elles vient à
(Hre déchirée par le grattage, on troiive une surface violacée
et légèrement excoriée. Dans ('intervalle des poussées on '
\ n'obstrve aucun phénomène morbide, si ce n'est un prurit
î ordinairement très marqué.
^ Le malade conserve l'appétit, et la nutrition n'est point al-
térée.
I Marche^ durée et terminaison. — L'hydroa bulleux pré-
^ sente une marche chronique : il se manifeste par (les pous-
sées successives et a une durée qui est en général de cinq a
six mois.
Complications. — Sur un de nos malades, cette alfeclîori
fut compliquée cje prurigo : on voyait sur le tronc des papules
rouges qui étaient recouvertes le lendemain par des bulles.
Gliez celui qui est dans les salles, l'éruption date de qualre
imois et existe non-seulement sur les bras et la partie in-
I terne des cuisses, mais aussi sur là muqueuse des lèvres e(
■ des joues.
Ètiologie. — Cette affection est plus fréquente cliez
l'homme que chez la femme.
j| Elle se manifeste chez les adultes de vingt a quarante
ans. Les eaisuns et les variations de température oiit une in-
fluence manjuèe sur le développement de ('îiydioà tulleUx,
200 ARTHIUTJDKS VlSICO-SQUAMELbtS.
c'est au- printemps qu'il a été observé un plus grand nombre
de fois.
Enfin, je ne ferai que rappeler les différentes causes occa-
sionnelles, telles que régime, agents irritants, etc., qui agis-
sent en éveillant la dialhèse arlhrilique sans laquelle elles
resteraient impuissantes.
Diagnostic. — Les caractères de l'bydroa bulleux permet-
tront toujours de le reconnaître.
Il ne saurait être confondu avec le pempbigus : il est im-
portant de bien établir le diagnostic différentiel entre ces
deux affections qui n'ont pas toujours la même origine, et
qui n'offrent pas surtout la même gravité.
Dans Fhydroa bulleux, les bulles sont petites et ne dépas-
sent pas le Yolume d'un pois ; elles sont encore remarquables
par l'inégalité de leur volume; elles occupent des régions
assez bien circonscrites. Les bulles du pempbigus sont plus
considérables ; elles peuvent atteindre le volume d'une
noix et même d'un œuf de poule; elles existent sur des ré-
gions variées et s'étendent quelquefois sur la plus grande
partie de la peau. Enfin, l'bydroa bulleux se termine par la
guérison après une durée de quatre à six mois \ la mort est
la terminaison du pempbigus dans la très grande majorité
des cas.
Nature. — L'bydroa bulleux est une affection arlbritique;
nous en avons établi la nature en nous basant sur ses rapports
fréquents avec différentes affections antérieures ou concomi-
tantes qui appartiennent évidemment à l'arlbrilis. Nous
pourrions encore invoquer, en même temps que les antécé-
dents, quelques caractères objectifs, tels que le siège et la
fixité de l'affection.
Prmostic. — Le pempbigus à petites bulles guérit con-
PEMPIIIGUS AUTIIIUTIQUE. 201
stamment, tandis que le pemphigus proprement dit est
presque toujours mortel.
Traitement. — Nous administrons à l'intérieur les amers
et le sirop alcalin. Tant que les bulles persistent, nous nous
contenions de saupoudrer les surfaces malades avec les pou-
dres d'amidon et de tan. Les bains donnés à cette époque
mettent à nu des surfaces rouges , douloureuses et provo-
quent l'apparition de nouvelles poussées; ils ne seront pres-
crits que plus tard dans le simple but de détacher les croûtes.
On ordonnera de préférence des bains alcalins contenant 100
à 120 gram. de carbonate de potasse.
CHAPITRE ir.
ARTHRITIDE BULLO-LAMELLEUSË.
Il n'existe qu'un seul genre d'arthritide bullo-Iamel-
leuse : le pompholyx ou pemphigus dititinus, que nous
:illons décrire.
Peaiphiguf arthritique.
{Pemphigus chronique ou diulinus, Pompholyx de^ Willan.)
Le pemphigus aigu est une afléction pseudo-exantliéma-
ique qui peut être, ainsi que nous l'avons dit, arthritique,
larlreuse et idiopathique -, nous l'avons étudié parmi les
iseudo-exanlhèmes arthritiques, et plus tard nous le ren-
contrerons encore au nombre des pseudo-exanthèmes dar-
reux.
ARTHIUTIDKS HULLO-LAMELLEUSES.
Le peiiipiliniis chroniquo, dont il est question on cerno-'
ment, apparlienl comme alïeclion propre à deux maladies-
conslilulionnelles: l'arthritis el la dartre. Nous allons d'abord
faire connaître le pcmphigus chronique de nature arthritique,
et dans la partie consacrée à l'élude des herpétides nous
décrirons le pemphigus chronique dé nature dartreuse.
Willan n'admettait pas le pemphigus aigu, il ne recari-
naissait que le pemphigus chronique, qu'il désignait sous le
nom de pompholyx; Bateman semble avoir partagé l'opinion
de l'auteur précédent. Le pompholyx est une anéctiori beau-
coup plus fréquente que' le pèm[)higus aigu , mais on ne sau-
rait nier l'existence de la fièvre huileuse qui avait été décrite
à une époque bien antérieure à Willan et à Bateman. De-
puis on a constaté un assez grand nombre de pemphigus
aigus pour qu'on ne puisse plus révoquer en doute l'existence
de cette afléclion.
Le pemphigus chronique {pompholyx de Willan) est ca
ractérisé par des poussées successives de bulles variables par
leur volume et par leur nombre; il présente une longue durée
et se termine généralement par la mort.
Symptômes . — L'éruption est quehjuefois précédée par
des douleurs vagues dans les membres et un peu de lassi-
tude ; mais ces symptômes sont peu marqués et souvent n'at-
tirent pas l'attention du malade.
On observe d'abord quelques petites taches, ou plutôt des
plaques d'un rouge foncé sur les membres et la face. Le len
demain ces plaques érysipélateuses sont couvertes de bulles
plus ou moins nombreuses-, les jours suivants, des plaques
ét des bulles nouvelles apparaissent, de telle sorte que l'crup-
tioti occupe la plus grande partie de la peau dans l'espace
d'un mois à six semaines. Cependant, le pemphigus ne se
PEMPHIGUS ARTHRITIQUE. 205
■généralise pas loujours, et il peut rester limité à certaines
régions comme les avant-bras, les mains ou les membres infé-
rieurs.
■ Les bulles ne présentent pas toutes le même volume. Les
plus grosses ont les dimensions d'une noisette ou d'une noix,
les plus petites celles d'un pois et d'une lentille ; elles sont
groupées en plus ou moins grand nombre sur les plaques
rouges que nous avons mentionnées. Quand elles sont volu-
inineuses, elles sont moins nombreuses : on en trouve trois
ou quatre sur la même surface érythémateuse ; si elles sont
petites, elles peuvent exister au nombre de quatre, six, buit
et dix sur une seule plaque. Dans les premiers moments,
les bulles sont transparentes; mais le liquide qu'elles ren-
ferment ne reste pas séreux longtemps, il se trouble,
s'épaissit, devient purulent et se transforme en croûtes jau-
nâtres ou brunâtres, minces, présentant dans leur conforma-
lion extérieure un aspect qui dénote qu'elles ont succédé à
des bulles. D'autres fois ce liquide est résorbé ou s'échap|)e
à la faveur d'une rupture de la bulle, alors l'épiderme se
plisse et s'applique sur le derme, ou, détacbè en partie, il
laisse à nu une surface plus ou moins large, rouge, violacée,
légèrement excoriée et douloureuse.
Les bulles se développent parfois iricomplétemeht, on voit
des plaques rouges sur lesquelles existent des soulèvements
épidermiques qui ressemblent à«ceux d'une brùlùrè superfi-
cielle au second degré.
Au milieu des groupes de bulles reposant sur des sur-
faces érysipélateuses, on trouve souvent des éruptions furon-
culaires, des abcès situés dans le derme, et même de véri-
tables angioleiioites qui relentissenl sur les ganglions lym-
phatiques des régions voisines.
^^'^ AinimUIDKh) liLil.I.O-LA.MJ'LLEUSlvS.
Il existe encore un symptôme assez prononcé, c'est le
pruril. Tonlelbis, les démangeaisons sont moins marquées
dans cette alTection que dans l'autre es|)èce de pemphigus
arthritique (pemphigus à pilites bulles ou hydroa huileux).
Elles se montrent principalement avant et pendant les pous-
sées éruplives; elles peuvent alors revêtir une telle intensité
qu'elles empêchent complètement le sommeil. Si l'éruption
est très é-lendue, le prurit se fait sentir sur un gi and nombre
de parties, devient intolérable et détermine une surexcita-
tion nerveuse qui peut aller jusqu'au délire. Les malades sont
tourmentés par une autre douleur, celle qui résulte de la
dénudation des parties affectées.
Si le pemphigus n'est pas générahsé, et dans l'intervalle
des poussées huileuses, l'affection ne présente pas de gravité
apparente, l'appétit est conservé et les fonctions digestives
s'accomplissent régulièrement. Mais à une époque plus ou
moins éloignée, le malade est obligé de garder le lit; il est
épuisé par la douleur, par la sécrétion excessive qui se fait
à la surface de la peau, et souvent par un flux abondan
qui se déclare dans l'intestin. Ce dernier phénomène es
grave, il peut se montrer même dans des pemphigus cir
conscrits.
Marche, dwée, terminaison.- — Relativement à la marche,
le pemphigus arthritique est général ou partiel. Cependant i
est plus souvent circonscrit, tandis que le pompholyx dar
treux, comme nous le verrons, est habituellement géné
ralisé.
Nous avons observé récemment un pemphigus arthritique
qui avait été localisé aux mains et aux poignets pendan
quatre mois , il ne s'est développé sur d'autres régions que
dans les derniers mois de la vie. Le malade a succombé
FEMPHIGUS ARTHRITIQUE. 205
avec dos pliénoinèncs d'ataxie très intenses. Nous nous de-
mandons s'il ne faut pas rapprocher ces symptômes cérébraux
de ceux qui caractérisent la maladie décrite dans ces der-
niers temps, sous le nom de rhumatisme cérébral, et dont
on trouve cliaque jour des observations dans les journaux de
médecine. Si l'on avait ouvert le crâne, nous croyons qu'on
aurait rencontré les lésions qui ont été signalées dans le
rhumatisme cérébral.
' Le pompholyx se manifeste par des poussées successives
qui sont séparées par des intervalles de temps variables.
Quelquefois Tespace qui sépare une poussée de l'autre est
de plusieurs mois, c'est ce que nous avons observé chez un
de nos malades que nous pouvions considérer comme étant
guéri. Mais ce malade, ramené à l'hôpital par une récidive,
la fini par succomber, les éruptions huileuses se sont éten-
dues à tout le corps et même à la muqueuse buccale; la
teinture de meloë vesicatorius n'a nullement enrayé l'affec-
tion. A l'autopsie, nous n'avons découvert aucune lésion
nppréciable des viscères.
D'après ce que nous venons de dire sur la marche du
lemphigus arthritique, il serait difficile de lui assigner une
lurée. Cette affection existe pendant des mois et des an-
lées.
La terminaison presque constante est la mort, qui sur-
/ient par l'épuisement progressif des forces du malade. L'en-
érite, qui est un phénomène fréquent, hâte la terminaison
atale. Le malade peut aussi être emporté par des phéno-
nènes cérébraux, comme nous l'avons dit plus haut.
IÉtiologie. — Le pemphigus arthritique est plus fréquent
ians le sexe masculin.
Nous l'avons observé au printemps et à rautouine; le5
1
?0t> ARTHRITIDES BUI.LO-LAMF.LLIiUSKS.
veilles, l'excès de travail, l'abus des baissons alcooliques, nous
ont paru avoir déteruiiiié plusieurs lois l'aiïeclion.
Diagnostic. — Le pempbigus arLlirilique préscnle des ca-
ractères propres qui le lerout reconnaître avec facilité. Ces
caractères sont : des plaques érysipélateuses couvertes de
bulles plus ou moins nombreuses, remplies de sérosité puru-
lente ou de pus et remarquables par l'inégalité de leur
volume, démangeaisons très vives, complications d'abcès
dermiijues, de furoncles et même d'angioleucites, enfin loca-
lisation assez fréquente de Talîection sur les mains, les avant-
bras, etc.
Il ne saurait être confondu avec le rupia caractérisé pa
(}es|)u}|es isolées, des croûtes épaisses et proéminentes, au
dessous desquelles existent des ulcérations profondes.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire le diagnosti
de l'herpès, de l'ecthyma et du pempbigus; cette questio
sera traitée dans Fétude du pempbigus dartreux. Ici nou
voulons indiquer à quels caractères on distinguera le pem
phigus arthritique du pempbigus dartreux.
Dans le pempbigus arthritique, les bulles sont plus con
fluentes et groupées sur des surfaces érysipélateuses ; dan
le pempbigus dartreux, elles» sont plus isolées, se monlren
d'emblée sur une partie de peau qui conserve sa coloration non
maie et sont à peine entourées d'une légère auréole rosée.
La première alîection présente des bulles très inégales par leu
volume, et la plus grosse atteint les dimensions d'une noix
la seconde se fait remarquer par des bulles plus régu
Hères, qui peuvent atteindre le volume d'un œuf de pigeon o
d'une petite pomme. Le liquide renfermé dans les bulles du
pempbigus arthritique s épaissit promptement, devient puru
lent et se transforme en croûtes brunâtres ou jaunâtres; dans 1(
PEMPHIGUS ARTHRITIQUE. 207
pempbigus darlreux, l'inflammalion est beaucoup moins vive
et n'arrive à produire qu'une sécrétion séreuse. Le pempbi-
gus artbritique, qu'on peut appeler ;j>e??2;j%î/s érysipélateux,
s'accompagne souvent d'éruptions furonculaires et de véri-
tables angioleucites, qui manquent dans le pempbigus dar-
treux. Enfin, il faut encore interroger les antécédents du
malade, qui seront différents dans les deux affections.
Quant au pempbigus sypbilitique, on a prétendu qu'il était
souvent partiel, borné à la paume des mains et à la plante
des pieds. C'est là une très grande erreur : cette localisation
est un signe delà diatbèse artbritique et non de la diatbèse
sypbilitique.
Nous avons, à la salle Sainte-Foy, n° 1, un malade qui
est atteint d'un pempbigus sypbilitique généralisé. Les
auréoles cuivrées qui entourent les bulles au début, l'as-
pect des croûtes brunâtres et vernissées qui succèdent à
ces bulles, les . caractères des ulcères qui se montrent à la
: cbute des croûtes ne laissent aucun doute sur la nature
de l'afl'ection.
Pronostic. — Le pempbigus arthritique est, comme le
pempbigus dartreux, une affection très grave; il se termine
presque constamment par la mort. Son pronostic est bien
différent de celui du pempbigus à petites bulles ou bydroa
huileux qui guérit toujours, s'il ne survient aucune compli-
cation.
Le pompbolyx est d'autant plus grave que l'éruption est
plus générale, plus confluente ; nous savons qu'il est très su-
jet à récidiver.
Traitement. — Les moyens thérapeutiques sont impuis-
sants, et la mort survient malgré tous les traitements qu'on
peut instituer. Les alcalins n'ont pas une action favorable ;
ARTHRITIDES PURO-CRUSTACÉES.
au coiiliairo, ils oui déterminé des poussées éruplives qui
nous ont obligé de cesser leur emploi. Mais peut-être avons-
nous donné les alcalins à des doses trop élevées.
Dans un cas, Téruption a paru arrêtée à plusieurs reprises
par l'adminislrrition de la teinture de cantharide à faible^
doses. Nous prescrivions une à quatre gouttes* de cette tein-
ture dans une potion qui était prise dans la journée ; en por-
tant la quantité de teinture à sept ou buit gouttes, nous
provoquions cliaque fois de nouvelles poussées. On devra se
borner à surveiller le régime du malade, et l'on devra expéri-
menter de nouveau la teinture de cantbarideà faible dose (1).
CHAPITRE lîï.
ARTHRITIDES PURO CRUSTACÉES.
Cette section d'artbritides renferme trois genres : la men-
tagre, l'eclbyma et le furoncle. Dans un premier paragraphe,
nou^ étudierons la mentagre ; dans un second paragraphe,
nous décrirons le furoncle et l'eclhyma qui présentent entre
eux une grande analogie.
(§1. — Mentagre arthritique.
La mentagre est une affection caractérisée par rindam-
mation des follicules pileux. Elle peut se rencontrer dans le
(l) Le malade dont il est question est, en effet, sorti do l'hôpitai, et, par-
faitement débarrassé de son pomphigus, il vint nous voir et nous remercier. Le
pemphigus n'avait pas reparu ; mais il lui était survenu de l'acné pilaris sur le
front et les tempes. 11 accusait aussi des rougeurs et un sentimpnt de cuisson
sur le voile du palais, (On vient de voir plus haut que ce malade a succombé
h un pemphigus généralisé.)
%
MENTAGRE ARTHRITIQUE. 209
plus grand nombre des régions couvertes de poils, au
pubis, aux aisselles et au cuir chevelu ; mais, elle se déve-
loppe particulièrement sur les différentes parties de la face :
I la lèvre supérieure, la lèvre inférieure, le menton et les
joues.
Je reconnais des mentagres de diverses natures : ce que je
dis ici étonnera peut-être quelques personnes qui, sur la foi
des articles destinés à combattre mes opinions sur la nature
parasitaire de la mentagre, ont pu croire que je n'admettais
I qu'une seule espèce de mentagre. Supposer que le sycosis
|est toujours parasitaire serait une erreur que Ton m'a gra-
' tuitement attribuée et que je n'ai jamais professée. J'ai dit, et
Ije répète, que cette affection est de nature parasitaire dans
la plupart des cas, mais qu'elle peut être aussi la manifesta-
tion d'une maladie constitutionnelle.
J'adme^^ cinq espèces de mentagre : 1° une mentagre ar-
tificielle^ 2° une mtnidi^vQ. jmrasitaire, 3° une mentagre
\philitique, li° une mentagre arthritique , 5° une mentagre
\scrofuleuse .
1 La mentagre artificielle résulte de l'inflammation des fol-
licules pileux de la lèvre supérieure, produite par les écou-
lements nasaux qu'on observe chez les individus qui font
usage de tabac à priser, ou qui présentent des affections chro-
niques des fosses nasales.
4 La mentagre parasitaire, l'espèce la plus fréquente, est
une inflammation des follicules pileux déterminée par la
présence du trichophyton : nous la considérons comme étant
la troisième période de la teigne tonsurante.
1 La mentagre syphilitique n'est autre que l'acné pustu-
leuse syphilitique : l'affection réside plutôt dans les glandes
annexées au follicule que dans le follicule pileux lui-même.
i
210 ARIliKI j IDi;s l'UnO-CllUSl ACÉES.
Los deux autres espèces sont des uianilesliitions de Tui-
tlirilis et de la scrofule : elles sont primitives ou cousécu-
tives. La nieutagre diulliésique est primitive, lorsqu'elle
se développe spontanément sous l'influence de la maladie
constitutionnelle ; elle est consécutive, lorsqu'elle est dé-
terminée par une autre maladie. Un exemple vous fera
mieux comprendre ma pensée. Un sujet arthritique ou scro-
fuleux contracte un sycosis parasitaire que vous traih /
longtemps par les parasiticides ; néanmoins, vous n'obten* /
pas la guérison. Le cas n'est plus aussi simple que vous le
pensez : l'inflammation des follicules pileux se continue sous
l'influence des diathèses arthritiques ou scrofuleuses, qui
ont été éveillées par la présence du trichophyton 5 elle devra
être combattue par la médication anti-arthritique ou anti-
scrofuleuse.
Le parasite cutané peut encore déterminer des éruptions
constitutionnelles secondaires et d'une guérison plus ou
moins difficile; parmi ces éruptions, je citerai l'impétigo sy-
cosiforme et l'impétigo acniforme. Je ne sais pourquoi
M. Hardy pense s'éloigner de mes idées en niant la nature
parasitaire de ces afl'ections. Pour moi, l'impétigo sycosi-
forme et l'impétigo acniforme sont placés sous l'influence des
diathèses arthritiques ou scrofuleuses ^ ils se montrent soit
spontanément, soit consécutivement. Nous allons étudier le
sycosis arthritique qui présente, comme nous le verrons, des
caractères propres.
Siège. — Le siège le plus ordinaire de la menlagre ar-
thritique est la lèvre supérieure ; elle se rencontre aussi sur la
lèvre inférieure, le menton et les joues. Il est facile d'expli-
quer pourquoi la lèvre supérieure est plus fréquemment le
siège de l'aflèction : c'est que chez les arthritiques, qui ont
MKNTAGRE ARTHRITIQUE. 211
très soiivenl des coryzas, elle se trouve irritée par le fluide
nasal d'une manière permanente.
Symptômes. — La mentagre arthritique est caractérisée
par des éléments papulo-pustuleux, serrés les uns contre les
autres, occupant des surfaces bien circonscrites et peu éten-
dues telles que le sillon sous-nasal, une partie du menton ou
une place très limitée d'une joue. Ces pustules sont acumi-
nées, jaunâtres à leur sommet, rouges et indurées à leur base;
piles sont donc formées de deux parties : l'une est pustuleuse,
l'autre étant papulo-tuberculeuse comprend la moitié ou les
trois quarts de leur volume.
Le tubercule est constitué par une inflammation qui est
limitée au follicule pileux et ne s'étend pas au tissu cellulaire
sOus-cutané, comme on l'observe dans le sycosis parasi-
taire ; aussi, ne présente-t-il jamais le volume que celui de
celte dernière alîection peut acquérir.
Les pustules qui surmontent ces éminences tuberculeuses
se convertissent rapidement en croûtes jaunes ou brunâtres,
sèches et fragmentées. Cependant, si le malade a em[)loyé des
topiques irritants, la sécrétion purulente devient plus abon-
dante, donne lieu à une croûte épaisse et unique qui repose
sur une plaque indurée. L'affection ressemble dans ce cas à
un impétigo : mais, si l'on vient à détacher la croûte, on aper-
çoit la base tuberculeuse des pustules du sycosis, qu'il est
facile de reconnaître.
Pendant quelque temps les poils conservent leur adhérence
et leur aspect normal. Bientôt, l'inflammation s'empare de la
papille pilifère, et, on observe alors une altération dans la
structure de l'élément pileux qui devient jaunâtre, s'atrophie
et s'arrache avec la plus grande facilité.
212 ARTHRITIDKS l'UnO CRUSTACÈES.
La partie afîoctôe csl le siège d'élanceineuls et de picote-
ments quelquefois liés accusés.
Lorsque la menlagre arthritique occupe la lèvre supé-
rieure, c'est le cas le plus fréquent, elle est souvent accom-
pagnée d'un coryza presque continuel et de fissures doulou-
reuses, situées à l'entrée des fosses nasales. Les douleurs
se propagent parfois jusqu'aux sinus frontaux.
A ces caractères déjà nombreux du sycosis arthritique, il
faut ajouter les symptômes fournis par les antécédents du
malade, par sa constitution et par de fréquentes complica-
tions d'éruptions furonculaires.
Marche, durée et ierminaisori. — Le sycosis arthritique
est une affection très tenace et très sujette à récidiver. Il se
montre habituellement pendant l'automne et l'hiver, dispa-
raît dans le printemps et l'été pour se manifester de nouveau
à l'automne suivant. 11 peut ainsi exister pendant plusieurs
années, malgré toutes les précautions imaginables.
Néanmoins, celle affection guérit par l'effet, soit d'un
traitement approprié, soit de l'évolution de la maladie con-
stitutionnelle.
Étiologie. — Le sycosis arthritique s'observe principale-
ment dans le sexe masculin qui présente un système pileux
plus développé.
11 se montre dans l'âge adulte et la vieillesse, pendant l'au-
tomne et dans l'hiver.
Toutes les causes irritantes, comme les pommades, les
cosmétiques de mauvaise qualité, les poudres appliquées sur
la peau, le fluide acre d'un coryza, etc., peuvent occasionner
le début du sycosis. 3Liis, avant tout, le développement de
cette affection nécessite l'existence préalable d'une cause pré-
disposante interne, et cette cause est la dialhèse arthritique.
MENTAGRE ARTHRITIQUE. 213
Diagnostic. — Vous reconnaîtrez le sycosis artiirilique
aux caractères que nous avons énumérés et que nous allons
rappeler en quelques mots. Un malade présente, soit dans
la gouttière sous-nasale, soit au menton, soit sur une partie
de la joue, une plaque circonscrite et constituée par une in-
duration qui s'étend presque à toute l'épaisseur du derme.
Cette plaque est couverte de croûtes sèches, fragmentées,
ou de pustules jaunâtres, reposant sur une base rouge
et populeuse. Elle supporte des poils qui sont difficiles à
extraire, ou qui, s'arrachant facilement, ont conservé leur
structure normale, si raiïeclion est récente, et qui sont atro-
phiés, grêles, jaunâtres, lorsque l'intlammation du follicule
pileux est ancienne. CVcst pour la deuxième ou troisième
fois, à une époque déterminée de l'année, que le sycosis se
montre ; il s'accompagne de coryza, de migraines, d'étour-
dissements, de dyspepsie, d'arthropathies rhumatismales et
d'autres accidents arthritiques.
Comme affection, la mentagre ne peut être confondue
iqu'avcc l'impétigo. Mais celui-ci, après l'enlèvement des
croûtes, manque de deux caractères essentiels du sycosis, à
savoir : l'inflammation et l'induration du follicule pileux, la
chute ou la faible adhérence des poils.
i Si l'on parvient aisément au diagnostic du genre de l'af-
fection, il n'est pas plus difficile d'arriver à la connaissance
de sa nature en tenant compte et des caractères objectifs et
des affections antérieures ou concomitantes.
D'abord, par quels moyens distinguerons-nous le sycosis
arthritique du sycosis scrofuleux ? Ce dernier présente des
croûtes jaunes, épaisses et humides ; il occupe différentes
parties de la face, mais toujours les lèvres qui présentent
chez les scrofuleux une tuméfaction, une sorte d'hypertrophie
AUTHimJDES PURO-(:iUJSTAr;fti:S.
bien connut^ ; il s'accoinp.'igrio orili'iairçmcnl d'acné indu-
rata, puiiclala ou Fébacce, tl'cMigorgcmcnIs ganglionnaires
ou autres accidents scroCulcux. Au contraire, le sycosis ar-
thritique olTre, comme on lésait, des croûtes sèches, brunes
et IVagmenlées ; il se montre spécialement sur la lèvre supé-
rieure, qui ne présente pas l'hypertrophie mentionnée plus
haut ; il coïncide habituellement avec un coryza compliqué
de fissures douloui'euses du plancher des fosses nasales, avec
des migraines, des dyspepsies arthritiques; il produit sou-
vent des élancements et des picotements.
Vous établirez assez facilement le diagnostic différentiel
entre la mentagre arthritique et la menlagre parasitaire.
Dans cette dernière affection, vous constaterez des tubercules
' plus volumineux, des indurations plus profondes ; les poils
sont tortillés, brisés ou déformés ; vous pourrez trouver sur
différents points des périodes moins avancées de la teigne
tonsurante, et vous verrez soit des débris de cercles herpé-
tiques, soit des poils cassés et munis d'une gaîne blanche (pi-
tyriasis alba).
Une autre question se présente assez souvent : comment
reconnaîlrons-nous que le sycosis arthritique ou scrofuleux
a été précédé d'une teigne tonsurante? Vous apprendrez qu'à
une époque antérieure il a existé des cercles herpétiques,
des taches érythémateuses, puis des dartres farineuses.
On peut encore se demander si un sycosis produit par le
Irichophyton est entretenu par ce parasite ou par les diathèses
arthritique, scrofuleuse. Le microscope vous fournira un pré-
cieux moyen de diagnostic en vous dévoilant la présence du
champignon; le traitement vous donnera aussi quelques in-
dications : si vous ne guérissez pas un sycosis par l'épilation
et par les agents parasiticides longtemps et bien employés,
MENTAGRE ARTHRlTlOUli. 215
VOUS inclinerez vers l'idée que l'affection est entretenue par
une diathèse.
Enfin, j'ai indiqué, dans mes leçons sur les syphilides, les
caractères distinctifs du sycosis parasitaire et des syphilides
pustuleuses ou tuberculeuses circonscrites. Remarquez encore
qu'il n'existe, à dire vrai, que trois espèces de sycosis, et
même si l'on excepte lé sycosis artificiel, que deux espèces :
l'arthritique et le parasitaire. Les mentagres scrofuleuse et
syphilitique ne sont que des pseudosycosis ; car, les folli-
cules pileux ne sont pas seuls altérés dans les scrofulides et
les syphilides.
Pronostic. — Le sycosis est une affection sérieuse en rai-
son de sa ténacité et de sa facilité à récidiver; il fait souvent
le désespoir du malade pendant plusieurs années. Non-seule-
ment l'affection est douloureuse et gênante, mais elle est en-
core un objet de dégoût pour celui qui la porte et pour ceux
qui entourent le malade.
Traitement. — Le sycosis arthritique est d'une cure
longue et difficile à obtenir ; mais il cède toujours à un trai-
tement rationnel.
Nous employons simultanément l'épilation et l'application
d'huile de cade combinées avec l'administration des alcalins à
l'intérieur.
L'épilation a pour but d'enlever le poil qui est une sorte
d'épine, une cause continuelle d'irritation pour le follicule
pileux enflammé. L'huile de cade agit d'une manière avan-
tageuse par son action substitutive. Les alcalins combattent
la maladie constitutionnelle dont le sycosis est un symptôme.
Nous ne nous bornons pasd'ailleurs à ces seuls moyens : con-
tre l'inflainnialion nous mettons en usage, suivant les cas, les
I i'solu tifs, les cataplasmes de fécule et les poudres absorbantes.
ARTHRITIDES PUHO-CRUSTACÉES.
Si la mentagre est récente, on pourra se passer de lepila-
tion. On ordonnera diflerentes pommades : à laglycérine, au
turbitli, au précipité rouge ; on prescrira quelquefois avec
succès des lotions alcalines.
Les bains sont de puissants auxiliaires dont il ne faut passe
priver ; on emploie avec avantage les bains de vapeur, et, sur-
tout les doucbes de vapeur ou alcalines sur la partie malade.
S — r«cthyma ou phlyzacia. — Du furoncle.
L'ecthyma est une affection caractérisée par des pustules
plilyzaciées, arrondies, à base dure et enflammée, se recou-
vrant de croûtes de couleur brunâtre.
La pustule d'ecthyma peut se développer sur toutes les
parties du corps ; elle existe rarement sur le tronc et la
figure, mais elle se montre de préférence sur les membres et
le cou.
L'éruption débute par une élevure rouge et limitée; dès
le lendemain, on aperçoit au centre de la tacbe rouge une
vésicule large et remplie d'une sérosité transparente. Cette
sérosité se trouble vers le troisième jour ; elle devient lactes-
cente, en même temps que le centre de la vésicule se déprime
et se marque d'un point noir. Si l'on enlève l'épiderme, il s'é-
coule une petite quantité de pus, et l'on trouve une fausse
membrane arrondie, déprimée au centre et appliquée sur le
derme qui présente une légère ulcération.
Lorsqu'on suit l'évolution de la pustule, à partir du troi-
sième jour, on voit l'épiderme se rompre et former avec la
fausse membrane, que nous venons de signaler, une croûte
brunâtre qui se détache vers le iiuitième jour. Cette croûte
laisse à sa chute une cicatrice violacée et déprimée au centre
ECTIJYMA ET njItO^CLE. 217
Lefuroncleestcaractérisépar une tumeur violacée, déforme
conique, se terminant par suppuration et laissant échapper
par une ou plusieurs ouvertures, qui se manifestent au som-
met de la petite tumeur, un produit particulier qu'on nomme
bourbillon. Ce produit morbide est une production pseudo-
membraneuse qui se rapproche de la fausse membrane que
l'on trouve dans la pustule ecthymatique.
j II existe donc une certaine analogie entre l'eclhyma et le
furoncle. Le premier consiste dans une inflammation super-
ficielle de la peau ; le second est une inflammation des cou-
ches profondes du derme. De part et d'autre, nous rencon-
trons la production d'une fausse membrane.
Les deux afi*ections, ecthyma et furoncle, peuvent être
artificielles, parasitaires, pathogénétiques ou constitution-
nelles.
En effet, la malpropreté, des pommades irritantes, occa-
sionnent souvent l^développement de furoncles etde pustules
d'ecthyma.
Les éruptions furonculaires et ecthymatiques se rencon-
trent fréquemment dans la gale ou les teignes.
Dans quelques circonstances, ces affections sont palhogé-
néliques : il n'est pas rare de les observer chez les malades
qui sont soumis depuis quelque temps aux préparations al-
j câlines ou arsenicales.
! Quelquefois, elles semblent être des phénomènes critiques :
I elles apparaissent ainsi dans la convalescence de la fièvre
I typhoïde, de la rougeole ou autres maladies graves.
En dehors de ces conditions, l'ecthyma et le furoncle
sont toujours des affections arthritiques ou herpétiques.
Ces éruptions constitutionnelles ont pour caractère de se
généraliser et de se reproduire pendant longtemps; nous de-
-^^ DES Hi:RI>f:TII)F-S.
vons dire ([ue, dans l'élat actuel de la science, nousjie coti'
naissons pas de symplùmos objectifs propres à montrer leur
origine diatliésique. On arrivera à la connaissance de leur
nature par exclusion et par la considération de leur rapports
avec des affections constitutionnelles plus caractérisées. '
II
DES HERPÉTIDES.
Autrefois on avait placé, dans la classe des dartres, toutes
les affections cutanées qui présentaient une marche chro-
nique et une tendance à récidiver. On comprend aisément
que cette classe renfermait des maladies de peau qui étaient
très différentes par leur nature, et qui pouvaient appartenir
à la scrofule, à la syphilis, au scorbut tout aussi bien qu'à la
dartre proprement dite.
Willan et Bateman démontrèrent sans peine ce que le mot
dartre avait de vague et d'indéterminé, et ils le supprimè-
rent du vocabulaire dermatologique.
Sur ce point, nous ne saunons les blâmer ; mais, nous les
désapprouvons d'avoir méconnu la cause spéciale qui présitle
au développement d'un certain nombre d'affections chroni-
ques ; nous, reprochons à Willan d'avoir démembré et nié
l'existence d'une maladie constitutionnelle, qui était admise
dès les temps les plus anciens.
Pour nous, nous reconnaissons une unité pathologique.
dartre; son existence nous a été démontrée par la tradi-
tion et par l'observation qui nous fait connaître ses nom-
breuses manifestations. A l'exemple de Willan, nous rejetons
CARACTÈRES COMMUNS ET DIFFÉRENTIELS. '219
'emploi de Texpression dartre qui n'a pas de significa-
ioii précise ; sans chercher à réhabiliter dans le langage
;cienliriqiie cet ancien mol, je propose de le remplacer par
;i dénomination herpétisine, terme qu'on trouve souvent
kins les auteurs et qui est considéré comme synonyme de
ice dartreux.
Voulant donner aux affections cutanées du vice dartreux
)u herpétisme y une dénomination générale qui en indique
espèce, nous les désignerons sous le nom A' herpéddes.
On nous accusera peut-être d'avoir ajouté à la nomencla-
urede la pathologie cutanée les expressions scrofulide^ ar^
hritide et herpétide. Nous n'avons fait qu'adopter le terme
vphilide, qui est définitivement passé dans la science; le
not scrofulide est accepté par le 'plus grand nombre des au-
eurs ; espérons que les noms herpétide et arthritide auront
e môme succès, lorsque la connaissance des affections dar-
reuses et arthritiques sera plus répandue.
Dans l'étude des herpétides, nous suivrons la même mé-
liode que dans la description des arthritides.
Nous admettons trois sections d'herpélides; nous avonâ
«connu trois sections d'arthrilides.
Nous allons étudier successivement les caractères géné-
aux et les caractères particuliers des affections herpétiques.
CARACTÈRES COMMUNS ET DIFFÉRENTIELS DES HERPÉTIDES.
Nous examinerons les caractères communs des herpétides
•onsidéréos sous le rapport du siège, du mode de développe-
lient, (le Ui disposition des éruptions^ de la disposition des
Icmcnts priinilifà^ de la couleur, de la nature des produits
r)i;s ni:iu'É'iii)i:s.
excrétés, de la marclie et de la durée, enfjii, de la modifica-
tion de la sensibilité cutanée.
Siège. — Le siège des affections est important à noter :
« par la considération du siège, a dit Poupart, vous arriverez.
» fréquemment à la connaissance du principe des dar-
» très. »
Les herpétides n'ont pas, comme les arthritides, de siège
de prédilection ; elles peuvent débuter indistinctement sur le
tronc, la tête ou les membres. Cependant, on voit souvent
chez l'enfant les premières manifestations de la dartre se
faire à la tête, qui est le rendez-vous de toutes les affections
cutanées de cet âge. Dans ce cas, les herpétides ne tardent
pas à s'irradier sur les autres régions du corps.
Sous le rapport du siège topographique, les herpétides dif-
fèrent donc des arthritides qui se montrent plus particuliè-
rement sur les parties découvertes, des syphilides qui se dé-
veloppent spécialement dans quelques régions comme le
front, les ailes du nez, la nuque, les épaules, etc.
Nous avons aussi quelques remarques à faire sur le siège
anatomique des herpétides.
Tandis que les arthritides se traduisent le plus souvent par
des lésions des follicules pileux et des glandes sudoripares,
les herpétides se manifestent le plus ordinairement par des
altérations du réseau vasculaire et du corps papillaire du
derme.
Cette différence de siège anatomique nous explique pour-
quoi les herpétides s'étendent à de grandes surfaces et se
développent sur toutes les régions, tandis que les arthritides
n'apparaissent que dans des régions spéciales, pourvues d'un
grand nombre de follicules j)ileux et de glandes sudoripares.
Mode de développement. — Les arthritides occupent des
CARACTÈRES CO.MMUNS ET DIFFÉRENTIELS. 221
surfaces limitées et se déplacent difficilement ; si elles sont
quelquefois étendues à de grandes surfaces, comme on l'ob-
serve dans les affections pseudo-exanlhématiques, elles dis-
paraissent promptement pour faire place à des affections
circonscrites et fixes.. Les herpétides pseudo-exanthémati-
ques sont également générales dès le début de la maladie
constitutionnelle, et sont bientôt remplacées par des affec-
tions moins étendues; celles-ci se montrent sur une ou
plusieurs régions, disparaissent, puis se reproduisent tantôt
sur les mômes régions, tantôt sur des régions différentes et
envahissent chaque fois des surfaces plus considérables. Cette
mobilité est propre aux herpétides.
Enfin, dans la dernière période de la dartre, les affections
occupent toute la surface de la peau; au contraire, les ar-
thrilides disparaissent dès que les manifestations viscérales
de l'arthritis viennent à se développer.
Disposition des éruptions. — Les éruptions herpétiques
présentent une symétrie remarquable dans leur développe-
ment. En effet, elles existent le plus ordinairement dans
des régions qui se correspondent : l'eczéma darlreux, par
exemple, occupe à la fois les deux parties latérales du cou,
la face interne des deux cuisses, les deux joues, les pUs du
coude de chaque membre, etc.
Les arlhritides, comme nous l'avons vu, n'affectent pas
cette disposition symétrique qui est un caractère propre
des herpétides.
Disposition des éléments éruptifs. — Les éléments érup-
tifs sont d'abord isolés et disséminés sur une grande surface ;
puis ils se réunissent pour former de petites plaques, qui se
confondent à leur tour et s'étendent à une ou plusieurs ré-
gions du corps.
DES HERPÉTIDES.
Dans lu dernière période de l'herpélisme, le malade csl
couvert de la tôle aux pieds d'une enveloppe écailieuse.
L'éruption herpétique présente des contours sifiueux, ir-
réguliers ; nous savons que l'éruption arthritique se mani-
Icsle par des plaques plus ou moins arrondies, dont les bords
sont réguliers et nettement limités.
Couleur. — Les herpélides humides offrent une colora-
tion rosée, qui diffère de la couleur violacée qu'on trouve
dans les arthrilides. Dans la forme squameuse de la dartre,
les squames sont blanches, quelquefois d'un blanc nacré;
dans les arthritides sèches, nous avons vu que les squames
sont d'un blanc mat ou grisâtre.
Nature des produits sécrétés . — D'une manière générale,
les affections cutanées qui appartieiment à la dartre déter-
minent des sécrétions morbides considérables.
Les herpétides sèches sont remarquables par une produc-
tion abondante de squames (psoriasis, pityriasis, etc.) ; les
herpélides humides sont caractérisées par la sécrétion d'une
grande quantité de sérosité (eczéma, pemphigus dar-
treux,etc.). Les arthritides présentent au nombre de leurs
caratères généraux, nous l'avons dit, une sécheresse habi-
tuelle des parties affectées.
Nous avons constaté que la sérosité des herpétides possé-
dait des propriétés alcalines. On pourrait se demander si les
produits liquides qu'on rencontre dans les scrofulides, les
syphilides et les arthritides, ne présentent pas des caractères
chimiques différents. L'expérience nous manque sur ce
point; mais, nous nous proposons de faire à ce sujet des re-
cherches qui fourniront peut-être de nouveaux moyens de
diagnostic. Toutefois, nous devons dire que les produits
morbides, examinés jusqu'à ce jour, ont offert des propriétés
CARACTÈRES COMMUNS ET DIFFÉRENTIELS. 223
alcalines dans un grand nombre d'aiïeclions de nature dis-
semblable.
Simplicité des lésiojis primitives, — Dans la dartre, on
rencontre la sinipiicilé des lésions primitives.
Les affections que Willan a prises pour types de ses des-
criptions, appartiennent à l'herpétisme. Au contraire, les va-
riétés d'affections culanéesélabliesd'aprèsdesdifférencesdans
la marche, le siège ou d'après d'au très caractères de l'éruption,
hsmaladies composées deM. Devergie, ne font point partie des
affections herpétiques ^ elles renirent dans les classes des scro-
fulides, des arthritides, des phyto-dermides ou des syphilides.
Toutefois, la simplicité des éléments primitifs ne s'observe
que dans les premières périodes de la dartre ; car, dans la
quatrième période de cette maladie constitutionnelle, les érup-
tions cutanées sont variées et confondues à tel point qu'il est
impossible de reconnaître la lésion primitive.
Marche, durée, terminaison. — Au début, les herpétides
présentent une grande mobilité ; elle ne deviennent perma-
nentes que dans la quatrième période de la maladie.
Nedoil-on pas faire une exception en faveur du psoriasis?
Cette affection, une fois établie, ne semble plus se déplacer.
Cependant on observe des psoriasis, et c'est le plus grand
nombre, qui disparaissent en hiver pour se montrer de nou-
veau en été et au printemps.
Il est difficile de fixer la durée de la dartre : les manifesta-
tions cutanées se développent souvent à l'âge critique et
persistent avec plus ou moins d'intensité jusqu'à la mort.
Quelquefois elles apparaissent pendant plusieurs années et
cessent de se montrer : la maladie constitutionnelle est ar-
rêtée, dans son évolution, par une cause souvent inconnue.
Parmi les herpétides sèches, le psoriasis se rencontre assez
DES HEUPÉTIDliS.
souvent dans l'enfance ; il peul rester longtemps slation-
naire, ou il fait des progrès peu sensibles.
Des malades ont porté des psoriasis pendant trente ou
quarante ans, et même jusqu'à leur mort. Il semble donc que
la forme sèche des dartres affecte une marche moins ra-
pide ; elle entraîne à sa suite plus rarement et plus lentement
les accidents métastatiques et les déterminations viscérales
de la maladie constitutionnelle.
Les herpétides ne laissent après elles aucune cicatrice
persistante : ce caractère les distingue des scrofulides et des
syphilides.
Modification de la sensibilité cutaiiée. — La sensibilité
cutanée subit de grandes modifications sous l'influence de la
diathèse herpétique : le prurit est le phénomène qu'on observe
le plus fréquemment. Ce symptôme est quelquefois porté à un
tel degré que le malade se laboure la peau avec les ongles et
préfère, à la pénible sensation de démangeaison, la douleur
occasionnée par des déchirures et des plaies profondes de l'en-
veloppe cutanée. Un prurit continu et très intense (prurigo
ferox) peut conduire à l'aliénation mentale et au suicide.
Le prurit ne revêt pas toujours les mêmes caractères. Par-
fois, il est comparable à la sensation qui serait produite par
la présence d'une multitude d'insectes en mouvement sur la
peau ; d'autres fois, il se traduit par un sentiment de cuisson
semblable à celui qui résulterait d'une brûlure superficielle
et étendue; enfin, ce phénomène se manifeste encore sous
la forme de picotements ou d'élancements.
Le prurit est plus marqué la nuit que le jour. Il est peu
prononcé dans les affections caractérisées par des sécrétions
morbides abondantes; réciproquement, il est ordinairement
très intense dans les éruptions cutanées qui ne présentent
HKRPÈTIDI-S PSKUDO-FAANTIlftMATIQUES. 225
pas (le sécrétion morbide appréciable. Ainsi, les démangeai-
sons sont plus vives dans la période érylhémateuse de l'eczéma
que dans la période vésiculeuse ; elles sont plus fréquentes
et plus fortes dans le pityriasis que dans le psoriasis : cette
dernière affection est remarquable, comme on le sait, par
l'abondance des produits excrétés.
Si le prurit accompagne habituellement les herpétides, il
peut aussi précéder ^ de même, il persiste quelquefois
après leur disparition et ne cède que dilficilement aux agents
thérapeutiques.
CARACTÈRES PROPRES.
Après avoir donné les caractères communs à toutes les
herpétides, nous allons faire connaître les caractères propres
à chacune d'elles. Nous les rangeons dans trois sections dif-
férentes : 1° herpétides pseudo-exanthématiques , 2" herpé-
tides sèches, 3° herpétides humides.
PREMIÈRE SECTION..
DES HERPÉTIDES PSEUDO-EXANTHÉMATlQUES.
Nous décrirons dans (rois chapitres différents :
1" Les herpétides pseudo-exanthématiques érythéma-
teuses : roséole, urticaire fébrile, pitysiasis rubra aigu ;
2» Les herpétides pseudo-exanthématiques vésiculeuses :
eczéma rubrum généralisé, herpès, zona;
S" Une \ïev[^é[ïdepseudo exa?ith€matique huileuse ; pem-
phigus ttigu (febris bullosa),
45
220 HERPÊTÎDES PSEUDO-EXANTHftMATIQUF.S ÉRYTHÉMATH USES.
Nous mentionnerons brièvement les caractères propres au
zona, au pemphigus, à Tlierpès et à l'urticaire fébrile de na-
ture herpétique ; la description des éruptions de ces diffé-
rentes affections a été donnée au chapitre consacré à l'his-
toire des arthrilides pseudo-exanthématiques. Mais la roséole
et l'eczéma ruhrum généralisé mériteront de fixer notre atten-
tion plus longtemps ; ces affections appartiennent constam-
ment à la dialhèse herpétique, de même que les érythèmes
noueux et papulo-tuberculeux sont des manifestations essen-
tiellement arthritiques. Nous ne reviendrons pas ici sur les
considérations générales que nous avons données à propos
des caractères, de la marche et de la nature des pseudo-
exanthèmes.
CHAPITRE PREMIER.
DES HERPÉTIDES PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES ÉRYTHÉMATEUSES.
Ce chapitre renferme plusieurs genres que nous traite-
rons dans des paragraphes séparés : 1° la roséole, 2° l'urti-
caire fébrile , 3° le pityriasis rubra disséminé.
§ Z. — De la roiéole.
La roséole est une affection cutanée, non contagieuse,
caractérisée par une éruption de taches rouges, non sail-
lantes, diversement configurées et disparaissant par la pres-
sion; cette éruption est souvent précédée et accompagnée
de symptômes fébriles, et se termine par résolution dans
l'espace d'un à trois septénaires.
ROSÉOLE HERPÈTIQUI'. 227
La roséole appartient éviilemmenl à la classe des aiïcclions
pseiido-exantlicmaliques, si l'on en juge par l'ensemble de ses
symptômes et par sa marche.
Nosographie. — Les signes précurseurs de la roséole sont
ordinairement un malaise général, de l'anorexie et un mou-
vement fébrile plus ou moins intense. Parfois, on observe
chez l'enfant des vomissements, du délire et même des con-
vulsions.
Ces prodromes manquent rarement ; ils ont une durée d'un
à deux jours.
L'éruption se manifeste par des taches rosées qui offrent
des configurations variées. Ces taches sont plus ou moins
arrondies, d'autres fois elles sont irrégulières ; elles sont
rapprochées, confluentes dans quelques régions, mais elles
sont toujours distinctes^ elles ne font pas saillie au-dessus
de la peau o'u sont à peine proéminentes-, elles présentent
une teinte rosée qui devient plus apparente sous l'influence
de l'air et du froid; elles disparaissent habituellement sans
laisser aucune trace de leur existence; cependant, elles sont
quelquefois le siège d'une légère desquamation. Les sym-
ptômes fébriles cessent après le développement de l'éruption ;
s'ils sont peu marqués ou s'ils manquent, il peut arriver
que l'affection cutanée passe inaperçue.
Marche^ durée et terminaison. - — L'éruption présente une
durée qui varie de deux à sept jours. Quelquefois, elle cesse
el reparaît alternativement pendant un certain temps: dans
ce cas, la roséole ne disparait souvent d'une manière défini-
tive que vers le deuxième ou troisième septénaire. Quoi
qu'il en soit, celte affection offre, coiDme on le voit, une
marche rapide; elle se termine par résolution et toujours
d'une manière favorable, s'il n'existe point de complications
228 Hr.RPfiTIDES PSRUDO-KXANTIlflMATIQUIiS f;KYTHf:.\IAlK UStS.
IVirheusos Icllos qu'on pcul en observer chez les cnfanls.
Siège. — La roséole oeeiipc à [)eii [)rès toutes les régions,
ocpeiulant on rcneonlre, spéeialeineiit sur quclfiues parties
(lu eorps, plusieurs variétés de raffcclion rubéolique que nous
allons faire connaître.
Variétés. — La plupart des variétés de roséole admises
par Willan ne méritent pas d'ôtre conservées.
La roséole annulaire de cet auteur n'est autre que Véry-
thème c.irciné ou anmdaire.
La roséole de rcnfant (roseola infantilis) présente les
mômes caractères que la roséole de l'adulte. Peut-ôtre offre-
l-elle, dans quelques cas, des symptômes fébriles plus in-
tenses.
Parmi les variétés de roséole reconnues par Willan , je
n'en garde que deux, à savoir : la roséole de l'automne (ro-
seola autumnalis), et la roséole de l'été {roseola œstiva).
Ces variétés correspondent à deux formes que, d'api'ès
l'aspect de Téruption, je désigne sous les noms de roséole
scarlatiniforme et roséole morbilleuse .
A. — La roséole scarlatiniforme, après un ou deux jours
de malaise, se manifeste par une rougeur granulée et sem-
blable à celle de la scarlatine; celte éruption se montre à la
poitrine, à l'abdomen, aux plis articulaires et à la face interne
des cuisses; parfois, elle g<Tgne la face, le cou et devient gé-
nérale. Vers le deuxième ou troisième jour, les tacbes con-
gestives pâlissent, puis disparaissent en laissant une légère
desquamation, Les phénomènes fébriles cessent à l'apparition
de l'affection cutanée : celle-ci s'accompagne fréquemment
de cuisson ou de démangeaison.
B. — Dans la roséole morbilleuse^ on trouve des taclirs
rouges, arrondies et légèrement snillantes. Ces loches sont
ROSÉOLE HERPÉTIQUE. 229
petites et isolées d'abord, puis elles se réunissent et forment
des taches plus larges qui ressemblent plus ou moins exacte-
ment à celles de la rougeole; comme ces dernières, elles
prennent la configuration de demi-lunes, de cercles incom-
plets. L'éruption disparaît promptement en laissant une des-
quamation peu considérable. Les phénomènes généraux n'ont
pas ici une plus grande intensité que dans la roséole scarla-
ti ni forme.
Etiologie. — L'éruption rubéoliquc se montre dans les
de,ux sexes et à tous les âges.
Elle est plus fréquente dans les saisons d'été et d'au-
tomne.
Dans quelques circonstances, elle a paru régner d'une ma-
nière épidémique.
Une fatigue prolongée, l'ingestion de boissons froides,
les bains sulfureux, les bains de vapeur sont souvent des
causes déterminantes. Les émotions morales, les excitants
de toutes sortes occasionnent plus particulièrement la roséole
herpétique.
Pathogénie. — La roséole est une affection pseudo-exan-
thématique qui est idiopalliique dans quelques cas; elle est
le plus souvent symptomatique de deux maladies constitu-
tionnelles : la dartre et la syphilis.
Diagnostic. — Nous ne nous arrêterons pas à fêiire le dia-
gnostic du genre de l'affection, ce qui est facile dans la plu-
part des cas. Cependant, si l'on se bornait à un examen
superficiel de l'éruption, la roséole pourrait être confondue
avec la scarlatine et la rougeole ; mais cette méftrise devient
impossible, quand on observe l'état général.
En effet, dans la scarlatine, on constate des phénomènes
généraux ordinairement graves , une angine plus ou moins
230 HFRPÉTIDES PSEUDO-FXANTHÉMATIQUES ÉRYTHÉMATEUSES.
intense, une rongeur insolite de la njuqueuse buccale et une
(lesquanialion par larges plaques. Ces synfiplômes nrianquent
dans l'an'ectioi) roséolique.
La rougeole se dislingue de la roséole par l'existence des
phénomènes fébriles qui ont une plus longue durée, et par
l'apparition d'inflammations catarrhales des bronches et de la
muqueuse piluitaire.
En présence d'une roséole, il faut se demander si cette
affection est idiopalhique, syphilitique ou dartreuse. La roséole
syphilitique présente une marche chronique et se produit par
poussées successives; elle s'accompagne de l'engorgement
des ganglions et vaisseaux lymphatiques, et coïncide avec
divers accidents syphilitiques, tels que les ulcérations chan-
creuses et les plaques muqueuses.
Il est plus difficile de dire si la roséole est de nature her-
pétique. On arrivera cependant à établir, dans la plupart des
cas, l'origine de la roséole dartreiise, en consultant ses rela-
tions avec les affections antérieures ou concomitantes. On
devra surtout interroger le malade sur les antécédents de ses
parents et sur l'état habituel de sa santé : vous parviendrez
souvent à constater chez lui, sinon des affections herpétiques
bien accusées , au moins cet ensemble de phénomènes pro-
dromiques qui appartiennent à la diathèse herpétique. Nous
devons ajouter (|ue la récidive de la roséole est un caractère
qui plaide en faveur de l'existence de la dartre.
Le diagnostic de la roséole idiopathique se fera par exclu-
sion, après qu'on aura éliminé la roséole syphilitique et la
roséole herpétique.
Pronostic. — La roséole est une affection bénigne ; elle
disparaît spontanément après une durée qui varie suivant
l'espèce. La roséole syphilitique persiste plus longtemps que
URTICAIRE HEUPÉTIQUE. 23l
les roséoles idiopalhique el tlarlreuse; d'une manière abso-
lue, elle est plus grave que la roséole herpétique, et cette
dernière est plus sérieuse que la roséole idiopalhique.
Traitement. — Le traitement de cette affection est des plus
simples: on se bornera à prescrire le repos, des boissons dé-
layantes et un régime sévère. Quelques bains émoUients
peuvent être ordonnés pour favoriser la disparition de l'érup-
tion.
§ II. — De l'urticaira.
Nous avons établi précédemment une distinction fondamen-
tale entre l'urticaire aiguë et l'urticaire chronique, affections
qui appartiennent à l'arthritis ; nous maintenons cette dis-
tinction entre l'urticaire aiguë et chronique de nature her-
pétique. Nous aurons donc à décrire séparément l'urticaire
aiguë, que nous plaçons dans les herpétides pseudo-exan-
ihémaliques érythémateuses , et l'urticaire chronique que
nous rangeons, sous le nom de cnidosis, parmi les herpétides
sèches.
Nous avons fait l'histoire de l'urticaire aiguë, considérée
indépendamment de sa nature, comme affection générique.
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous en avons dit, mais
nous devons l'envisager ici plus particulièrement comme
affection dartreuse. L'urticaire de nature herpétique est
produite fréquemment par la fatigue, les veilles prolon-
gées et surtout par les émotions morales. La chaleur exerce
une certaine action sur la marche de l'éruption : on sait
que les plaques ortiées se montrent ordinairement pendant
la nuit et qu'elles disparaissent dans la journée. Nous
avons vu, au contraire, que l'urticaire arthritique se déve-
232 HliRPÉTlMS rSELUO-liXANJllÉMATIQUES tllYTIlÉMATEUStS.
loppe quelquelois sous l'influence du froid el s'efface sous
celle de la chaleur.
L'urticaire herpétique présente un signe négatif f|ui servira
parfois à la faire distinguer de l'urticaire arthritique : je veux
parler de la coloration de l'éruption dartreuse, qui est moins
foncée que celle de l'affection arthriti(iue. Cette dernière
s'accompagne, dans quelques cas, d'hémorrhagies intersti-
tielles de la peau.
Il serait difficile d'après les caractères précédents, qui
sont insuffisants sans nul doute, de reconnaître la nature de
l'urticaire herpétique. Le traitement ne fournira aucun
moyen de diagnostic, puisque l'affection, quelle que sôit sa
nature, disparaît spontanément dans un espace de temps
très court.
En l'absence de symptômes propres à l'urticaire herpétique,
nous devrons tourner notre attention vers l'élude des rapports
de cette éruption avec les affections antérieures ou concomi-
tantes que peut nous présenter le malade. Nous arriverons
souvent à constater chez ce dernier des dyspepsies, des mi-
graines ou d'autres névralgies dénature dartreuse, du prurit,
des affections herpétiques bien caractérisées chez le père ou
la mère, etc., enfin, l'ensemble des symptômes prodromiques
de la dartre. Si le diagnostic restait douteux, l'avenir pour-
rait encore tra,ncher la question : on verrait apparaître, à une
époque plus ou moins éloignée, des manifestations plus accu-
sées de la diathèse herpétique.
Je borne là ces quelques considérations que l'on pourra
compléter en lisant la description de l'urticaire pseudo exan-
Ihémalique de nature arthritique.
PlTïlllASIS AKiU DISSÉMINÉ.
233
§ III. — Du pityriasis aigu disiéminé,
Le pityriasis aigu disséminé est une affection pseudo- exan-
tliénialique qui appartient à l'arthrilis et à la dartre. Lorsque
nous avons étudié le pityriasis aigu arthritique, nous avons
dit ce qu'il fallait entendre par les variétés des auteurs,
pityriasis versicolor, nigra, alha, capitis et barbœ, rubra.
Nous avons admis deux espèces de pityriasis rubra : l'un
offre une marche chronique, appartient essentiellement à
la dartre et sera décrit parmi les herpélides sèches ; l'autre
est un pseudo-exanthème arthritique ou herpétique. Le pity-
riasis aigu arthritique vous est connu, nous allons parler
du pityriasis aigu de nature herpétique.
Je nVexposerais à des répétitions inutiles, si je vous don-
nais de nouveau la description du genre du pityriasis aigu
disséminé ; je me contenterai de vous signaler ce qui a rap-
port à cette affection envisagée comme manifestation herpé-
tique.
A quels signes peut-on reconnaître que ce pseudo-exan-
thème est symptomatique de l'herpétisme? Disons de suite
que le traitement ne saurait en aucune façon venir en aide
au diagnostic, puisque l'affection, dans tous les cas, se ter-
mine promptement par résolution et d'une manière sponta-
née. Les symptômes et la marche du pityriasis aigu dissé-
miné, ses causes, et surtout ses rapports avec les autres
manifestations de la dartre pourront seuls nou5 éclairer sur
sa nature : ainsi, le pityriasis très généralisé, qui récidive
fréquemment, qui se montre à la suite d'émotions morales,
qui coexiste avec des migraines, des dyspepsies, etc., herpé-
tiques, ce pityriasis, disons-nous, est spécialement de nature
darlreuse.
23/| HEIIPÉTIDES PSEUDO-KXANTHÉMATiQUES VÉSICUL RUSES.
CHAPITRE II.
HERPÉTIDES PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES VÉSICULEUSES.
Les herpétides pseudo-exanllicmaliques vésiculeuses sont :
1° l'eczéma rubrum généralisé, 2° Therpès, 3° le zona.
$ I. — Eczéma rubrum généralisé.
Cette variété d'eczéma est mal décrite par les auteurs qui
la confondent avec l'eczéma ordinaire, dont elle ne diiïèrerait
que par une plus grande intensité de la coloration. Pour
nous, l'eczéma rubrum généralisé est une espèce distincte
qui présente une marche et une évolution particulières.
Cette affection n'est pas contagieuse; elle est caractérisée
par une éruption vésiculeuse, précédée, quelquefois accom-
pagnée de phénomènes fébriles et se terminant par résolu-
tion dans l'espace de quinze jours à trois semaines.
D'après ses caractères et sa marche, l'eczéma rubrum gé-
néralisé se trouve naturellement placé dans la classe des
pseudo-exanthèmes. C'est pour la première fois que nous
allons décrire cette affection, qui appartient essentiellement
à la dartre.
Nosographie. — L'eczéma rubrum est annoncé par quelque
malaise, de Tanorexie, un mouvement fébrile plus ou moins
intense, et même, dans certains cas, par de l'agitation et du
délire.
Une démangeaison très- vive se montre sur les surfaces
qui seront le siège de l'éruption, et souvent sur des niions
plus étendues.
ECZÉMA RUBRUM GÉNÉRALISÉ. 235
On voit bientôt des plaques rouges se développer simulta-
nément à la figure, aux aisselles, au niveau des plis articulaires
ou sur le tronc. Ces plaques sont plus ou moins arrondies,
légèrement saillantes et confluentes; elles présentent des
dimensions variables ; elles ont ordinairement un diamètre
de 2 à Zi cenlimètres, mais elles se réunissent quelquefois et
couvrent une région entière : c'est ainsi que la figure peut
être envahie dans sa totalité par un gonflement et une rou-
geur qui rappellent l'érysipèle. Ces plaques sont encore re-
marquables par une coloration d'un rouge vif et par un
gonflement assez considérable. Ce dernier symptôme se ma-
nifeste surtout dans les régions pourvues d'un tissu cellulaire
abondant, principalement à la face : les paupières sont tumé-
fiées , les joues et les lèvres comme fluxionnées.
Sur les surfaces rouges ne tardent pas à paraître des vési-
cules, isolées et distinctes, quelquefois agglomérées. Ces
vésicules, qui sont un peu plus volumineuses que celles de
l'eczéma chronique, sont visibles pour la plupart. Le plus
grand nombre d'entre elles s'affaissent après la résorption
du liquide qu'elles renferment, et sont remplacées par une
desquamation furfuracée; d'autres se rompent et donnent
naissance à des croûtes jaunâtres qui recouvrent des surfaces
enflammées et légèrement ulcérées. Ces croûtes se détachent
bientôt, et l'on voit à leur place des squames qui durent
quelque temps. L'éruption se limite parfois à une seule ré-
gion, la face, les mains, etc.; mais le plus ordinairement
elle se développe simultanément sur plusieurs parties : à la
face, aux aisselles, aux plis de l'aine, au niveau des jointures.
Dans quelques cas, elle s'étend à la surface presque entière
du corps : chez un malade que nous observions récemment,
l'affection occupait à peu près complètement la figure, les
22G iitmrÉTJDKS psel[)0-]:xamii/-.matiqli:s nésicl'i.ixsks.
rncmhros, les régions loinhiiiic cL ihoracifjiHï aiilérieui'c.
Les plicnomèiios généraux disparaissénl ordinairement au
moment de l'éruption-, cependant ils persistent fpjelquelbi.s
avec lu môme intensité, snrîdiit si l'eczéma rubruni se inani-'
feste par poussées successives.
Marche, durée ^ terminaison. — L'eczéma rubrum présente
une marche essentiellement aiguë. Au bout de quelques jours,
les surfaces pâlissent, la luméfaclion diminue; l'affection se
termine généralement dans l'espace de deux à trois septé-
naires.
Pendant la durée de l'éruption, on observe habituellement
une ou deux poussées vésiculeuses. L'eczéma rubrum réci-
dive avec une grande facilité : tous les jours vous trouverez
des malades qui vous diront avoir eu cinq , six et huit érysi-
pèles de la face; or, ces prétendus érysipèles ne sont que des
eczéma rubra. D'ailleurs, cette forme de la dartre conduit
tôt ou tard à des alïections herpétiques plus circonscrites et
plus tenaces. Ainsi l'eczéma rubrum se montrera et dispa-
raîtra dix ou quinze fois dans l'espace de trois, quatre et dix
ans; mais à cette époque une nouvelle éruption surviendra,
présentera une durée plus longue et finira par se fixer d'une
manière définitive dans quelques régions, à la face, aux
mains ou aux parties génitales.
Ètiologie. — L'eczéma rubrum se montre dans les deux
sexes, toutefois il est plus fréquent chez la femme ; il se dé-
clare souvent au printemps et à l'été.
Il s'observe principalement dans l'âge adulte; il apparaît
encore à l'âge critique.
Les causes déterminantes sont nombreuses : nous citerons
plus parlicuhèrement les émotions morales, les fatigues et
les veilles prolongées, l'exposition à une chaleur ardente.
i-czfeM.v nuniîi M GLiNi-r. ai.isê. 23?
Nous mcnliomuTons aussi l'action de plusieurs agents tels
fjuc les vôsicatoii es, les ventouses, etc., qui provoquent assez
souvent le développement de raffeclion. Avant tout, il existe
une cause interne sans laquelle toutes les autres resteraient
stériles: celle cause est la diatlièse herpétique.
Pathngénie. — L'eczéma ruhrum est une affection propre
à la dartre, comme nous avons eu l'occasion de le dire pré-
cédemment.
Diagnostic. — L'eczéma rubruni présentje quelque ressem-
blance avec l'érysipèle et avec plusieurs exanthèmes.
Voyons d'abord k le distinguer de la première aiïection.
L'érysipèle débute par une plaque peu étendue, qui en-
vahit chaque jour les parties voisines; l'eczéma rubrum
recouvre irnmédialement toute la région qui doit être
aiïectée. Le premier présente une surface rouge qui est
limitée par un bourrelet très nedement accusé; le second
offre un gonflement qui diminue graduellement en appro-
chant des parties saines. Lorsque l'érysipèle s'accompagne
d'une vive inflammation, on observe à sa surface des phlyc-
tènes ou de grosses bulles, qui difj'èrent complètement des
nombreuses et petil<'S vésicules de l'eczéma rubrum.
L'affection érysipélateuse est précédée et accompagnée de
syuq)t()mcs généraux plus ou moins intenses ; sa terminaison
est môme annoncée par la disparition des accidents fébriles.
Des phénomèp.cs généra;iN piécèJcnl aussi Teczéma rubrum;
mais, ils sont moins intenses généralement que ceux de l'éry-
sipèle, et ils cessent dès que l'éruption est développée. Les
malades atteints do ces pscudo-*érysipcles ^ qui ne sont que
dos cczômn, se lèvent, marchent cl accomplissent toutes leurs
fonctions comme A l'étal de sanlé,
L'érupiion de rec'/.ém.".i rubi^urn» nvanl rnppai^itîon des vé.
238 HERPÈTIDES PSEUDO-EXANTHÊM/ TIQUES VltSlCULEUSES.
sicules, pourrait être conroiuliie avec celles de la scarlatine et
de la rougeole. Mais ici, comme nous l'avons vu pour la ro-
séole, les symptôme? observés dans la scarlatine vers le pha-
rynx et la langue, les catarrhes bronchiques et naso-oculaires
dans la rougeole, mettront promptement sur la voie du dia-
gnostic. D'ailleurs, s'il restait du doute, il serait bientôt dissipé
par l'éruption vésiculeuse qui ne tarde pas à se montrer dans
l'eczéma rubrum.
La nature de l'eczéma rubrum nous a été démontrée par
l'observation : nous avons constaté un grand nombre de fois
les rapports intimes de cette affection avec les manifestations
herpétiques. Nous n'avons donc pas à nous occuper du dia-
gnostic de l'espèce, puisque l'eczéma rubrum appartient tou-
jours à la dartre.
Pronostic. — Le pronostic de l'eczéma rubrum n'est point
sérieux ; cependant M. Hardy rapporte un cas de mort sur-
venu à la suite de phénomènes graves qui se sont produits
du côté du cerveau et de la poitrine.
Il ne faut pas oublier non plus que cette affection est fâ-
cheuse par les récidives auxquelles est exposé le malade.
Lorsque l'eczéma rubrum a fini par se localiser, il a pris
droit de domicile et il ne disparaît plus qu'avec beaucoup de
difficulté.
Traitement. — Il est utile quelquefois de pratiquer une ou
deux saignées, si le malade est robuste. On ordonne ensuite
le repos, des boissons délayantes et une nourriture légère;
on fera saupoudrer avec la poudre d'amidon les surfaces ma-
lades. Pendant la période d'acuité, on se bornera à ces quel-
ques moyens; plus tard, on prescrira des bains émollients et
des bains sulfureux.
tiERPÈS PHLYCTÊNOÏDE.
239
§ II. — l>e l'herpès phlycténoïde.
Quand nous avons étudié l'herpès arthritique, nous n'en
avons reconnu que deux variétés : l'herpès phlycténoïde elle
zona. La dartre ne possède également que ces^seules variétés :
les autres variétés, herpès, iris et circiné, sont des affections
parasitaires, comme nous l'avons établi. Dans.ce paragraphe,
nous allons nous occuper spécialement de l'herpès phlycté-
noïde de nature dartreuse. Nous passerons sous silence la
description du genre, que nous avons donnée dans l'histoire
de l'herpès arthritique; nous arriverons immédiatement au
diagnostic qui a rapport à la nature de l'aff'ection. A quels
caractères reconnaîtrons-nous que l'herpès phlycténoïde [olo-
phlyctide d'Alibert) est de nature herpétique?
Nous avons déjà dit que, dans les affections pseudo-exan-
thématiques, le traitement n'était d'aucune utilité pour le
diagnostic, parce que ces affections disparaissent rapidement
et spontanément.
L'éliologie peut -elle nous fournir quelques renseigne-
ments? L'herpès phlycténoïde de nature dartreuse est sou-
vent déterminé par des émotions morales : ces impressions
subites amènent une excitation fébrile passagère, à la suite
de laquelle se montrent des plaques d'herpès sur les joues,
les lèvres, etc. Il ne faut pas confondre cette espèce d'olo-
phlyctide avec celle qu'on observe vers le déclin de plusieurs
maladies, telles que la pneumonie, la fièvre éphémère ou
synoque. L'herpès darlreux se distinguera encore jusqu'à
un- certain point de l'herpès arthritique par l'absence de cer-
taines causes occasionnelles : nous savons, en effet, que ce
dernier est produit fréquemment par le froid et les change-
ments de température.
2'l0 ULRl'Él lDliS PSI.lDO-tXAM lltMATlQLI'.S ^ feSICLLIX'SF.S.
Les caractères ol)jeclirs, la marclie oLia teriiiiiiaison ne prc-
senlent pas de dilTérences dans l'iierpès darlreux et l'Iierpès
arllirilique. Alors, comment parviendrons-nous à établir la na-
ture de riierpès dartreux ? N'oublions pas qu'il nous reste une
dernière ressource, c'est de recberclier les rapports de l'olo-
pblyclide herpétique avec les affections dartreuses antérieu-
res et concomitantes. On constatera dans plusieurs cas que le
malade est prédisposé au prurit et aux affections prurigi-
neuses, telles que l'eczéma, le lichen, etc., qu'il est doué
d'une constitution sèche et d'un tempérament nerveux, qu'il
a des migraines, des dyspepsies herpétiques-, chez les pa-
rents, vous trouverez fréquemment ces mômes accidents plus
caractérisés. Si vous observez cette série d'affections, pour-
rez-vous méconnaître la nature dartreuse de l'Iierpès, et
jrez-vousle confondre avec l'herpès arthritique qui coexiste
' avec des phénomènes d'un autre ordre que vous connaissez?
Nous savons, en effet, que ce dernier se manifeste chez des
sujets doués d'embonpoint et d'un système musculaire déve-
loppé, affectés de douleurs rhumatismales, de lichen, d'ec-
zéma, de dyspepsie, etc, de nature arthritique.
Nous avons décrit, sous le nom d'hydroa, un herpès suc-
cessif et chronique qui appartient constamment à l'artlirilis ;
il ne saurait être confondu avec rherpès phlycténoïde dont
la marche et les caractères objectifs sont bien différents.
g m. — Du «oûi.
Le zonn, comme l'herpès et rurticah-o, tlpparllcnt à Taf-
Ihrllis et à la dartre. Nous avons suffisamment indiqué les
symplAmes objcclifs et la marche de réruplion qui caracté-
ZONA HERPÉTIQUE. , 241
rise celte affection cutanée, pour que nous n'insistions pas
ici sur celte partie de l'histoire du zona. Nous étudierons
spécialement ce qui concerne le zona darlreux sous le rap-
port de sa symptomatologie, de son éliologie, et surtout de
son diagnoslic.
Le zona herpétique est plus fréquent dans la vieillesse que
dans l'âge adulte. Il est souvent déterminé par des émotions
morales et s'accompagne d'ictère dans un certain nombre
de cas. ^
Il présente des vésicules d'un volume assez égal et grou-
pées d'une manière régulière : il est souvent précédé et
ordinairement accompagné de douleurs névralgiques. Ces
douleurs diminuent quelquefois pendant l'éruption pour se
montrer de nouveau après cette dernière qui, dans ce cas, ne
semble être qu'un symptôme secondaire. On a vu des dou-
leurs névralgiques durer des mois et des années, offrir une
marche intermittente, puis être remplacées par des névral-
gies qui occupaient d'autres régions que les premières.
Dans le zona dartreux, vous trouvez habituellement dos
migraines, des dyspepsies et d'autres affections herpétiques.
D'après cet exposé succinct des caractères propres au zona
dartreux, il est facile de le reconnaître et de le distinguer du
zona arthritique. En effet, cette dernière affection se montre
le plus ordinairement chez l'adulte ; elle n'est pas rare dans
l'enfance, et le zona qui apparaît chez l'enfant est toujours ar-
thritique; elle est habituellement produite par le froid humide
et les changements de température. C'est sur cette circon-
stance éliologique que M. Parrot s'est appuyé pour considérer
le zona comme une affection rhumatismale. Dans l'herpès
zoster artbritique l'inflammation est plus intense, les vési-
cules sont groupées moins régulièrement et présentent entre
16
2/|2 Ill'RPÉTTDE PSEUDO-KXANTIlfeMATIQUr. liULLF.USE.
ollos iiiio plus grande inégalité de volume. On rencontre
au niveau de l'éruption une douleur tensive, qui augmente
lorsque le malade opère des mouvements brusques et fait de
larges inspirations; cette douleur a son siège dans les mus-
cles et disparaîten même temps que les groupes vésiculeux.
Enfin, on constatera souvent chez les malades atteints de
zona arthritique, de la dyspepsie, des migraines arthritiques,
des hémorrhoïdes, etc.
La connaissance de la nature du zona herpétique nous a
conduit à une thérapeutique rationnelle. C'est ainsi que nous
avons combattu avec succès par les préparations arsenicales
des névralgies rebelles et consécutives au zoster: ces névral-
gies avaient résisté aux narcotiques, aux narcotico-âcres, et
même à la cautérisation.
CHAPITRE in.
HERPÉTIDE PSEUDO-EXANTHÉMATIQUE BULLEUSE.
Pemphigiis aigu.
Le pempbigus aigu, ou fièvre huileuse, doit être distin-
gué du pempbigus chronique; car, tandis que le premier
présente une terminaison habiluellement heureuse, le second
est une affection presque toujours mortelle. Le pempbigus
aigu est une manifestation ordinaire de l'arthritis et de la
dartre: nous avons étudié celui qui est de nature arthriti-
que, il nous reste à parler du pempbigus aigu d'origine dar-
treuse.
Nous devons dire que cette affection à l'état aigu ne pré-
HERPÈTIDES SÈCHES. 2/l3
sente pas- de caractères objectifs qui soient bien diiïérents
dans l'une et l'autre des maladies constitutionnelles. Cepen-
dant le pemphigus darlreux, comme les herpétides en géné-
ral, est souvent déteruiiné par des émotions morales; il
.occupe de grandes surfaces et peut être généralisé dès son
apparition. Son éruption est caractérisée par des bulles volu-
mineuses, plus ou moins arrondies, isolées pour la plupart,
remplies d'ime sérosité citrine, entourées à peine d'une lé-
gère aréole rosée. On ne se contentera pas de ces symptômes
objectifs, qui sont peu accusés dans beaucoup de cas, pour
arriver à la connaissance du pemphigus dartreux : il faudra
interroger le malade sur l'état habituel desa santé, sur les
affections qu'il a présentées et sur les antécédents de sa
famille. Par tous ces moyens, si vous ne parvenez pas à la
certitude dans le diagnostic, vous pourrez acquérir dans la
plupart des cas une présomption qui sera vérifiée par l'ap-
parition ultérieure des affections de la dartre.
DEUXIÈME SECTION.
DES HERPÉTIDES SÈCHES.
Nous décrirons les herpétides sèches dans trois chapitres ;
1° Herpétides sèches érythémateuses,
2° Herpétides sèches squameuses,
3° Herpétides sèches boutonneuses.
HERPflTinES SÎÎCHES ÉRYTIIÉMATEUSES,
CHAPITRE PURMIER.
DES HIÎRPÉTIDES SfeCHES ÉRY'IHÉMATEUSES.
Ce chapitre ne renferme que deux genres qui sont: 1° le
cnidosis, 2" l'épinyctide.
§ 1. — Du cnîdosis herpétique.
Nous avons donné les raisons qui nous engagent à dési-
gner, sous le nom de cnidosis, l'urticaire chronique. Nous
nous sommes attaché à bien séparer cette dernière affection
de l'urticaire aiguë, ou fièvre huileuse.
Le cnidosis s'observe à titre de symptôme dans l'arlhritis
et la dartre : celui qui est de nature arthritique a été décrit,
il nous reste à pai'ler du cnidosis d'origine dartreuse.
Le cnidosis herpétique est caractérisé par des éruptions
papuleuses de formes variées, qui ont une durée éphémère,
et qui se reproduisent avec persistance pendant des mois et
des années. Il répond assez exactement à la variété d'urti-
caire connue sous le nom iWirticariaevanida.
L'éruption se développe tantôt sous Taspect de papules
rosées ou blanchâtres, tantôt sous la forme de plaques arron-
dies, échancréesou allongées, ressemblant plus ou moins à
celles qui résultent de flagellations ou qui sont produites par
la piqûre d'ortie. Parmi ces plaques, les unes sont complète-
ment pâles, les autres sont décolorées à leur centre et entou-
rées d'une auréole rouge.
Ces papules et ces plaques s'accompagnent d'un gonfle-
ment œdémateux qui s'observe principalement dans les lé-
CMDOSIS HERPÉTIQUE.
gions pourvues d'un tissu conjonclif abondant : au scrotum,
aux paupières, aux lèvres, elc. Elles sont disséminées habi-
tuellement sur la face, le tronc et les membres; elles sont
parfois groupées sur des surfaces plus ou moins étendues,
.et, c'est d'après celle coniluence de l'éruption que les au-
teurs ont établi la variété urticaria conferta.
Nous mentionnerons encore un symptôme qui n'est pas
sans gravité dans l'urticaire herpétique, c'est le prurit qui
précède et accompagne le développement des plaques ortiées.
Souvent les démangeaisons persistent môme après la dispa-
rition de l'éruption; elles sont quelquefois portées à un tel
degré que le malade ne peut se livrer au sommeil pendant
plusieurs nuits consécutives. Les insomnies répétées finissent
par amener de la fatigue, de l'amaigrissement et différents
troubles de la digestion.
Marche, durée et terminaison. — Le cnidosis herpétique
présente une marche essentiellement chronique. L'éruption
se manifeste tantôt dans un point, tantôt dans un autre, et
à des époques irrégulières; elle se montre ordinairement à
l'approche de la nuit, et elle est déterminée par la chaleur
du lit; elle ne s'accompagne d'aucun symptôme fébrile, et
disparaît en général au bout de quelques heures. . Cepen-
dant elle persiste quelquefgis dans la journée; alors elle ne
présente pas des caractères bien accusés : on ne trouve plus
que des papules rosées, desimpies taches érythémuleuses ou
des débris de plaques blanchâtres. Elle ne laisse fréquemment
à sa suite qu'une légère tuméfaction des parties qui ont été
affectées.
Si les éruptions ortiées n'ont qu'une durée éphémère, elles
se reproduisent avec opiniâtreté pendant des mois et des
années. Aussi, nous est-il impossible de déterminer la durée
2^6 iii:rpétides sèches érythémateuses.
de l'an'oc'lioti {|ui'pt'Ul exisler peiuianl toule la vie. Les
récidives sont très fréquentes : elles se montrent parfois à
des époques très éloignées, lorsqu'on avait cru longtemps à
une guérison définitive.
Etiologie. — Le cnidosis herpétique apparaît à tous les
âges et dans les deux sexes; nfiuis il se développe de préfé-
rence dans l'enfance, à l'âge adulte et chez la femme. Cette
affection est souvent occasionnée par les émotions morales.
Les alcooliques, une nourriture excitante, les excès de
table provoquent fréquemment l'apparition ou la récidive du
cnidosis herpétique.
Diagnostic. — S'il nous est donné d'observer l'éruption,
nous ne saurions la méconnaître; mais nous savons qu'elle
se montre principalement pendant la nuit, qu'elle disparaît
dans le jour, et qu'elle échappe souvent à notre examen.
Pour établir le diagnostic de l'affection, nous tiendrons
compte de la disparition l'apide de l'éruption; en outre,
nous constaterons, dans la plupart des cas, des taches rosées,
des portions de cercles blanchâtres, un gonflement notable
de la peau et du tissu cellulaire. Par des frictions exercées
sur les régions affectées, nous déterminerons parfois l'appa-
rition des papules caractéristiques de l'urticaire. Le prurit
est un symptôme constant-, il est plus marqué pendant la
nuit. S'il restait quelque doute, on examinerait le malade
à l'approche de la nuit, pendant l'existence de l'éruption.
Le cnidosis présente une certaine analogie avec la roséole,
le pityriasis rubra, l'érythème noueux et l'érytlième papulo-
tuberculeux; toutes ces questions de diagnostic différentiel
ont été traitées dans les paragraphes consacrés à l'étude de
l'urticaire pseudo-exanlliématique et du cnidosis arthritiques.
Nous devrions dire à quels caractères nous distinguons le
CNIDOSIS HERPÉTIQUE. "IM
cnidosis herpétique du cnidosis arthritique, si nous n'avions
insisté ailleurs sur ce point important de pathologie. Pour
éviter des répétitions inutiles, nous renvoyons au chapitre
qui renferme la description du cnidosis arthritique.
Pronostic. — Le cnidosis herpétique doit être considéré
comme une affection sérieuse ; il présente une ténacité déses-
pérante et une très grande facihté à récidiver. Le prurit est
le symptôme le plus fâcheux : il produit fréquemment des
insomnies et consécutivement de la faiblesse, de l'amaigris-
sement, différents troubles de la digestion ou parfois des dé-
sordres intellectuels.
Ti'aitement. — On recommandera d'abord une alimenta-
tion douce, composée de viandes blanches et de légumes
herbacés. Les alcooliques, le café et toutes les boissons stimu-
lantes seront proscrits d'une manière complète.
C'est dans le cnidosis herpétique que les préparations arse-
nicales fournissent les succès qui sont mentionnés par les
auteurs; elles échouent, au contraire, dans le traitement du
cnidosis arthritique, contre lequel nous administrons la mé-
dication alcaline. Pour combattre une affection aussi opi-
niâtre que l'urticaire dartreuse, il faudra nécessairement
continuer longtemps l'emploi des préparations arsenicales.
On pourrait encore tenter l'administration des préparations
balsamiques, dont l'effet est beaucoup moins certain.
Contre le prurit, qui est parfois intolérable dans le cnidosis
herpétique, on conseillera les lotions vinaigrées, d'eau blan-
che, de sublimé, etc., et des bains renfermant une faible
proportion de sublimé ou de sulfure de potasse.
IltlU'Él JDliS ShCHIiS /iUlTIIÉ.MATLUStS.
§ II. — De l'épinyctide.
Celle afieclion a élé signalée aulrcfois par Alik-rl^ mais,'
depuis celle époque, elle est tombée dans l'oubli le plus com-
plel. Cependant elle présente une gravité réelle dans beau-
coup de cas, et mérite de fixer quelque temps notre allenlion.
Les malades se plaignent d'être affectés d'une éruption
fugace, qui ne se présente que pendant la nuit; ils sont tour-
mentés par des .démangeaisons qui les privent de sommeil,
ou ils accusent des sensations plus ou moins bizarres qui
Iroublent singulièrement leur existence. L'un se croit atteint
de la gale, l'autre s'imagine qu'il est couvert d'une multitude
d'insectes. Au commencement de l'année, nous avions dans
le service l'un de ces malheureux qui prétendait être affecté
de la gale, et qui persistait dans cette opinion à sa sortie de
l'hôpital. Un autre étail persuadé qu'il était couvert d'in-
sectes; il ne pouvait s'exposer à transmettre sa maladie à
ceux qui l'approchaient, et il nous demandait avec instance
de le débarrasser promptement de cette affection qui lui ren-
dait la vie odieuse.
Si l'on examine dans le jour la surface du corps, on ne
constate qu'un aspect plus ou moins rugueux de la peau.
Mais, si l'on procède à cet examen pendant la nuit, on aper-
çoit une éruption légère de taches érytbémaleuses et dissé-
minées, ou d'un petit nombre de papules rosées. Celte érup-
tion peut ne se montrer qu'une fois, ou revenir toutes les
nuits ; d'ailleurs, elle ne constitue pas le symptôme le plus
important : le phénomène le plus grave est sans conliedit
le prurit, ou des sensations bizarres cl non moins insujipor-
tables.
épjinyctidl:. 269
La [)i'uril exislo jour cl nuit, mais il est toujours plus mar-
(jué dciiis la iiuil; il est quelquefois plus difiQcile à endurer
(jue les douleurs les plus vives. On a vu des malades atteints
d'ôpinyctide passer la nuit sur une chaise et à l'air, pour
diminuer les tourments occasionnés par le prurit qui est
augmenté constamment par la chaleur du lit.
L'état tle souITrance continuelle et les insomnies qui résul-
tent de l'existence des démangeaisons, réagissent tôt ou tard
sur les facultés intellectuelles. Ceux qui sont en proie à cette
afi'ection tenace et persistante deviennent tristes et taci-
turnes; dans certains cas, ils ne reculent pas devant le sui-
cide qui vient mettre un terme à leurs douleurs do tous les
instants. D'autres fois ils présentent une grande excitation
céréhrale, qui peut conduire à l'aliénation mentale.
L'épinyctide est donc une affection grave par les consé-
quences qu'elle entraîne qi^elquefois à sa suite , et nous
croyons qu'il était utile de la signaler de nouveau aux obser-
vateurs.
Dans tous les cas, elle s'est rencontrée chez des sujets qui
avaient présenté ou qui offraient encore un grand nombre
d'affections herpétiques : aussi nous n'hésitons pas à la ran-
ger parmi les herpétides.
l^raitement. — On recommandera le régime que nous*
avons indiqué dans le traitement du cnidosis herpétique. On
aura recours à la médication anti-herpétique, c'est-à-dire
aux préparations arsenicales données à l'intérieur. Comme
topiques destinés k calmer les démangeaisons, on emploiera
des lotions, des pommades ou des poudres diverses que nous
avons indiquées. (Voir thérapeutique générale des arthrilides
et des herpétides.)
250
HERPÉTIDl'S SiiCHES SQUAMEUSES.
CIIAPIÏUE II.
DES IlERPÉTIDES SÈCHES SQUAMEUSES.
Sous le nom d'Iierpélifles sèches squameuses, nous dé-
signerons : 1° le pityriasis, 2* le psoriasis.
Nous allons décrire chacune de ces affections dans des pa-
ragraphes séparés.
5 I. — pityriasis herpétique.
La définition du pityriasis en général, telle qu'elle a été
donnée par Biett, s'applique parfaitement au pityriasis dar-
treux.
Aussi nous pouvons dire : Le pityriasis herpétique est une
affection caractérisée par une légère inflammation des cou-
ches superficielles du derme, accompagnée d'une exfoliation
de petites squames furfuracées qui se reproduisent d'une ma-
nière continuelle.
Nous savons que cette définition ne saurait convenir au
pityriasis arthritique, qui consiste, avons-nous dit, dans la
Jésion des follicules pileux.
Le pityriasis dartreux se présente sous deux aspects diffé-
rents : dans un cas, oii observe une congestion inflamma-
toire, plus ou moins intense; dans un second cas, ou ne
constate aucune rougeur sur les surfaces affectées qui sont
blanches ou grisâtres. Les auteurs, prenant en considération
l'absence ou la présence des phénomènes congeslifs dans le
pityriasis, en ont admis deux variétés : 1' pityriasis alba,
2* pityriasis rubra. Cette distinction est réelle et mérite
PITYRIASIS HERPÉTIQUE. 251
d'être conservée. Toutefois, nous ferons remarquer que nous
avons déjà décrit un pityriasis alba parmi les affections
parasitaires, et un pityriasis rubra parmi les pseudo-exan-
thèmes de l'arthritis et de la dartre. Aussi, pour éviter une
confusion qui serait inévitable, si nous donnions les mêmes
dénominations à des affections de nature différente, nous
désignerons les deux variétés de pityriasis herpétique sous
les noms suivants : 1" Pityriasis simple, 2° pityriasis in-
flammatoire.
Première variété. — pityriasis simple (alba). Cette affec-
tion se montre sous la forme de plaques irrégulières, grisâtres
et accompagnées d'un prurit plus ou moins marqué. Ces pla-
ques ne présentent habituellement aucune saillie-, cependant
elles ont quelquefois des bords légèrement relevés. Elles sont
couvertes desquames petites, peu adhérentes et se détachant
sous la forme d'une poussière grisâtre. Au début, les plaques
offrent de petites dimensions : elles présentent la largeur d'une
pièce de 50 centimes à 1 franc. Elles sont d'abord séparées par
des intervalles de peau saine^ mais après une certaine durée,
elles se réunissent et s'étendent à de grandes surfaces.
Le pityriasis herpétique détermine des démangeaisons
vives, qui augmentent sous l'influence de la chaleur, des
excès de table ou de l'exposition à la chaleur. Il se développe
dans toutes les régions, et il diffère sur ce point du pityriasis
arthritique qui occupe toujours les parties velues. Néanmoins,
il peut aussi, à l'exemple de ce dernier, se manifester sur
des surfaces garnies de poils; il n'est pas rare de l'observer
à la tête. Dans ce cas, l'inflammation reste limitée longtemps
au réseau papillaire du derme; elle n'envahit qu'accidentel-
lement le follicule pileux. 11 en résulte que les poils sont res-
pectés, et que leur chute n'a lieu qu'après une longue durée de
232 IllilU'fniDKS Sl-CHKS SQLAMl^USKS.
l'affoclioii. Nous savons, au coiilraire, que le pityriasis arlliri-
lique s'accompagne fiéquemmeul el rapidemenl de la cliule
des poils, dont le bulbe est pi imilivcment affecté.
Marche, durée ^ terminaison. — Le pityriasis berpétique'
est une affection essentiellement cbronique : il peut durer des
mois et des années entières. Si la guérison a lieu, les déman-
geaisons perdent leur intensité, les squames sont moins abon-
dantes, enfin, répiderme reprend son aspect normal. Mais il
faudra redouter les récidives qui sont (rès fréquentes et très
rebelles.
Deuxième VAiuÉTis. — Pityriasis inflammatoire (rubra).
— Dans celte ailection, on observe des surfaces rouges, irré-
gulières et parfois un peu saillantes, des squames plus larges
et plus adhérentes que celles du pityriasis simple; Les par-
ties malades sont le siège de cuisson et de vives démangeai-
sons.
Le pityriasis inflammatoire occupe des régions étendues,
la face, le cou, les membres, etc. ; quelquefois il s'étend à
toute la surface du corps. Il se prolonge ordinairement pen-
dant plusieurs mois, et présente de temps en temps desexa-
cerbations.
Étiologie, — Le pityriasis berpétique est plus fréquent
dans Tadolescence et l'âge adulte qu'aux autres époques de
la vie.
Les deux sexes sont prédisposés à cette affection, qu'on ob-
serve plus souvent chez les femmes et les hommes qui por-
tent une longue chevelure.
L'influence héréditaire peut être constatée dans un grand
nombre de cas.
Parmi les causes occasionnelles qui déterminent le déve-
loppement, la récidive ou l'exacerbalion du pityriasis herpé-
PITYRIASIS HKRPÈTIOUË. 253
liqiie, nous citerons les émotions morales, les excès de table,
les fatigues, l'usage du café, des liqueurs, etc. Alibert rap-
porte qu'un certain Letellier, voyant passer son maître que l'on
conduisait à la guillotine, fut atteint subitement d'un pity-
riasis étendu à toute la surface du corps. M. Hardy signale
l'influence des anciens eczémas sur la production du pityria-
sis : en considérant les rapports qui existent quelquefois
entre ces deux états morbides, cet auteur est tenté de les
regarder comme des degrés différents d'une môme affection*
Pour nous, nous ne saurions confondre une période de l'ec-
zéma, l'état squameux, qui persiste longtemps dans l'eczéma
chronique, avec le pityriasis qui débute d'emblée par l'état
furfuracé et ne s'accompagne jamais de suintement.
Diagnostic. — Le pityriasis simple peut ôtre confondu avec
l'icbtbyose et l'eczéma chronique. L'icthyose est une affection
généralisée dès le début et congénitale, tandis que le pity-
riasis est une affection accidentelle et d'abord circonscrite»
Dans la première, la peau est épaisse, rude au toucher, cou-
verte de squames larges et grisâtres; dans le pityriasis, il
n'existe aucune altération du derme, et l'on trouve des squa-
mes furfuracées.
Il est plus difficile de distinguer le pityriasis de l'eczéma
à la période squameuse. Il faut se rappeler que dans le début
de l'affection, les plaques pityriasiques sont plus nombreuses
que les surfaces eczémateuses : sur une région oiî vous trou-
verez deux ou trois groupes d'eczéma, vous constaterez
trente ou quarante plaques de pityriasis. Dans cette der-
nière affection, les squames sont sèches et grisâtres; dani
l'eczéma chronique, elles sont jaunâtres et souvent un peu
humides. Enfin, il faudra s'informer de Tevistence anté-
rieure ou de l'absence de suintement sur la partie affectée.
254 HERPÊTIDES SÈCIIFS SQUAMEUSES.
Néanmoins, on ne saurait se dissinuiler quelle diflicullé un
éprouve à établir le diagnostic dilîérenliel entre le pityriasis
simple et le pseudo-pityriasis du cuir chevelu, qui succède à
l'eczéma chronique placé ordinairement sous la dépendance
de la dialhèse scrofuleuse.
Le pityriasis inflammatoire présente dans certains cas une
ressemblance presque complète avec le psoriasis.
En ce moment, jious avons dans nos salles un psoriasis
aigu qu'on aurait pris facilement pour un pityiiasis inflam-
matoire. Cependant nous sommes arrivé à établir le diagno-
stic en examinant la marche et les caractères de l'afl'eclion.
Le psoriasis est caractérisé par des plaques rouges, sail-
lantes, plus nombreuses habituellement sur les coudes et les
genoux, recouvertes de squames épaisses, imbriquées, adhé-
rentes et présentant une coloration blanche ou nacrée. Le
pityriasis nous offre des plaques rouges, non proéminentes,
disséminées irrégulièrement dans diverses régions, suppor-
tant des squames minces, foliacées, jaunâtres ou grisâtres.
La première affection présente des démangeaisons presque
nulles et une marche lente ; la seconde parcourt plus rapi-
dement son évolution et s'accompagne d'un prurit intense.
Chez le malade dont nous parlions plus haut, l'éruption
existait sur toute la surface du corps et datait de deux mois :
on voyait sur le tronc, la tôte et les membres, des surfaces
rouges, larges, irrégulières et à peine saillantes. Ces surfaces
étaient couvertes desquames épaisses, adhérentes dans quel-
ques parties, et minces, foliacées sur d'autres points ^ il exis-
tait un prurit intense. La marche rapide de l'affection, l'irré-
gularité des surfaces malades et l'absence de saillie, le prurit
plaidaient on faveur du pityriiisis rubra ; mais, en exami-
nant attentivement les coudes et les genoux, on voyait dans
PITYRIASIS HERPÉTIQUE. 255
oos régions (les plaquos saillantes, arrondies et couvertes de
squames nacrées; à mesure que la congestion cutanée dimi-
nuait, l'éruption psdriasique se montrait avec ses caractères
ordinaires.
Nous avons traité la question de diagnostic différentiel du
pityriasis dartreux et du i)ityriasis arthritique. Nous ne re-
viendrons pas sur ce sujet, et nous renvoyons au chapitre
qui renferme l'histoire du pityriasis arthritique.
Pronostic. — Le pityriasis dartreux est une affection très
rebelle et incommode. Après une longue durée ou des réci-
dives fréquentes, il peut déterminer la chute des cheveux.
Cet accident est fâcheux, principalement chez les femmes
dont la chevelure constitue un des principaux éléments de
leur beauté. Remarquons, toutefois, que la chute des cheveux
est occasionnée habituellement par le pityriasis arthritique,
et très rarement par le pityriasis dartreux.
Traitement. — Nous prescrivons à l'intérieur les prépara-
tions arsenicales qui s'adressent à la diathèse herpétique.
Nous ordonnons des bains renfermant de la gélatine et une
petite quantité de sulfure de pptasse. Les moyens locaux que
nous employons sont nombreux: nous recommandons surtout
l'usage de l'huile de cade qui amène une prompte dispa-
rition des squames. Pour avoir une description complète du
traitement local, on consultera ce que nous avons dit à pro-
pos de la thérapeutique du pityriasis arthritique;
S II. — Psoriasis herpétique.
Le mot psoriasis vient de J^wpoc, terme employé par les
Grecs pour désigner une éruption squameuse. Il paraît évi-
dent que ces deniitrs considéraient comme identiques les af-
fections ^I^Mfa et XÈTrpa : ils Ont décrit, en effet, sous le nom
256 Ill-UPKTTDES SÎ-Cni'S SQUAMEUSES.
générique de XcTrfio:, des éruptions squameuses à différents de-
grés, qui comprenaient les lichen, psora et alpJios. Nous
partageons cette opinion: \q psoriasis et h lèpre vulgaire
sont pour nous des affections différentes par leur forme, mais,
identiques par leur nature. D'ailleurs, nous nous servirons
rarement de l'expression lèpre, dont la signification primi-
tive a été singulièrement altérée. Les auteurs qui ont traduit
les ouvrages des Arabes ont donné le nom précédent à une
maladie tuberculeuse beaucoup plus grave que l'affection
squameuse décrite par les Grec?.
Alibert réserva le terme lèpre pour nommer, suivant l'ac-
ception la plus générale, des affections graves qui différaient
sous tous les rapports des éruptions squameuses et bénignes.
D'un autre côté, cet auteur rapprocha ces éruptions squa-
meuses (lèpre des Grecs) dçs maladies dartreuses, et il les
plaça dans le groupe des dermatoses dartreuses, sous la dé-
nomination de dartre furfuracée arrondie {herpès furfura-
ceiis circinatus) .
Willan a rendu à l'expression lèpre le sens primitif; son
opinion a été adoptée par Biett et ses élèves.
A l'exemple d' Alibert, de MM. Gibert et Hardy, nous con-
sidérons la lèpre vulgaire comme une simple variété de pso-
l iasis [psoriasis circiné).
Le psoriasis est. la manifestation la plus fréquente de la
dartre sèclie, de même que l'eczéma est la forme la plus com-
mune de la dartre humide. Pour le définir, nous pouvons
dire : le psoriasis est une affection de la peau, caractérisée
par des squames épaisses, blanches, nacrées, Ires adhérentes,
recouvrant une surface saillante et d'un rouge foncé, ou cui-
vré, qui rappelle la coloration propre aux affections syphili-
tiques.
>
PSORIASIS HERPÉTIQUË. '257
Siège, — Le psoriasis se développe sur toutes les parties
de l'enveloppe cutanée; il présente cependant une prédilec-
tion marquée pour les régions des coudes et des genoux. Ici
nous ne parlons que du psoriasis herpétique : le psoriasis ar-
thritique, avons-nous dit, ne se montre qu'exceptionnelle-
ment aux coudes et aux genoux.
L'affection est fréquente au cuir chevelu et aux mem-
bres dont elle occupe presque toujours la face externe :
d'une manière générale, elle se manifeste spécialement dans
les régions qui présentent lapeaulaplusrude et la plus épaisse.
Symptômes. — Le psoriasis est caractérisé par une érup-
tion de plaques intéressantes à étudier dans leur composi-
tion, leur couleur et leur configuration.
Les plaques psoriasiques sont recouvertes de squames
épaisses, formées par des lamelles épidermiques superposées
et imbriquées, présentant à leur face interne la trace des sil-
lons interpapillaires et des alvéoles qui répondent aux pa-
pilles du derme. Ces squames offrent une coloration blanche,
argentée; quelquefois elles sont d'un blanc terne et ressem-
blent à des taches de bougie ou de plâtre ; elles sont remar-
quables par leur sécheresse et leur adhérence à la peau.
Si l'on détache la plaque squameuse, on trouve une surface
hérissée de nombreuses inégalités, rouge, violacée ou cui-
vrée. A quoi tient la nuance cuivrée? A ce que l'affection
psoriasique se développe chez des sujets bruns ou sanguins;
on ne rencontre pas la coloration cuivrée chez les blonds.
La peau présente au niveau des plaques une hypertrophie
constante, mais peu appréciable lorsqu'elle est recouverte
par les squames. L'épaississement cutané s'accompagne sou-
vent de fentes et de gerçures, quand l'alfection occupe les
parties mobiles, telles que la paume des mains, la plante
17
'i58 IIERPÉTIDF.S SkCIlES SQLAMKUSKS.
lies pieds et les suiTaces placées aa niveau des arlicula-
tions.
Dans le psoriasis, il existe encore dilïerents phénomènes
pathologiques. Et d'abord cette affection détermine-t-e!le des ,
démangeaisons? Emery, MM. Louis Fleury et Devergie pré-
tendent que le psoriasis est exempt de prurit. Pour se con-
vaincre de l'erreur de ces observateurs, il suflit d'interroger
les malades : on constate l'existence de démangeaisons plus
ou moins intenses, plus marquées pendant la nuit et aug-
mentées par les diverses causes qui accélèrent la circulation.
Pour tout dire, nous devons ajouter que ce symptôme est
moins fréquent et moins accusé dans le psoriasis dartreux
que dans le psoriasis arthritique; nous avons vu, en effet, que
les malades atteints de cette dernière affection, étaient tour-
mentés par des démangeaisons très vives et presque conti-
nuelles.
La santé semble parfaite dans le plus grand nombre des
cas -, aussi, a-l-on considéré le psoriasis comme une affection
'locale, comme une simple difformité, et non comme une ma-
ladie. Il est vrai qu'on observe ordinairement au début de l'af-
fe(Uion l'intégrité des fonctions, mais il n'est pas rare de
constater plus tard l'apparition d'un certain nombre de phé-
nomènes plus ou moins graves. A cette époque, on rencon-
trera des migraines, des gastralgies, des entéralgies, des
diarrhées rebelles, etc. ; néanmoins il est reconnu que le
psoriasis est une des formes les plus bénignes et les plus
stationnaires de la dartre.
Marche, durée et terminaison. — Le psoriasis est une af-
fection essentiellement chronique; telle n'est pas l'opinion
de M. Devergie. Cet auteur admet un psoriasis aigu « qui,
dit-il, est une forme rarement primitive et se montre après
i
PSORIASIS HERPÉTIQUE. 259
plusieurs mois ou plusieurs années de l'existence du psoria-
sis à l'élat chronique; » plus loin, il ajoute : « Le psoriasis
est une maladie longue et rebelle. »
Le psoriasis aigu de M. Devergie ne consiste en réalité que
dans l'état aigu et les exacerbations passagères, qui sont
observées fréquemment dans le début ou pendant la durée du
psoriasis chronique.
L'affection psoriasique peut exister des mois, des années,
et même toute la vie. Elle disparaît assez facilement par
l'emploi des moyens que nous connaissons ; mais elle repa-
raît aussi facilement sous l'influence de la cause la plus lé-
gère. Les récidives sont donc très fréquentes et presque fa-
tales. Cependant il arrive parfois que le psoriasis guérit
d'une manière définitive, ou qu'il est remplacé par d'autres
formes de la dartre.
Les malades peuvent vivre longtemps et succomber à une
complication étrangère à l'affection dont ils sont atteints.
Il est possible aussi de voir à un moment donné des mani-
festations plus graves de la diatbèse herpétique : le psoriasis
se convertit en eczéma qui s'étend à la plus grande partie de
la peau dont les fonctions sont profondément altérées ; on ob-
serve de la diarrhée, du marasme, quelquefois des lésions
viscérales, enfin, la cachexie dai treuse qui est le terme ultime
de la maladie constitutionnelle.
Variétés. — On a établi un grand nombre de variétés de
psoriasis qui se rattachent : 1* à la forme, 2° au siège.
1° Variétés suivant la forme. — Les variétés suivant la
forme sont fondées sur la naissance, la marche et l'évolution
des éléments psoriasiques : psoriasis pimctata, guttata, num-
mularia, circinata, gyrata, diffusa, inveterata.
Psoriasis pimctata et guttata. — Dans le psoriasis punc-
^60 HERPÉTIDKS Sf'CIIKS SQUAMEUSES.
tata^ on trouve des taches miliuires, rouges, recouvertes d'une
petite squame argentée. Si plusieurs de ces taches se réunis-
sent, elles donnent naissance à de petites plaques arrondies,
saillantes, dont l'aspect ressemble à des gouttes de bougie
renversées à la surface de la peau. Cette dernière éruption
caractérise la psoriasis guttata.
Psoriasis nummulaire. — Cette variété est caractérisée
par des plaques arrondies et plus larges que celles du psoria-
sis guttata.
Pso?'iasis circiné ou lèpre vulgaire. — Le psoriasis circiné
se présente sous la forme de cercles plus ou moins étendus,
dont la partie centrale est saine, et dont la circonférence est
constituée par un bourrelet rouge, saillant, inégal, couvert de
squames blanches et nacrées. Les auteurs ont considéré cette
affection non comme une variété, mais comme une espèce
de psoriasis; ils ont été trompés par Fapparence extérieure.
Il arrive souvent qu'on peut suivre le développement de la
lèpre Yul'gaire, qui n'est manifestement qu'une modification
de l'éruption psoriasique. Ainsi, vous trouvez d'abord un
psoriasis nununulaire dont les caractères sont bien accusés ;
au bout de quelques jours, le centre de la plaque guérit, et il
ne reste plus qu'un cercle de lèpre vulgaire à la place de la
plaque nummulaire. D'autres fois le psoriasis circiné est
formé par des plaques de psoîiasis guttata et punctata,
qui se juxta-posent circulairement et limitent une partie de
peau parfaitement saine. La lèprevulgaire n'est donc qu'une
variété de psoriasis dont elle présente la marche, la durée et
la terminaison.
Psoriasis gyrata, diffusa, inveterata. — Les plaques du
psoriasis gyrata sont disposées sous forme de ])andes sail-
lantes, rouges, couvertes de squames blanches, droiles ou
PSORIASIS HERPÉTIQUE. 261
tlexueuses, et entourant d'une manière incomplète les mem-
bres ou le tronc.
Dans le psoriasis diffusa, les plaques présentent les con-
figurations les plus variées; elles existent sur le tronc, sur les
membres, et souvent sur toute la surface cutanée. Elles sont
larges, irrégulîères, se réunissent quelquefois et offrent des
formes très diverses.
Le psoriasis invete7'ata est la variété la plus grave. Il pré-
sente une marche essentiellement chronique : c'est lui sur-
tout qui s'accompagne d'une production abondante de
squames, d'épaississement et de g(M'çures de la peau.
2° Variétés suivant le siège. — Les variétés dénommées
d'après le siège sont nombreuses, mais elles n'ont pas toute
l'importance qu'on leur a attribuée ; aussi allons-nous en
faire une énuméralion rapide.
Psoriasis capitis. — Le psoriasis s'observe fréquemment à
la tête; il commence presque toujours à la partie antérieure
du cuir chevelu pour s'irradier en arrière ou sur les côtés. Il
se présente sous la forme de plaques arrondies, sèches, plâ-
treuses, disséminées irrégulièrement au milieu des cheveux.
Au-dessous dos squames la peau est rouge, épaissie et ru-
gueuse. Les bulbes pileux sont respectés ordinairement par
la maladie ; si les poils viennent à tomber, ils repoussent'
après la guérison de l'affection.
Le psoriasis est rarement limité au cuir chevelu : en gé-
néral il existe aussi sur le front, la face et surtout aux coudes
et aux genoux.
Psoriasis imguium. — Le psoriasis est rarement borné
aux ongles ; il coexiste le plus souvent avec des plaques si-
tuées sur les mains ou sur d'autres parties du corps. Il est ca-
ractérisé par un épaississement plus ou moins grand et par
'^fiî^ hehpétioes skciiiis squami-usi:s.
dos caiiiiolurcs loMgiUidihalcs des ongles. Ceux-ci sont très
friables, déformés, et préseuLeiiL à leur extrémité libre une
sorte de disjoMctiotr de leurs lamelles 5 souvent ils tombent
et sont remplacés par une écaille épidcrmique iidorme. Mais -
ils repoussent et reviennent à leur élat normal, si l'on a re-
cours à un traitement rationnel.
Psoriasis pahnaria et plantaria. — Le psoriasis peut être
limité exactement à la paume des mains et à la plante des
pieds, ou occuper tout le pied et la main entière. Les ré-
gions affectées présentent des squames épaisses et larges, des
fissures profondes qui intéressent l'épiderme et le derme, une
peau rouge et plus ou moins épaissie. Les lésions, en rendant
les mouvements douloureux, gênent et empêchent souvent la
préhension et la marche.
Lorsque le psoriasis est borné aux mains et aux pieds, il
est un symptôme presque certain de la syphilis, si l'on s'en
rapporte à une opinion partagée par beaucoup d'auteurs et
formulée dans les leçons de M. Hardy. Nous nous sommes
expliqué sur ce point, en disant que les psoriasis palmaire et
plantaire, quand ils existent seuls, sont de nature arthri-
tique dans l'immense majorité des cas (voir psoriasis arthri-
tique).
Psoriasis prœpiitialis, scrotalis. — Cette variété de pso-
riasis s'observe sur la verge, le gland, le prépuce et le scro-
tum. Elle présente des squames minces, molles, et des fis-
sures qui rendeiit les érections douloureuses et s'opposent
quelquefois à l'accomplissement de l'acte du coït. Cette
forme de psoriasis appartient plus souvent à l'arthritis qu'à
la dartre.
Psoriasis des paupières. — Le psoriasis peut occuper
longtemps les paupières, dont il air.ènc parfois le renverse-
PSOniASIS HERPÉTIQUE. 'Jl)3
ment; les mouvements des voiles palpébiaiix sont clidiciles
Souvent l'affection se piopage à la muqueuse palpébiale et
oculaire : on observe alors des bléphariles chroniques de
nature dartreuse, qu'on rapporte à tort à la diathèse scrofu-
leuse. •
Psoriasis général. — II existe un psoriasis général, qui
est étendu à la plus grande partie, mais presque jamais à la
totalité de la surface du corps. L'expression de psoriasis gé-
néral est donc défectueuse ; elle n'indique en réalité qu'une
chose, c'est l'existence de raiïeclion sur un grand nombre
de régions.
Ëtiologie. — L'influence héréditaire ne saurait èlre niée
dans le psoriasis herpéli(]ue.
Cette affection se montre ordinairement chez les sujels
sanguins. Klle a[)paraît le plus souvent dans la jeunesse et
l'âge adulte. On l'observe exceptioimellemeiit dans l'enfance :
nous avons vu un psoriasis généralisé sur une petite fille de
deux ans et demi, psoriasis qui, traité avec succès par l'em-
ploi des préparations arsenicales, s'est reproduit vers l'âge
de neuf ans.
Le sexe masculin paraît plus prédisposé au psoriasis que
le sexe féminin.
L'éruption psoriasique est plus fréquente au printemps
qu'en toute autre saison. Elle disparaît souvent pendant l'été
pour reparaître au printemps suivant.
Il existe encore un grand nombre de causes déterminantes :
les émotions morales suffisent pour provoquer l'apparition
du psoriasis; les professions qui exposent à de grandes fati-
gues, au contact de substances irritantes, à Faction prolon-
gée du calorique, ont une influence évidente sur le dé\eloppe-
ment de l'affection psoriasique.
nERPÊTIOFS Si'CIlI'S SOUAMKUSKS.
Nous citerons comme aulariL de causes occasionnelles les
excès de table et de boissons, les aliments épicés, et quel-
quefois des plaies légères de la peau. Nous avons vu le pso-
riasis se montrer pour la première fois sur des parties cuta-
nées, oi^i, peu de temps auparavant, avaient été appliquées
des ventouses scarifiées.
Diagnostic. — Il est facile de reconnaître le psoriasis
d'après les caractères que nous en avons donnés : plaques
rouges, comme cuivrées, épaississement ef'sécberesse parti-
culière de la peau, squames épaisses, imbriquées, blanches
et nacrées. Cependant on pourrait, dans certains cas, con-
fondre cette affection avec le pityriasis, l'icthyose, l'iierpès,
le lichen et l'eczéma chronique.
Il sera aisé, le plus souvent, de distinguer le psoriasis du
pityriasis. Il suffit d'opposer aux caractères du premier ceux
du pityriasis qui sont : existence de squames fines, grisâtres
ou jaunâtres, et absence d'épaississement delà peau. Cepen-
dant, dans le pityriasis palmaire, on' trouve à la fois de Tépais-
sissement et de la rougeur des téguments; en supposant que
l'affection soit exactement limitée à la paume des mains, com-
ment ferons-nous pour établir le diagnostic différentiel entre
elle et le psoriasis palmaire? Dans ce cas, nous appuierons-
nous spécialement sur les caractères objectifs des affections?
Dans le psoriasis, on trouve des squames plus épaisses et plus
larges que dans le pityriasis; la peau présente un épaissis-
sement plus marqué, des fissures plus profondes et plus nom-
breuses. Il faut reconnaître l'insuffisance de ces signes diffé-
rentiels; les deux affections sont souvent confondues. Mais,
s'il est difficile d'arriver au diagnostic du genre, nous devons
nous féliciter de pouvoir connaître l'espèce sans beaucoup
de difficulté. Nous savons, en effet, que le psoriasis et le pi-
PSORIASIS HERPÉTIQUE. 255
tyriasis palmaiies sont lous deux des affections arthritiques
qui réclament le même traitement.
Je ferai d'ailleurs remarquer que l'affection limitée à la
paume des mains et à la plante des pieds, décrite par quel-
ques auteurs sous le nom de pityriasis /M/mazV»? et plantaire^
pourrait bien n'être qu'un pseudo-pityriasis (eczéma chro-
nique), et non une véritable affection squameuse.
L'iclhyose est une affection congénitale; elle n'offre pas
les plaques cutanées rouges et hypertrophiques du psoriasis;
enfin, elle est* caractérisée par des écailles épidermiques
minces et grisâtres, qui ne ressemblent nullement aux
squames psoriasiques.
Un examen superficiel pourrait faire confondre un psoriasis
circiné avec l'herpès circiné. On remarquera que le cercle de
la lèpre vulgaire est constitué par un grand nombre de sail-
lies rouges, recouvertes de squames blanches et nacrées,
tandis qu'il existe dans l'herpès circiné un cercle non proé-
minent et couvert de squames furfuracées et grisâtres. La
marche est différente dans les deux affections, et, s'il restait
du doute, le microscope viendrait le dissiper prompte-
ment.
Quelques formes de lichen, surtout le lichen circonscrit,
présentent certaine analogie avec le psoriasis nummulaire ;
mais, dans le lichen, on rencontre des papules et des squames
furfuracées et grisâtres. D'ailleurs, cette affection n'occupe
pas les mômes régions que le psoriasis, dont le siège de pré-
dilection est aux genoux et aux coudes.
L'eczéma sec, arrondi, qui s'accompagne d'une desquama-
tion plus ou moins abondante et qui a été décrit au nombre
des arlhritides, est susceptible d'être confondu avec le pso-
riasis. Cependant il présente, à une époque antéiieure, une
'-^^6 HERPÉTIHES SliCIlES .SOUAMEUSES.
sécrcliou liuiiiide qu'un no tiouve pas tluns le psoriasis; ses
squames ne sonl jamais adhérenles, épaisses et l>lanclies
comme colles de ralïecLion précédente. Tandis que le pso-
riasis se développe sur tout(;s les parties du corps et princi-,
palepient aux genoux (^t aux coudes, l'eczéma ai thrilique se
montre sur le dos des mains et des pieds, aux organes géni-
taux, à la face et à la partie antérieure de la poitrine.
Le siège de l'affection peut être la cause de quelques au-
tres erreurs dans le diagnostic. Dans certains cas, il serait
possible de prendre le psoriasis des paupières pour une blé-
pharite chronique de nature scrofuleuse, et le psoriasis de la
lèvre supérieure pour un sycosis arthritique. La marche de
l'affection, ses caractères propres, et surtout l'existence
de taches psoriasiques sur d'autres régions du corps, vien-
dront éclairer suffisamment le diagnostic.
Il nous resterait à établir le diagnostic entre le psoriasis
herpétique et les psoriasis arthritique ou syphilitique. Cette
question a été longuement traitée, quand nous avons étudié
le psoriasis arthritique ; nous renvoyons à ce que nous avons
dit à propos de cette dernière affection.
Pronostic. — D'une manière absolue, le psoriasis n'est pas
une affection grave. Il n'est fâcheux que par sa persistance
et sa facilité à récidiver : on peut dire que nulle affection
dartreuse ne possède à un degré si élevé la propriété de se
reproduire. Le psoriasis est une des formes les plus fré-
quentes de la dartre, et aussi des plus bénignes, en ce sens
qu'il reste longtemps à l'état d'affection locale sans entraîner
d'accidents sérieux. Sur ce point, il diffère beaucoup des
herpélides humides qui s'accompagnent promptement do
dyspepsie, d'euléralgic, de diarrhée, etc. Toutefois, il n'est
pas rare de rencontrer la coexistence du psoriasis avec la
PSORIASIS HERPÉTIQUE. 2(57
dyspepsie et d'autres névralgies; en interrogeant avec soin
les malades, vous pourrez facilement vous convaincre de la
vérité de celle assertion.
Néanmoins, si la dartre fait des progrès, le psoriasis se
comporte comme les autres jierpétides j il se transforme en
affections variées dont l'élément n'est plus reconnaissable,
et la cachexie se prononçant de plus en plus finit par ame-
ner la mort.
Traitement. — Le psoriasis disparaît, dans la plupart des
cas, sous l'influence d'un traitement rationnel; mais on n'a
jamais la cerlilude d'obtenir une guérison définitive. Au con-
traire; nous savons par expérience que les récidives sont ha-
bituelles, et que les malades, suivant leur expression, vien-
nent se faire blanchir à l'hôpital tous les six mois ou toutes
les années.
Pour combattre avec efficacité l'affection, il faudra em-
ployer simultanément des médicaments internes et des mé-
dicaments externes.
Au nombre des moyens locaux, se trouvent des pommades
à l'huile de cade, au goudron, au précipité blanc et au soufre.
Ces différents topiques agissent plus ou moins énergiquement
par leur action substituliye ; ceux d'entre eux que je préfère,
sont les pommades à l'huile de cade et au goudron. A l'hô-
pital, nous sommes forcé de laisser de côté ces bonnes pré-
parations ; dans leur composition, on fait entrer des graisses
rances et irritantes qui retardent la guérison. Nous rem-
plaçons les pommades par l'huile de cade pure employée
en friclioiis prolongées, non-seulement sur les parties ma-
lades, mais sur les intervalles de peau saine qui les séparent.
Dans plusieurs cas, j'ai balayé de cette façon des psoriasis
invélérésqui avaient résisté à toutes les médications. En par-
'^6^ ni'RPÉTIDI'S SÈCHES SOUAMEUSP-S.
courant les salles, il vous sera facile de constater les heureux
résultats de cette méthode de traitement. Si l'on n'avait pas
d'huile de cade à sa disposition, on pourrait etnplovor le
goudion avec un succès presque égal.
Parmi les topiques, nous plaçons encore les bains alcalins
et les bains de vapeur que le malade prend tous les deux ou
trois jours.
La médication interne consiste dans l'usage des prépara-
tions arsenicales. Aidée par les moyens topiques, elle hâte la
guérison et éloigne les récidives; seule, elle détermine une
amélioration facile à constater, et quelquefois la disparition
complète du psoriasis. Les composés arsenicaux, dont je me
sers habituellement, sontl'arséniate d'ammoniaque que j'ad-
ministre en solution, et l'arséniate de fer que je prescris en
pilules.
M. Hardy a mis en usage le baume de copahu dans le trai-
tement du psoriasis. Mais les succès fournis par ce médica-
ment, et ceux que j'ai obtenus moi-même avec la térében-
thine et l'huile de cade administrées à l'intérieur, sont loin
d'égaler ceux qui nous sont donnés par l'emploi des prépa-
rations arsenicales.
Nous ne considérons ici que le traitement du psoriasis her-
pétique; ailleurs, nous avons parlé des moyens destinés à
combattre le psoriasis arthritique.
A la médication interne et externe, il faut ajouter la dié-
tétique, qui joue un rôle si important dans le traitement des
maladies chroniques. Le dartreux devra s'abstenir d'aliments
excitants, de café, de poisson, etc.; il aura soin surtout d'évi-
ter les émotions morales.
En résumé, si l'on désiré une prompte guérison du psoria-
sis dartreux, voici le traitement que Ton emploiera sur les
i
PSORIASIS HERPÉTIQUE. 'iGJ
sujels adultes : 1° tisane de saponaire, trois ou quatre verres
par jour j 2° pilules composées de 5 centigrammes d'extrait
de douce-amère et de 5 milligrammes d'arséniate de fer ; on
commence par ordonner deux pilules par jour, et l'on aug-
mente graduellement la dose jusqu'à 10 et 15 centigrammes
d'arséniate de fer par jour; 3° frictions rudes et répétées une
ou deux fois par jour sur toutes les régions affectées jusqu'à
production du sycosis cati^zç'we; on cesse, quand l'éruption
artiticielle remplace l'éruption pathologique; 4° tous les deux
jours, alternativement un bain alcalin et un bain de vapeur.
En suivant la méthode que nous venons d'indiquer, on
obtiendra la disparition du psoriasis dans l'espace de quatre
à cinq semaines. Le malade devra continuer la médication
interne pendant deux ou trois mois, s'il. veut éviter une ré-
cidive-, dès que celle-ci est imminente, il faut se hâter de
reprendre les traitements interne et externe. De cette ma-
nière, les sujets atteints de psoriasis pourront remplir les
devoirs que leur impose la société, sans être trop incommo-
dés par leur affection. Cependant, il viendra une époque à
laquelle le psoriasis se généralisera et ne cédera plus à nos
agents thérapeutiques : dans ce cas, la dartre a pris droit de
domicile, pour ainsi dire, et ne doit plus disparaître. Mais
hàtons-nous d'ajouter que le psoriasis est souvent station-
naire ou ne fait que des progrès insensibles, et qu'une mort
accidentelle enlève le dartreiix avant qu'il soit arrivé à la
dernière période de la maladie constitutionnelle.
270
heupètides boutonneuses.
CHAPITRE III.
DES IIERPÉTIDES BOUTONNEUSES.
Les herpétides boutonneuses sont des affections essentiel-
lement papuleuses. On sait que le tempérament nerveux,
très fréquent dans la dartre, prédispose selon tous les auteurs
aux éruptions papuleuses : dès lors, il est naturel que les her-
pétides boutonneuses soient, comme le psoriasis, une des
manifestations les plus ordinaires de la dartre.
Les herpétides boutonneuses ne renferment que deux
genres :1e prurigo et le lichen. Encore, ne décrirons-nous
pas ici un grand nombre de variétés de prurigo et de lichen,
qui sont des affections symptomatiques de l'arthritisou de la
scrofule, et qui nous sont déjà connues.
§ I. — Prurigo herpétique.
he prurigo doit être distingué du prurit, phénomène com-
mun aux lichen, scabies psore des Grecs. Mercuriali avait
établi cette distinction-, néanmoins, il est probable que le
prurigo, synonyme du pruritus des Latins, a été souvent
confondu avec les affections lichenoïdo et psorique. Willan a
désigné le pruritus sous le nom de prurigo, et il en a déter-
miné avec soin les caractères et la lésion élémentaire. Biett
et ses élèves ont adoplé l'opinion de l'auteur précédent qui
définit le prurigo de hi manière suivante : c'est une affection
caractérisée par des papules plus volumineVses que celles du
fRURIGO HI RPÊTIQUE. Ili
lichen, sans changement de couleur à la peau, existant le
plus souvent à la face dorsale des membres ou du tronc et
constamment accompagnées d'un prurit très intense.
Cette définition est défectueuse dans quelques-unes de ses
parties. Le prurigo se distingue-t-il spécialement du lichen
par le volume plus considérable de ses papules? Ce caractère
existe bien dans \ii prurigo mitis, dénature scrofuleuse, mais
il manque souvent dans les autres espèces de prurigo. En ef-
fet, Alibert avait observé que la lésion élémentaire n'est pas
toujours en rapport avec le prurit, et il a décrit un prurigo
latent. M. Devergie ayant fait la même remarque, admet un
prurigo sans papules. Bièntôt nous étudierons une variété
fréquente, \e prurigo formicans, caractérisée par des déman-
geaisons très vives et par des papules qui n6 surpassent
guère en volume celles du lichen.
Les auteurs reconnaissent, d'après Willan, trois variétés
de [)rurigo : 1° piiirigo mitis, 2° prurigo formicans, 3° pru-
rigo senilis. Ils décrivent aussi des variétés suivant le
siège : p7mrigopodicis, prurigo pudendi inuliebris, prurigo
scroti.
L Le piiURiGO MiTis est caractérisé par des papules volu-
mineuses, si on les compare à celles qui existent dans les au-
tres variélis, et par des démangeaisons modérées, presque
nulles, bien différentes du prurit insupportable qu^on ren-
contre dans \e prurigo ferox à. petites papules. Il se montre
dans l'adolescence ou l'enfance, et chez les sujets à tempé-
rament lymphatique ; il coïncide fréquemment avec des
ophlhalmies chroniques, des adénopathies, des gourmes, etc.
Cette affection est de nature scrofuleuse : elle trouve sa place
dans le groupe des scrufulides boutonneuses. Elle a été dé-
crite dans nos leçons sur la scrofule, et se distingue par des
lllillPÉTlDKS BOUTON NliUSliS,
caractères propres des prurigo formicans et senilu dont
nous allons donner l'Iiisloire.
II. PuuuiGO FORMICANS- — Le jjrurigo formicans appar-
tient exclusivement à la dartre et mérite à ce titre de fixer,
plus longtemps notre attention.
Symptômes. —Le prurigo formicans est caractérisé par
des papules petites, recouvertes en général à leur sommet
d'une petite croûte noire et formée par une gouttelette de
sang desséché, disséminées à la surface du corps et se mon-
trant surtout à la face externe des membres, sur les épaules
ou sur le dos.
Les gouttes sanguines qu'on trouve sur les papules attes-
tent l'existence d'un prurit considérable. En effet, ce prurit
précède" et accompagne toujours l'éruption ; il est con-
tinu, plus marqué le soir et augmente constamment par la
chaleur du lit. Il présente des caractères variés suivant les
cas : un malade accuse des cuissons atroces ou une sensation
de brûlure insupportable, un autre ressent une douleur qu'il
compare à des piqûres d'insectes ou à des dilacérations pro-
duites par des aiguilles brûlantes. Le patient éprouve un be-
soin irrésistible de se gratter ; il ne recule pas devant l'em-
ploi des corps durs et acérés qui déterminent des plaies plus
ou moins profondes de la peau. Il ne saurait goûter un instant
de repos : dès que le soir approche, il se lève, se promène et
cherche à diminuer les démangeaisons en s'exposautà l'air, et
souvent, pour les calmer, il est obligédes'étendresur le sol pen-
dant une partie delà nui t. Si ces douleurs durent quelque temps,
ou se reproduisent fréquemment, elles peuvent déterminer des
troubles dans les facultés intellectuelles. Sous l'influence
d'une surexcitation cérébrale qui conduit parfois à la folie,
ou voit dans quelques cas le malade chercher dans le suicide
PRURIGO HERPÉTIQUE. 273
un terme à ses souffrances continuelles et intolérables.
L'éruption papulense n'est pas toujours en rapport avec le
prurit, souvent elle existe à peine et s'accompagne néan-
moins de démangeaisons très vives; c'est en se fondant sur
ce fait qu'Alibert et M. Devergie ont admis successive-
ment un prurigo latent et un -prurigo sans papules. Pour
nous, le prurit et les papules ne sont pas des maladies, mais
des symptômes d'une maladie; l'un pourra prédominer,
tandis que l'autre sera presque absent : nous ne cesserons
pas de voir dans ces phénomènes une manifestation de la
diathèse herpétique. Dans celte maladie constitutionnelle, le
prurigo présente en général des démangeaisons très intenses
et une éruption composée de papules rares et peu volumi-
neuses.
Marche et durée. — Le prurigo est une affection essen-
tiellement chronique; il peut exister pendant des mois et des
années. Il est très sujet à récidiver ; souvent, après avoir dis-
paru un certain nombre de fois, il se montre de nouveau et
persiste d'une manière indéfinie. Dans ce cas, la peau finit
par présenter quelques altérations: elle est couverte de stries
et de croûtes noires , qui sont le résultat du grattage exercé
par le malade ; elle offre, çà et là, des taches brunes ou des
cicatrices blanches qui succèdent aux excoriations. Elle s'é-
paissit quelquefois sous l'influence des irritations continuel-
les auxquelles elle est exposée : il devient alors difficile de
savoir si l'on a affaire au prurigo ou au hchen dont on
constate les deux caractères principaux, à savoir, l'épaissis-
sèment des téguments et l'éruption papuleuse.
D'ailleurs il serait inutile, dans un grand nombre de cas,
de chercher à résoudre cette question de diagnostic différen-
tiel : souvent il existe une véritable transformation du pru-
18
27^ Heupétides uoutonnI'USks.
rigo vu lichen, et ces uiï'eclions oui toutes deux la diathèse
herpétique pour origine.
Le prurigo ne passe pas toujours à l'état chronique.
Queiquelois il se montre pendant une partie de l'année, dis-
paraît et se développe de nouveau à la même époque de l'an-
née suivante.
Le premier phénomène de raiïection est habituellement le
prurit : vient ensuite l'éruption papuleuse qui se manifeste
d'abord sur les épaules, le cou, puis sur les membres supé-
rieurs et inférieurs. Toutes les régions, môme la figure, peu-
vent être le siège des papules de prurigo.
m. Prurigo senilis. — Le prurigo s'observe très souvent
dans la vieillesse, et l'on a vu qu'il existait une espèce propre
à cet âge : cette espèce fut désignée sous le nom de prurigo
senilis.
Cette variété, jorwn^o senilis, ne saurait être considérée
comme une espèce morbide-, elle se rattache dans tous les
cas à deux maladies: le parasitisme et la dialhèse herpé-
tique.
h^. prurigo senilis nous apparaîtra tantôt sous la forme du
prurigo formicans, tantôt sous la forme du prurigo pédi-
culaire.
Le prurigo formicans (dartreux) se comporte chez le vieil-
lard comme chez l'adulte; nous ne reviendrons pas sur la
description que nous venons d'en donner.
Quant au prurigo pédiculaire, il présente des caractères
propres que nous avons fait connaître dans nos leçons sur les
afieclions parasitaires.
Variétés suivant le siège. — Le prurigo partiel n'est pas
la variété la moins rebelle ni la moins grave. Il offre en
général des papules très petites et peu nombreuses : cette
PRURIGO HERPÉTIQUE. 275
partiolilarilé l'a lait décrire sous les noms de jwurigo latent
(Alibert), et ù^. prurigo sans papules (M. Devergie). Les va-
riélés de prurigo, d'après le siège qu'on observe le plus ordi-
nairement, sont : \% prurigo podicis, le prurigo scroti, le
prurigo pudendi muliebris.
Ces différentes affections sont remarquables par Texislence
d'un prurit très violent, qui peut revêlir les différentes formes
dont nous avons eu l'occasion de parler plusieurs fois. Dans
le prurigo pudendi muliebris, fixé aux grandes et aux petites
lèvres, les démangeaisons se propagent quelquefois dans le
vagin, deviennent une cause de nymphomanie el plus sou-
vent d'onanisme.
On ne rencontre pas toujours des altérations locales en
rapport avec l'intensité du prurit, qui fait le désespoii- du ma-
lade. Dans \q prurigo podicis, l'affection limitée au pourtour
de l'anus présente des stries blanches qui tranchent sur la
coloration brune de la région , un épaississement de la peau
plus ou moins considérable, et, de temps en temps, un suin-
tement séreux qui calme les démangeaisons ; dans la plupart
des cas, les papules manquent ou sont tellement peu volu-
mineuses qu'elles échappent à nos investigations. On ob-
serve dans le prurigo scroti et le prurigo pudendi mu-
liebris les mêmes lésions, c'est-à-dire une coloration bru-
nâtre qui est le résultat de l'bypersécrétion pigmentaire,
un épaississement et un état onctueux particulier de la
peau.
Le prurigo partiel est une affection très tenace; il occa-
sionne des douleurs très vives el très incommodes, qui
finissent à la longue par inquiéter sérieusement le malade,
et souvent par réagir sur les facultés intellectuelles. Du reste
276 HKHPf'TIDI'S nOUTONNKLSl'S.
on sait que les affoclioiis des parlies gôniiales ont le triste
privilège de conduire à riiypochondrie, et parfois à l'aliénation
mentale ou au suicide.
Le prurigo fixé sur des régions circonscrites coïncide fré--
quemment avec différentes affections herpétiques, telles que
la migraine, la gastralgie, la bronchite darlreuse, etc. Sou-
vent ces dernières s'exaspèrent, lorsque le prurigo présente
une amélioration passagère; réciproquement, l'affection lo-
cale devient plus grave, si les autres accidents perdent de
leur intensité.
Éliologie. — Le pruiigo qui se montre dans l'enfance et
dans l'adolescence appartient le plus ordinairement à la scro-
fule, c'est \q prurigo mitis.
Le prurigo formicans (herpétique) se développe princi-
palement dans l'âge adulte.
Les vieillards sont affectés de deux espèces de prurigo :
le prurigo pédiculaire et le jwurigo formicans.
Les conditions de rudesse et d'épaisseur de la peau sem-
blent favoriser le développement du prurigo ; nous verrons, au
contraire, que le lichen se manifeste plus particulièrement sur
les endroits les plus minces de la peau.
Le tempérament nerveux prédispose à toutes les espèces
de prurigo.
Il existe une cause prédisposante plus générale que les
causes précédentes, c'est la maladie constitutionnelle dont
le prurigo n'est qu'une simple manifestation. Or, nous l'a-
vons dit, cette affection se montre dans la scrofule, l'arthritis
et la dartre; d'autres fois elle est produite jiar l'existence
d'un parasite à la surface de la peau.
Les causes occasionnelles sont nombreuses; je citerai les
» PRURIGO HERPÉTIQUE. 277
émotions morales, l'usage du poisson salé, l'abus des li-
queurs, la malpropreté, la misère, et en général toutes les
mauvaises conditions hygiéniques.
Diagnostic. — Il est facile de distinguer le prurigo de la
•gale et de l'eczéma.
Dans la gale, l'éruption papuleuse occupe l'abdomen,
les parties génitales, les mamelles et la partie interne des
cuisses. Le prurigo indépendant de la gale se montre au
cou, aux épaules, aux membres dans le sens de l'extension,
et au visage; celte dernière région n'est jamais envahie par
l'affection psorique.
L'éruption de la gale disparaît promptement après la des-
truction de l'acarus : les prurigo herpétique ou arthritique
sont des affections plus opiniâtres. Cependant il faut savoir
que les papules persistent quelquefois dans la gale en l'ab-
sence de l'acarus; alors elles sont occasionnées par une
cause générale, une diathèse qui a été éveillée par la pré-
sence de Vacams scabiei.
Tous les jours, nous observons des dartreux dont les pre-
mières manifestations diathésiques ont été provoquées par
l'existence antérieure d'une affection parasitaire.
Dans l'eczéma, on trouve des vésicules, une sécrétion
plus ou moins abondante, des croûtes et des squames, phé-
nomènes qui manquent dans les prurigo podicis, pudendi
muliebris et scroti.
Comment arriverons-nous à reconnaître l'espèce du pru-
rigo?
Le prurigo mitis présente des papules volumineuses et
peu de démangeaisons. Le /)r?^n^o formicans est caractérisé
par un prurit intense, par des papules petites, discrètes et
recouvertes à leur sommet d'une petite croûte noirâtre. Le
ii^'S HEUPÉTinivS BOUTONNKIJSKS.
prurigo pédiciilaire siogo sui' les paiiics latérales du cou,
sur kl lUKjiiO el les épaules-, le prurigo de la gale occupe de
préférence rabdomen, les manielles, les pai lies génitales,
les fesses et la partie interne des cuisses : dans ces deux
affections, il sera facile de constater la présence du pa-
rasite qui est la cause première de l'éruption. On voit
qu'on peut établir 1^ diagnostic des différentes espèces de
prurigo par la seule inspection des caractères objectifs de
ratïéction : s'il y avait quelque doute dans l'esprit de l'ob-
servateur, il faudrait recourir à l'examen des antécédents
du malade.
Pronostic. — Le prurigo n'est pas toujours une affection
bénigne; sa gravité varie selon sa nature.
prurigo mitis pré:5ente une courte durée, ne s'accom-
pagne d'aucun symptôme fâcheux et guérit spontanément.
Toutefois, il n'est pas à l'abri'des récidives.
Le prurigo pédiculaire v'ienl au second rang pour la gra-
vité; le plus souvent, il ne résiste pas à l'action des bains
sulfureux et cinabrés. Néanmoins, nous devons dire que,
chez certains malades, les parasites se multiplient et repul-
lulent avec une facilité surprenante.
Le prurigo herpétique est l'espèce qui offre le pronostic
le plus fâcheux. Nous savons qu'il est remarquable par sa
persistance, par ses récidives, pàr un prurit très intense, et
qu'il détermine quelquefois des troubles intellectuels. Le
prurigo partiel est plus difficile à guérir que le prurigo géné-
ralisé. Dans cette affection, on voit souvent d'autres éruptions
herpétiques (lichen, eczéma, etc.) se dévelojiper sous l'in-
fluence des grattages répétés.
Traitement. — Nous nous occuperons ici du traitement
ppécial du prurigo formicans et du prurigo partiel, qui sont
I
PRURIGO HERPÉTIQUE. '279
les seules espèces de prurigo développées sous rinflueiice de
la dia thèse herpélique.
La nature de l'affeCitiori nous fournit une première indica-
tion : on devra administrer à l'intérieur des préparations
arsenicales. Dans le prurigo arthritique, qui coïncide ordi-
nairement avec d'autres affections de même i:ature, vous
vous rappelez que nous avons recommandé les alcalins, et en
particulier, le sirop de bicarbonate de soude.
Quelques symptômes nous donnent d'autres indications.
Contre le prurit qui présente souvent une très grande in-
tensité, on prescrira des bains frais et des lotions d'alun, de
sublimé, d'eau blanche, d'eau vinaigrée, etc. Puur calmer
les démangeaisons, on pourra tenter avec plus ou moins de
succès les pommades à la glycérine, à l'oxyde de zinc et au
sublimé. En même temps, on administrera à Tiiitérieur les
préparations de belladone, d'opium ou d'atropine.
Chez les vieillards, il faudra s'adresser à la médication to-
nique pour relever l'état des forces.
Dans le prurigo partiel, il seia utile de toucher de tenq s
en temps les parties afléctées avec (îes agents irritants ou
caustiques ; la cautérisation au nitrate d'argent a souvent
donné des résultats favorables.
J'ai eu à me louer fréquemment de l'emploi de la pom-
made suivante : morphine, 0,10 centigr., et axonge, 30 gr.
Cette pommade ne calme pas, comme on pourrait le croire,
les démangeaisons ; elle provoque une cuisson, une véritable
douleur plus facile cà supporter que le prurit.
Les eaux minérales sont une ressource importante dans le
traitement du prurigo. M. Hardy préconise l'usage des eaux
sulfureuses et en particulier de celles de Louesche, qui pro-
duisent vers la peau des poussées papuleuses ou pustuleuses,
HEHPÉTlDliS lJOUTONNliLSi;s'.
et dont l'action favorable s'explique par une niodilicalion
substitutive. Mais ce traitement est simplement local : le
principe herpétique ne sera vraiment attaqué d'une manière
ellicace que par l'usage des eaux de Plombières ou de la-
liourboule, qui contiennent une certaine quantité d'arsenic.
§ XI. — I>u lichen herpétique.
Le mot licheii (Xei/r/v) est un ancien ternie dont le sens
est mal déterminé ; il a été considéré par le plus grand nom-
bre des auteurs comme synonyme de Vimpetigo des Latins.
Hippocrate, en ])laçant le lichen à côté prurigo, psora
et lèpre^ semble désigner par cette expression une affection
papuleuse.
Guidés par celte dernière considération, Willan et Bielt
ont appliqué le nom de lichen à une affection papuleuse, qui
est caractérisée par des élevures solides, ordinairement très
petites, presque toujours agglomérées, quelquefois rouges,
conservant le plus souvent la coloration normale de la
peau, donnant lieu à une légère desquamation et accompa-
gnées de prurit.
A ces caractères, on peut en ajouter deux autres qui ont
leur importance, ce sont l'épaississement et la sécheresse
de la peau.
Symptômes. — Le lichen est annoncé quelquefois par des
phénomènes fébriles, de l'inappétence et de la céphalalgie.
Les prodrômes manquent souvent ; quand ils existent, ils
sont peu marqués et ne tardent pas à disparaître.
Le lichen se montre habituellement à l'élat chronitpie, ra-
rement à l'état aigu. Il se manifeste par une éruption de pe-
tites pa[)ules acuminées, de la grosseur d'un grain de millet,
LICHEN HliRPÉTlQLE. 281
réunies en groupes de manière à former des plaques inégales
et rugueuses. Dans la forme aiguë, les papules présentent
une coloration rosée et étendue aux parties de peau saine
qui les séparent; dans la forme chronique, elles possèdent
la couleur normale de la peau.
Sur les surfaces affectées, on constate bientôt une séche-
resse particulière de la peau et un épaississement marqué de
cette membrane. Dans les régions mobiles, on observe sou-
vent des crevasses, des espèces de rhagades qui intéressent
profondément le derme : les plaques de lichen qui existent
aux creux poplités, aux coudes, aux mains, etc., présentent
fréquemment les gerçures ou les rhagades dont nous par-
lons.
Dans le lichen aigu, les papules perdent rapidement leur
coloration rouge, s'affaissent et se terminent par une des-
quamation furfuracée. Mais les choses se passent différem-
ment dans le lichen chronique : l'affection est prolongée
pendant un temps plus ou moins considérable pardesexacer-
bations et des poussées successives.
Quel que soit l'état de l'éruplion, il existe un phénomène
constant, c'est le prurit qui présente plusieurs degrés d'in-
tensité. Si l'affection est aiguë, les démangeaisons sont mo-
dérées; mais, elles sont très vives dans le lichen chronique, et
sont augmentées par la chaleur du lit, par l'usage des bois-
sons alcooUques et par différentes causes excitantes.
L'existence de vives démangeaisons caractérise une variété
de lichen décrite par Willan et Biett sous le nom de lichen
agrius. Alors ce symptôme se montre à toute heure du jour;
pendant les nuits, il oblige le malade à se lever, à se prome-
ner, souvent à se coucher sur le sol et à exercer des grattages
continuels. Sous l'influence de ces grattages et des différents
"o- HKHPÉTJDI'S BOUTONNEUSKS.
moyens employés pour calmer les démangeaisons, les papu-
les irritées el excoriées présentent à leur sommet des vési-
cules ou de petites croûtes squameuses. Les croûtes ou les
squames adhèrent par un point, sont libres dans la plus'
grande partie de leur étendue et simulent les lichens qui re-
couvrent les vieux arbres; elles laissent souvent en se déta-
chant des excoriations au sommet des papules, qui donnent
lieu pendant quelque temps à un léger suintement séreux.
Tel est l'aspect du lichen agrius à petites papules, qui ap-
partient à la diathèse herpétique; il ne faut pas le confondre
avec le lichen agrius à grosses papules, dont la nature,
comme nous l'avons enseigné, est scrofuleuse.
De l'aveu du plus grand nombre des auteurs, le lichen
coïncide ou alterne fréquemment avec diverses affections
nerveuses, telles que la gastralgie, les migraines, les névral-
gies intercostales. Ces affections sont, pour nous, autant de
manifestations de la dartre.
Marche, durée. — Le lichen est dans la majorité des cas
une affection chronique. Il présente de temps en temps une
amélioration qui donne l'espérance d'une termiriîiison pro-
chaine, quand une ou plusieurs poussées successives viennent
ajourner la guérison. Il est donc impossible de déterminer
d'une manière précise la durée du lichen, dont les récidives
sont très fréquentes.
Lorsque l'éruption disparaît, elle laisse ordinairement un
petit épaississement et une coloration brune de la peau qui
s'effacent très lentement.
Siège. — Le lichen occupe parfois des régions circon-
scrites; mais il ne tarde pas à envahir les parties voisines,
et il peut môme s'étendre presque à toute la surface du
corps. Toutefois, il se développe de préférence à la face, au
LIGHLN HIvRPÉTIQUli. 28S
COU, à la pal lie aiilérieure el interne des cuisses, à la partie
anLéiieure el inlerne des bras; nous avons vu que le prurigo
se montre spécialement sur les/égions externes des mem-
bres. Les mains sont fréquemment le siège du lichen, qui
présente alors presque toujours les crevasses et les rhagades
que nous avons signalées.
Il est une variété qu'on obsei ve souvent aux parties géni-
tales et à la lête : je veux nommer le lichen pilaris qui se
rallaclie, comme nous l'avons dit, à la diathèse arthritique.
Cette affection a été décrite parmi les arthritides bouton-
neuses.
Variétés. — En se fondant sur l'aspect, Biett a établi
deux variétés de lichen ; 1° lichen siînplex, 2° lichen
agriiis .
Le licheji simplex comprend un certain nombre de sous-
variétésqui sont : le lichen strophulus , le lichen tropicus, le
lichen pilaris, le lichen lividus , le lichen circumscriptus,
\q, lichen gyratus et le lichen urticatus.
Biett n'a décrit qu'une variété de lichen agrius ; M. De-
vergie en décrit deux, qui sont pour nous des espèces diffé-
rentes par leurs caractères objectifs el par leur nature.
1° Lichen simplex. — Nous allons passer en revue succes-
sivement toutes les variétés de lichen simplex.
A. Le lichen strophulus se montre chez les enfants qui
ont présenté ou présentent encore un certain nombre d'af-
fections scrofuleuses, telles que des gourmes, des hlépha-
rites chroniques, des adénopathies, etc. Il existe toujours
à l'état aigu et se manifeste par une éruption de papules
isolées, rouges, quelquefois blanchâtres, et [)lus volumi-
neuses q:'c celles du lichen herpétique. Cette affection s'ac-
conipagne toujours de démangeaisons; mais l'intensité de
IIF.UI'ÉTIDES 150UT0NNEUSES.
ce symptôme n'est pas comparable à celle du prurit qu'on
observe dans le lichen dartreux.
En résumé, nous voyons que le strophulus diiïèredu lichen
herpétique, qui a été décrit plus haut, par ses caractères objec-
tifs et par sa marche exanthémalique. D'un autre côté, il pré-
sente des rapports évidents avec difl'érentes atîeclions scrofu-
leuses, et se rapproche de ces dernières par quelques-uns de
ses symptômes : nous mentionnerons surtout l'existence si-
multanée de papules volumineuses et d'un faible prurit, phé-
nomènes qu'on retrouve dans les scrofulides boutonneuses.
Le strophulus appartient à cette dernière classe d'affections;
il doit être étudié parmi les manifestations de la scrofule.
B. Le lichen tropicus se rencontre dans les climats qui
sont sous les tropiques; nous ne le connaissons point, et nous
ne ferons que l'indiquer. Nous dirons, néanmoins, qu'il est
caractérisé par de grosses papules, et qu'il appartient évi-
demment à la classe des affections artificielles.
G. Le lichen pilaris et le lichen lividus sont deux
affections essentiellement arthritiques, et ont été décrits
dans le chapitre consacré à l'étude des arthritides bouton-
neuses.
D. Le lichen circumscriptiis des auteurs est parasitaire
dans un grand nombre de cas, 11 peut être aussi de nature
arthritique et coïncider avec un lichen disséminé ou groupé,
à papules déprimées.
M. Devergie rapporte (p.. 393, 2* édition) trois exemples
de lichen contagieux, développé sous la forme de plaques cir-
conscrites : ces affections sont évidemment de nature parasi-
taire. Lorsqu'il est question de lichen circonscrit, le même
auteur dit qu'il siège sur le dos de la main, plus souvent en
dehors qu'en dedans des membres ; qu'il est beaucoup plus dis-
LICHËN lIERÎ'ÉTlQUiv. 285
|)osé que le lichen diffus à sécréler et à passer à l'élat de lichen
eczémateux. Il n'est pas difficile de voir que M. Devergie dé-
crit, sous le nom de lichens circonscrits, des lichens parasi-
taires et des eczémas arthritiques.
. M. Cazenâve commet les mêmes erreurs. Il admet un li-
chen circonscrit et caractérisé par des groupes de papules
réunies en cercles dont les hords, ordinairement très pro-
noncés, sont continuellement agrandis par des éruptions nou-
velles, en môme temps que le centre se guérit par une exfo-
liation légère. N'est-ce pas là, au moins dans la plupart des
cas, une affection parasitaire?
Quand M. Hardy enseigne que le mélange de l'eczéma et
du lichen est plus commun que ne le pensent les auteurs
classiques, il a pris l'eczéma sec de nature arthritique pour
du lichen circonscrit. Cependant cet auteur a bien décrit un
lichen circonscrit, distinct du lichen parasitaire et de l'ec-
zéma arlhriti(jue; cette espèce, qui appartient à l'arthritis, a
été étudiée dans le chapitre consacré aux arthridides bouton-
neuses.
E. Le lichen gyratus est une variété établie d'après la
forme de l'éruption; il se présente sous l'aspect de bandes
dont l'étendue et la direction sont variables.
F. Le liclien urticatus n'est qu'une variété de l'urticaire.
Il est caractérisé par des papules volumineuses, rosées ou dé-
colorées, qui présentent une marche fugace comme celles du
cnidosis.
G. Le lichen iiivétéré se fait remarquer surtout par le
symptôme prurit et par l'épaississement de la peau ; les pa-
pules sont peu nombreuses et peuvent .faire défaut; les par-
ties aiïectées sont rudes et couvertes de squames plus ou
moins abondantes qui ressemblent à celles de l'eczéma ou du
286 nEHPÊTlDKS BOUTONNLUSKS.
psoriasis. Celle forme de lichen présente une longue durée;
elle persiste quelquefois pendanl toute la vie.
2" LiciiKN AGuiLS. — Bielt a décrit sous ce nom une af-
fection qui s'accompagne d'un prurit considérable, de pa-
pules, de vésicules ou de pustules qui rappellent à la fois
l'aspect de Teczéma et du lichen. M. Devergie admet deux
variétés de lichen agrius, que nous reconnaissons également :
Tune, celle qui appartient à la dartre, présente des papules
petites et des démangeaisons très vives; l'autre est caracté-
risée par de grosses papules, par un prurit beaucoup moins
maï qué et se trouve placée sous la dépendance de ladiathèse
scrofuleuse.
Étioloffie. — Le lichen se rencontre principalement chez
les sujets d'un tempérament nerveux. Il s'observe à tous les
âges; cependant, s'il apparaît comme manifestation herpé-
tique, il se montre de préférence vers l'âge de vingt à vingt-
cinq ans ou dans l'âge mûr.
L'éruption lichénoïde se développe pour la première fois
et récidive souvent à l'époque du printemps et de l'automne.
Parmi les causes prédisposantes, il faut signaler quelques
professions : on sait combien est fréquent le lichen dos mains
et des avant- bras chez les épiciers, les boulangers, les tein-
turiers, etc., qui manient des substances irritantes.
Les auteurs ont signalé l'inttuence d'un certain étal gastral-
gique ou entéralgique sur le développement du lichen. Mais
on a méconnu les véritables liens qui rattachent ces phéno-
mènes nerveux aux symptômes cutanés : dans ce cas, gas-
tralgie et affections de la peau sont des n)anifestations d'un
même état morbide, la dialhèse herpétique. C'est le même
rapport qui existe, dans la sy[)hilis, entre les douleurs os-
léocopes ou rhumatoïdes et les affections cutanées.
LICHKN HERPÉTIQUE. 287
Comme causes occasionnelles qui éveillent la dartre, dont
le lichen est un symptôme, nous nommerons encore les
émotions morales, les veilles prolongées, les excès de
table, etc.
, Le lichen est-il contagieux, comme l'admet M. Devergie?
Nous ne saurions partager cette opinion, qui ne peut être
expliquée que par une erreur de diagnostic. L'auteur précé-
dent aura pris, ainsi que nous l'avons fait remarquer, pour
du lichen dartreux le lichen parasitaire ou d'autres affections
phylo-dêrmiques.
Diagnostic. — Le lichen est caractérisé par des papules
petites, agminées, et couvertes de squames ou de petites
croûtes grisâtres ou jaunâtres ; il ne sera pas confondu avec
le prurigo dont les papules sont plus volumineuses, dissémi-
nées et présentent à leur sommet une petite croûte noire qui
est formée par une gouttelette de sang desséché.
Le psoriasis oflre dans quelques circonstances une cer-
taine analogie avec le lichen invétéré : on rencontre dans les
deux affections un épaississenient de la peau, des squames
grises et furluracées. Cependant il nous sera possible d'ar-
river au diagnostic en tenant compte du phénomène prurit,
qui est ordinairement intense dans le lichen et presque nul
dans le psoriasis 5 en outre, ce dernier peut se développer
dans toutes les régions, mais il a une prédilection marquée
pour celles du coude et des genoux : les plaques psoriasi-
ques développées. sur ces parties conservent habituellement
des caractères nettement accusés.
Il n'est pas toujours facile de distinguer par une première
inspection le lichen de l'eczéma arthritique, qui se présente
sous la forme de plaques rouges, violacées, rugueuses et
couvertes de squames minces, jaunâtres ou grisâtres. Néan-
l,
288 llEUtÉTIDES l50UT0NNI'USi:S.
moins, en examinant avec attention les surfaces affectées, on
remarquera que la peau ne présente pas d'épaississement
dans l'eczéma, et qu'il existe sur quelques points des vési-
cules acuminées; en l'absence de vésicules, on apprend qu'il-
y a eu un suintement plus ou moins abondant.
Le lichen agrius présente des lésions complexes, apparte-
nant à deux affections cutanées: avons-nous affaire à un li-
chen ou à un eczéma? Les willanistes, qui établissent le
diagnostic d'une affection cutanée d'après l'élément primitif,
sont très embarrassés pour répondre à la question précé-
dente. Ponr nous, le lichen agrius est une affection mixte,
caractérisée à la fois par des vésicules et des papules; il est
l'expression symptomatique d'une maladie constitutionnelle.
Ces données nous suffisent pour instituer un traitement ra-
tionnel.
Il faut encore savoir distinguer entre eux le lichen agrius
de nature herpétique et le lichen agrius d'origine scrofu-
leuse. Le premier apparaît ordinairement dans l'âge adulte
et chez les sujets doués d'un tempérament nerveux ; il se
fait remarquer par un prurit intense et par des papules peu
volumineuses, recouvertes de vésicules ou de légères croûtes.
Le licben agrius de source scrofuleuse se montre chez les
enfants âgés de douze à quinze ans et doués d'un tempéra-
ment lymphatique; il présente des papules plus grosses,
des vésicules, et plus souvent des pustules ; il est remar-
quable par le peu de démangeaison qu'il occasioime.
Nous ne reviendrons pas sur le diagnostic différentiel du
lichen circonscrit et du lichen herpétique ; cette question a
été traitée dans le cliapitre qui renferme l'bistoire du lichen
arthritique (page 166).
Le lichen syphilitique se distinguera du lichen herpétique
LICHEN HERPÉTIQUE. 289
par rabsence de pruril et par la coloration cuivrée de ses
papules.
Le lichen artificiel, qui est produit quelquefois volontaire-
ment, pourrait être confondu avec le lichen lié à une mala-
die constitutionnelle. Il faudra tenir compte de la physio-
nomie de l'affection.
Dans le lichen déterminé par des agents irritants, les pa-
pules et les parties de peau qui les séparent sont excoriées
et uniformément rouges ^ on trouve une inflammation plus
vive et un prurit moins marqué, qui est souvent remplacé par
de la cuisson et une sensation de chaleur. On surveillera le
malade qui pourrait avoir intérêt à entretenir l'éruption,
dont on triomphera facilement par le repos.
Qu'il nous soit permis d'ajouter ici quelques remarques sur
le diagnostic du lichen lividiis. Nous avons oublié de dire
que celte affection, de nature arthritique, est confondue tous
les jours avec la syphilide papuleuse et le psoriasis punclala.
Cependant le lichen lividus se distinguera de la syphilide
papuleuse par de vives démangeaisons , par l'absence des
plaques muqueuses et de l'engorgement des ganglions lym-
phatiques, par la coloration violacée de ses papules, et sou-
vent par Texislence de véritables taches hémorrhagiques dans
l'épaisseur delà peau.
Les éléments du psoriasis guttala sont recouverts de
squames blanches et nacrées, différentes de l'épidorme blanc
et lisse qui fait corps avec la papille déprimée du lichen, et
ne s'accompagnent pas d'un prurit aussi marqué que ceux du
lichen lividus. Le psoriasis a pour lieux d'élection les coudes
et les genoux.
Pronostic. — Toutes les espèces de lichen constitutionnel
présentent à un degré plus ou moins grand une ténacité re-
19
290 ÎIERPÉTIDKS HUMIDES.
marquiil)le et une IVidiense ((Midaiice à récidiver. Cependant
le liclien herpétique surpasse de beaucoup, sous ce rapport,
les lichens scioluleux et arthritique. Par les progrès de la
maladie constitutionnelle, ces deux derni(M-s disparaissent né--
ce>sairemeirt. ; au contraire, le lichen dartreux persiste indé-
finiment, se généralise et dure souvent jusqu'à la dernière
période de la diathèse herpétique.
Traitement . — Le traitement que nous avons indiqué pour
le prurigo, est ap[)licable au lichen. Nous renvoyons au pa-
lagruphe précédent pour l'énumération des moyens des-
tinés à combattre le lichen herpétique.
TROISIÈME SECTION.
DES HERPÉTmES HUMIDES.
Nous appelons herjoétides humides des aiïections cutanées
développées sous l'inlluence de la diathèse herpétique et ca-
ractérisées par (.les groupes de boutons séreux ou purulents
qui se convertissent en squames ou en croûtes.
Les herpétides humides diflèrent des arthrilides humides
par l'abondance de leur sécrétion, par la variété des régions
qu'elles occupent, par leur tendance à se généraliser, par
la syRiétrie qu'elles affectent dans leur développement, atta-
quant à la lois les deux côtés du corps ou les membres à
droite comme à gauche, par le prurit qui les suit souvent, les
accompagne et les précède.
Elles dillèrent des herpétides sècliÇs par l'existence iré-
quen te des phénomènes généraux et des métastases viscé-
ECZÉMA HEKPÊTIQUE. 291
raies : de là découle en ihérapeutique l'indication d'éviter
l'emploi des agents perturbateurs, lorsqu'il s'agit de com-
battre ces affectioris.
Les herpélides humides, comme les arthritides humides,
renferment trois chapitres :
1° Herpétide vésico-squameuse : eczéma;
'1° Herpétide bullo-lame lieuse : pemphiguus;
Herpétides puro-crustacées : mélitagre , furoncle,
ecthyma.
CHAPITRE PREMIER.
HERPÉTIDE VÉSICO-SQUAMEUSE.
Il n'existe qu'une seule herpétide vésico-squameuse, l'ec-
zéma, que nous allons étudier.
^ Z. - De l'eczéma.
L'eczéma a porté des dénominations variées : herpès mi-
liaris, herpès squamosus madidans (Alibert) , dartre vive (Sau-
vages), etc. Le mot eczéma («Csw, je brûle) a été employé
pour désigner des éruptions accompagnées de douleur et de
chaleur ; il paraît avoir été appliqué tantôt à des affections
vésiculeuses ou pustuleuses, tantôt à des affeclions papu-
leuses.
Willan, le premier, donna une idée précise de l'eczéma
dont il détermina avec soin les caractères, et qu'il définit :
une éruption de vésicules ou de vésico-pustùles acuminées,
petites, agminées et occupant des surfaces plus ou moins
étendues.
292 IIEIU'ÉTIDE VÉSlCO-SQUAMfiUSl'.
Bateman, UielL cL tous los dermaLologisles modernes onl
adopté en principe la délinilion de Willan.
Pour M. Cazeiiave, le genre eczéma est caraclérisé par des
vésicules ou vtîsico-puslules, ordinairement très petites, ag-
glomérées en grand nombre et occupant le plus souvent des
surfaces très larges, non circonscrites et irrégulières.
Beaucoup d'auteurs définissent l'eczéma : une affection ca-
ractérisée par des vésicules, par une sécrétion plus ou moins
abondante de sérosité, par la rougeur et la démangeaison des
parties affectées.
M. Devergic regarde comme incomplètes les définitions
précédentes et leur substitue la suivante : l'eczéma est une
maladie superficielle de la peau caractérisée 1° par la rou-
geur de la surface malade, 2° par une démangeaison perma-
nente plus ou moins intense, 3° par une sécrétion de séro-
sité citrine et limpide, tachant le linge en gris et Vempesant
à la manière des taches spermatiques, !i° par un état ponctué
et rouge de la peau, formé par l'orifice enflammé des canaux
qui, par myriades, fournissent la sérosité.
Celte définition s'appuie sur quatre phénomènes impor-
tants de l'affection ; mais ces phénomènes n'existent^Das dans
toutes les variétés d'eczéma, et d'un autre côté, on ne lient
pas compte de leur ordre de succession. Les mêmes objections
s'adressent à la définition donnée par M. Hardy.
Dans la séméiotique cutanée, j'ai défini l'eczéma géné-
rique : une atfeclion de la peau caractérisée par des vésicules
développées sur un fond rouge, groupées, remplies d'un li
quide séreux, qui se rompent bientôt et se transforment en
squames ou en'croûtes minces d'un jaune verdàtre ou blan-
châtre.
L'eczéma n'est qu'une affection symptomaliquc, (jui se
ECZÉMA HERPÉTIQUE. 293
montre dans difierenles maladies constitutionnel^Ies : nous
avons déjà décrit les eczémas scrofuleux, parasitaire et arthri-
tique; nous n'admettons pas l'eczéma syphilitique jusqu'à ce
que son existence nous soit démontrée par l'observation.
Nous nous proposons ici de faire l'iiistoire de l'eczéma her-
pétique ; il ne nous restera à étudier que l'eczéma artificiel
dans nos leçons de l'année prochaine.
Divisions. — On admet généralement un eczéma aigu et
un eczéma chronique; celte division, fondée sur la marche
de l'affection, mérite d'élro conservée.
Willan et ses élèves reconnaissent à l'eczéma aigu trois
variétés : 1° Veczema simplex^ 2" Y eczéma rubrum, 3" Vec-
zema impetiginodes. Cetle seconde division nous paraît at-
taquable sur plusieurs points. L'eczéma simjjlex, tel qu'il a
été envisagé par les auteurs précédents, est un hydroa de
cause externe ou dénature arthritique : nous avons décrit
ce dernier parmi les arthritides, et plus tard nous étudierons
l'autre dans les affections artiticielles. Ueczéma i?npeiigi-
nodes n'est qu'une complication de Veczéina aigu; il est sou-
vent le résultat d'une irritation produite sur les surfaces
eczémateuses par différents agents tels que pommades, eau
sédative, etc. Il faut bien distinguer l'eczéma impétigineux,
consécutif, la plupai t du temps dans la dartre, de l'eczéma
impeliginodes primitif est une affection essentiellement
scrofuleuse.
11 ne reste donc comme forme réelle que l'eczéma rubrum;
seulement, il est important d'établir dans celte affection une
distinction qui n'a point été faite par les auteurs. Il existe,
comme nous l'avons déjà dit> deux espèces d'eczéma rubrum.
L'un présente l'aspect symptomatique des pseudo-exan-
Ibèmes; il est caractérisé par des phénomènes fébi iles, par
29/l IIEUPÉTinE VÉSlCO-SQUAMEUSf.
une érii|)li()r\ olcndiie à hi pJiis grande partie du corps, et il
se termine par i rsolulion dans l'espace de deux à trois septé-
naires. L'autre eczéma rubruin ne s'accompagne pas de sym-
ptômes fébriles ; il se manifeste par une inflammation plus
vive des surfaces affeclées, occupe des régions moins éten-
dues, offre une durée très variable, et peut guérir ou passer à
l'état chronique. Nous sommes donc en présence de deux af-
fections différentes et désignées sous le même nom, ce qu'il
faut toujours éviter. Nous conservons la dénomination d'ec-
zéma rubrum à la variété qui appartient à la classe des érup-
tions pseudo-exanthématiques ; quant à la seconde variété,
elle peut être considérée coirime le premier degré de l'eczéma
chronique de nature herpétique, qui commence presfjue tou-
jours par l'état aigu.
Dans l'eczéma herpétique, nous ne saurions admettre deux
variétés, et nous ne reconnaissons que deux formes :
1° La forme inflammatoire (eczéma aigu, eczéma ru-
brum non pseudo-exanthématique) \
2° La forme sécrétante (eczéma chronique).
I. Forme inflammatoire. — Dans celte forme, il existe
quelquefois, au début, un peu de malaise, de l'inappétence et
un léger mouvement fébrile. Les premiers symptômes sont
des démangeaisons et un sentiment de chaleur sur les parties
affectées. Bientôt on observe une surface rouge, plus ou moins
étendue, sur laquelle naissent des vésicules agminées et si
petites qu'elles passent souvent inaperçues. Ces vésicules
acumiiiées et remplies d'une sérosité limpide ont une durée
éphémère, qui dépasse rarement trente-six à quarante-huit
heures : les unes se flétrissent après la résorption du liquide
qu'elles renferment, les autres se rompent et laissent de pe-
tites ulcéralious superficielles qui fournissent un liquide
ECZÉMA HERPÉTIQUE. 295
.-ibondanl, clair et visqueux. Ce liquide tache eu gris, em-
pèse le linge etresseniJjleà la sueur ^ examiné au microscope,
il renferme une grande quantité de lymphe plastique, des glo-
bules pyoïdes et souvent des globules de pus.
La partie affectée ne présente pas une rougeur uniforme,
mais une surface criblée d'un grand nombre de petits points
d'un rouge plus foncé, qui sont autant d'orifices par lesquels
suinte la sérosité. La sécrétion continue pendant un temps
qui varie de quelques jours à trois ou quatre septénaires, à
moins que l'eczéma ne passe à l'état chronique. Lorsqu'elle
vient à diminuer, le liquide se dessèche et se transforme en
squames ou en croûtes minces, humides et jaunâtres. Ces
squames ou croûtes se détachent bientôt et sont remplacées
par une tache rouge qui persiste pemlant un temps plus ou
moins long, mais qui finit par disparaître à son tour sans
lai'-ser de cicatrices.
Les démangeaisons et la chaleur qui précèdent l'apparition
des vésicules, durent pendant le développement de ces der-
nières; elles perdent de leur intensité, dès que la sécrétion
s'établit, et cessent complètement, lorsque l'eczéma arrive à
l'état squameux. Ainsi, la diminution et la disparition des
deux phénomènes, prurit et chaleur, annoncent une tendance
vers la terminaison de l'affection on la guérison définitive.
Que rinflammation des glandes sudoriparos et du derme
présente un degré plus élevé, le liquide conteim dans It^ vé-
sicules deviendra purulent; vous aurez l'eczéma impetigi-
nodes des auteurs.
Marche, durée, terminaison. — L'eczéma aigu peut se
terminer par la guérison, qui survient ordinairement au bout
de trois à quatre semaines, et par son passage à l'état chroni-
que. Lorsque l'affection a disparu, le malade n'est point à
-«yo llERPÉIIDIi VftSICO-SQUAMEUSE.
l'abri des récidives ; l'eczéma reparaît presque toujours un
certain nombre de ibis, jusqu'à ce que la forme chronique s e-
tablissc d'une manière dédnitive.
Complications. — Nous avons déjà signalé l'cczoma inipe-
tiginodes comme un accident de l'eczéma aigu; nous men-
tionnerons encore, à titre de ccmplicalions, les éruptions
furoncuhiires et ecthymatiques.
II. Forme sécrétante, — Cette forme succède souvent à
la forme inflammatoire; elle peut aussi se montrer d'emblée.
Dans ce dernier cas, on observe une surface rouge et couverte
de vésicules, qui est le siège de chaleur et de démangeai-
sons. Ces phénomènes qu'on rencontre dans l'eczéma aigu,
offrent ici moins d'intensité : la rougeur est moins vive et
les vésicules sont plus discrètes, plus rares. A côté des pre-
miers groupes vésiculeux, d'autres ne tardent pas à se mon-
trer et occupent chaque jour des surfaces plus étendues ; par -
fois l'affection est limitée à certaines régions et se continue,
alors, par des poussées successives sur les mêmes parties.
L'évolution de l'eczéma chronique ne difïere de celle de
l'eczéma aigu que par une rapidité moins grande ; les vési-
cules se rompent et fournissent une sérosité qui se concrète
sous la forme de lamelles ou de croûtes molles et jaunâtres.
A un moment donné, toute sécrétion cesse et les croûtes se
détachent; il nQ reste plus qu'une surface rouge et une ex-
foliation épidermique qui a de l'analogie avec celle du pity-
riasis. Quelquefois, les squames sont épaisses et ressemblent
à celles du psoriasis. On observe assez souvent dans l'eczéma
chronique une surface rouge et luisante ; cet aspect vernissé
de la peau annonce que l'affection n'est pas guérie, et qu'il
faut s'attendre prochainement à de nouvelles poussées vési-
culeuses.
ECZÉMA HERPÉTIQL'L. 297
Si l'on récapitule les différents phénomènes qu'on trouve
dans l'eczéma, on voit successivement trois étals : état vési-
culeux, état sécrétant et état squameux.
Dans l'eczéma herpétique, l'état sécrétant est beaucoup
plus fréquent que les deux autres : ce motif nous a déterminé
à désigner sous le nom de forme sécrétante Teczema chro-
nique de nature dartreuse. Nous savons qu'au contraire l'état
sec et squameux se montre ordinairement dans l'eczéma ar-
thritique.
Quelquefois, soit dès le début, soit pendant le cours de
l'eczéma, les vésicules sont remplacées par de petites fissures
de répiderme. Le fond de ces fissures est rouge, fournit une
sérosité plastique et analogue à celle qui s'écoule des ori-
fices des canaux sudoripares enflammés : c'est sur cet aspect
particulier de la surface affectée qu'on a établi une nouvelle
variété sous le nom iS' eczéma fendillé. Mais nous ne pensons
pas qu'une modification anatomique si peu importante puisse
autoriser à augmenter le nombre des variétés d'eczéma qui
sont déjà trop multipliées.
L'eczéma herpétique se fait remarquer, avons-nous dit,
par une sécrétion abondante. Il présente encore un autre
symptôme non moins fréquent : nous voulons parler de la
démangeaison.
Le prurit est ordinairement très intense 5 il est plus mar-
qué la nuit que le jour, et détermine souvent des insomnies.
Il s'observe plus particulièrement à certaines périodes de
faffeclion : plus la sécrétion est abondante, moins le prurit
est accusé; réciproquement, il est d'autant plus vif que la
sécrétion est moins considérable. De l'apparition de ce phé-
nomène dans la dernière période de l'eczéma, on doit sou-
HERPfiTIDE VÉSiœ-SQUAMEUSE.
vent ooncliire f|ii'unc nouvelle poussée de vésicules ue lar-
dera pas à se montrer.
Tous les observateurs ont signalé chez les malades atteints
d'eczéma chronique un certain nombre d'afïeclions : inllani-
mation gastro-intestinale, asthme, catarrhes, angines, gas-
tralgies ou autres névroses. Ils ont constalé aussi les relations
qui existent souvent entre ces différentes aiîections et Tec-
zéma : celui-ci s'aggrave ou récidive, quand les premières
diminuent ou disparaissent. Nous avons pu vérifier l'exacti-
tude de ces faits ; mais, lorsqu'il s'agit de les interpréter,
nous différons de l'avis de la plupart des auteurs. Ceux-ci ne
voient dans ces affections que des phénomènes purement
sympathiques ou des complications survenues accidentelle-
ment dans le cours de l'eczéma; quant à nous, nous considé-
rons, au contraire, ces différentes affections comme autant de
symptômes d'une seule maladie constitutionnelle qui se ma-
nifeste successivement ou simultanément sur la peau, sur les
poumons, sur les muqueuses, sur les nerfs, etc.
Marche^ durée. — L'éruption présente trois degrés dans
son évolution : état vésiculeux, sécrétant et squameux. Il est
fréquent de trouver sur une môme surface des éruptions à
tous les degrés. La marche de l'eczéma est très irrégulière :
les démangeaisons el la sécrétion ont cessé, et il ne reste
qu'une surface un peu rouge, luisante et couverte de quel-
ques squames; soudain, une vive démangeaison et bientôt
une nouvelle éruption se manifestent.
L'eczéma herpétique a une grande tendance aux récidives,
qui sont séparées par des intervalles de temps variables sui-
vant les conditions extérieures et surtout suivant l'âge. Chez
quelques malades, l'affection ne se montre que tous les ans
ECZÉMA HERPÉTIQUE. 299
OU tous les tleu\ ans-, chez d'autres, elle apparaît plusieurs
j'ois dans la même année.
Terminaisons. — L'eczéma ne laisse aucune cicatrice sur
les surfaces qu'il a occupées; il est remplacé par une tache
rouge qui disparaît lentement. Cependant, à un eczéma de
longue durée succède souvent une coloration brune de la peau
qui persiste indélitiiment. Le plus souvent, la guérison n'est
que temporaiie ; les récidives sont très communes.
La métastase s'observe fréquemment dans l'eczéma dar-
treux : l'affeclion cutanée disparaît, et un catarrhe bron-
chique ou intestinal se manifeste; d'autres fois, c'est un
asthme ou une hydropisie qui se montre à la suite de la
brusque disparition de l'eczéma. Le retour de celui-ci, suivi
de la guérison des accidents énumérés plus haut, prouve in-
contestablement qu'à la dialhèse dartreuse il faut encore
ajouter, comme cause des différentes manifestations sur les
muqueuses, sur les séreuses, etc., l'influence exercée par
la métastase de l'affection cutanée.
Pendant lontemps il existe une sorte de balancement entre
l'affection cutanée et les affections viscérales. Mais, par les
progrès de la maladie constitutionnelle, les deux sortes d'af-
fections finiront par coexister et prendre des proportions
plus considérables. L'eczéma recouvrira la plus grande partie
du corps; une diarrhée rebelle, un catarrhe pulmonaire et
divers troubles des fonctions digestives s'établiront d'une
manière permanente; li' malade tombera dans un amaigris-
sement extrême, souvent masqué par des hydropisies passa-
gères -, enfin, la fièvre hectique se déclarera, et la mort sur-
viendra an milieu des symptômes qui caractérisent la
cachexie darlreuse.
Siècle. — La question qui concerne le siège anatomique de
IIERPÉTIDE V/iSiœ-SQUAMEUSE.
l'affeclion, a été trailée avec les (Jévelo|)pemw)is qu'elle
comporte, lorsque nous avons étudié l'eczéma arthri-
tique.
Ici nous nous bornerons à quelques considérations sur le
siège topographique de l'eczéma dartreux.
L'eczéma herpétique se montre sur toute la surface cuta-
née du corps. Cependant il occupe de préférence la partie
interne des membres, où la peau présente une grande
finesse ; il est aussi plus fréquent dans les régions qui
sont le siège habituel d'une transpiration abondante, ou
qui présentent un grand nombre de follicules pileux : telles
sont les régions des mamelles, des oreilles, de l'anus, du
scrotum, etc.
L'eczéma dartreux ne reste pas longtemps limité aux
mômes surfaces; il se développe rapidement sur des parties
voisines ou éloignées. Dans cette atlection essentiellement
mobile, les variétés établies d'après le siège n'ont pas une
grande importance. iSèanmoins, nous allons énumérer ces
différentes variétés avec les symptômes qui sont proj)res à
chacune d'elles.
Variétés d'après le siège :
1° Eczéma capitis. — L'eczéma dartreux s'observe fré-
quemment à la tête : nous savons que cette région est sou-
vent occupée par les eczémas scrofuleux et arthritique. Ce
dernier présente une physionomie qui lui est propre : il est
caractérisé par des plaques circonscrites, rouges, rarement
humides, ordinairement sèches et squameuses. Les eczémas
dartreux et scrofuleux ollVent entre eux une certaine ana-
logie : ils s'étendent à la plus grande partie du cuir chevelu
et se propagent à la face, au cou et à dilTèrentes régions.
I\]ais l'eczéma scrofuleux est caractérisé par une sécré-
ECZÉMA HERPÉTIQUE. 301
lion ahondanle el séro-purulento, s'accompagne d'engorge-
ments ganglionnaires, d'oplitlialmies, etc.; l'eczéma herpé-
tique, au contraire, se fait remarquer par une sécrétion
abondante de sérosité limpide, par dea démangeaisons in-
tenses, par une rougeur très vive des surfaces affectées, et
rarement il se complique d'adénopalhie qui se montre alors
comme un phénomène purement sympalhi(jue.
L'eczema capitis de nature herpétique peut occasionner la
chute des cheveux après une longue durée ; cependant la
calvitie n'est jamais ni aussi prompte, ni aussi prononcée dans
les affections dartreuses que dans les affections arthritiques.
Les cheveux ne présentent pas non plus ces altérations de
couleur et de structure qui caractérisent les phyto-dermides ;
d'ailleurs, ils repoussent le [)lus souvent avec toute leur
force habituelle après la disparition de l'affection.
Lorsque l'eczema capitis est guéri, il faut s'attendre, dans
un temps plus ou moins prochain, à une récidive sur place
ou sur des parties éloignées.
2° Eczéma des oreilles. — L'eczéma darlreux occupe
souvent les pavillons auriculaires ; il ne tarde pas à se pro-
pager à la face et au cuir chevelu. 11 détermine une rougeur
et une tuméfaction considérables des parties constituantes de
l'oreille, se propage fréquemment au conduit auditif externe :
on observe alors un boursouflement de la muqueuse de ce
conduit, qui produit une surdité momentanée.
3*" Eczéma des seins. — C'est chez la femme qu'apparaît
l'eczéma dos seins dans le plus grand nombre des cas; il se
développe sous l'influence de la congestion qui s'opère dans
les glandes mammaires à l'époque de la puberté, de la gros-
sesse et de la lactation. Il se manifeste ordinairement sur le
mamelon, l'aréole, et il s'étend pi;ogressiYement vers la péri-
302 IIERPÉTIDE VÈSICO-SQUAMEUSE.
phérie de la mamelle, en conservanl une dispositioii plus ou
^moiiis arrondie. Dans celle afl'eclion, on rencontre souvent
de petits abcès qui ont pour siège les glandes sudoriparcs.
L'eczéma herpétique occupe simultanément les deux seins; -
il se montre bientôt sur d'autres parties du corps. On ne le
conlondra pas avec l'eczéma psorique, si fréquent dans ces
régions.
à° Eczéma de l'ombilic. — L'irritation produite par la
matière sébacée, accumulée dans la dépression ombilicale, dé-
termine fréquemment l'eczéma herpétique. L'affection s'étend
ordinairement aux parois abdominales et présenle une grande
ténacité; elle est prolongée et entretenue par la stagnation
continuelle des produits de sécrétion sur les surfaces ma-
lades. Comme les variétés précédentes, elle est très exposée
à récidiver.
5" Eczéma des parties génitales. — L'eczéma fixe des
parties génitales appartient généralement à l'arlbritis -, toute-
fois l'eczéma dartreux peut aussi occuper ces mêmes ré-
gions. Tandis que le premier reste limité aux surfaces pri-
mitivement affectées, le second ne tarde pas à envahir les
régions voisines, les cuisses, l'abdomen, etc.
L'eczéma herpétique des parties génitales est remarquable
par une sécrétion extrêmement abondante, par la largeur
des squames qu'on observe sur le scrotum et sur la
verge , par l'existence de démangeaisons atroces et très
incommodes. Le prurit intense occasionne une surexci-
tation des organes sexuels, qui est souvent chez l'en-
fant le point de départ de mauvaises habitudes. Chez la
femme, l'affection a son siège sur les grandes lèvres, le pé-
rinée, et souvent elle se propage au vagin et au canal de
l'urèthre. Alors, elle détermine des démangeaisons non moins
ECZÉMA HERPÉTIQUE. 303
vives que chez l'homme , qui peuvent aussi conduire à
l'onanisme. Lorsque l'éruption s'étend dans les cavités mu-
queuses, elle donne lieu à un écoulement abondant, séreux et
plastique, en un mot, à un catarrhe de nature évidemment
herpétique.
L'eczéma, malgré son extension sur d'autres régions, per-
siste longtemps sur le lieu primitivement affecté et résiste
avec opiniâtreté à nos agents thérapeutiques.
6° Eczéma des mains et des pieds. — L'eczéma limité
aux mains et aux pieds appartient le plus souvent à l'ar-
ihritis; nous avons signalé les phénomènes propres à cette
affection.
V eczéma manuale, qui se montre dans la dartre, coïncide
presque toujours avec un eczéma étendu aux bras, à la face
ou à d'autres régions. D'ailleurs, il ne présente dans ses
symptômes aucune particularité importante à noter.
Variétés suivant l'aspect. — Les auteurs ont admis un
assez grand nombre de variétés d'après l'aspect : Eczéma
simplex, eczéma impetiginodes, eczéma rubrum, eczéma
nummulaire, eczéma fendillé.
De toutes ces variétés, Y eczéma nummulaire est la seule
que nous conservions : cette affection est tantôt arthriti((ue,
tantôt parasitaire. Nous avons dit précédemment pourquoi
nous ne reconnaissions pas, à titre de variétés de l'eczéma
herpétique, les eczéma simplex^ impetiginodes et fen-
dillé.
Complications. — Si l'inflammation est très intense, elle
détermine les phénomènes attribués à la variété eczéma im-
petiginodes. Des éruptions, furonculaires et ecthymatiques
viennent fréquemment compliquer l'eczéma herpétique. Aux
aisselles, au sein et dans les régions pourvues d'un grand
I
oO/l llEHPf'TIDt: VÉS1C0-SQUA.MEUSE.
nombre de glandes sudoripares, on voit souvent de petites
tumeurs dures, rouges, arrondies ou ovales, situées dans
l'épaisseur de la peau et arrivant quelquefois à suppurer. Ces
petites lumem"s inflammatoires ont leur siège dans les glandes -
sudoripares; elles ont été étudiées par M. Verneuil dans un
mémoire très intéressant.
Etiologie. — L'eczéma herpétique est rare dans l'enfance;
il se montre quelquefois à l'âge de la puberté; il est fréquent
surtout vers l'âge de vingt-cinq à trente ans ou de trente-
cinq à quarante ans.
On l'observe souvent chez les vieillards, mais presque tou-
jours à rétat de récidive. On le rencontre plus fréquemment
chez la femme que chez l'homme.
La transmission héréditaire de l'eczéma dartreux est ad-
mise par tous les auteurs.
L'eczéma, s'il est symptomatique de la dartre ou do l'ar-
thritis, n'est pas contagieux. La contagion ne s'exerce que
dans l'eczéma parasitaire : ceci demande une explication.
Quand nous disons que cette affection est contagieuse,
nous entendons par là que le malade peut transmettre
à un autre par un contact plus ou moins prolongé le para-
site qui a déterminé l'éruption dont il est question ; que ce
parasite provoquera chez le second sujet telle ou telle érup-
tion, selon ses prédispositions morbides et selon les condi-
tions particulières de sa membrane tégumentaire.
La puberté, l'âge critique, la grossesse, la lactation éveil-
lent fréquemment la manifeslalion eczémateuse de la diathèse
herpétique; le tempérament lymphalico-nerveux prédispose
davantage à celte affection que les autres tempéraments.
Dans un g'rand nombre de cas, les affections cutanées de
nature herpétique sont occasionnées par les parasites ani-
ECZÉMA HERPÉTIQUE. 305
maux ou végétaux. La plupart des dartreux ont eu, comme
nous l'avons dit, des affections parasitaires qui ont été la
cause déterminante de l'eczéma ou de telle aulre éruption
herpétique.
Parmi les causes capables de provoquer l'apparition de
l'eczéma, nous citerons les vésicatoires, les moxas, les pi-
qûres de sangsues, le froid, la fatigue, les«.excès de boissons
alcooliques et une nourriture trop excitante; nous mention-
nerons surtout l'influence des émotions morales. Toutefois,
ces causes seraient insuffisantes à produire l'affection, si le
malade n'était déjà porteur de la diatlièse herpétique à l'état
latent.
Diagiiostic. — L'eczéma est caractérisé par des signes
nombreux : vésicules, état pointillé et rouge, suintement,
squames, prurit intense, chaleur de la peau. Cependant il
offre de l'analogie avec plusieurs affections qui sont : la mi-
liaire, le pityriasis, l'impétigo, le pemphigus, le psoriasis et
le lichen. '
La miliaire est facile à distinguer de l'eczéma : elle pré-
sente des vésicules plus volumineuses et moins confluenles,
une transpiration abondante et des phénomènes généraux
plus ou moins graves.
Au début, l'eczéma diffère du pityriasis par l'existence de
vésicules et par le suintement de sérosité qui l'accompagne.
Plus tard, il passe à l'étal squameux etprésente la plus grande
ressemblance avec l'affection précédente ; d'ailleurs, le pityria-
sis peut parfaitement remplacer l'eczéma. Dans ce cas, la
partie vraiment importante de la question consistera dans le
diagnostic de l'espèce : il n'y a aucun avantage à traiter
une affection plutôt que l'autre, si elles sont toutes deux de
môme nature.
20
III IIP^:TII)F. V^;StCO-SQUAMRUSK.
L'eczéma se distingue de l'impétigo par des caractères bien
accusés. Le premier offre des vésicules remplies d'un liquide
transparent, visqueux, quelquefois séro-purulent et se con-
crétant sous la forme de squames minces et jaunâtres ; le
second présente des pustules plus volumineuses, remplies
d'un liquide purulent qui forme des croûtes épaisses, jaunes
ou brunes et rugueuses.
Dans l'eczéma fixé à la paume de la main et à la plante
des pieds, les vésicules se réunissant souvent et donnent
lieu à des bulles qui ressemblent à celles du pempbigus. Ce-
pendant le diagnostic sera promptement éclairé par la marche
de Taffectioii : s'il existe un pempbigus, on ne tardera pas à
observer sur les parties malades des bulles de nouvelle for-
mation ; d'un autre côté, l'éruption de l'eczéma se fait aussi
par poussées successives, et des vésicules caractéristiques
apparaîtront à une époque plus ou moins rapprochée.
Lorsque le pempbigus a duré longtemps et qu'il s'est
étendu à toute la surface du corps, les bulles se développent
incomplètement; on ne trouve plus que des squames larges
et foliacées, des ulcérations superficielles et un suintement
abondant. On pourrait croire alors à l'existence d'un ec-
zéma généralisé. Toutefois on remarquera que le suinte-
ment de la première affection est séreux, qu'il ne ressemble
pas au litjuide plastique de l'eczéma; on verra que ses
squames ont une largeur que n'atteignent pas celles de l'af-
fection eczémateuse. Le pempbigus foliacé peut occuper la
totalité du corps, tandis que l'eczéma n'envahit jamais com-
plètement toute la surface de la peau ; enfin, pendant la durée
du premier, on observera de temps en temps des bulles ou
des débris dcbulles qu'on ne saurait méconnaître.
Le lichen présente des papules, une sécheresse et un épais-
KCZÈMA HF.RPfrrTQIIE. 507
sissemenL de la peau qui foni défaut dans l'eczéma. Quelque-
fois le lichen et l'eczéma sont associés ^'t constituent une
affection mixte, connue sous le nom de lichen agrius, que
nous avons décrite parmi les scrofulides.
Dans la plupart des cas, il sera facile de distinguer l'eczéma
du psoriasis. Le psoriasis est caractérisé par des squames plus
épaisses, plus blanches que celles de l'eczéma ; il présente un
signe qui manque dans l'affection eczémateuse, c'est une
surface rouge et saillante au-dessus du niveau de la peau 5
enfin, dans le psoriasis, on n'observe aucun suintement de
sérosité. Toutefois, une espèce de psoriasis, celle qui appar-
tient .•) l'arthrilis, s'accompagne souvent d'uni" sécrétion ana-
logue à celle de l'eczéma. Nous savons en effet que le pso-
riasis nummulaire est caractérisé par la réunion des éléments
de l'eczéina el du psoriasis : sécrétion et squames humides,
et en môme temps squames blanches, nacrées et reposant sur
une surface d'un rouge cuivré. L'association des lésions de
l'eczéma et du psoriasis constitue une affection mixte qui mé-
rite d'être conservée cou)me espèce, qui se reconnaîtfacilement
et a été décrite précédemment au nombre des arlhritides.
Dans l'étude de l'eczéma arthritique, nous avons établi le
diagnostic des différentes espèces d'eczéma. Nous avons
énuméré les caractères pi'opres des eczéma scrofuleux, dar-
treux. et arthritique, et nous avons vu qu'on arri\ait dans la
plupart des cas à reconnaître la nature de chacune de ces
affections par le seul examen des symptôn)es objectifs. Nous
croyons inutile de répéte.r ,lout ce que nous avons dit sur ce
sujet important; nous renvoyons donc au paragraphe qui
traite de l'eczéma arthritique (p. 191). Cependant nous
disions également que les symptômes objectifs de l'affection
pouvaient être dénaturés el qu'il fallait puiser d'autres ren-
508 HERPÉTIDi; VfiSICO-SOLAMEUSE.
seigiiements dans les aiilécédents du malade. Nous désirons
nous appesantir (luehjue temps sur cette seconde partie du
diagnostic cjuc nous avons presque passée sous silence.
Le malade atteint d'un eczéma dartreux, reconnaissable
déjà à tels signes que nous avons donnés, présente souvent une
constitution sèche, un tempérament nerveux et une transpira-
tion peu abondante. Il est tourmenté de temps en temps par
des démangeaisons, par des migraines, par des dyspepsies, par
des névralgies intercostales, etc.; il est doué d'un caractère
mélancolique ou très irascible. Si Ton interroge les anté-
cédents du sujet, on constate l'existence antérieure de dif-
férentes affections qui appartiennent évidemment à la dartre :
prurigo herpétique, urticaire aiguë ou cnidosis, zona accom-
pagné de névralgie intercostale, psoriasis, lichen, etc. Tous
ces phénomènes ne se rencontrent pas seulement chez le
malade, mais ils se trouvent aussi chez le père, la mère, les
frères ou les sœurs. Tel est le tableau des principaux sym-
ptômes offerts par le dartreux ; comparons-le à celui que
présente le scrofuleux.
Le scrofuleux se fait remarquer par une coloration rosée
des téguments, plus souvent par un teint pâle, anémique,
par une sorte de bouflisure de la face, par une certaine irré-
gularité dans la nutrition, par une sensibilité générale peu
développée et par des adénopathies survenant sous rinfluence
des causes les plus légères. Avant et pendant la durée de
l'oczéma, on trouve diverses affections éminemment scrofu-
leuses : engorgement strumeux des ganglions, ophtlialmies
chroniques, otites, coryzas, etc. Les parents ont présenté des
caries, des tumeurs blanches, des scrofulidcs bénignes ou
malignes, etc., sont morts fréquemment de phthisie scro-
ECZÉMA HERPÉTIQUE. 309
fuleuse ou d'une autre affection viscérale de même nature.
Le sujet atteint d'eczéma arthritique offrira de son
côté un certain nombre de phénomènes propres, que nous
avons considérés comme les prodromes de l'arthritis. Ce§
phénomènes nous sont connus, et nous allons les rappeler
brièvement : transpiration abondante, obésité, chute préma-
turée des cheveux, constipation habituelle, migraines et dys-
pepsies arthritiques, fréquentes congestions hémorrhoïdaires,
bourdonnements d'oreille, troubles de la vue, système mus-
culaire développé. On aura observé ou Ton trouvera actuel-
lement chez le malade, et très souvent chez les parents, une
des affections suivantes : rhumatisme, goutte, eczéma ou
lichen circonscrits , hydroa huileux , érythème noueux ,
érythème papulo-tuberculeux, sciatique, asthme humide,
lésions organiques du cœur, etc.
Nous pensons qu'en interrogeant l'état local et l'état gé-
néral dans un eczéma, on arrivera presque constamment à
en reconnaître non-seulement le genre, mais l'espèce ; quel-
quefois il sera plus facile d'arriver à la notion de l'espèce
qu'à celle du genre. Or, il ne faut pas oublier que dans le
traitement d'une aftéclion, il est beaucoup plus important
de connaître sa nature que les lésions éléuienlaires qui la
caractérisent.
Pronostic. — L'eczéma dartreux est la plus grave de toutes
les espèces d'eczéma. On sait que h s eczéma artificiel et
parasitaire sont faciles à guérir par la soustraction des causes
qui les ont déterminés, et que les eczéma scrofuleux et
arthritique disparaissent naturellement par le fait des évolu-
tions successives de la maladie constitutionnelle dont ils ne
sont (ju'un symptôme. Au contraire, l'eczéma herpétique est
une affection rebelle, il récidive facilement et finit par se
•i'" HERPÉTJIJE VÉSlCO-SQLMliUSK.
général iseï". Il constiLue lu loniui la plus iVéfjiierite de la
dartre liuiiii.le, dont les conséquences sont toujours plus
funestes que celles de hi dartre sèche. En ellel, il détermine
des inconvénients qui viennent interrompre les occupations
ordinaires de la vie : le malade, obligé de couvi ir de linge
ou de dilTérents topiques les parties affectées, est con-
damné à un repos plus ou moins absolu. Ajoutons encore
qu'on observe plus fréquemment les métastases après la gué-
rison de l'eczéma darlreux qu'après celle de la dartre sèclie.
Traitement . — La forme inflanmiatoirede l'eczéma réclanie
la médication antiplilogistique ; on emploiera avec avantage la
poudre d'amidon ou de fécule, des lotions d'eau de guimauve,
des cataplasmes de fécule et des bains d'amidon. Nous avons
Thabitude de donner jiendant l'existence des phénomènes
aigus de l'éruption un léger purgatif, (|ue nous répétons tous
les trois ou quatre jours : nous oi'domions à chaque fois deux
ou trois verres d'eau de Sediilz. Il sera même utile d'admi-
nistrer ce purgatif de temps en temps pendant toute la durée
du traitement.
Au début, nous prescrivons aussi des boissons rafraîchis-
santes, soit la limonade, soit une tisane renfermant une pe-
tite quantité d'acide sulfurique ; plus tard, nous conseillons
les tisanes de houblon, de pensée sauvage ou de petite cen-
taurée.
La diététique joue un grand rôle dans le traitement de
l'affection : on recommandera une alimentation douce, com-
posée de viandes blanches, de légumes herbacés, et Ton
proscrira le café, les liqueurs, les mets épicés, etc.
La saignée est rarement utile; elle ne sera {.ratiquée que
chez les sujets jeunes et vigoureux. Elle sera indiquée par
une éruption étendue à de grandes surfaces et accompagnée
ECZÉMA HEUPÉriQUE. 311
tic phénomènes fébriles intenses. Sous l'influence des moyens
que nous venons d'énumérer, ki congestion cutanée et les
symptômes généraux qui existent quelquefois, ne tardent
pas cà disparaître : c'est à cette époque seulement qu'on doit
avoir recours à la médication spécifique.
On donne les préparations arsenicales sous différentes
formes : la liqueur de Fowler, la liqueur de Pearson, les
solutions d'acide arsénieux, d'arséniale de soude ou d'arsé-
niate d'ammoniaque. Nous administrons de préférence ce der-
nier composé; nous prescrivons aussi des pilules d'arséniate
de fer chez les sujets débilités ou doués d'un tempérament
lymphatique. En même temps, nous continuons les topiques
émollienls ou légèrem,ent astringents ; toutefois, dans cette
période de l'eczéma, nous employons souvent des bains légè-
rement sulfureux ou alcalins et des bains do vapeur. Ainsi,
nous donnons alternativement un bain d'amidon et un bain
légèrement sulfureux ou alcalin, et nous prescrivons de temps
en temps un bain de vapeur.
Si le prurit est intense et ne cède pas à l'action des moyens
précédents, nous avons recours à la ponmiade de calomel ou
aux lotions d'acétate de plomb et de bichlorure de mercure.
Lorsqu'on a soin d'éloigner les causes déterminantes qui
tiennent quelquefois à la profession du malade et qu'on suit
régulièrement le traitement que nous venons d'indiquer,
l'eczéma cesse bientôt de sécréter et arrive promptement à
l'état squameux.
L'état squameux de l'eczéma peut persister longtemps et
dorme lieu à de nouvelles indications. Rien n'est plus facile,
en général, que d'amener la disparition des squames observées
dans la troisième période de l'affection. Nous recommandons
le moyen suivant qui réussit presque toujours : on recouvre
S12 lIKRPÉTiDE VÉSICO-SQUAMEUSE.
la surface malade avec un mélange, à parties égales, (riiuile
de cade et d'huile d'amande douce; on ne laisse sur la peau
qu'une très faible quanlilé du mélange, qui est absorbé par
l'application immédiate d'une compresse de linge fin. Toute-
fois il faut user avec réserve de ce topique qui peut ramener
Taflection à l'état aigu ^ dans ce cas, on diminuerait la quan-
tité d'huile de cade afin de rendre le mélange moins irritant.
Si l'on n'a point d'huile de cade à sa disposition, on la rem-
placera parle goudron dont l'action n'est pas aussi efficace.
Après la disparition de l'eczéma, on devra continuer Tusage
des préparations arsenicales pendant deux ou trois mois:
c'est le moyen d'éviter ou du moins d'éloigner les réci-
dives.
L'affection disparaît durant un certain temps sous l'in-
fluence d'un traitement rationnel -, mais elle récidive souvent,
finit par devenir permanente et par se généraliser. Alors
l'amaigrissement fait de rapides progrès ^ diflerents troubles
des fonctions digestives se manifestent et ne permettent plus
l'emploi des préparations arsenicales; la médication recon-
stituante sera seule indiquée en attendant qu'on puisse re-
venir à la médication spécifique. Nous devons dire que
l'affection arrivée à ce degré est placée ordinairement au-
dessus des ressources de l'art et que la mort ne tarde pas
à survenir.
Tels sont les moyens de traitement que nous recomman-
dons contre l'eczéma herpétique. Les auteurs qui n'ont pas
établi de distinction entre les eczéma scrofuleux, arthritique
et dartreux, semblent préconiser dans toutes les espèces
d'eczéma les préparations sulfureuses. Nous nous sommes
expliqué sur l'emploi des sulfureux, que nous réservons spé-
cialement au traitement de la scrofule: nous ne les ordon-
PEMPHIÇUS HERPÉTIQUE. 313
nons que très accessoirement, et seulement comme modifica-
teurs locaux, dans l'eczéma dartreux passé depuis longtemps
à l'état chronique. Les sulfureux administrés d'une manière
différente dans la dartre produisent toujours des résultats
fâcheux.
L'action curative de la térébenthine s'est manifestée dans
quelques cas; mais, ce médicament est loin de posséder des
vertus thérapeutiques aussi puissantes que les préparations
arsenicales. Plusieurs fois la térébenthine a déterminé des
diarrhées rebelles qui empêchent d'avoir recours à la mé-
dication spécifique.
CHAPITRE ir.
HERPÉTIDE BULLO-L\MELLEUSE.
Pemphigus herpétique.
{Pemphigus chronique ou diulinus, Pompholyx de Willan.)
Nous avons distingué deux variétés de pemphigus chronique
de nature arthritique; l'une, le pemphigus prurigineux à
petites bulles, est une affection bénigne ; l'autre, le pemphi-
gus érysipélateux à grosses bulles, est une affection maligne
qui se termine assez ordinairement par la mort. Dans la
dartre, il n'existe qu'une variété de pemphigus dintinus^
toujours très grave ; nous allons donner les caractères qui
appartiennent spécialement à cette dernière variété.
Symptômes. — Le pemphigus diutinus, qui se montre
comme symptôme de la dartre, se manifeste par une érup-
•^^^^ UlillPÉTlDK BULhO-LAMI-I.LKUSJ-.
tiou de huiles arrondies, plus ou moins volumineuses, rem-
plies d'un liquide cilrin el transparent, se développant par
poussées successives et se terminant par la formation de
croûtes minces et foliacées.
Les bulles sont précédées d'une tache érythémateuse qui
s'agrandit du centre à la circonférence ; elles recouvrent plus
ou moins complètement cette surface érythémateuse et sont
entourées d'unearéole rouge. Quelquefois, la tache et l'aréole
n'existent point; en tout cas, elles ne ressemblent imllement
aux plaques érysipélateuses que nous avons signalées dans
le pemphigus arthritique.
En général, les bulles du pemphigus dartreux sont plus
volumineuses (jue celles du pemphigus arthritique : elles
présentent des dimensions qui varient depuis la grosseur
d'une noisette ou d'une noix jusqu'à celle d'un œuf de poule.
Elles sont encore plus distinctes et plus régulières : dans le
pemphigus arthritique, les bulles sont groupées en plus ou
moins grand nombre sur une même plaque, se louchent par
leur circonférence et sont remarquables par leur diflérence
de volume ; dans le pemphigus dartreux, au contraire, les
bulles sont séparées par des intervalles de peau saine et se
rapprochent plus ou moins par leur volume.
Nous ne ferons qu'énumérer les phénomènes successifs qui
se présentent dans l'évolution de la bulle du pemphigus et
que nous avons décrits précédemment : soulèvement deTépi-
derme par un liquide séreux, rupture de la membrane épi-
dermique ou résorption du liquide, formation de croûtes
brunes, minces, foliacées et se continuant avec l'épiderme
circonvoisin ; vers le septiènje jour, chute des croûtes qui lais-
sent une tache violacée et lente à disparaître. Il arrive parfois
qu'après la rupture des huiles l'épiderme ne s'applique point
PtMl^HlGUS HhHPftTlQUE. 315
sur le donne; il reste alors une surface rouge, ulcérée, dou-
loureuse, qui sécrèie une sérosité traiisparenle et abondante.
Parmi ces diflerents phénomènes, il en est un qui présenle
quelques particularités à noler dans le pemphigus dartreux :
la sérosité qui distend les bulles est claire, alcaline, peu
plastique et empèse à peine le linge. Elle se distingue donc
par ses qualités du liquide plastique de l'eczéma et du
liquide [)urulent ou séro-purulent qu'on trouve dans les
bulles du^pempliigus arthritique. Au nombre des symptômes
locaux, nous mentionnerons encore le prurit, qui se mani-
feste quelquefois avec une grande intensité. Cependant ce
phénomène est loin d'égaler les démangeaisons qui accom-
pagnent le pemphigus arthritique et en particulier l'hydroa
bulleux.
Avant l'apparition des bulles, le malade accuse quelque-
fois un peu de malaise et de l'anorexie ; ces symptômes
sont peu marijués et passent souvent inaperçus. Pendant
un certain temps, la santé- semble fonservée et tout se
résume en une afl'eclion locale. Mais, à une époque plus ou
moins éloignée, soit qu'un flux abondant se déclare dans
l'intestin, soit que l'éruption devienne générale, on ne tarde
pas avoir un amaigrissement et un grand affaiblissement qui
obhgeiit le malade à garder le lit.
Marche, durée, terminaison. — La marche du pemphi-
gus diutinus est très variable sous le rapport de la rapidité
et de l'étendue de l'éruption.
QuelquefoisTalVection est constituée par ra[)parition d'une
bulle unique, qui disparaît et se reproduit à des intervalles
plus ou moins éloignés : cette variété a reçu le nom de pom-
pholyx solitaire.
Dans une variété établie par M. Hardy et désignée sous le
316 HERPÉTIDI' nULLO-LAMLLLEUSE.
nom de pempliigiis foliacé^ les bulles n'existeraient pas dans
un grand nombre de cas, et l'an'eclion pourrait revêtir dès le
début l'apparence foliacée. Nous ne saurions partager celle
opinion : nous n'avons jamais vu le pempbigus se manilester
primitivement par des squames humides, et nous croyons que
M. Hardy aura pris des pityriasis rubra généralisés pour des
pempbigus généralisés.
Le pempbigus se développe habituellement par des pous-
sées successives ; quelques bulles apparaissent sur les mem-
bres ou sur le tronc, d'aulres naissent pendant les jours sui-
vants, jusqu'à ce que l'affection finisse par envahir toute la
surface du corps. L'éruption reste souvent localisée sur cer-
taines régions pendant longtemps ; elle disparaît quelquefois,
mais pour se montrer de nouveau et pour marcher avec une
plus grande rapidité. Après plusieurs récidives, toute l'enve-
loppe cutanée est recouverte par des bulles à différents de-
grés de leur évolution : on trouve des bulles complètement
remplies de sérosité, des croûtes squameuses, des surfaces éry-
thémateuses ulcérées, douloureuses et qui sont le siège d'une
sécrétion abondante, enfin, des taches violacées. D'autres
fois, c'est dans le pemphigm foliacé, on observe des squames
roulées sur leurs bords, ayant une étendue de 2 à 5 centi-
mètres, se détachant avec une grande facilité, se reprodui-
sant promplement, recouvrant une surface ulcérée qui laisse
suinter une sérosité légèrement plastique; on rencontre aussi
çà et là quelques bulles à différents degrés de développe-
ment.
L'éruption huileuse se manifeste non- seulement sur toutes
les parties de la peau, mais aussi sur un certain nombre de
muqueuses; on l'a constatée sur les muqueuses bucco-plia-
ryngienne et génitale. Aliberl a décrit un pemphigus intes-
PlîMPHlGUS Hlîr.PÉTlQUi:. 317
tinal, dont roxislencc n'a pas encore élé démontrée, par
l'observation ,
Lorsque le pempliigus est généralisé, le malade est obligé
de garder le lit. Les forces sont épuisées par la sécrétion qui
a lieu sur toute la surface cutanée : à celte première cause
d'épuisement il faut ajouter celle qui résulte des vives dou-
leurs occasionnées par les ulcération* consécutives à la rup-
ture des bulles. A cette période de la maladie, on voit habi-
tuellement un certain nombre d'aiïections se déclarer et
hâter la terminaison funeste. On observe fréquemment des
vomissements incoercibles ou un flux abondant dans l'intes-
tin : les malades ont des coliques vives, des selles séreuses
et répétées. On pourrait croire que l'éruption s'est propagée
à la mu(|ueuse gastrique et intestinale; à l'autopsie, la mem-
brane interne du tube digestif ne piésente le plus souvent
qu'un peu d'amincissement et une légère pâleur. Outre ces
phénomènes observés du côté de l'intestin, il en existe d'au-
tres qui intéressent la fonction d'absorption ; l'hydropisie
générale ou partielle est très fréquente. Si l'épancliement de
sérosité a lieu dans une des grandes cavités splanchniques, il
entraîne souvetit la mort.
La mort n'arrive pas uniquement dans les pemphigus gé-
néralisés ; elle survient quelquefois après la disparition de
l'éruption cutanée, dans des pemphigus circonscrits, alors
que rien n'annonçait une terminaison aussi prochaine. L'.tf-
fection de la peau n'est donc pns toute la maladie, elle n'est
que l'expression d'un état morbide qui déprime et finit par
anéantir toutes les forces de Féconomie. Toutes les considé-
rations précédentes font pressentir la terminaison du pem-
phigus chronique : cette alfection détermine constamment
la mort, et les pemphiuus qui ont guéri sont des pemphigus
3lK IlF.RPftTIDF RULr.O-LAMrr.I.F.USE.
aigus ou dos pomphigiis nrlliriliqnos à petites bulles (liydroa
huileux) .
La marche très variable du pempliigus chronique empêche
de lui assigner une durée fixe ; ralTeclion |)eut se terminer
au bout de quelques mois, comme elle peut aussi se prolon-
ger pendant des années.
Complications. — Dans la dernière période du pemphigus
chronique, on observe fréquemment l'entérite et l'hydropisie
qui sont des complications souvent mortelles - nous signale-
rons encore les bronchites aiguës qui peuvent hâter la ter-
minaison funeste, et les éruptions furonrulnires qui ne man-
quent presque jamais de se montrer dans le cours del'afîection.
Si l'albumine existe dans les urines, elle s'y rencontre pro-
bablement d'une manière temporaire, comme nous l'avons
vu dans les eczéma chroniques ou dans d'autres herpétides.
Étiologie. - Dans l'histoire du pemphigus, l'étiologie est
une des parties Tes plus obscures. On a dit que cette affection
était plus fréquente chez les vieillards que chez les adultes;
cependant on sait que ceux-ci sont loin d'en être exempts.
Les excès, les fatigues, les veilles, les chagrins et les émo-
tions morales sont autant de causes occasionnelles. Le p.em-
pliigus attaque quelquefois des sujets débilités ; mais il se
montre aussi chez des indiviilus hien constitués et placés
dans les meilleures conditions hygiéniques.
Diagnostic. — Le pemphigus présente des caractères qui
empêchent de le confondre avec le plus grand nombre des
aflections cutanées ; toutefois il oiïrc une certaine; ressem-
blance avec plusieurs de ces dernières.
Nous avons dit, dans Tétude du penqihigus arthritique, à
quels signes on dislingue le [)en)pliigus du rupia.
Les vésicules de l'herpès se réunissent parfois et forment
PEMPIITGUS HERPÉTIQUE. 319
(le petites bulles qui simulent celles du pemphigus. Mais on
remarquera que les vésicules ou les bulles rudimenlaires de
l'herpès sont groupées sur des surfaces rouges, tandis que les
bulles pempliigoïdes sont généralement isolées et entourées
seulement d'une légère ' aréole rosée; cette aréole manque
dans quelques cas.
Lorsque le pemphigus présente l'aspect squameux qui ca-
ractérise la variété désignée sous le nom de pemphigus
foliacé, il est pris quelquefois pour une des trois affections
suivantes : eczéma, psoriasis et pityriasis rubra. On arrivera
à le distinguer de l'eczéma en tenant compte des caractères
de la sécrétion, de l'étendue de l'éruption et de l'aspect des
squames. On sait que le pemphigus s'accompagne d'une
sécrétion séreuse, peu visqueuse, qui diffère beaucoup de la
sécrétion plastique de l'eczéma ; qu'il peut recouvrir toute
la surface du corps, ce qui n'existe jamais dans l'eczéma;
qu'il présente des squames foliacées, peu adhérentes, qui ne
ressemblent nullement aux squames adhérentes et plus
épaisses de l'eczéma.
Le pemphigus foliacé et le pityriasis rubra sont caractérisés
par une sécrétion épidermique abondante, par des squames
larges etfoliacées et par une éruption étendue à la plus grande
|)artie du corps. Mais dans la première de ces affections, on
observe de temps en temps l'apparition de quelques bulles,
qui mettent promptoment sur la voie du diagnostic.
Le psoriasis nummulaire, de nature arthritique, présente
des squames larges, lamelleuses, reposant sur des surfaces
rouges,et s'accompagne parfois d'une sécrétion séreuse abon-
dante. Cette alfection ressemble par ces différents symptômes
au pemphigus foliacé : on se rappellera que le psoriasis
arthritique est fixé sur l'hypogastre, le cuir chevelu, les
HERPfvTJDIi JîUI.LO-LAMEl.Ll'USi:.
parties gt-nitalos, etc., tandis que le perapliigiis foliacé re-
couvre la totalité de l'enveloppe cutanée. D'ailleurs, cette
dernière affection se reconnaîtra encore par l'apparition
de quelques bulles à des intervalles plus ou moins éloi-
gnés.
Le pemphigus diutinus appartient, comme on le sait, à l'ar-
thritis et à la dartre; après avoir établi le diagnostic du genre
de cette aiîection, il faut chercher à en connaître l'espèce. Le
pemphigus arthritique renferme deux variétés : l'une d'elles,
rhydroa huileux, est une affection bénigne qui ne saurait être
confondue avec le pemphigus dartreux (voir p. 200) ; la
seconde variété, le pemphigus à grosses bulles, présente plu-
sieurs points de ressemblance avec le pemphigus dartreuxr
En effet, les deux affections sont caractérisées par des bulles
volumineuses ; elles ont la même marche et la même durée ;
toutes deux s'accompagnent d'un prurit intense; enlin, elles
se terminent constamment par la mort. Nous avions cru un
instant àla guérison d'un pemphigus arthritique, mais le ma-
lade, ainsi que nous l'avons dit, vient de succomber à une
récidive de l'affection. Toutefois, malgré la similitude qui
existe entre les pemphigus chroniques arthritique et dartreux,
on arrivera à les distinguer dans la plupart des cas en se
fondant sur quelques caractères objectifs et sur la physiono-
mie particulière de l'éruption. Ainsi, les bulles du pemphigus
dartreux renferment une sérosité cilrine et transparente,
tandis que celles du pemphigus arthritique sont remplies
d'un liquide séro-purulent et même purulent. Dans la pre-
mière affection, les bulles sont isolées, séparées par des par-
lies de peau saine et (juelquefois entourées d'une aréole
rouge; dans la^econde affection, elles sont groupées sur de
larges plaques érysipélateuses et sont remarquables par leur
PEMPHKUJS HERPÉTIQUE. 3'id
inégalité de vo'ume : les unes onl le volume d'un pelil pois
ou d'une noisetle, les autres atteignent la grosseur d'une
noix et des dimensions plus considérables. Enfin, le pemphi-
gus arlliriti(|ue s'accompagne d'un prurit plus intense et
d'un certain nombre de complications inflammatoires telles
que la lymphangite, la phlébite, i'adény.^, des abcès du derme
et des éruptions ecthymalico-furonculaires. Pour compléter
ce diagnostic différentiel, il faudra prendre encore en consi-
dération l'état de santé actuel et les antécédents du malade.
Pronostic. — Le pronostic du pempbigus diutinus est ex-
cessivement grave. Jusqu'à présent, les faits nous autorisent
à dire que cette affection, qu'elle soit herpétique ou arthri-
tique, est constamment mortelle. Il ne faut pas se faire illu-
sion dans les intervalles qui séparent les récidives du pem-
pbigus chronique : tôt ou tard la mort sera déterminée par
l^^s progrès de la maladie et quelquefois par les complications
que nous avons signalées.
Traitement . — La médication spécifique a échoué dans le
traitement du pempbigus dartreux comme dans celui du pem-
pbigus arthritique. Les préparations arsenicales n'ont pas
agi et ont souvent produit des troubles gastriques ou des
phénomènes cutanés qui ont obligé de suspendre le médica-
ment. Dans quelques cas, Taffection a paru guérie \ mais la
récidive s'est toujours montrée au bout d'un certain temps.
Il faut donc se borner à faire un traitement basé sur les
symptômes.
Les moyens locaux qu'on emploie le plus fréquemment, sont
les poudres d'amidon, de fécule, de tan ou de lycopode, dont
on saupoudre les régions affectées. On donne aussi quelques
bains émoUicnls pour détacher les croûtes et les squames qui
recouvrent la peau, mais il faut user avec réserve des bains,
21
322 HERPÉTIDES PURO-CRUSTACÈES.
dont l'aclioii provoquti souvent des poussées huileuses. Au
débul, on devra co|nbatlre assez fréquemment la constipa-
tion, contre laquelle on administrera de lé{>ers purgatifs.
A une période plus avancée de l'affeclion, on s'adressera à -
la médication tonique pour lulter contre l'alTaiblissement
pi'ogressif : on prescrira une nourriture réparatrice, le vin de
(quinquina et les préparations martiales qui sont parfois, il
esl vrai, suppoi técs dilïicilement. Lorsque la diarrhée se
déplare. et elle est IVéquenle à cette époque, il faudra renon-
cer aux toniques : on ordonnera la poudre de hismulh, le
diascordium, une potion à la latanhia, les lavements lauda-
nisés, etc., toute la série des agents que l'on emploie jour-
nellemçnt contre les flux intestinaux.
Il n'est pas nécessaire d'ajouter que le traitement établi
sur les données précédentes, est purement palliatif et qu'il ne
saurait retarder beaucoup la terminaison fatale. Il reste
donc à trouver le médicament destiné à combattre avec effi-
cacité le pemphigus diutinus.
CHAPITIIE NI.
DES HERPÉTIDES PURO-URUST AGEES.
Les herpétides puro-crustacées renferment deux genres :
1» la mélitagre, 2" rallection ecthymatico-furonculaire.
Nous allons connue ncer l'étude de ces affections par la des-
cription de la mélitagre ou dartre cnistacée.
MflLlTAGRE IlliRPÉTIQUE,
g I. — Mélitagre.
Melilagra flavescens (Alibert). — Impétigo (Willan).
La méli.tagre est une atTection cutanée, caractérisée par des
pustules psydraciées qui se convertissent rapidement en
croûtes rocheuses, épaisses, jaunâtres, ressemblant à une
couche de miel concret répandue à la surface de la peau.
Alibert a créé l'expression de mélitagre pour désigner
l'affection décrite par Willan sous le nom d'i?npéligo; il en
a fait une affection constitutionnelle, qu'il a placée dans la
classe des dermatoses dartreuses. Nous admettons bien comme
Alibert que l'impétigo n'est que la manifestation d'un état
général, mais nous différons de cet auteur, lorsqu'il s'agit de
déterminer la nature de cet état général. Pour nous, l'impé-
tigo n'appartient pas uniquement à la diatlièse dartreuse ;
il est encore symptomatique de la dialhèse scrofuleuse.
Il existe donc un impétigo scrofuleux {impétigo franc) ^ qui a
été décrit parmi les scrofulides exsudatives, et un impétigo
herpétique que nous distinguerons du précédent en lui appli-
quant la dénomiiiatioii de mélitagre.
Bateman a décrit cinq variétés d'impétigo.; V figurata,
'1° sparsa, 3° erysipelatodes , h° scabida, 5» rodens. Nous
avons démontré, dans nos leçons sur la scrofule, que l'impé-
tigo figurata et l'impétigo rodens étaient des affections scro-
fuleuses. Nous ne conserverons pas à titre de variété l'impé-
ligo érysipelatodes, caractérisé uniquement par l'existence
d'un état inflammatoire qui, se montrant quelquefois au début
de l'affection, doit être considéré comme une complication
légère. L'impéligo sparsa et l'impétigo scabida sont les seules
variétés qui appartieiment à la dartre : ce sont elles que
^2/4 IlKRPÊTIDl'S rLM<0-CRL'STACfiES.
nous éludierons colleolivenitiiil sous le uum de méiitagre.
M. Gihort, dans son Manuel des maladies spéciales de la
peau, donne rob^ervation d'un impétigo consliUilionnel qui
se rapporte évidemment à la mélilagre.
Symptômes. — On observe quelquefois de légers sym-
ptômes précurseurs tels que malaise, lassitude et anorexie;
les premiers phénomènes sunl ordinairement un prurit très
intense et l'apparition de taches rouges, irrégulières et dissé-
minées dans différentes régicîns. Sur ces taches se montrent
des vésicules i)urulentes qui se transforment promptement
en croûtes épaisses, rugueuses et jaunâtres ou verdâtres ;
lorsque ces croûtes sont détachées par des cataplasmes, elles
laissent à nu des ulcérations superlîcielles qui sécrètent
une sérosité claire, plastique, capable de se concréter et de
former de nouvelles croûtes. Ces dernières disparaissent d'une
manière définitive en laissant une coloration violacée et
lente à s'elï'acer. Tels sont les différents phénomènes de la
mélilagre dans l'ordre de leur évolution : nous allons étudier
chacun de ces symptômes en particulier.
Les pustules sont précédées par des taches rouges, plus ou
moins larges ; ces taches, au lieu d'être éparseset isolées, se
réunissent, atteignent parfois des dimensions considérables et
recouvrent la plus grande partie d'un bras, d'une jambe;
mais lem's bords sont toujours irréguliers et jamais limités
comme ceux qu'on observe dans la variété figurata. Dans
quelques cas, la peau présente une injection érysipélateuse
et un gonflement notable; c'est sur l'existence de ces phéno-
mènes inflammatoires qu'on se fonda pour établir la variété
im p étigo érysipelatodes .
Los plaques rouges que nnus venons de mentionner se
recouvrent promptement de pustules agminées, qui sont [leu
MÉLITAGRE HERPÉTIQUE. 3125
saillantes et ont à peine le volume d'un grain de chènevis.
Ces pustules sont constituées par des vésicules remplies d'un
liquide purulent ou séro-purulent ; elles se distinguent ainsi
des pustules d'ecthyma qui sont accompagnées d'une indura-
lion à leur base. Après une durée de deux à trois jours,
elles se rompent, laissent écouler un liquide jaunâtre, plas-
tique et formant des croûtes épaisses et rugueuses (jue l'on a
comparées à de petites masses de miel desséché ; la sécrétion
continue pendant quelque temps au-dessous des croûtes qui
augmentent en épaisseur, en largeur et arrivent îi se toucher
par leurs bords. Sur la limite de la surface malade, on voit
encore quelques pustules qui l appellenl Télément primitif. Si
les croûtes sont disséminées sur différentes régions telles
que les é[)aules, les bras, la face et surtout les membres in-
férieurs, Taffection prend le nom LVi?npétigo sparsa. D'autres
fois les pustules occupent des surfaces plus considérables;
elles donnent naissance à des croûtes brunâtres ou jaunâtres,
très adhérentes, très épaisses, qui recouvrent tout un membre
et qui ont été comparées à l'écorce rugueuse de certains
arbres : à cause de cet aspect particulier de l'éruption,
l'affection a été décrite sous le nom û'impétigo scabida.
Lorsque les croûtes se détachent spontanément, par
l'application de cataplasmes ou de quelque autre topique,
elles laissent à nu une surface rouge, humide et des ulcéra-
tions superficielles ; celles-ci fournissent une exhalation ab n-
dante de sérosité (|ui tache le linge comme le liquide de
l'eczéma. Cette sécrétion se tarit peu à peu et disparaît com-
plètement au bout d'un temps variable. La mélilagre guérit
sans laisser aucune cicatrice à la peau.
Nous devons arrêter un instant notre attention sur lo
prurit qui accompagne l'éruption mélitagrcuse. En effet, le
326 IlERPftTIDKS PlIllO-CRLSTACÉI-S.
pliénomènt; piuiil csL constuiil, dans rinipétigo darlreux,
landis qu'il esl nul ou peu marqué dans l'inipoligo scrofuleux.
C'est donc avec raison que M. Dovergie a dii : « Vimpétirjo
franc n'est pas sensiblement accompagné de démangeaison. »-
Le prurit précède et accompagne l'éruption croùteuse; il
offre quelquefois un tel degré d'intensité que le malade ne
peut goûter un instant de repos pendant la nuit. Nous obser-
vions dernièrement un de ces infortunés qui, depuis plusieurs
mois, ne dormait que trois ou quatre heures dans la journée.
La mélitagre coïncide souvent avec des migraines, avec des
dyspepsies ou avec d'autres accidents herpétiques. Lorsqu'elle
envahit une grande surface, comme la totalité d'un membre,
on conçoit qu'elle rende les mouvements difficiles et dou-
loureux.
Siège topographique. — Le siège occupé par l'impétigo dar-
treux est important à considérer. En général, l'affection existe
sur plusieurs régions et présente une disposition symétrique :
elle se montre sur les deux bras, sur les deux jambes, sur les
deux joues, etc. La symétrie de Téruptioii est un caractère
que nous avons signalé dans la plupart des herpétidès.
Dans la variété sparsa, l'éruption est disséminée par pla-
ques petites et irrégulières sur différentes régions-, dans la
variété scabida, elle se fait par larges plaques et se trouve
répartie sur un plus petit nombre de surfaces.
La mélitagre se manifeste dans des lieux de prédilection
différents de ceux que l'on rencontre dans l'impétigo scrofu-
leux : elle se montre de préférence sur les membrès, et par-
ticulièrement aux creux poplités, aux plis des bras, à la
partie interne des cuisses et des bras ; elle se développe fré-
quemment sui- les épaules, sur la partie antérieure de la poi-
trine et sur les joues. L'iinj)éligo darlreux peut encore siéger
MÉLITAGRE H. RPÉTIQUE. 327'
sur le cuir chevelu ; mais il est aus^i rare dans cette région
que l'impétigo scrofuleux y est fréquent.
Marche, durée et terminaison. — Dans les cas les plus
ordinaires, la mélilagre guérit sans laisser aucune cicatrice.
Elle a une durée très variable; ainsi, elle peut exister
pendant quelques septénaires, ou elle se prolonge des mois et
des années. Souvent la guérison n'est que temporaire; les
récidives sont séparées par des intervalles de temps variables
comme la durée de l'affection elle-même.
Il ne faut pas croire que l'impétigo dartreux présente tou-
jours.une terminaison favorable. Dans la mélitagre ancienne
qui occupe de grandes surfaces, l'abondance de la sécrétion,
les vives démangeaisons et les insomnies répétées finissent
par amener un épuisement considérable.
La mort pourrait donc survenir dans cet état de faiblesse ;
mais, elle est causée plus souvent par des complications di-
verses telles que des catarrhes pulmonaires, des dyspepsies
ou des diarrhées rebelles qui troublent profondément les
fonctions digestives, l'anasarque ou des épanchemeiits séreux
dans les grandes cavités splanchniques. Dans le cas d'impé-
tigo constitutionnel, rapporté par M. Gibert, le malade a
succombé en présentant des phénomènes gastriques rebelles,
de l'œdème en plusieurs points et une aggravation dans les
symptômes d'un catarrhe qui datait de plusieurs années.
Diagnostic. — L'impétigo est suffisamment caractérisé par
le développement de pustules psydraciées, disposées sur des
surfaces rouges, et par des croûtes épaisses, rocheuses et
jaunâtres ; il est facile de le distinguer de l'acné et de l'ec-
thyma. S'il siège à la face ou au cuir chevelu, il pourrait
être confondu avec la mentagre, avec le favus et avec l'ec-
zéma iuipéligineux. Ces différents points de diagnostic sont
328 IILUI'/'TIDES PUno-CHUSTACÉES.
iniporlaiils et oiiL élé Irai lés, lorsque nous avons étudié l'ec-
zéma cl les afiections parasitaires.
Nous passons immédialement à une autre partie du dia-
gnostic non moins intéressante, à celle qui concerne lanalui c
de l'impétigo. Cette affection, comme nous Tavons dit, peut
être produite par des causes externes et par des causes in-
ternes. Il n'est pas didlicile d'arriver à connaître la nature de
l'impétigo artificiel, qui résulte ordinairement de la présence
des parasites animaux ou végétaux ; mais l'impétigo consti-
tutionnel n'est pas une affection aussi simple : il est sympto-
matique de la syphilis, de la scrofule et de la dartre. Toute-
fois le diagnostic est possible dans Timmense majorité des
cas entre ces trois espèces d'impétigo.
L'impétigo sy[)hilitique est caractérisé par 'des croûtes
noirâtres, adhérentes, disposées sous la forme de cercles ou
de demi-cercles, reposant sur de's ulcérations profondes qui
laissent des cicatrices indélébiles. Ajoutons à ces signes ob-
jectifs les renseignements fournis parle malade, et nous arri-
verons facilement à reconnaître l'impétigo syphilitique.
L'impétigo scrofuleux et l'impétigo dartreui présentent
entre eux une plus grande ressemblance qu'avec l'affection
précédente ; cependant ils se distingueront par leurs carac-
tères objectifs et par leurs relations avec des affections anté-
rieures ou concomitantes. Nous avons vu que l'impétigo
scrofuleux occlipe de préférence le cuir chevelu ou la face, et
que la mélilagre se montre plus souvent aux membres, à la
poitrine; nous savons que le premier se développe sous la
forme de larges plaques arrondies ou ovalaires [impétigo
figurata), et que le second se manifeste par des groupes
pustuleux, par des croûtes rugueuses et disséminées dans dif-
•férentcs régions {impétigo sparsa), ou par plaques irrégu*
MÉLITAGKE HERPÉTIQUE. 329
lières, couvertes de croûtes rocheuses et étendues à de
grandes surfaces {impétigo scabidd). On sait encore que la
mélitagre affecte une certaine symétrie dans son développe-
ment et qu'elle présente une coloration rosée des téguments,
des croûtes jaunâtres, une sécrétion séro-purulente, puis
séreuse et plastique, (andis que l'impétigo scrofuleux n'offre
aucune symétrie dans l'éruption et qu'il est caractérisé par
une coloration violacée des surfaces malades, par des croûtes
plus foncées ou verdâtres, par une sécrétion abondante et
purulente. Les engorgements ganglionnaires sont rares et
purement sympathiques dans l'affection dartreuse ; ils sont
constants dans raffeclion scrofuleuse. Celle-ci ne présente
que de faibles démangeaisons, celle-là est remarquable par
l'intensité du prurit. Enfin, la mélitagre se manifeste ordinai-
rement chez l'adulte et chez le vieillard; Yimpétigo franc
existe plus fréquemment chez Fenfant, jusqu'à l'âge de la
puberté. Les affections concomitantes ou antérieures, sont
différentes de part et d'autre : d'un côté, vous trouverez des
ophthalmies strumeuses, de l'acné de même nature, des abcès
glanghonnaires, etc.; d'un autre côté, vous observerez des
furoncles, du prurigo, des. biépharites herpétiques. Dans le
diagnostic différentiel de l'impétigo scrofuleux et de l'impé-
tigo darireux, nous prendrons encore en considération la
constitution et les antécédents du malade.
Connaissant la nature de l'impétigo lierpétique, il nous
sera facile de lui appliquer un Iraitement rationnel. Tout ce
qui concerne Vétiologie et le iraitetnent de la mélitagre se
trouve exposé dans le chapitre précédent, à propos de l'ec-
zéma dartreux.
Pronostic. — La mélitagre présente une longue durée et
des récidives fréquentes. Si elle venait à disparaître trop
HERPÉTIDl.b l'UHO-CIll STACti-S.
rapidement par l'emploi d'agents perturbateurs, on aurait à
craindre de graves aeeidents rnélastatirpies. Enfin , ikjus
avons vu que la mort peut êlre la conséquence de ralîection •
ou éé plusieurs complications (pie nous avons énumérées.
§ II. — De l'ectbyma ou phlyzacia. — I>u furoncle.
Dans le chapitre consacré à l'étude des artliritides puro-
crustacées, nous avons exposé les caractères de l'ecthyma et
du furoncle. Nous avons montré l'analogie qui existe dans
lès phénomènes de ces deux affections : l'une est caractérisée
par une inflammation des couches superficielles dii dèrrne,
l'autre par une inflammatioii des aréoles du derme ; toutes
deux présentent parmi leurs éléments morbides une produc-
tion pseudo-membraneuFe.
Les furoncles et les pustules d'ecthyma sont quelquefois
occasionnés par la malpropreté et par l'application d'agents
irritants sur la peau ; ils se rencontrent souvent dans la gale
et dans les teignes. Dans ces deux circonstances, ces affec-
tions sont produites artificiellement par des causes ex-
ternes.
L'éruption ecthymatico - furonculaire apparaît encore
comme affection pàthogénétique chez les malades traités
pendant longtemps par les préparations arsenicales et al-
calines.
Enfin, on observe fréquemment l'ecthyma et le furoncle
dans le cours des affections arthritiques èl herpétiques. On
pourrait se demander si l'éruption ecthymalico-furonculaire
est bien un symptôme de fa dartre, et si elle n'est pas plutôt
tind complication de cette maladie constitutionnelle ou une
ECTHYMA OU PHLYZACIA. — FURONCLE. 331
affeclion patliogénélique. La longue durée, les poussées suc-
cessives de l'affeclion ecthymatico-furonculaire, ses alter-
nances avec d'autres affections herpétiques dont elles sem-
blent parfois tenir la place, les modifications qu'elle subit
sous l'influence de la médication anti-herpétique, toutes ces
considérations nous empêchent de lui refuser un caractère
constitutionnel.
TROISIÈME PARTIE,
OBSERVATIONS.
Les limites de cet ouvrage ne nous permettent pas de rap-
porter autant d'observations que nous aurions voulu. Nous
nous bornerons à donner l'histoire de quelques affections
types de l'artliritis et de la dnrlre. Parmi les observations
déjà nombreuses que nous possédons, nous avons choisi celles
qui se rapportent aux arthrilides et aux herpétides les plus
communes, et parlant, les plus importantes au point de vue
pratique.
Observation 1". — Erythème papulo- tuberculeux arthritique.
Laurentine (Marie), âgée de trente-cinq ans, cuisinière, est entrée
in 8 juillets 859. ^
Absence de renseignements sur la santé des parenis.
La malade a toujours joui d'une bonne sanlé. A l'âge de quinze ans,
menstruation, qui a été constamment irrégulière et peu abondante. Les
règles sont supprimées depuis cinq mois ; il n'y a pas de grossesse.
L'affection s'est montrée il y a quinze jours ; elle a éié précédée de
fatigue, de douleurs vagues dans les jambes, et de quelques picotements
au cou et aux mains. Une éruption rouge et boutonneuse apparut sur
le dos des mains et sur la nuque ; au bout de huit jour.-?, un érylhème
accompagné de gonflement et d'élancements s'est déclaré sur les deux
jambes. Cette nouvelle éruption décide la malade à entrer à l'hôpital.
OBSERVATIONS,
333
f^lal ncluel. — Sur la face dorsale des mains, on voit deux larges
plaques arrondies, qui occupent aussi le dos du poignet; ces pla-
ques présentent une coloration d'un rouge foncé, violacé, et sont limi-
tées par des éminences papulo- tuberculeuses de même couleur et de
volume variable. Parmi les papules, les unes ont le volume d'une petite
lentille, les autres acquièrent les dimensions d'un petit pois. Dans le
voisitiage des deux plaques principales, on en voit d'autres plus petites,
qui sont larges comme une pièce de cinquante centimes ou d'un franc.
Sur la face posiérieure de l'avant-bras, on observe encore des éléments
papuio-tuberculeux viol-jcés et groupés en nombre variable ou isolés.
Au début de l'affection, le milieu des plaques était garni de papules
qui ont disparu successivement du centre à la circonférence, à mesure
que de nouvelles papules se montraient à la périphérie ; l'éruption (éry-
thème circiné) s'est donc développée comme celle de l'herpès circiné.
A la nuque, on observe une plaque semblable à celles des mains,
mais large comme une pièce de cinq francs, et se prolongeant sur les
parties latérales du cou. On voit encore quelques groupes papuleux et
d'un rouge livide sur les joues, le lobule du nez et le menton. Il existe
une rougeur assez vive aux conjonctives; cette rougeur était beaucoup
plus intense, à ce qu'il paraît, avant l'entrée de la malade.
Sur les jambes l'éruption a disparu complètement.
Les régions affectées sont le siège de picotements et d'élancements.
Bailleurs, absence de fièvre, bon appétii, sommeil.
Traitement. — Repos, purgatif et tisane de houblon,
M juillet. Les surfaces ont pâli et les papules se sont affaissées ;
mais la malade accuse de vives douleurs dans les deux genoux.
25 juillet. Les douleurs n'ont duré que cinq jours. La coloration
des conjonctives a disparu, celle des autres parties affectées est moins
foncée.
15 août. L'éruption n'existe plus. Elle s'est terminée par résolution
sous l'influence du repos, d'un purgatif et d'un régime convenable,
Obs. II. — Erythème papulo-iuberculeux arthritique.
X. L., , âgée de quarante et un ans, est entrée le 1 7 juin 1 859,
La malade n'a pas connu ses parents et ne peut donner aucun ren-
seignement sur eux. Elle n'a pas eu de maladies graves, mais des
indispositions assez nombreuses. Ainsi, elle a été atteinte de gourmes
•m
OBSERVATIONS.
dans son enfance; alors il exislait déjà des mauxdetêlo violents el fré-
quents.
Vers l'âge de onze ans, menstruation ; à partir de cette époque,
coryzas répétés, maux de tête moins foris qu'autrefois, mais plus dura-
bles, dyspepsie avec aigreur et pyrosis, étourdissemenls pour lesquels
la malade s'est fait saigner tous les ans, jusqu'à l'âge de trente-trois ans.
En outre, le sujet est atteint de crevasses aux mains pendant les hivers,
et de bronchites plus ou moins intenses à chaque printemps.
Apparition de varices à l'âge de trente ans : rupture et ulcères vari-
queux à différentes reprises.
Il y a huit jours, la malade a été prise d'une bronchite à la suite d'un
refroidissement; augmentation d'intensité dans les symptômes de la
bronchite et développement vers le quatrième jour d'un érythème sur
les mains, la conjonctive, les paupières et le lobule du nez.
Etat actuel. — Sur le dos des deux mains, plaques circulaires,
violacées et de grandeur variable; les plus considérables ont la largeur
d'une pièce de deux francs, les autres ont celle d'un centime, d'une
pièce de dix sous ou d'un franc. Parmi ces plaques, les unes sont lisses
et livides, un peu saillantes et comme papuleuses ou tuberculeuses;
d'autres sont couvertes de papules et de tubercules arrondis ; d'autres,
enfif^, sont lisses à leur centre et papuleuses à leur circonférence.
Le tissu cellulaire cutané du dos de la main est le siège d'un œdème
considérable et rénitent.
Les conjonctives sont fortement injectées et présentent une couleur
violacée ; à droite, il existe même une hémorrhagie dans l'épaisseur de
la muqueuse.
Les paupières, et surtout la paupière supérieure, le lobule du nez
sont occupés par une rougeur érylhémateuse d"un rougé foncé, livide.
D'ailleurs, sur les parties malades, absence de prurit et présence de
chaleur ou de cuisson.
TraUemenl. — Repos, régime doux,
25 juin. La bronchite a cessé, l'œdème est moins considérable et
se laisse déprimer.
30 juin. L iiifiltration du tissu cellulaire a disparu, l'éruption pa-
puleuse s'est affaissée en grande partie et ne détermine que de légers
picotements. ,
15 août. La malade est guérie. Il ne reste aucune trace de l'af-
fection.
OBSERVATIONS.
335
Obs. III. — Erythème noueux et eczéma arthritique.
Drouart (Joséphine), âgée de vingt ans, couturière, est entrée le
8 juin 4 859.
Antécédents. — Le pore de la malade est mort à trente-six ans ; pas
de renseignements sur sa santé.
La mère de la malade est âgée de cinquante ans ; elle est souvent
affectée de douleurs rhumatismales dans les jambes, les bras ou les
reins ; ces douleurs exigent le repos au lit pendant plusieurs jours. Va-
rices volumineuses aux jambes, maux de tête qui consistent en une pe-
santeur continuelle, bléphaiite chronique et fistule lacrymale. Cette
femme a eu trois sœurs, dont l'une est affectée de douleurs rhumatis-
males ; elle a eu six enfants qui existent tous. L'enfant le plus âgé a
vingt- six ans; il est maigre, d'une faible constitution, sujet à s'enrhu-
mer ; il a eu des convulsions dans son enfance. Une fille, âgée de vingt-
quatre ans, a eu également des convulsions ; elle se plaint souvent de
douleurs à leslomac, aux reins et dans le bas-ventre ; pendant quelque
temps, dartres à la figure. Qn garçon, âgé de vingt-diux ans, est fré-
quemment atteint d'angines pendant les hivers : épistaxis, cory/.as
fréquents.
Quant à la malade, elle était sujette aux maux de tête dans son en-
fance et s'enrhumait facilement; la facilité à contracter des bronchites
sous l'influence des changements de température ou des refroidisse-
ments persiste encore. A quatorze ans, menstruation : règles peu abon-
dantes. Après la puberté, la malade a toussé longtemps ; elle avait de
fréquentes angines et de la dyspepsie. Depuis quatre ou cinq ans, elle
a eu, à plusieurs reprises, des plaques d'eczéma fixées sur la figure et
sur les mains (ces plaques ressemblaient à celles que porte la malade
en ce moment).
Pendant cinq à six jours, malaise, lassitude gétiérale, douleurs dans
les jambes et dans les reins, mouvement fébrile vers le soir et perte
d'appétit. Alors des plaques rouges, accompagnées d'élancements se
sont développées sur les jambes : en même temps, apparition d'un
groupe vésiculeux d'eczéma au-des<us de la pommette gauche, et au
bout de quelques jours, éruption de vésicules sur le dos des mains.
Etat actuel. — Sur la face antérieure des jambes existent plusieurs
taches ovalaires d'un rouge vif et môme violacé, de la largeur d'une
pièce d'un ou de deux francs. Quelques-unes de ces taches se réunissent
OUSKUVATION.c.
pour former de larges plaques indurées. Ces plaques elces laclipssoiit un
peu saillaiiles el constituées par un noyau d'induration qui intéresse
l'épaisseurilu dorme et pénètre dans le tissu cellulaire ; elles sont le siège
do picolemenis, d'élancements el d'une vive douleur à la pression.
Au-dessus de la pommelle gauche, se trouve une plaque largecomme '
une pièce de cinq Trancs, couverte de vésicules et de petites squames
grises ot un peu humides ; sur le front existe une plaque analogue, mais
plus petite. Sur le dos des deux mains, on voit aussi quelques petits
groupes d'eczéma sec. Enfin, sur les bras, nous observons des taches
rouges et un peu saillantes; mais elles sont plus petites el moins nom-
breuses que celles des jambes. D'ailleurs, la malade est fortement con-
stituée; elle est douée d'un tempérament sanguin. Comme il existe en-
core un peu de fièvre, on prescrit une saignée le premier jour.
4 2 juin. — L'appétit n'est pas revenu : la langue est saburrale. Il
n'existe plus de fièvre.
Parmi les plaques, les unes ont perdu leur coloralian primitivement
rouge ei offrent une teinte noirâtre ou ecchymotique ; d'autres sont
moins dures et paraissent comme fluctuantes.
On prescrit un purgatif : une bouteille d'eau de Sedlitz.
20 juin. — Toutes les tumeurs sont en voie de disparition ; quelques-
unes n'existent plus ou sont remplacées par une légère teinte jaunâtre,
véritablement ecchymotique. L'appétit est revenu. On a ordonné quel-
ques bains alcalins.
1 '"^ juillet. — La malade est guérie à la fois de l'érythème noueux et
de l'eczéma. Elle demande à sortir.
Obs. IV. — Arlhritides mulliples : urticaire avec hémorrhagie, lichen
uriicans, érylhème marginé. — Ulcères variqueux.
Daubremer (Jacques), âgé de cinquante ans, jardinier, est entré le
15avriH8S9.
Antécédenls. — Père mort à soixante-dix-sept ans du choléra ; il avait
des varices aux jambes et des douleurs dans les reins et dans les mem-
bres. Il toussait souvent pendant les hivers, et il eut une pneumonie;
à plusieurs reprises, il fut affecté de dartres peu étendues et arrondies
sur le visage et sur les mains. D'ailleur.'J, il avait le teint coloré et il
était doué d'une forte constitution.
La mère du malade est morte du choléra à soixante-quinze ans; elle
était sujette à des maux de tête violents, qui revenaient presque tous
OBSERVATIONS.
337
les huit jours et l'obligeaient à garder le lit ; elle avait aussi des dou-
leurs d'estomac et souvent des digestions pénibles. Elle eut quatre
enfants: l'un (âgé de quarante et un ans) se livrait à la boisson, et
mourut en quatre jours avec délire et perte de connaissance subite ; une
autre (fille Agée de quarante-trois ans) est morte à la Pitié, à la suite
d'une opération motivée par un ulcère de matrice.
Le troisième enfant est le malade dont il est question. — Absence de
signes de scrofule.
Dans sa jeunesse, coryzas fréquents, angines légères, répétées et
survenant dans l'hiver. A l'âge de quinze ans, douleur rhumatismale
dans la nuque et les parois thoraciques pendant cinq mois; depuis celte
époque, les douleurs n'ont pas reparu. Vers quarante ans, établissement
d'un flux sanguin par le rectum, paraissant tous les mois et même deux
fois par mois; aucune tumeur hémorrhoïdale visible à l'extérieur.
Dès sa jeunesse, varices sur les deux jambes.
A trente-huit ans, congestion cérébrale avec perte de connaissance,
saignée; à quarante ans, nouvelle congestion, saignée.
Depuis quatorze ans, les varices se sont ulcérées.
Constitution forte, tempérament sanguin.
Le malade se nourrit assez bien et avoue qu'il abuse parfois des al-
cooliques.
Etal actuel. — On voit à la face interne des jambes deux vastes ul-
cères, larges comme la paume de la main. Ces ulcères présentent des
bords épais et calleux, une surface violacée et fongueuse; ils sont en-
tourés par des veines volumineuses et flexueuses, qui se continuent à
la face interne des cuisses. La saphène interne, au niveau de la cuisse
a le volume du petit doigt. Il existe peu de douleur, quand le malade
garde le repos.
Les pieds et les jambes sont œdématiés.
En ce moment, flux sanguin par le rectum, éblouissements et dureté
de l'ouïe. Déjà la dureté de l'ouïe s'est manifestée trois ou quatre fois
depuis cinq ans; elle persistait chaque fois pendant deux à trois mois.
Bon appétit, digestion facile.
Traitement. — Repos, un bain, cataplasmes.
16. Les plaies, sous l'influence des moyens précédents, offrent un
meilleur aspect; on les recouvre de bandelettes de diachylon.
19. Les ulcères sont cicatrisés dans la moitié de leur étendue. On
place de nouvelles bandelettes.
22. La cicatrisation marche avec rapidité; il reste deux plaies de la
22
338
OBSr.RVATlONS.
largeur d'une pièce de 5 fr. Mais on aperçoit ce malin des saillies
rouges, grosses comme une lentille ou comme un petit pois, disséminées
sur les cuisses et les bras ; quelques-unes existent sur l'abdomen.
Celte éruption s'accompagne de cuisson et de prurit.
23 avril. Les papules sont plus nombreuses; elles se réunissent sur
quelques points au nombre de quatre à cinq et forment de petites pla-
ques arrondies et à bords proéminents : ces petites plaques existent sur
les cuisses et les mains. Démangeaisons vives, picotements, surtout vers
le soir.
26 avril. L'éruption papuleuse et en plaques persiste, mais depuis
hier, des plaques nou\ elles se sont montrées : elles sont arrondies, dé-
primées et blanches an centre, rouges sur leurs bords qui sont saillants ;
à côté de ces plaques complètes et circulaires, on en observe d'autres
qui forment des moitiés de cercle, qui sont plus pâles et même tout à
fait blanches. Il paraît, au dire du malade, qu'elles étaient plus nom-
breuses et plus rouges dans la soirée et dans la nuit.
29 avril. Les plaques d'urticaire sont devenues confluentes à la face
et autour (lu genou; plusieurs d'entre elles présentent des taches hé-
morrhagiques. On voit en outre sur le scrotum trois larges plaques rou-
ges et couvertes de grosses vésicules purulentes. Hier, avant la nuit,
j'examinai le malade : l'éruption était remarquable par une coloration
rouge et même violacée; une congestion intense s'observait sur toute
l'étendue de la peau. Démangeaisons et surtout élancements. Le pouls
n'était point accéléré.
6 mai. L'éruplion est moins confluente : elle est formée par un mé-
lange de papules, de plaques d'urticaire et de taches hémorrhagiques
en voie de disparition. Les ulcères variqueux sont à peu près cicatrisés.
Traitemenl. — Un bain légèrement alcalin et un bain d'amidon tous
les deux jours.
26 mai. Le malade demande à sortir. Les ulcères sont guéris; mais
il reste encore un assez grand nombre de papules rosées sur les cuisses
et les bras,
Obs. V. — Hydroa vésiciileux.
Duchemin (Victor), âgé de vingt- six ans, tourneur sur cuivre, est
entré le 1 3 mai 1 859.
Anlécédenls. — Le père du malade est mort dn pylore^ à l'âge de
vingt-neuf ans ; vomissements incoercibles.
OBSERVATIONS.
339
La mère du malade est âgée de quarante et un ans. — Varices vo-
lumineujfes et démangeaisons aux jambes ; maux de lête fréquents. Elle a
deux sœurs . toutes deux ont eu des migraines, et l'une d'elles était aslh-
maiique et avait des piluites. Son père est mort à l âge de soixante- dix
ans : il avait des maux de lête, des étourdissements, et souvent il per-
dait la mémoire.
Un frère du malade, âgé de seize ans, est sujet aux épistaxis et aux
céphalalgies; il lui survient tous les cinq ou six mois, depuis deux ans,
une éruption vésiculeiise sur le menton et quelquefois sur les mains :
celte éruption ressemble à celle que présente le malade.
Quant au malade, il fut atteint de convulsions dans son enfance ; puis
il a été affecté de la fièvre inlermittente, à des époques rapprochées, jus-
qu'à l'âge de douze ans. Il est sujet aux coryzas, aux bronchites, aux
angines el aux étourdissements ; fluxion de poitrine à l'âge de quinze ans;
à plusieurs reprises, éruptions furonculaires ; douleurs musculaires aux
lombes et dans les membres, pour lesquelles le malade a pris, un grand
nombre de bains de vapeur. Teint coloré, cheveux châtains et tempé-
rament sanguin.
Le 4 1 mai, le malade s'aperçut à son réveil qu'il avait sur les avant-
bras des taches rouges et accompagnées de démangeaisons ; il alla
prendre un bain. Le lendemain, fièvre et douleur à la gorge ; des vési-
cules s'étaient développées sur les taches qui existaient la veille, el d'au-
tres taches s'étaient montrées.
Elal actuel. — Sur la face externe des avant-bras, mais surtout sur le
dos de l 'avant-bras gauche, on observe des taches rouges, violacées, ar-
rondies, dont les dimensions varient depuis celles d'une petite lentille
jusqu'à celles d'une pièce de vingt centimes. Ces taches présentent des
bords légèrement saillants et nettement accusés; elles sont légèrement
déprimées au centre et entourées d'une petite aréole rosée qui se con-
fond insensiblement avec la couleur normale de la peau. Quelques-unes
offrent à leur pcirlie médiane une petite vésicule remplie d un liquide
transparent; d'autres sont remarquables par l'existence d'une petite
croutelle noirâtre ou jaunâtre et entourée d'un li.>;éré blanchâtre; enfin
les bords de plusieurs d'entre elles sont couverts d'un grand nombre de
vésicules miliaires, tandis qu'il existe une vésicule centrale plus volu-
mineuse.
L'éruption est discrète : les plaques sont isolées en général, mais
quelques-unes se louchent par leur circonférence.
L'isthme du gosier est uniformément rouge; la base de la luette est
3/lO OBSERVATIONS.
ehveloppée par une couronne de véhicules blanchâtres qui reposent sur
des taches violacées.
Il existe à peine quelques démangeaisons sur les bras. Les symptômes
fébriles ont cessé; bon appétit.
Trailement. — Tisane de houblon, bains alcalins.
18 mai. La plupart des croûtes se sont détachées en laissant des
macules violacées.
Les plaques ne sont plus saillantes.
25 mai. Le malade sort en ne conservant que quelques taches rou-
ges qui s'effacent de jour en jour.
Ocs. VI. — Hydroa vésiculeux,
Noirol (Ânnelte), âgée de vingt-sept ans, domestique, est entrée le
29 avriH859.
Anlécédenls. — Absence de renseignements sur la santé du père et
de la mère.
La malade a cinq frères qui se portent bien ; elle a eu dans son en-
fatice des gourmes et des ophthalinies à plusieurs reprises.
A dix-neuf ans, menslrualion el dysménorrhée ; maintenant règles
plus régulières et peu abondantes. La malade a eu plusieurs angines;
mais le coryza est l'affection la plus fréquente chez elle : il revient tous
les hivers et dure longtemps.
Il y a trois ans, à la suite d"un refroidissement, apparition de boutons
semblables à ceux qui existent aujourd'hui.
La jeune fille luibite Paris depuis un an. Au commencement de l'hiver,
après une marche prolongée, éruption de lâches rouges et de vésicules
sur les deus. genoux, avec démangeaisons. L'affection* ne préoccupa
nullement la malade et disparut peu à peu. Mais il y a trois jours,
fatigue, malaise, fièvre, picotements et démangeaisons sur le dos des
mains; le lendemain développement de taches rouges et de vésicules
sur les mains.
Etal actuel. — L'éruption siège sur le dos des mains et des doigis :
elle est caractérisée par des taches rougfs, circulaires, de la largeur
d'une grosse lentille, à bords saillants. Sur quelques-unes on aperçoit
une croûte noirâtre, un psu déprimée; sur d'autres, on observe une
vésicule unique et remplie d'une sérosité jaunâ're. On peut suivre le
OBSERVATIONS. 3 /il
développement de l'affection : il existe d'abord une petite vésicule trans-
parenle, puis se montre autour de la vésicule une auréole rouge qui
s'élargit du centre à la circonférence, en même temps que ses bords
deviennent légèrement saillants.
Sur le dos des mains, plusieurs disques se confondent par leur circon-
férence; la plupart sont isolés. Autour des genoux on remarque des
taches violacées, mais on ne voit aucune véhicule. On trouve quatre
taches violacées et vésiculeuses à la face interne delà lèvre inférieure.
Absence de phénomènes généraux; un peu de prurit et picotements ;
bon appétit.
La malade est bien constituée, douée d'un tempérament sanguin;
caractère irascible.
Traitement. — Tisane de pensée sauvage et bains alcalins.
20 avril. La malade ?ort ; il ne resiequedes taches rouges à la place
occupée par l'éruption.
Obs. VII. — Hydroa vésiculeux.
Dijou (Sophie), femme de ménag^^, est entrée le 22 juillet 1859,
âgée de cinquante-deux ans.
Antécédenla. — L*e père était atteint d'un catarrhe depuis un grand
nombre d'années; il est riiort subitement à l'âge de soixante-quinze ans.
La mère de la malade est morte subitement à l'âge de soixante-qua-
torze ans. Elle avait de l'embonpoint et était d'une grande taille ; elle
a souffert longtemps de douleurs dans les genoux et dans les mains.
La malade a été affectée de gourmes dans son enfance ; petite vérole
à quatre ans; menstruation à dix ans; dysménorrhée. A partir de la
puberté, dyspepsies fréquentes, céphalalgies jusqu'à quarante ans ; dou-
leurs goutteuses dans les mains dès la jeunesse (médius de la main
droite présentant des tophus au niveau des articulations phalangiennes) .
Coryzas et bronchites fréquentes pendant l'hiver, crampes dans les
membres.
A quarante ans, suppression des règles à la suite d'une frayeur ;
l'hiver dernier, ophlhalmie avec érythème palpébral à droite.
Il y a trois mois, apparition de taches rouges, accompagnées de dé-
mangeaisons sur l'avant-bras gauche; le lendemain, développement de
petites vésicules sur les taches; quelques jours après, des vésicules ana-
logues se sont montrées sur la main, puis sur l'avant-bras du côte droit.
3V2 OnSERVATIONS.
Podssées successives depuis cette époque; lu malade s'est contentée de
boire de la tisane de houblon.
Bonne constitution, tempérament sanguin; nourriture assez conve
nable.
Eiat actuel. — Sur les avant-bras, on aperçoit de petites taches
violacées de la largeur d'une pièce de vingt centimes ; qut'Iques-unes, à
droite, présentent des bords légèrement saillants et, à leur centre, une
croûte jaunfttre ou une petite vésicule transparente : d'autres sont re-
couvertes de grosses vésicules remplies de pus, et du volume d'un
petit pois. Enfin, on observe des disques rouges sans vésicules e!. des
taches violacées qui ont remplacé les croûtes.
Ces éléments éruptifs sont isolés et assez nombreux; ils occupent sur
les deux avant-bras deux surfaces qui ont la largeur de la paume de
la main.
A la face antérieure et sur les côtés des genoux, on remarque des
groupes de taches, dont les unes se présentent sous la forme de l'éry-
thème marginé (disques saillants sur les bords), et dont les autres sup-
portent à leur centre une vésicule ou une petite croûte jaunâtre Quelques
taches analogues existent aussi sur la partie antérieure de la poitrine, au
niveau de l'extrémité supérieure du sternum. D'ailleurs, l'appétit est
conservé; constipation, dyspepsies moins fréquentes et moins intenses
depuis l'existence de l'éruption. Il faut noter la présence de picotements
sur les parties affectées ; les démangeaisons sont presque nulles.
Traitement. . — Bains alcalins, tisane de houblon, et sirop alcalin.
8 août Tandis que les vésicules se transforment en croûtes qui
tombent en laissant des macules violacées, des vésicules et des taches
nouvelles se produisent de temps en temps.
4 5 août. Les poussées sont moins fréquentes ; même état général et
même traitement.
20 août. L'éruption est beaucoup moins conduente; il n'existe plus
que quelques groupes vésiculeux sur les avant-bras ; ailleurs, on n'ob-
serve que des taches rouges. La malade demande à sortir et à continuer
le traitement chez elle.
Obs. VIII. — Pemphigus chronique, de nature arthritique. — Mort.
Carret (Louis), âgé de cinquante-cinq ans, cuisinier, est entré le
10 juin 1859.
Antécédents. — Père mort à soixante-quinze ans ; il a été malade peu-
OBSERVATIONS.
dant six mois : il avait de violentes douleurs de tête el avait perdu com-
plètement l'appétit; il a succombé subilemeot. Il était souvent affecté,
pendant l'hiver, de creN'asses au talon qui empêchaient la marche; il
eut un frère qui mourut d'attaque d'apoplexie à l'âge de soixante-sept
ans.
Sa mère toussait hiver comme été depuis de longues années; elle
vomissait fréquemment, surtout le matin. Elle est morte dans un étal
voisin de la démence, à l'âge de soixante-dix-sepl. ans, quelque temps
après la perte de son mari.
Le malade eut une grave fluxion de poitrine à l'âge de quatorze ans ; à
trente ans, apparition de varices sur les jambes. Il a toujours été sujet
aux maux d'estomac et à contracter des bronchites : il vomit lous les
nialins à jeun, el il est atteint d'un catarrhe chronique depuis plusieurs
années. Il y a deux ans, existence de démangeaisons vives à l'anus, au
scrotum el aux jambes.
Il travaille dans un endroit humide et peu éclairé; il a beaucoup
fatigué depuis le mois d'avril. Le début du pemphigus remonte à deux
mois, mais depuis longtemps il avait déjà des démangeaisons sur le
corps, principalement à la plante des pieds et à la paume des mains.
L'affection a commencé par l'apparition de quelques bulles, d'abord sur
le poignet gauche, puis sur l'avant- bras du côté droit. L'éruption était
Irès discrète et avait lieu par poussées successives ; elle n'a pas empêché
le malade de travailler jusqu'à ce jour.
Absence de phénomènes généraux, bon appétit; digestions faciles;
les vomissements ont cessé depuis l'existence des bulles ; constipation
habituelle. Constitution forte ; tempérament sanguin et nerveux.
Etat actuel. — Il existe une tuméfaction œdémateuse des mains et des
avant-bras, On voit une rougeur vive et uniforme sur le dos des mains ;
la coloration est moins vive sur les avant- bras et s'y montre par larges
plaques irrégulières. A droite sur le dos de la main, on observe une
bulle unique, transparente, et du volume d'une petite noix ; sur le poignet,
groupes de vésicules dont les unes sont transparentes, et les autres sont
remplies de sérosité purulente ; ces bulles ont un volume qui varie de-
puis celui d'une lentille et même d'un graili de millet jusqu'à celui d'un
petit pois. A gauche, on aperçoit des groupes vésiculeux analogues sur
la main et l'avant-bras. D'ailleurs, état général satisfaisant : appétit,
bonne digestion, mais constipation et insomnies. Ces dernières sont pro-
duites par un prurit très intense sur les parties affectées, sur les cuisses
et les jambes.
3^/* OBSCIIVATIONS.
Traitemcnl. — Nourriture légèro, poudre d'amidon en application sur
les régions malades, eau de Vicliy à l inlérieur.
14 juin. Les démangeaisons sont très vives et existent sur tout le
corps ; des poussées nombreuses de plaques érysipélateuses, couvertes
de bulles transparentes ou opaques, purulentes, se sont montrées
sur les membres supérieurs, sur la face, surtout aux jambes et aux
cuisses; sur ces dernières, l'éruption est très conflucnte.
Le malade se plaint principalement des vives démangeaisons qui exis-
tent ; il est agité et ne peut dormir.
Troitement. — On supprime l'eau de Vichy et l'on se borne aux appli-
cations émoUientes. .
20 juin. Les poussées se sont multipliées : des bulles et des plaques
occupent le dos, l'abdomen et même le cuir chevelu. On trouve des
bulles remplies d'une sérosité transparente, des bulles contenant une
sérosité purulente et du pus, des croûtes jaunes et humides, des plaques
rouges avec décollement de la lame superficielle de l'épiderme, des exul-
cérations qui sécrètent un liquide séro-purulent.
Des phénomènes généraux se sont déclarés : fièvre, agitation, délire
pendant la nuit et un peu de diarrhée.
25 juin. L'état s'est aggravé de jour en jour : délire continuel, sé-
cheresse de la langue, pouls très fréquent. L'éruption a continué par
poussées successives. Le malade a succombé dans la nuit précédente.
A l'aulopsie, on trouve la muqueuse intestinale injectée. Aucune
autre lésion dans les viscères. Le crâne n'a pas été ouvert; peut-être
existait-il quelques lésions dans le cerveau ou ses membranes.
Obs. IX. — Pemphigus chronique, de nature arthritique. — Acné
piloris arthritique. — Mort.
Lejeune (Pierre), âgé de soixante ans, charretier, est entré le
8 juillet.
Le père a été malade pendant trois ans; il est mort à quarante-six
ans, et il était paralytique.
La mère du malade est morte à quatre-vingts ans ; elle était sujette
aux migraines et était affectée d'un catarrhe chronique.
Le malade eut des gourmes dans son enfance ; depuis l'âge de quinze
ans, fréquents maux do tête avec des étourdissements ; fièvre intermit-
tente pendant plusieurs années. A trente-huit ans, blennorrhagie et
OBSERVATIONS.
chancre ; dans le cours de l'année suivante, développement d'une
dartre (?) sur la figure, entrée à l'hôpital Saint- Louis .et guérison en
quarante-deux jours. A l'âge de quarante-quatre à quarante-cinq ans,
pneumonie; vers cette époque, apparition de douleurs assez vives dans
les bras, les jambes el les lombes : un grand nombre de bains de va-
peur ont été pris pour combattre ces douleurs qui ont disparu au bout de
deux ans.
Le malade est, depuis sa jeunesse, sujet aux démangeaisons, aux
coryzas, aux angines et aux bronchites pendant les hivers ; il a eu des
éruptions furonculaires à différentes reprises.
Au mois d'avril dernier, le sujet entre à l'hôpital pour se faire traiter ;
il avait une angine avec fièvre, et l'on pratique une saignée. Le lendemain
des bulles se montrent sur les avant-bras, et les jours suivants d'autres
bulles se développent sur les cuisses. On garda le malade pendant un
mois, mais des poussées se manifestaient de temps en temps.
Constitution forte; système musculaire développé; tempérament san-
guin ; bonne nourriture, mais excès de boissons alcooliques.
Etal acluel. — Sur la partie antérieure des bras et des avant-bras,
on observe de petites bulles dont le volume varie depuis celui d'une
lentille à celui d'un petit pois. Quelques-unes de ces bulles, les plus
grosses, sont isolées et entourées d'une aréole d'un rouge foncé ; la plu-
part sont groupées, au nombre de cinq, dix à vingt, sur des plaques
arrondies, érysipélateuses.
Parmi ces bulles, les unes sont globuleuses et transparentes, les
autres présentent une tache jaunâtre à leur centre qui est déprimé; on
en voit encore qui sont remplies de pus ou qui sont remplacées par une
croûte molle et jaunâtre. Outre les bulles et les plaques érysipélateuses,
on observe des taches violacées, des disques rouges et légèrement sail-
lants.
L'éruption huileuse est disséminée irrégulièrement sur les régions
nommées plus haut; elle existe aussi à la face interne des cuisses, mais
elle est moins confluente.
Les régions affectées sont le siège de démangeaisons très vives qui
troublent le repos du malade.
TraUemenl. — Nourriture légère et eau de Yichy ; bains d'amidon.
4 2 juillet. Les phénomènes se sont aggravés; les démangeaisons
sont plus vives que celles des jours précédents ; les plaques sont plus
rouges ; des bulles et des plaques nouvelles se sont montrées sur les
OBSI'HVATIONS.
régions primitivement affectées et sur la face; dans le dos, apparition
de quelques furoncles,
Traiiement. — On supprime l'eau de Vichy et l'on ordonne une po-
tion renfermant deux gouttes de teinture de canlhariile.
16 juillet. Les démangeaisons sont beaucoup moins marquées; le
malade peut dormir. L'éruption est améliorée : les plaques sont moins
rouges et recouvertes pour la plupart de croûtes brunes ou jaunâtres.
Il n'y a pas eu de nouvelles poussées. On a élevé la dose de teinture de
caiitharide qui a été portée à cinq gouttes dans une potion.
19 Juillet. Exacerbation : prurit très intense; plaques rouges; déve-
loppement de l'éruption sur la face et sur le dos. Le malade prenait une
potion renfermant huit gouttes de teinture de cantharide : on supprime
la potion et l'on saupoudre avec la poudre d'amidon les surfaces af-
fectées.
26 juillet. La congestion cutanée est beaucoup moins marquée, et
le prurit est moins intense. Tous les matins on constate l'apparition de
quelques bulles.
Traitement. — On reprend la potion avec deux gouttes de teinture
de cantharide.
30 juillet. Amélioration notable : les démangeaisons sont presque
nulles et les bulles en voie de disparition
Traiiement. — Potion avec cinq gouttes de teinture de cantharide.
10 août. Depuis trois jours le malade prend sept et huit gouttes de
teinture de cantharide par jour. Des poussées nombreuses se montrent
sur les membres, la face et le dos; vives démangeaisons. On cesse
l'emploi de la potion.
1 5 août. Les phénomènes inflammatoires ont à peu près disparu : le
prurit est beaucoup moins marqué. Constipation depuis plusieurs jours.
Traiiement. — Deux verres d'eau de Sediitz.
28 août. On a repris la potion ; mais on n'élève pas la dose de
teinture au delà de deux gouttes à prendre dans la journée.
L'état local est satisfaisant : les bulles sont rares et transformées en
croûtes ; les démangeaisons sont peu vives. Bon appétit, mais toujours
constipation.
1 5 septembre. Il existe encore quelques bulles et croûtes brunes, des
taches rouges : il n'y a plus de poussées. Le prurit se fait sentir de
temps en temps à l'approche de la nuit. Jusqu'à |)résent on a prescrit
la potion avec une dose de deux à six gcuttes de teinture de cantharide,
on n'a pas dépassé cette quantité.
OBSimVATIONS.
4 octobre. Le malade demande à sorlir. Il n'y a pas eu de poussées
depuis longtemps : il reste un peu de prurit et des taches violacées en
voie de disparition.
5 décembre. Le malade vient à I hôpital pour nous consulter sur
une angine qu'il a contractée depuis quelques jours, 11 existe une rou-
geur éryihémaleuse sur le voile et les piliers du palais, sur le pharynx
et les amygdales : cuisson et douleur dans la déglutition. Le pemphigus
n'a pas "reparu, mais il y a toujours un peu de prurit.
Le malade assure n'avoir jamais été aussi bien portant depuis dix ans:
les étourdissements et les céphalalgies ont presque disparu Mais il attire
notre attention sur une nouvelle affection qui s'est développée sur le front,
les temps et la nuque. En effet, on voit à la racine des cheveux une
série de petits tubercules rouges et indurés, groupés par quatre ou
cinq, recouverts à leur sommet d'une petite croûte jaune et déprimée ;
parmi ces petites saillies, quelques-unes sont traversées par un poil à
leur centre. Les éléments tuberculeux sont disséminés sur le front sui-
vant une ligne qui unit les deux tempes ; ils existent aussi, mais en plus
petit nombre, sur la partie antérieure du cuir chevelu; sur les tempes et
à la nuque, on observe des plaques arrondies et constituées par de grosses
papules analogues à celles qu'on trouve sur le front. Dans toutes ces ré-
gions, le malade accuse des picotements et un peu de démangeaison;
depuis sa sortie il a eu des furoncles, et on en observe deux qui sont volu-
mineux et situés sur les épaules.
Traitement. — On lui prescrit un gargarisme avec quatre grammes
de borax, et on l'engage à revenir dans quelques jours.
Janvier. Le malade demande à rentrer à l'hôpital dans les premiers
jours de janvier : une récidive s'est montrée et a été occasionnée par des
excès de boissons alcooliques, l a mort est survenue : les bulles se sont
développées sur toute la surface du corps et sur la muqueuse buccale.
A l'autopsie, nous n'avons découvert aucune lésion appréciable des
viscères.
Obs. X. — Psor
iasis scarlatiniforme [arthritique).
Thord (Jean-Baptiste), âgé de quarante-sept ans, entré le 2 dé-
cembre 1 859.
C'est un homme fort, vigoureusement constitué, d'un embonpoint
assez considérable; sa santé a toujours été bonne et lui a permis, pen-
OnSEHVATlONS.
fiant de longues années, de satisfaire à des fonctions assez pénibles,
d'abord dans les messageries, puis dans les cliemins de fer.
Rien de scrofuleux dans ses antécédents.
Rien de syphilitique, non plus, qu'il sache.
Il, n'est sujet ni aux maux de tôte, ni aux douleurs d'estomac; il a
bon appéfit, et digère bien lout ce qu'il prend. Mais il y a trois an?, il
resta environ six fcmaines au lit; c'était, à n'en pas douter, un rhu-
matisme articulaire aigu, presque généralisé, mais sévissant surtout,
suivant sa remarque, sur les articulations du côté gauche.
Immédiatement après ces accidents, et sans transition appréciable,
apparurent à la face palmaire de la main gauche les premiers signes de
l'affection cutanée actuelle; c'est encore là qu'aujourd'hui nous la trou-
vons avec ses caractères les plus tranchés. Elle débuta, nous dit le
malade, par de légères crevasses ou de petits points reconnaissables à
leur rougeur insolite et aux écailles qui les recouvraient: puis, peu à
peu, d'une façon lente et progressive, ces sillons et ces points s'éten-
dirent en surface, et envahirent ainsi la presque totalité de la main.
Cependant l'éruption ne resta pas longtemps isolée à la main gauche,
et peu de semaines après, d'autres plaques analogues, ayant commencé
de la même façon, se montrent à peu près simultanément à la main
droite, à la tête, aux parties génitales èt à la partie voisine des cuisses
et aux pieds.
Il entra alors dans le service de M. Bazin, qu'd quitta après quatre
mois de séjour, amélioré, mais non guéri.
Puis, l'afTection ayant repris une nouvelle intensité, il revint à Saint-
Louis le 2 décembre 1 8 59.
Voici ce que nous constatons aujourd'hui, 25 février, et par consé-
quent après trois mois d'un traitement approprié et rigoureusement
suivi.
Et d'abord nous pouvons dire, d'une manière générale, que dans ces
derniers temps surtout, une modification très sensible s'est produite ;
les plaques se sont blanchies dans certains points, ont presque dis-
paru, et les vives démangeaisons qui tourmentaient le malade sont nulles
ou presque nulles depuis une quinzaine de jours.
Passons à la description :
La main gauche, point de départ du premier siège du mal, est presque
eulièrement envahie ; la région dorsale est restée seule intacte, du moins
au niveau des métacarpiens; dans tous les points affectés, mais surtout
à la face palmaire, la peau estrougp, dure, luisante, parcheminée, recou-
ORSEIW AXIONS.
verte çà et là d écailles épidermiques que le malade enlève facilement
par le grattage; ces squames sont blanches, nacrées, argentées, assez
minces; elles ont été beaucoup plus larges et plus épaisses.
L'affection ne diffère presque pas sur les doigts, qu'elle enveloppe
complètement de leur racine à leurs extrémités; les ongles eux-mêmes
ont participé au travail morbide, et leurs altérations sont remarquables;
ils sont inégaux, raboteux, '^omme érodés en certains points et hyper-
trophiés dans d'autres ; leur couleur est rougeâtre, leur sécrétion a été
déviée et pervertie, à la manière de la sécrétion épidermique, et il en
est résulté uns apparence en rapport avec la forme et le mode de for-
mation de ces lames cornées.
La main droite est moins malade que la gauche, et ne présente les
lésions précitées qu'à la face palmaire, sous la forme d'une plaque assez
large, et à la partie dorsale- des dernières phalanges; les ongles sont
moins difformes qu'à la main gauche.
Nous devons ici noter un phénomène curieux, c'est une sorte de ré-
traction de la peau de la face palmaire des mains; par suite de la modi-
fication profonde qu'a éprouvée celte membrane, elle est devenue rigide,
comme inextensible, et les doigts ne peuvent être complètement étendus.
Celle lésion, d'abord très prononcée, diminue de jour en jour,
A la tôle, l'éruption psoriasique ne l a cédé nullement en intensité, à
ce que nous venons de voir; il y a quelques mois, le cuir chevelu était
complètement recouvert de squames épaisses que le malade arrachait,
entraînant avec elles les cheveux auxquels elles étaient adhérentes.
Le point de départ de l'affection, dans celte région, a été à la partie
supérieure et médiane du cuir chevelu. Aujourd'hui les lésions sont
moins caracléri^ées, quoique encore très manifestes. On voit, do tous
côtés, mêlés aux cheveux, des débris épidermiques blanchâtre-, qui
tombent abondamment sur les vêtements. Si l'on écarte les cheveux, on
trouve au-dessous les surfaces encore rouges par places, et recouvertes
çà et là de squames plus ou moins adhérentes et épaisses.
Mais c'est au front, surtout dans la partie qui confine au cuir chevelu,
et de chaque côté, que l'on observe de belles plaques psoriasiques,
rouges, à bords irréguliers, et recouvertes desquames assez larges,
minces, détachées à 1ôurs bords qui forment une zone blanchâtre,
contrastant avec la rougeur de la partie médiane restée adhérente ; ces
squames simulent jusqu'à un certain point les pellicules formées par lo
dessècliement du collodion appliqué en couche as^ez épaisse.
La face est rouge, mais on n'y trouve aucune trace de psoriasis, au-
350
OnSKRVATlONS.
cune desqaainalion, si ce n'est au front, comme nous -avons vu, et au
monton, où a existé une plaque actuellement guérie
A la région slernale est une large surface psoriasique, irrégulièrement
arrondie, et présentant tous les caractères décrits plus haut : rougeur
autrefois violacée, vineuse, pâlie maintenant, squames blanches, nacrées,
minces, etc. Cette plaque est la dernière (jui ait paru, il y trois mois
environ, et elle s'est beaucoup étendue dans ces derniers temps.
Notons, enfin, des plaques analogues dans le pli génito-crural de chaque
côté; et qui ont presque disparu aujourd'hui ; disons également que les
pieds n'ont pas été exempis d'altérations, lesquelles siégeaient unique-
ment à la face dorsale des orteils, comme nous les avons décrites
aux mains.
Interrogé sous le rapport des sensations qu'il éprouve ou a éprou-
vées, le malade n'hésite pas à leur donner le nom de démangeaisons; il
se grattait beaucoup et se gratte encore un peu; cependant ces déman-
geaisons, qui ont été très violentes, ont presque complètement cédé
depuis une quinzaine de jours. Toutefois, pendant les périodes d'acuité
qui apparaissent de temps en temps, le malade éprouve une chaleur
brûlante, de la cuisson et des élancements dans les parties affectées.
Traitement. — Âlcnlins : sirop et bains. Houblon.
Le malade est dans les salles, en voie de traitement.
Oes. XI. — Psoriasis nummulaire, dénature arthritique.
Marquet (Thérèse), âgée de trente -trois ans, cuisinière, est entrée le
16 septembre 1859.
Antécédents. — Père mort subitement en quarante-huit heures, à
l'âge de soixante-quatre ans; il avait des rhumatismes mobiles.
Mère de la malade morte hydropique, à cinquante-quatre ans, c'est-
à-dire à l'âge critique; métrorrhagies fréquentes dans les dernières an-
nées ; douleurs rliumati^males dès la jeunesse. Elle a eu treize enfants :
un jeune homme âgé de vingt-quatre ans est mort de la poitrine, un
autre âgé de trenle-lrois ans se livrait à la boisson et mourut en quel-
ques jours (?). Quant aux enfants qui vivent encore, une fille, âgée de
cinquante-quatre ans, est tourmentée par les douleurs; une autre, âgée
de trente-sept ans, est attaquée de la poitrine.
La malade a eu des gourmes jusqu'à l'âge de douze ans ; beaucoup
de furoncles; à quinze ans, menstruation régulière el peu abondante;
OBSERVATIONS.
351
fièvre typhoïde à vingt-irois ans; quatre enfants, dont deux sont morts
en bas âge, tandis que deux petites filles survivent et sont d'une faible
santé. Depuis le mariage de la malade (vingt-trois ans), maux de tête
fréquents ei névralgiesde la face qui duraient quatre, sixouhuit jours et
nécessitaient souvent l'application de sangsues; deux pneumonies ; an-
■ gines et bronchites fréquentes pendant l'hiver. Il y a sept ans, après des
chagrins, des points blancs et couverts de petites écailles se sont mon-
trés sur la face antérieure de l'avant-bras gauche ; ces points se sont
réunis en une seule plaque (psoriasis). Cette plaque a duré pendant une
année; elle a été remplacée par une autre située sur les grandes lèvres
et le [)énil : démangeaisons très vives, picotements et élancements. Peu
à peu des taches analogues ont paru à I hypogastre, aux avant-bras et
aux jambes; depuis trois semaines, l'affection s'est développée au cuir
chevelu et aux mains. Il y a six semaines environ, douleur dans l'épaule
gauche, qui a duré quinze jours.
Elal actuel. — On observe une plaque qui recouvre la plus grande
partie de I hypogastre et s'avance sur les grandes lèvres. Celte plaque
présente des bords irréguliers et des squames d'aspect variable : là, les
squames soni sèches, grisâtres ou blanches, épaisses, arrondies et res-
semblent aux squames |)Soriasiques ; ailleurs, elles sont lamelleuses,
jaunes, humides comme on l'observe dans l'eczéma. Les surfaces affectées
sont le siège d'une sécrétion humide en certains points, et sont remar-
quables par leur sécheresse sur d'autres points. De temps en temps,
sécrétion abondante de sérosité plastique et tachant le linge en gris,
puis absence de sécrétion et sécheresse. La peau présente une colora-
tion d'un rouge foncé et quelques gerçures.
Sur la face antérieure des deux avaiit-bras, on voit de petites pla-
ques circulaires, rouges et recouvertes soit par une squame blanche,
soit par une croûte lamelleuse et jaunâtre. Sur le dos des mains il
existe trois ou quatre petites taches rouges avec des squames grisâtres.
On observe sur la partie antérieure du cuir chevelu et un peu sur le
front, des croûtes jaunâtres et légèrement humides, ainsi que des squa-
mes blanches, épaisses et argentées. Jamais l affection n'a existé ni aux
coudes ni aux genoux.
Dans toutes les parties qui sont le siège de l'éruption, principale-
ment à I hypogastre et aux pariies génitales, démangeaisons très vives
et picotements. D'ailleurs, l'appétit est bon; cependant la malade digère
difficilement et éprouve des tiraillements d'estomac. Transpiration abon-
dante à la tête et aux mains.
«iJ- 015St;RVATiOi\S.
Palpilalions depuis l'.lgc do vingl-lrois ans : le cœur présente une
légère hyperlropliie.
Traitement. — Sirop alcalin et bains d'amidon.
2S septembre. I.a sécrétion a cessé complètement ; les démangeai-
sons et la rougeur de la peau ont diminué. On prescrit des frictions à
l'huile de cade.
10 octobre. Les squames se sont détachées en partie; les téguments
sont à peine rouges. Les démangeaisons se font encore sentir. Môme
prescription.
15 octobre. Les démangeaisons et une légère sécrétion ont reparu
sur la plaque située à i hypogastre. On supprime les frictions à l'huile
de cade, et l'on revient aux bains d'amidon.
28 octobre. On a repris l'emploi de l'huile de cade depuis huit jours.
La peau est d'un rose pâle : il existe à peine quelques squames complè-
tement sèches, et un peu de prurit. La malade demande à sortir et à
continuer le traitement chez elle.
Obs. XII. ^016^ rosea [ai'thri ligue).
Élisa Gouen, âgée de vingt-neuf ans, couturière, est entrée le 1 8 mars
1859.
Antécédents. — Père âgé de cinquante-neuf ans ; une fluxion de poi-
trine pendant chaque hiver, de l'âge de vingt-cinq à trente ans. Depuis
deux ans, bronchite continuelle avec expectoration pendant l'hiver. An-
gines, coryzas fréquents ; hémorrhoïdes fluentes; lumbago qui se mon-
tre souvent; dyspepsie continuelle.
La mère de la malade est âgée de soixante-cinq ans; depuis l'âge de
quarante-six ans, douleurs rhumatismales se manifestant tantôt dans les
membres^ tantôt dans différents points du tronc ; lor.squo ces douleurs
quittent les parties précédentes, elles viennent souvent se fixer à la
tête et durent longtemps. — Catarrhes depuis plusieurs années. — Trou-
bles des facultés intellectuelles, dont le début remonte à quatre ans: mélan-
colie et jalousie excessive. Souvent les pieds et les jambes sont enflé.-.
Quant à la malade, elle a toujours été sujette aux épistaxis, aux maux
de tète qui se montrent après les repas ; dyspepsie habituelle. Menstrua-
tion à l'âge de treize ans, un peu irrégulière. Depuis plusieurs années,
douleurs notables dans les membres et le dos. Coubtipation.
Vers l'âge de douze an?, apparition do dartres sèches sur le virage, au
OIÎSERVATIONS.
printemps. Depuis l'âge de quinze ans, à la même saison, des dartres
semblables se sont montrées sur l'éminence Ihénar de chaque main ; il
y a cinq ans, quelques dartres analogues sur la partie antérieure de la
poitrine et sur le cou. Aux dartres ont succédé des éruptions de furon-
cles dans le dos et sur la figure. Depuis quatre ans, angines et coryzas
fréquents : apparition d'acné sur les deux joues.
La malade est entrée dans le service de M. Bazin, il y a six mois,
pour se faire traiter.
On a prescrit du sirop d'iodure de fer, de la tisane de houblon ; on a
fait trois applications d'huile de noix d'acajou sur les joues. Amélioration
très grande. Depuis le mois de décembre 1858, l'affection s'étant ag-
gravée de nouveau, la malade revient à l'hôpital.
Etal actuel. — On aperçoit sur les joues deux plaques rouges, nette-
ment limitées en haut par le bord inférieur de l'orbite et en bas par le
sillon naso- labial. Ces plaques présentent un grand nombre de petites
papules rouges, acuminées et dures; quelques-unes supportent à leur
sommet une petite pustule blanchâtre, et presque toutes se terminent
par la formation d'une pustule. Le nombre des papulo-pustules est très
grand, et varie d'un jour à l'autre; plusieurs sont si petites qu'on
les sent plutôt qu'on ne les voi(. La peau qui sépare les éléments acnéi-
ques présente une rougeur violacée et des capillaires manifestement
variqueux ; elle est un peu épaissie et indurée vers le centre des plaques.
Derrière les ailes du nez et à l'orifice des narines, tache rouge, per-
manente et étant le siège de démangeaisons.
Sur les joues, élancements, cuissons, démangeaisons.
Au niveau de l'éminence Ihénar de la main droite, un peu d'eczéma
arthritique, trace de l'affection qui se montrait au printemps depuis un
grand nombre d'années.
La malade a les cheveux châtains, la peau fine ; elle s'enrhume faci-
lement pendant les hivers; coryzas et angines fréquents pendant cette
saison ; enfin, dyspepsie habituelle et constipation.
Traitement. - Huile de cade, sirop alcalin, houblon, bains sulfureux
et alcalins.
10 avriL Les plaques ont légèrement pâli; les pustules sont moins
nombreuses.
^ La malade se plaint d'avoir mal à la gorge. L'examen montre que
'isthme du gosier et le pharynx sont le siège d'une couleur érylhéma-
teuse avec sécheresse des parties. On continue le traitement auquel on
ajoute un gargarisme avec miel rosatet borax.
23
OBSERVATIONS.
20 avril. Il existe encore un peu de cuisson au pharynx et une cer-
taine gêne dans la déglutition.
4 5 mai. L'amélioration n'est pas douteuse; cependant, on constate
souvent, le matin, I apparition de quelques nouvelles pustules.
Traitement. — /d.,et l'on ordonne des douches d'eau froidesur la figure.
20 mai. Les douches ont produit une diniinutionije l;i congestion cu-
tanée, mais elles ont déterminé une nouvelle angine. On reprend le pre-
mier traitement.
29 juin. La malade sort ; l'affection est améliorée, mais non guérie.
La peau est plus souple et a perdu la vive rougeur qui existait au mo-
ment de l'entrée de la malade.
On ne voit plus que trois ou quatre papules à peine saillantes sur les
deux joues.
Depuis, nous avons revu plusieurs fois la malade; l'affection a reparu,
sans présenter cependant l'intensité qu'elle avait autrefois.
Obs. XIII, — Eczéma arthritique.
Trouard (Éléonore), âgée de quarante-neuf ans, domestique, est en-
trée le 1 8 février i 859.
Antécédents. — Père mort, à l'âge de soixante-huit ans, du choléra ; il
toussait et crachait beaucoup chaque hiver; douleurs mobiles, apparais-
sant au moment des variations de température et se faisant sentir dans
les membres et les lombes ; ces douleurs déterminaient quelquefois une
claudication temporaire ; éruptions furonculaires assez fréquentes ; dartre
rouge, arrondie et peu étendue à la partie interne de la jambe gauche
pendant les quatre dernières années de la vie.
La mère a succombé au choléra, à la même époque que son mari ; elle
était âgée de cinquante-deux ans; elle a eu des hémorrhoïdes fluentes
(de trente-cinq à quarante ans) et des varices. Étant jeune, elle eut nn
accès de manie aiguë à la suite d une frayeur.
Quant à la malade, elle eut des gourmes dans son enfance; une de ses
sœurs a eu des gourmes et des ophlhalniies chroniques. iMenstruation à
l âge de treize ans ; aucune indisposition jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans ;
à cette époque, grossesse et vive démangeaison à la vulve ; cessation et
retour du prurit après et pendant chaque grossesse, et elle a eu sept
enfants ; tumeurs hémorrhoïdaires tlueiites et constipation dans l'inter-
valle des grossesses.
Vers l'âge de vingt-cinq ans, des céphalalgies se sont montrées et
OÎÎSKIiVATIONS.
355
ont duré jusqu'à ces derniers temps ; ces maux de tête s'annonçaient
par une sorte d'engourdissement dans l'un des bras, puis dans la face,
et se caractérisaient par une douleur lensive, lourde, occupant la ré-
gion frontale et disparaissant dané le sommeil. Ces céphalalgies n'exis-
taient ni pendant la grossesse ni pendant l'existence du flux hémorrhoï-
daire.
Après la dernière couche, il y a dix ans, apparition de varices, et
souvent éruptions furonculaires ; la malade est sujette a contracter des
angines.
Vers l'âge de quarante ans, développement d'une plaque d'eczéma
sur la commissure du pouce et de l'index de la main gauche: crevasses
dans la paume des mains, cuisson, picotements et démangeaisons Ces
affections ont persisté, peu ou beaucoup, pendant sept années. Un an
après l apparilion de l eczéma sur la main, développement d'une plaque
eczémateuse sur le cou-de-pied gauche, puis dans le creux poplilé du
même côté; ces deux dernières éruptions n'ont jamais guéri malgré
l'emploi des pommades au soufre, au goudron, des bains sulfureux.
Depuis cinq semaines, nouvelle plaque d eczéma à la nuque et nou-
velle apparition des crevasses aux mains.
Il y a trois mois que la céphalalgie ne s'est point montrée ; les hémor-
rlioïdes ont également disparu.
Mais, pendant Tété, à deux reprises différentes, existence d'une dou-
leur intense dans tout le côté droit de la poitrine et ayant duré une quin-
zaine de jours à chaque fois.
Etat actuel. — Sur la nuque, on voit une large plaque, à contours
sinueux, rouge, violacée, couverte de squames minces et grisâtres ou
jaunâtres; cette plaque se continue avec une autre qui occupe la partie
postérieure du cuir chevelu et qui est le siège d'un suintement séreux;
cette dernière n'existe que depuis quinze jours.
Dans le creux poplité gauche, surface rouge, irrégulière, un peu hu-
mide et couverte de croûtes foliacées et jaunâtres ; l'affection se prolonge
sur le tiers de la face postérieure de la jambe.
"Varices cutanées aux cuisses; varices sous-cutanées aux jambes, plus
marquées à gauche.
L'ans la commissure du pouce et de l'index gauches, plaque arrondie,
rouge, inégale^ sèche et couverte de petites squames adhérentes et
grises; crevasses au niveau des articulations phalangiennes.
Sur le dos des deuxièmes phalanges de la main droite, petites plaques
d'eczéma sec, couvertes de squames.
356
OnSERVATIONS.
Démangeaisons et picolemenls sur les parties affectées. Bon appétit,
digestions faciles, consli|)alion habituelle.
Traitement. — Sirop alcalin, bain alcalin, friclionsà I huile de cade.
4 5 mars. Les surfaces ont pâli, les squames n'existent plus; même
Iraitemefit.
18 mars. La malade sort; il re^te un peu de rougeur et quelques
equames dans le creux poplilé.
Obs. XIV. — Eczéma arthritique.
Cliapuis (Frédéric), âgé de vingt-deux ans, employé, est entré le
\S mars 1859.
Anléc^Jenls. — Père âgé de cinquante-quatre ans, a offert des signes
de scrofule : adénites suppurées et abcès aux jambes dans sa jeunesse.
La mère du malade est âgée de soixante ans ; elle a eu des douleurs
rhumatismales aux jambes,ilya huit ans; pas d'autres renseignements.
Le malade a un frère âgé de dix-sept ans, qui s'enrhume facilement,
est sujet aux épistaxis et aux douleurs dans les jambes. Quant au malade,
il est atteint de coryzas et d'angines pendant tous les hivers; épistaxis
fréquentes ; vers l'âge de dix-sept ans, adénites cervicales et sous-
maxillaires, qui ont suppuré pendant quatre ans. L'année dernière, à
vingt et un ans, rhumatisme articulaire aigu qui a duré un mois.
Le malade est placé dans de bonnes conditions hygiéniques.
Il y a cinq semaines, démangeaisons sur la figure et sur le scrotum,
apparition de plaques rouges autour de la bouche, au cou, et presque
sur toute la figure.
Elut acluel. — Toute la figure est un peu rouge, congestionnée; elle
est couverte de squames minces, légèrement humides et peu adhé-
rentes. La peau elle-même n'esi pas sèche, mais un peu humide, comme
on l'observe lorsque l'eczéma passe du second degré au troisième degré.
Sur le front, sur les ailes du nez et sur la lèvre supérieure, petites croûtes
jaunâtres, molles et écorchures produites par les ongles du malade.
Les régions sus-hyoïdienne, mastoïdienne et cervicale postérieure
présentent des plaques rouges, comme violacées, arrondies et se tou-
chant presque toutes par leur circonférence; ces plaques sont un peu
humides et couvertes de petites squames jaunâtres.
Dans le cuir chevelu, démangeaisons et petites plaques rouges sans
desquamation.
Sur la partie antérieure de la poitrine, quelques boutons d'acné.
OBSERVATIONS.
357
Au niveau de la région précordiale, cicatrices des ventouses appli-
quées dans le cours du rhumatisme.
A la partie postérieure et inférieure du bras droit, démangeaison;
la peau est légèrement rouge.
Sur le scrotum et la verge, prurit et desquamation furfuracée; autre-
fois, suintement léger dans ces parties.
Cicatrice scrofuleuse sur la partie moyenne du muscle sterno-masloï-
dien, glandes sous-maxillaires engorgées; adénites au niveau du bord
antérieur du muscle cléido-mastoïdien. Démangeaisons sur toutes les
parties afTectées et à l'anus.
Trailemmt. — Sirop d'iodure de fer, sirop alcalin, bains d'amidon
et bains alcalins.
10 avril. A la face, la coloration rouge et le prurit ont disparu ; les
démangeaisons sont moins vives à la tèle et au scrotum.
Les plaques du cou se sont affaissées et ont pâli ; l'adénite est en
voie de résolution. Même traitement.
29 avril. Le malade est sorti; il n'y a plus de squames sur aucune
région, mais seulement un peu de rougeur sur les parlies du cou qui
avaient été affectées. Absence de prurit.
Obs. XV. — Eczéma arlhrilique. — ^quirrhe?
Horn (Louis), âgé de cinquante-neuf ans, teinturier, est entré le
25 février 1 859.
Anlécédenla. — Le père se livrait à la boisson ; il toussait et était
oppressé pendant l'hiver; il avait beaucoup de varices; il est mort, à
l âge de cinquanle-trois ans, d'une maladie de poitrine (d'un catarrhe
probablement).
La mère du malade est morte d'une attaque d'apoplexie à l'âge de
soixanle-dix-huit ans. Elle avait eu pendant longtemps des maux de
tête ; à partir de quarante ans, douleurs rhumatismales dans les lombes
et les membres, disparaissant et revenant tous les deux ou trois mois ;
elle avait des varices très développées et un ulcère aux jambes. Elle
était oppressée et toussait pendant l'hiver; elle avait fiéquemment des
douleurs d estomac. Pendant la durée des céphalalgies, épistaxis. Elle a
eu deux frères : l'un est mort d'apoplexie, l aulredecongestion cérébrale.
Le malade eut cinq frères : l'un d eux était épileptique et mourut à
vmgt-deux ans; un autre est mort d'une maladie de poitrine à la suite
358
OBSERVATIONS-
d'un refroidissement; les trois autres ont succombé flans leur onfance.
Quant au malade lui-même, il eut la pelite sérole à neuf ans; jusqu'à
vingt ans, céphalalgies intenses et fréquentes; coryzas et bronchites pen-
dant riiiver. Vers l'âge de trente ans, liémoptysies répétées, mais peu
abondantes ; à celte époque, développement de varices aux jambes. En
tout temps, éruptions furoncnlaires.
Depuis l'âge de vingt-quatre ans, fréquentes douleurs rhumatismales:
lumbago, torticolis, douleurs dans les genoux, et surtout dans le genou
gauche ; la douleur du genou gauche disparaît, puis revient et dure deux
ou trois mois.
Il y a trois mois, le malade a travaillé pendant six mois dans une'
fabrique de blanc decéruse : légères coliques de plomb.
Il y a quinze mois, les jambes deviennent enflées. Le malade entre
dans le service de M. Gibert : cataplasmes et repos. Au bout de quelques
jours, l'enflure avait disparu, mais un eczéma se montrait sur les
jambes ; le malade sort avec cette nouvelle affection.
Depuis deux mois, coryza continuel, douleur et sécheresse de la gorge,
bronchite calarrhale, apparition d'une tumeur située dans l'épaisseur
ou tout au moins dans la gaîne du slerno-niiistoïdien. Aucun signe de
syphilis.
Elat actuel. — Sur le dos du pied gauche, autour de l'articulation
tibio-tarsienne du même côté et sur le quart inférieur de la jambe, il
existe des plaques irrégulières d'eczéma. La peau est rugueuse, rouge,
couverte de squames sèches, blanchâtres ou jaunâtres ; elle est d'un
rouge plus foncé et un peu humide sur quelques points. On trouve des
varices volumineuses sur toute l'étendue de la jambe, surtout à sa par-
tie interne.
Sur la jambe droite sont disséminées des plaques d'eczéma sec, qui
ont le môme aspect que les précédentes ; dos du pied, malléole externe,
malléole interne, articulation tibio-tarsienne sont affectés. Une plaque
plus large que les autres recouvre la face supérieure des quatre pre-
miers orteils. Varices à la partie interne de la jambe.
Elancements, picotements et prurit sur les parties malades.
Coryza gênant le malade pendant le sommeil ; rougeur érythémaleuse
de l'isthme du gosier et déglutition douloureuse.
Derrière la branche montante du maxillaire, on voit une tumeur du
volume d'un petit œuf, datant de deux mois (au dire du malade). Cette
tumeur est située à l'extrémité supérieure du muscle slerno-mastoïdion
et dans la gaîne de ce muscle; elle est parfaitement lisse, remarquable
OUSERVATIONS.
359
par sa consistance qui ressemble à celle du sqairrlie ; elle est le siège
d'élancemenls : la pression n'y détermine pas de douleur.
A droite, on trouve sous la mâchoire plusieurs ganglions (dont l'un a
le volume d'une petite noix) qui ont la même dureté que la tumeur pré-
cédente.
Trailement. — Sirop alcalin, bains d'amidon.
2 mars. Les surfaces eczémateuses ont meilleur aspect : sécrétion
nulle et rougeur peu marquée. Les tumeurs ne diminuent point : on se
demande s'il n'existerait pas là quelque chose de syphilitique. Dans le
trailement, on ajoute une potion renfermant deux grammes d'iodure de
potassium.
4 2 avril. L eczéma est guéri; les tumeurs ont_ conservé le même vo-
lume et la môme consistance. Le malade demande à sortir.
Obs. XVL — Eczéma arthritique.
Vailhé (Charles), âgé de cinquante-trois ans, clown, est entré le
25 février 1858.
Aucun antécédent scrofuleux, dartreux ou syphilitique.
Il y a quinze ans, douleurs dans les épaules, qui ont duré dix-huit
mois.
Depuis deux ou trois ans, il éprouve dans les jambes et dans les
cuisses des douleurs vagues, qui augmentent à l'époque des variations
atmosphériques.
L'affection, pour laquelle il entre à l'hôpital, a débuté depuis treize
mois par un point épaissi, rude au toucher, et sur lequel des crevasses
se sont formées. Les surfaces malades ne donnaient lieu à aucun suinte-
ment ; mais elles étaient le siège de démangeaisons très vives et de
picotements. Peu à peu, la plaque primitive s'est agrandie ; elle occupe
la paume de la main depuis trois mois.
Cette plaque présente un fond rouge, sur lequel siègent de larges
écailles épidermiques très adhérentes ; elle est limitée par un liséré
blanchâtre et formé par l'èpiderine décollé ; sur le pourtour, et près de
sa partie inférieure, elle présente une petite fente qui donne lieu à une
vive douleur, quand le malade ouvre la main.
Au niveau du sillon qui sépare la face antérieure du poignet de la
main, on trouve une plaque rouge, large comme une pièce d'un franc,
datant d'un mois, sèche comme !a précédente et recouverte d'écaillés
OnSliUVATlONS.
ôpidermiques adliérentes. Un peliL point, ayant la largeur d'une piète
do vingt centimes et les ciiractéres précités, se remarque au niveau de
la région liypolhénar.
Dans la paume do la main gauche, on rencontre trois plaques très
petites, qui offrent les caractères indiqués plus haut ; ces plaques exis-
tent depuis vingt jours; elles ont paru après l'emploi de cinq bains sul-
fureux qui avaient été ordonnés à la consultation de l'hôpital.
Sur la partie externe des jambes ont paru quelques plaques dissémi-
nées, d'un rouge pâle, sèches et recouvertes de squames légères; ces
dernières se sont montrées dans les deux premiers jours qui ont suivi
l'entrée du malade.
Traitement. — Bains d'amidon, onctions avec la pommade d'oxyde
de zinc; à l'intérieur, sirop de bicarbonate de soude.
1 2 mars. Le malade sort. Les plaques de la paume de la main droite
sont plus pâles, recouvertes d'un nombre moins grand de squames ; il
n'existe aucune crevasse. Les autres plaques n'ont pas subi de modi-
fication sensible.
Obs. XVII. — Eczéma arthritique.
Massoîi (Alexandre), âgé de trente et un ans, boulanger, est entré le
1" avril 1859.
Antécédents. — Le père du malade est fort et jouit habituellement
d une bonne santé ; pas de maladies graves ; mais depuis l'âge de vingt-
trois ans, dartres aux coudes et aux genoux, dartres qui n'augmentent
ni ne diminuent. Age, soixante et dix ans.
La mère du malade est âgée de soixante-neuf ans ; depuis l'âge de
trente-cinq à quarante ans, elle se plaint souvent d'éprouver des douleurs
dans les jambes, dans les bras et dans les reins; à quarante-cinq ou
quarante-six ans, lumbago intense qui retint la malade au lit pendant
trois semaines; elle tousse souvent pendant l'hiver ; elle est sujette aux
maux de tête , elle a des varices, et quelquefois de la dyspepsie; elle est
obligée de manger peu à la fois, mais souvent. Elle a un fière qui était
tourmenté par des rhumatismes et mourut subitement à l'âge de
soixante et dix ans.
Elle a eu neuf enfants, trois sont morts; une petite fille, âgée do neuf
ans, de convulsions, une autre de la fièvre typhoïde, et la troisième d'un
accident.
OBSERVATIONS.
361
Sur les six enfants qui restent, une fille, âgée de trente-cinq ans, a eu
des dartres comme celles du père et a été aliénée pendant deux ans.
Quant au malade, il n'a pas eu de gourmes ni d'autres signes de scro-
fule; mais, depuis son enfance il est sujet à s'enrhumer, à contracter des
coryzas et des angines; autrefois, maux de tête plus fréquents qu'au-
jourd'hui. Souvent il est atteint de dyspepsie, qui se montre toujours
après des excès et dure pendant deux ou trois jours.
Depuis deux ans, le malade ressent souvent des douleurs dans les
reins, bien que son habitation ne soit point humide. II souffre surtout
d'une douleur placée dans l'épaule droite, qui vient quelquefois se fixer
dans les parois de la poitrine; il fut obligé une fois de se faire appliquer
des ventouses scarifiées.
L'an dernier, blennorrhagie qui a duré cinq mois ; pas de chancre.
Quelques varices aux jambes.
Il y a un mois, se montre une petite plaque rouge sur chaque joue;
sur ces plaques, apparition de petits boutons blancs et de suintement ;
picotements et élancements. Le malade se contente de faire des lotions
d'eau de guimauve, et continue de travailler à la boulangerie ; on sait
que les boulangers sont exposés à une forte chaleur. L'affection ne
guérit pas ; le malade entre à l'hôpital.
Etat actuel. — Sur chaque joue, on voit une plaque d'eczéma, ar-
rondie, large comme une pièce de cinq francs et couverte de croûtes
jaunes, épaisses et un peu rugueuses. Pour expliquer cette abondante
sécrétion qui existe, il faut réfléchir que le malade n'a pas cessé depuis
u n mois d'avoir la figure exposée à la chaleur d'un four.
Sur l'épaule gauche, petite plaque rouge, arrondie, sèche et légèrement
squameuse. Un peu de pityriasis existant depuis longtemps dans le cuir
chevelu et les sourcils.
Traitement. — Bains d'amidon, sirop alcalin.
6 avril. Les croûtes se sont détachées : surface rouge, sèche et cou-
verte de petites squames. Démangeaisons et picotements.
Traiiemenl. — Bains alcalins et sirop de bicarbonate de soude.
24 avril. Le malade demande à sortir; les plaques sont d'un rouge
pâle et ne présentent plus de squames.
Obs^ XYin. — Psoriasis herpétique [diffusa). — Mentagre cadique.
Maupelit (Casimir), âgé de trente-deux ans, menuisier, est entré
le 23 avril 1858.
OBSEKVATIONS.
Anlccédenls. — S<i mère est morle, à cinquante ans, d'une attaque
d'apoplexie; son père est mort- aussi d'une manière subite (?), al il avait
eu dans sa jeunesse des dartres semblaljles à celles dont notre malade est
atîeclé.
Le malade a deux frères, dont le plus jeune présente du psoriasis sur
le front et les parties génitales.
Quant au malade, il n'a offert aucun signe de scrofule. Il est sujet,
depuis deux ans, à des migraines très intenses qui durent à peu près
quatre heures et reviennent tous les quinze jours. 11 n éprouve pas de
douleurs à l'estomac, mais il rend souvent par la bouche un liquide qui
resseinblo au blanc d'oeuf. Depuis dix-liuit mois, il ressent fréquem-
ment des élancements dans la cuisse et la jambe du côté droit : il se
plaint, à son réveil, d'avoir la tête lourde; sommeil pénible, et agité.
La région lombaire est occupée par une large plaque de couleur
rouge, violacée, avec des squames épaisses et argentées. La partie su-
périeure des cuisses présente aussi de larges plaques, ainsi que les
jambes, les membres thoraciques et le tronc.
Trailement. - Solution d arséniate d'ammoniaque, large badigeon-
nage à l'huile de cade, alternativement bains de vapeur et alcalins.
Les frictions d'huile de cade ont déterminé sur les jambes et les
cuisses des indurations petites, papuleuses et même tuberculeuses, tra-
versées par des poils. C'est une inllumniation des follicules pileux dé-
terminée par l'huile de cade (mentagre cadique).
4 juin. Le malade sort. L'éruption est complètement balayée ; il ne
reste plus que des taches d'un rouge pâle.
Obs. XIX. — Psoriasis herpétique. — Blépharite chronique.
Simon (Jean), âgé de trente-trois ans, pidieur, est entré le 41 fé-
vrier 1 859.
Aniécédenls. — Absence de renseignements sur le père; mère morte
à soixante-sept ans, du choléra; elle avait de fréquentes migraines,
était sujette aux démangeaisons et aux éruptions boutonneuses. Elle eut
huit enfants : une fille âgée de vingt et un ans fut alitée pendar>t six
mois et finit par Miccomber ; elle eut à plusieurs reprises des vomisse-
ments abondants de sang, et elle rendit un jour une grande quantité de
sang dans les selles. Quant au malade, il eut duns son enfance la figure
OBSERVATIONS.
couverte de rroûtes pendant quelque temps ; jamais deglandes. Vers l âge
de quatre ans, des ophlhalmies, et surtout, des blépharites se montrè-
rent : elles ont pa^sé à l'état chronique. Il eut plusieurs fois des furon-
cles et même des anthrax ; on voit deux larges cicatrices d anthrax à
l'épigastre et à la nuque. Depuis l'âge de trente ans, le malade est
tourmenté par des douleurs fixées à la région frontale et revenant à des
intervalles irréguliers, par des douleurs situées dans les parois thora-
ciques.
Le psoriasis s'est développé depuis dix mois; il s'est montré d'abord
aux coudes, puis au cuir chevelu, aux bras, aux cuisses, enfin, à la lèvre
supérieure.
Étal actuel. — Sur la partie postérieure du bras gauche, on voit une
plaque rouge, arrondie, un pou saillante et couverte de squames blan-
ches et nacrées ; sur la partie postérieure de l'avant-bras du même côté,
au-dessous de l'olécrâne, trois petites pl.iques de psoriasis guttata ; trois
plaques analogues sur l'avant-bras droit.
Sur la partie externe de la cuisse gauche existe une plaque arrondie,
large comme une pièce de cinq francs, saillante sur ses bords, dépri-
mée au centre et couverte de squames épaisses et brillantes.
Sur le sinciput on trouve une plaque saillante, un peu irrégulière,
supportant des lames blanches et imbriquées : elle a paru peu de temps
après celles des coudes. Sur la ligne médiane de la lèvre supérieure,
on aperçoit une plaque d'un rouge foncé, proéminente, se prolongeant
un peu dans les fosses nasales et sur le bord postérieur des ailes du nez ;
elle est couverte d'écaillés épidermiques blanches et sèches, et de pe-
tites croûtes jaunâtres et noirâtres.
Sur le front et à la nuque, éruption furonculaire.
Les bords des paupières sont rouges et un peu renversés ; les cils
manquent complètement; la conjonctive palpébrale est d'un rouge foncé ;
celle qui recouvre le globe oculaire n'est point injectée. La sécrétion des
larmes augmente par l'exposition à l'air : prurit fréquent et intense
du bord des paupières.
Il existe aussi des démangeaisons, le soir surtout, sur les régions af-
fectées de psoriasis. Un peu de coryza habituellement; d'ailleurs, bon
appétit et digestions faciles.
Trailemeni. — Bains de vapeur et d'amidon, ïirséniate d'ammo-
niaque.
Badigeonnage à l'huile de cade, épilation de la lèvre supérieure, sur
laquelle on fait dos onctions avec le liniment oléo-calcaire.
36^1
OBSERVATIONS.
12 mars. Amélioration trè5 grande de l'éruption, surtout au niveau
delà lèvre supérieure : les squames se sont détachées et ne se repro-
duisent plus ; les plaques se so it affaissées et sont d'un rose pâle. Le
malade demande à sortir.
Ubs. XX. — Psoriasis herpétique.
Luister (Pierre), ûgé de trente ans, garçon de chantier, entré le
9 avril 1858.
Antécédenls. — Père mort; absence de renseignemenis. La mère
existe encore et n'a jamais eu de maladie sérieuse. Ni le père ni la mère
n'ont eu de dartres ou de taches sur la peau.
Quant au malade, il n'a pas eu de gourmes ni de glandes ; à l'âge de
sept ans, ophthalmie qui a duré trois mois.
A la fin de juin 1 8 i7, il s'est aperçu qu'il avait au-devant des genoux
de petits boutons rouges qui se recouvraient d'écaillés blanches ; au
commencement de janvier 1 848, il a paru aux coudes de petites plaques
rouges.
Peu à peu l'affection s'est étendue, et l'on constate maintenant sur la
.partie antérieure de la poitrine et dans le dos, principalement sur ce
dernier point, des cercles complets et incomplets, dont le centre est
sain ; les bords en sont formés par un bourrelet très épais et recouvert
par des squames d'un blanc d'argent ; au milieu du cercle, les tissus sont
rouges et un peu rugueux.
Sur les bras, surtout à leur face externe, on rencontre des gouttes
de psoriasis, les unes avec dépression centrale, les autres sans dépres-
sion, et parmi elles se remarquent des cercles, complets et incomplets,
qui présentent les caractères énumérésplus haut.
De chaque côté, au niveau du coude, il y a une large plaque rouge,
épaissie et recouverte de squames d'un blanc chatoyant.
Sur les membres inférieurs, l'éruption est plus prononcée que sur les
parties dont nous venons de parler; elle occupe la face externe des
cuisses et des jambes. Au-devant des genoux se remarquent de larges
plaques psoriasiques avec rougeur, épaississemenl et squames nacrées ;
sur la face externe des jambes se voient des cercles avec un bourrelet
épaissi et couvert de squames.
Les démangeaisons se font sentir de temps en temp?.
Le malade n'a jamais eu de migraine. Au mois de janvier, après avoir
OBol'RVATJONS.
36:")
été mouillé, il a perdu l'appétil el a été pris de vomissements qui ap-
paraissaient de temps en temps après le repas et consistaient en ma-
tières alimenlairos ou glaireuses ; il n'éprouvait pas de douleurs d'esto-
mac. C'est à cette époque que l'éruption psoriasique est devenue plus
intense.
Les vomissements ont duré trente-cinq jours, et depuis, le malade
n'en a éprouvé que le 22 février, jour où il a vomi pendant toute la
nuit.
Traitement. — Bains de vapeur et alcalins; frictions d'huile de cade.
4 juin. Le malade sort sur sa demande. L'éruption est à peu près
disparue ; il ne reste çà et là que quelques plaques violacées.
Obs. XXI. — Psoriasis herpétique.
Bourselot, quarante-cinq ans, entré le 20 janvier 1859.
Antécédents.' — Dans son enfance, il avait fréquemment à la face de
petites éruptions suivies de desquamation furfuracéo; le prurit était
très léger et n'augmentait pas la nuit. Il ne sait pas s'il a eu des
gourmes; jamais d'épi-taxis.
Prédispositioîi très grande aux coryzas; prurit fréquent aux ailes du
nez; céphalalgie sus-orbitaire, surtout du côté droit, douleur pongitive
se reproduisant très souvent. Éruptions furonculeuses, pendant sa jeu-
nesse. Il n'a jamais eu de ganglions engorgés. Pas d'accidents rhu-
mati.smaux.
A l'âge de neuf ans, il perdit sa mère qui mourut d'une affection
pulmonaire (malade un mois) ; son père vit encore, et il a souffert long-
temps de douleurs à la région lombaire; il n'aurait jamais eu d'autre
afîcclion, à la connaissance du malade.
Bourselot est à Paris depuis l'âge de dix-huit ans, et c'est vers sa
vingt-cinquième année qu'apparut la première éruption. De larges pla-
ques papuleuses ^e montrèrent sur le cuir chevelu et occasionnaient un
prurit incommode, mais uniforme ; le grattage en faisait tomber do
largos squames blanches. Caché en partie par la chevelure, l'exanthème
fut supporté par le malade pendant cin :] ans, sans l'alarmer. A cette
époque (il y a quinze ans), après des excès de boissons continués pen-
dant trois jours, il survint, la nuit, une éruption caractérisée par de
larges plaques d'un rouge vif, arrondies ou ovalaires, limitées par des
papules. Aux papules succédèrent de grandes squames nacrées, qui
366
OliSEUYATIONS.
s'enlevaient fcicilemenl. Ces plaqui's de psoriasis pâlirent, disparurent,
mais il s'en produisit d'autres ; depuis, il en a toujours eu. L'état géfiéral
est conslamnient resté bon. La digestion s'opérait normalement, et le
malade continuait à boire journellement une grande quaniilé de vin.
Pendant le travail de la digestion, et sous l'influence de la marche,
le prurit aug-mentait.
Trois ans après l'apparition du psoriasis sur le corps, il a eu un
chancre, et plus tard deux chaudepisses. Le chancre n'a été cicatrisé
qu'au bout du sixième mois. Il a eu des plaques muqueuses à l'anus;
mais les autres accidents secondaires auraient manqué. Il n'a pas re-
marqué que la syphilis ait influé sur l'évolution du psoriasis. Il n'a jamais
consulté de médecin. Traitement antérieur nul.
Ce malade est père de famille ; il a deux enfants. L'aînée a douze ans,
sa santé est bonne; elle a eu des éruptions vésiculeubcs suivies d'une
exfoliation furfuracée pendant sa première enfance; elle est menstruée.
Pas de névralgies, de démangeaisons, ni flux catharral. Llle n'a pas
d accidents syphilitiques constitutionnels. Le plus jeune a dix ans, et
n'aurait eu aucun accident syphilitique, ni dartreux, ni scrofuleux.
Depuis un an, les plaques sont devenues plus abondantes.
Etat actuel. — Il existe sur toutes les régions de la peau des plaques
de psoriasis. Les plus remarquables siègent sur le thorax, où les cer-
cles se réunissant par leurs bords forment une surface continue. Elles
sont aussi très confluenles sur les parties latérales de l'abdomen, dans
le dos, ainsi qu'a la tête (il n'y a pas eu néanmoins perle sensible des
cheveux). Ailleurs, elles sont beaucoup plus discrètes. Ces plaques sont
arrondies ou ovalaires^ d'un rouge vif, et des papules existent à la
circonférence. En certains points, la surface se trouve recouverte de
larges squames brillantes, nacrées, et s' enlevant assez facilement. Le
malade a une olorrhée à droite qui date d'un mois ; l'écoulement est
assez abondant, il éprouve des bourdonnements d'oreilles: depuis cette
époque, la céphalalgie sus-orbitaire, qui n'avait jamais cessé, est devenue
plus fréquente et |)lus intense.
Traiiemeni. — Huile de cade en frictions, bains alcalins, arséniate
d'ammoniaque.
■ 19 février. Les squames ont disparu dans tous les points; on ne voit
plus que des taches violacées et rosées. Le malade demande à sortir.
OBSERVATIONS.
367
Obs. XXII. — Eczéma généralisé [herpétique). — Néphrite albumineuse.
Barlon (Louis), âgé de trente-trois ans, menuisier, est entré dans le
service le 22 décembre 1 858.
Anlécèdents. — Le père du malade eut dans sa jeunesse des écrouelles,
dont il a conservé de nombreuses cicatrices.
La mère du malade est morte, à l'âge de soixante-huit ans, d'un
cancroïde de la face qui a duré quinze ans et avait détruit la moitié de
la face ; sa mère, à elle, mourut également d'un cancroïde de la face ;
une tante de celte dernfère a succombé à une affection semblable.
Le malade, à l'âge de dix mois, eut la gale pour laquelle on fit deux
frictions avec une pommade soufrée. La peau fut vivement irritée et
déchirée en certains points. Depuis ce temps, le malade eut beaucoup
ou peu de dartres sur différentes parties du corps ; il caractérise son état
en disant qu'il aune peau farineuse et se gerçant sous l'influence de la
cause In plus légère.
Jusqu'à l'âge de vingt et un ans, éruptions vésiculeuses fréquentes
sur toutes les régions, mais peu abondantes ; à cette époque, éruption
plus confluente, accompagnée de rougeur et de gonflement, occupant
tout le bras droit. Le malade entre à l'hôpiial Saint-Louis, dans le ser-
vice de M. Gibert : bains de vapeur, fumigations, cataplasmes de fécule.
Il retourne au pays, étant blanchi. Quelques mois plus tard, l'affection
se montre de nouveau sur les bras et sur les pieds : le malade entre dans
le service de M. Devergie et y séjourne pendant neuf mois.
On prescrivit des bains sulfureux, des bains alcalins, d amidon et des
pastilles soufrées.
Le malade ?ort blanchi pour la deuxième fois.
Il s'établit menuisier dans son pa\ s, et l'affection ne tarda pas à repa-
raître. Pendant trois ans, il fut traité par le médecin de la localité : les
moyens les plus variés ont été employés sans succès. C'est dans cet in-
tervalle de temps que se déclarèrent des accès d'asthme; ces accès
furent combattus par des applications répétées de sangsues à l'anus, et
ils disparurent en cinq semaines. Au bout d'un an, les accès reparurent
de temps en temps; ils étaient plus violents, lorsque la dartre était
moins apparente. Voici comment ils sont décrits par le malade : J'ai
eu beaucoup d'accès^ à en perdre la respiration; les plus violents duraient
au moins trois jours, et quelquefois quatre ou cinq jours. Quand je com-
368
OnSKRVATIONS.
mence à rejeter des crachais épais, je suis soulagé; alors j'éprouve le
besoin d'uriner, cl je rends des urines claires comme de l'eau.
Après avoir subi un Irailement pendant trois ans, lo malade rentre
chez M. Devergie : il avait des dartres sous les jarrets. L'asthme se
montra à l'hôpital : pendant trois nuits, pas de sommeil, potions éthé-
rées. On ordonna des bains sulfureux, alcalins et d'amidon, une pom-
made au précipité blanc. Amélioration et sortie. Au bout d'un an, le
malade entre et reste cinq mois dans le service de M Cazenave; il eut
plusieurs accès d'aslhme. Quelque temps après, il sortit et chercha la
guérison auprès des homœopalhes, des somnan)bules, etc. Enfin lema-
lade ne voyant aucun changement, vient dans le service de M. Bazin,
le 21 décembre 1 858.
8 janvier. Elal actuel. — La joue droite présente une surface rosée
et couverte de squames sèches et grisâtres. La peau qui recouvre les
membres supérieurs est sèche, plissée; elle e^t parsémée de petites
écailles blanchâtres, très faciles à détacher; au niveau des coudes et
des poignets, on aperçoit des plaques rosées parcourues par des sillons
cutanés très accusés qui se croisent dans tous les sens; là existaient
aussi de petites squames blanchâtres.
A la partie interne de la cuisse droite, se trouve une plaque, ayant
la largeur delà main, à bords sinueux et couverte de croûtes rugueuses,
humides et jaunâtres. Ces croûtes sont cassées en quelques points, et
des fissures s'écoule un liquide séreux, plastique ; elles sont entourées
d'une coloration rosée qui se perd insensiblement sur les parties saines.
A la partie supérieure et externe de la cuisse, sur toute la face externe
de la jambe, on voit d'autres plaques de même aspect que la précé-
dente. Le genou, le cou-de-pied sont couverts de croûtes irrégulières
et rugueuses ; dans, l'intervalle qui les sépare, l'épidémie est ridé.
La jambe gauche présente Ifs mêmes lésions que la droite ; on ne voit
sur la cuisse gauche qu'une plaque, qui s'étend à toute la face interne
du membre. Sur la paroi abdominale, l'épiderme est fendillé, ridé, et
l'on observe quelques croûtes disféminées irrégulièrement.
La peau et le tissu cellulaire sous-culanc placés au niveau des par-
lies affectées, sont le siège d'un empâtement œdémateux ; sur les parties
saines, la peau est plissée, couverte d'une poussière blanchâtre et acco-
lée sur les muscles et les os : il existe, en effet, une très grande mai-
greur, qui est masquée à la face par un œdème du tissu cellulaire. On
observe aussi un épanchemont séreux dans l'abdomen.
L'acide nitrique dévoile la présence d'une grande quantité d'albumine
OnSEUVATlONS.
369
dans ses urines : celle substance, à l'élat de coagulum, remplit le tiers
du verro dans lequel on recueille l urine.
^ Le malade se plaint de démangeaisons ; modéré dans l'intervalle des
poussées, le prurit est très intense avant et pendant l'éruption. Depuis
son entrée, le malade n'a pas eu d'accès d'asthme, mais deux poussées
éruptives.
D'ailleurs, bon appétit, digestions ordinairement faciles, et sommeil.
La surface de la peau est remarquable par une grande sécheresse ; ab-
sence de transpiration.
Trailemenl. — • Sirop de quinquina, vin de Bordeaux, saupoudrer les
surfaces affectées avec la poudre d'amidon, bains d'amidon.
26 janvier. La plupart des croûtes se sont détachées en laissant
des surfaces rosées et légèrement humides; l'œdème de la face et des
parties malades a disparu, de sorte i}ue la maigreur apparaît dans
toute sa réalité. L'ascite a diminué d'une manière sensible. Même trai-
tement.
4 5 février. Le malade est dans l'étal précédent. Ses forces semblent
revenir. On continue la médication tonique, et on prescrit l'arsé-
niate d'ammoniaque.
On a examiné de temps en temps les urines, et on a constamment
rencontré une grande quantité d'albumine ; toutefois, celle-ci est moins
abondante maintenant que dans les premiers jours.
27 février. Œdème de la face et du membre supérieur droit, prurit
intense, poussée vésiculeuse à la jambe droite sur une étendue de la
largeur de la main.
On supprime l'arséniate d'ammoniaque ; poudre d amidon.
Albumine abondante dans les urines.
2 mars. Œdème persistant à la face et au bras droit; il apparaît sur
la cuisse gauche; ascite plus développée. Surface couverte de croûtes
et de vésicules blanchâtres sur la cuisse et la jambe gauches ; prurit in-
tense. On voit aussi quelques plaques disséminées sur la paroi anté-
rieure de l'abdomen et sur la face.
18 mars. Le prurit a cessé, ou du moins est très faible ; beaucoup
de croûtes se sont détachées en laissant des taches rouges et un peu
humides. L'hydropisie du tissu cellulaire et l'ascite ont beaucoup
diminué.
Traitement tonique, poudre d'amidon et bains d'amidon.
4 0 avril. Le malade est revenu à l'état qu'il présentait avant la
poussée éruptive. On essaye de reprendre lei préparations arsenicales.
2k
370
OnSF.UVATIONS,
15 juin Le malade a eu une petite poussée avec œdème de la face
vers le milieu de mai ; depuis cette époque, rien de nouveau. 11 demande
à sortir. Voici son étal, qui est un pou amélioré pour le moment :
Il n'y a plus de croûtes ni de surfaces humides. La peau est ridée,
jaunâtre et couverte d'une poussière larineusci dans toute sou étendue ;
sécheresse de la peau et absence de transpiration. Un peu de prurit à
rap|)roche de la nuit. La maigreur est toujours très grande. Les urines
n'ont jamais cessé de renfermer une grande quantité d albumine.
Obs. XXIII. — Eczéma herpétique.
Kérouanl (Louis), âgé de trente-quatre ans, teinturier, est entré dans
le service le 4 février 1 859.
Antécédents. — Le père est mort à l'âge de soixante-deux ans, après
trois mois de maladie ; il avait beaucoup maigri et avait le teint jaune:
le mot de fièvre gastrique fut prononcé par le médecin (?).
La mère du malade fut atteinte d'un cancer du tein et succomba à
celte affection vers 1 âge de cinquante-huil ans. Elle était sujette aux
épislaxis, aux migraines, aux gastralgies ; elle était de grande taille et
avail le teint coloré; elle eut une sœur qui avait aussi des migraines,
des épislaxis, de la gastriilgie, et qui mourut d'une fièvre cérébrale dont
la durée a été de six semaines.
Quant au malade, il était sujet aux épislaxis dans sa jeunesse; il avait
souvent des douleurs dans les côtés delà poitrine (névralgies).
Depuis une dizaine d'années, il existe souvent du prurit sur les mem-
bres : le malade est obligé de prendre jusqu'à trois bains (de temps en
temps) par semaine pour calmer les démangeaisons. A des intervalles
plus ou moins éloignés, apparaissaient sur le tronc et les membres de
petites lâches rouges et couvertes de vésicules ; ces taches n'ont per-
sisté qu'au jarret gauche.
11 y a deux ans, deux larges plaques rouges et humides se montrèrent
sur les deux cuisses : le malade entra dans le service de M. Devergie et
/ut guéri en cinq semaines par les bains alcalins. Au bout de trois
mois, des plaques rouges d'abord, puis couvertes de croûtes, sedévelop-
pent sur les bras; enfin, l'afTeclion s'est manifestée sur la jambe droite
depuis six semaines.
Etat actuel. — Homme de grande taille, au teint coloré, il a fait abus
des boissons alcooliques.
OBSERVATIONS. o7l
Sous le jarret gauche, on voit une plaque allongée, d'un rouge foncé,
sèche, fendillée et couverte de croûtes minces et noirâtres i de temps en
temps, il existe une sécrétion séreuse : les démangeaisons y sont très
yives.
Sur la face dorsale de l'avant-bras gauche, on observe une large
plaque rouge, couverte ëe croûtes minces, jaunâtres et humides; sur
quelques points, se trouvent des érosions du derme produites par le
grattage.
Sur les limites de la plaque, la rougeur se confond insensiblement
avec la coloration normale de la peau, et l'on voit une desquamation
furfuracée.
Sur le bras droit (sur la moitié du bras), se remarque une surface
rouge, couverte de lamelles minces et jaunâtres. Le prurit est très intense
dans ce point.
Sur la partie postérieure de la jambe droite, existe une plaque d'un
rouge foncé, couverte à son centre de croûtes jaunes, humides et folia-
cées ; çà et là, quelques croûtes brunâtres et érosions du derme.
On voit des papules de prurigo sur tout le membre inférieur droit.
Enfin, on rencontre des plaques d'eczéma disséminées irrégulièrement
sur la paroi abdominale et accompagnées de démangeaisons très vives.
D'ailleurs, l'appétit est conservé, les digestions se font bien.
Trailemenl. — Arséniate d'ammoniaque, houblon, bains d'amidon.
15 février. Le malade ne peut supporter l'arséniate d'ammoniaque,
qui détermine de la gastralgie. On supprime ce médicament; on se con-
tente de badigeonner les surfaces avec de l'huile de cade et do prescrire
des bains alcalins, d'amidon.
20 février. Nouvelle poussée sur l'abdomen. On ordonne de nouveau
l'arséniate d ammoniaque à faible dose.
9 mai. L affection esta peu près guérie ; le malade reste dans les salies
et continue son traitement.
Obs. XXIV. — Eczéma herpétique chez un enfant âgé de trois ans.
Henri (Léon- Victor), âgé de trois ans, entré le 10 février 1860.
Antécédents. — La mère est âgée de trente-trois ans; elle n'a jamais
présenté aucun signe de scrofule.
Dans sa jeunesse, épistaxi? ; à l'âge de quinze ans, menstruation qui
est abondante et régulière.
f
272
onSERVATIONS.
A celle époque, il a existé une fièvre typlioïde grave; consécutive-
menl, apparition de migraines fréquentes, avec douleur lancinante. Il y
a 'eu deux grossesses; l'un des enfants est mort à Tâge de trois mois.
D'ailleurs, celle femme présente un leinl pâle, i-e trouve douée d'une
conslilulion sèche et d'un tempérament nerveux.
Le père de l'enfant est âgé de vingt-huit ans. Il jouit en général
d'une bonne santé; il est seulement affecté de migraines qui reviennent
à des intervalles irréguliers et éloignés. D'un autre côté, il est tourmenté
souvent par des éruptions de petits boulo7is qui recouvrent tout le corps
et déterminent des démangeaisons atroces ; il est quelquefois obligé de
quitter le lit et de passer la nuit étendu sur le carreau.
Quant à l'enfant, il est bien constitué; il avait de l'embonpoint, quand
il a quitté sa nourrice. Au bout de deux mois après le sevrage, éruption
vésiculeuse et croules dans le cuir chevelu : une pommade (?) fit prom-
ptement disparaître l'affection. Bientôt, après trois mois, l'eczéma, qui
existe en ce moment, se développa d'abord sur la figure, puis sur la
partie supérieure des cuisses et dans le pli de l'aine.
Etal actuel. — On observe sur les deux joues et le menton trois pla-
ques qui recouvrent à peu près complètement ces trois régions. Ces
plaques sont caractérisées par une coloration rosée et par des squames
minces, humides et jaunâtres ; elles présentent sur quelques points des
croules sanguines, brunes et des plaies produites par des coups d'on-
gle; ailleurs, les parties affectées sont le siège d'une sécrétion séreuse,
claire, abondante, et offrent l'aspect pointillé qu'on trouve dans l'eczéma.
Sur les deux cuisses, à leur partie antérieure et interne, on remarque
une éruption qui présente les symptômes précédents : rougeur de la
peau, croûtes jaunes et humides ou brunes, éraillures du derme produites
par les ongles du malade, sur quelques points surface ponctuée et cou-
verte d'une sécrétion transparente et visqueuse. L'abdomen et les mem-
bres supérieurs ne sont point atteints d'eczéma ; cependant, ils sont
couverts de papules, de croûtes brunâtres et de traînées sanguines.
Il existe évidemment un prurit sur tout le corps, comme l'atteslent
les écorchures résultant du gratlage exercé pat le petit malade. A part
ces démangeaisons, l'enfant se porte bien ; il a bon appétit, digère bien.
On n'observe ni engorgements ganglionnaires, ni ophtlialmies, ni autres
affections strumeuses.
Traitement. — Bains d'amidon, solution d'arséniale d'ammoniaque.
10 murs. L'affection a subi une amélioration notable : il n y a plus
de sécrétion et les démangeaisons sont moins vives.
OBSERVATIONS. 373
28 mars. Le prurit a augmenté depuis quelques jours ; sur différents
points, la sécrétion a reparu.
10 avril. L'eczéma est à l'état squameux. Le petit malade segralle
à peine ; même traitement.
4 mai. L'enfant sort, étant complètement guéri.
Obs. XXV. — Pemphigus chronique de nature herpétique.
Chevallier (Noël), âgé de quarante ans, cultivateur (déparlement de
l'Eure), est entré le 24 mai 1856.
Anlécédcntsi. — Le père est âgé de soixante et dix ans, est bien portant,
n'a jamais eu d'affection cutanée.
La mère du malade est âgée de soixante-huit ans, d'une santé très
faible; elle est sujette aux congestions céphaliques, n'a jamais eu d'affec-
tion cutanée. Un de ses frères a été atteint d'un eczéma qui a duré plu-
sieurs mois.
Le malade dit n'avoir eu que la rougeole dans son enfance ; aucun
accident scrofuleux ni syphilitique.
Un jour, après avoir reçu une pluie torrentielle, il fut pris d'une pleu-
résie (à gauche) avec toux opiniâtre, point de côté, oppression très vive.
On appliqua quatre vésicatoires, et l'on (ît des frictions stibiées. Cette
maladie eut lieu dans l'année 1 833 ; à elle succéda un asthme, dont les
accès avaient une violence extrême et se terminaient par une expuition
abondante de mucosités bronchiques. L'asthme a duré deux ans ; il a
disparu d'une manière lente sous l'influence de purgatifs légers, fré-
quemment répétés.
En 1 837, à la suite d'une vive frayeur et d'une chute de voiture, il
vit son corps couvert d'une éruption érythémateuse qui dura dix-huit
jours environ et céda encore celte fois à des purgatifs.
En 1854, après un refroidissement, un eczéma se montra d'abord
sur le ventre, puis sur tout le corps ; vésicules, rougeur vive, prurit
insupportable, sérosité abondante. Eruptions furonculeuses consécutives,
et amélioration de l'état général.
En 1 855, le ventre se couvre de bulles ; les unes sont grosses comme
de petits pois, les autres comme des fèves ; à leur rupture, il s'écoulait
un liquide abondant et clair comme de l'eau ; on voyait çà et là le derme
rouge et dénudé.
Tandis que le malade était dans cette situation, il fut pris d'une
37/1
ÔBSERVA'JJUNS.
douleur très vive dans la région lombaire, douleur qui fut traitée par
des venlousep. Il fut atteint une autre fois de cette douleur.
L'éruption continua sa marche, de manière que tout le corps
fut petit à petit dépouillé d'épiderme. Un œdème, qui commença par
^es parties génitales, envahit progressivement l'abdomen, les membres
et la face. Les yeux et les oreilles versaient du pus ; le malade fut sourd
et aveugle momentanément. Malgré la fièvre qui était continue, l'appétit
était un peu conservé. Diurétiques: l'anasarque disparaît .
M. le docteur R..., deVerneuil, prescrivit successivement des bains
de carbonate de soude, de sulfure de potassium (dont l'action sur le
derme dénudé fut assez douloureuse), des bains de son et de gélatine.
11 proscrivit l'usage des viandes salées qui constituaient la nourriture
habituelle du malade, et remplaça le cidre par du vin.
Après quelque temps d'un traitement infructueux, consultation avec
M. le docteur H...., d'où résultent: 1" bains avec acide chlorhydrique
(2 à 30 grammes); 2° sulfate de soude (20 grammes) à prendre tous
les deux jours; 3° deux bouteilles du rob Boyveau-Laffecteur.
Amélioration rapide. Les forces se relèvent, l'éruption cesse d'être
douloureuse ; les ulcérations nombreuses de la peau se cicatrisent, ou
plutôt se sèchent. La barbe et les cheveux qui avaient disparu repoussent.
Pour en finir plus vite, le malade entre dans le service de M. Bazin.
État actuel. — Le malade n'est pas encore très amaigri. Le corps,
la face, le cuir chevelu semblent dépouillés d'épiderme : de larges squa-
mes, irrégulières, s'exfolient de toutes parts. La coloration générale
des téguments est un fond cuivré et rougeâtre. Sur cette peau, tendue
et rugueuse, on aperçoit çà et là des plaques dures, sèches, d'appa-
rence cornée, qui sont les vestiges des bulles après dessiccation : il
existe une exsudation de sérosité très abondante, qui redouble d'inten-
sité après chaque bain.
Les démangeaisons sont très intenses : le malade en est extrêmement
tourmenté.
Les ganglions inguinaux sont un peu tuméfiés ; douleurs dans les
lombes par intervalles.
Légère rétraction des membres inférieurs due à la sécheresse des
téguments.
Urines jaunes, chargées de mucus et de sels (carbonates, pas d'al-
bumine).
Appétit conservé, insomnies, alternatives de constipation et de
diarrhée.
OBSERVATIONS.
375
Surdité assez grande.
Trailement. — Bains d amidon et de gélatine; conspersion générale
de poudre d'amidon; houblon ; solution d'arséniate d'ammoniaque,
i^juin. Les bains provoquent des poussées; ils sont supprimés.
23 juin. Eau de riz gommée.
On supprime tout traitement à cause de la diarrhée.
28 juin. On reprend les préparations arsenicales.
7 juillet. Diarrhée colliqualive. Marasme.
Le malade est emmené par les parents.
FIN.
TABLE ANALYTIQUE
Préface j
CONSIDÉBATIONS GÉNÉRALES i
PREMIÈRE PARTIE.
DE L'aRTHRITIS ET DE LA DARTRE CONSIDÉRÉES COMME
UNITÉS PATHOLOGIQUES.
CHAPITRE I. — Étude nosographtque de l'arthritis et de la dartre. 24
§1. Syniptoraatologie des maladies constitutionnelles en général.. 23
A. Prodromes des maladies constitutionnelles 26
B. Symptômes 2"
a. Affections propres 27
h. Symptômes communs 30
c. Marche et durée des maladies constitutionnelles 32
cf. Terminaisons 33
e. Complications 34
/■. Variétés des maladies constitutionnelles 35
1" Suivant les conditions physiologiques 35
2° Suivant la nature de la maladie 35
§ II. Symptômes propres de l'arthritis 36
Définition de l'arthritis. 36
a. Prodromes 37
b. Première période 38
c. Deuxième période 39
d. Troisième période 40
e. Quatrième période 41
Formes de l'arthritis 41
§ III. Symptômes propres de la dartre 42
Définition 42
a. Prodromes *2
b. Première période 43
TABLE ANALYTIQUE. 377
c. Deuxième période 45
d. Troisième période ■47
e. Quatrième période 47
Formes de la dartre 48
§ IV. Symptômes communs ou généraux 49
o. Première époque 49
1° Symptômes communs à l'arthritis et à la dartre 50
2° Symptômes propres à la dartre et à l'arthritis 51
b. Seconde époque 51
Anatomie pathologique 53
CHAP. II. Étiologie des maladies constitutionnelles 53
§ I. Prédisposition ou cause interne 54
i° Hérédité 55
2"Contiigion 55
3° Prédisposition spontanée 56
§11. Conditions extérieures ou propres à l'individu, qui favorisent
le développement de la maladie 56
a. Influences physiologiques 56
b. Influences pathologiques 58
c. Influences exercées par le milieu qui entoure le malade 58
§ m. Pathogénie 59
"HAP. IlL — SÉMÉIOTIQUE 62
§ I. Diagnostic 62
a. Diagnostic difl"érentiel de la dartre et de l'arthritis 63
1° Caractères communs 63
2° Caractères propres 63
b. Diagnostic difl'érentiel entre la dartre et l'arthritis, et entre les
diathèses ou les maladies constitutionnelles 65
§ II. Pronostic 67
CHAP. IV. — Thérapeutique générale des arthritides et des herpé-
TIDES 71
§ I. Traitement préventif 71
§ II. Traitement curatif 75
1° Indications tirées de l'unité pathologique 75
2" Indications fournies par les périodes 79
3° — par les formes 80
4° — par les affections 80
5° — par l'état des affections 81
6° — par les symptômes prédominants 83
7" — par les causes 83
8" Médications 85
9" Rapports des indications aux médications 86
378
TA RLE ANALYTlQUli.
DECXIÈMK PARTIE.
DES ARTHRITIDES.
Caractères communs et dilTérenticIs des arthritides 90
Caractères propres 94
PREMIÈRE SECTION. — Arthritides pseudo exanthémaUques . . 95
CHAP. I. — Arthritides pseudo-exanthématiques érythémateuses. ... 98
§ T. De l'éry thème noueux 98
Symptômes 99
Marche et durée 100
Siège 100
Étiologie 100
Pathogénie 101
Diagnostic.. 101
Pronostic. 103
Traitement 103
§ II. De l'urticaire 104
Symptômes 104
Marche et durée 105
Siège 106
Étiologie 107
Pathogéuie 107
Diagnostic 108
Pronostic 110
Traitement HO
§ III. Du pityriasis aigu disséminé 110
Symptômes Hl
Marche, durée et terminaison. 113
Siège 113
Étiologie 113
Pathogénie H*
Diagnostic
Pronostic
Traitement • 116
CHAP. II. — Arthritides pseddo-exanthématiqdes vésiculeoses 116
§ I. De l'herpès phlycténoïde 1*7
Symptômes ^^"^
Marche et durée
Siège
TABLE ANALYTIQUli. 379
Pathogénie
Diagnostic '
Pronostic
Traitement '-^
§ II. De l'herpès zoster, ou zona ^21
Synoptômes ; ''^^
Siège ^ 124
Variétés
Étiologie • ■l^S
Diagnostic
Pronostic ''26
Traitement *26
CHAP. III. — Arthritide pseddo-exanthématiqob boilkdse 128
Pempbigus aigu > 128
Symptômes 128
Marche, durée et terminaison 129
Siège 129
Étiologie ''29
Pathogénie 130
Diagnostic 130
Pronostic 131
Traitement 131
DEUXIÈME SECTION. — Arthrltides sèche 132
CHAP. I. — Arthritides sèches érythémateuses 133
§ I. Intertrigo arthritique 134
Siège 134
Symptômes 134
Marche et durée 135
Étiologie -. 135
Diagnostic 136
Nature 137
Pronostic 137
Traitement 138
§ II. Couperose arthritique 138
Siège 138
Symptômes 138
Étiologie 139
Diagnostic 140
Pronostic 142
Traitement 142
§ III. Érylhème papulo-tuberculeuif 142
TABLE ANALYTlQUJi.
Siège 143
Symptômes 143
Marche, durée 144
Diagnostic , 143
Pronostic 14G '
Etiologie et traitement 14G
§ IV. Du cnidosis arthritique t 146
Symptômes 147
Étiologie 148
Diagnostic 148
Traitement 149
CHAP. II. — Arthritides squameuses. 150
§ I Pityriasis arthritique 150
Symptômes 150
Marche et durée 151
Étiologie, diagnostic' 152
Pronostic, traitement ^53
§ II. Psoriasis arthritique 154
Symptômes , 1S5
Étiologie ■•57
Diagnostic 157
Pronostic 160
Traitement 1^1
CHAP. III. — Arthritides boutonneuses 16'
§ I. Prurigo arthritique ^^1
§ II. Lichen arthritique ''63
a. Lichen circonscrit
b. Lichen piiaris '68
c. Lichen lividus
§ m. Acné arthritique
a. Acné miiiaire
1 7A
b. Acné pilaris
176
C, Acné indurata
1 77
d. Acné rosea
, . 179
Etiologie
Traitement
TROISIÈME SECTION. —Arthritides humîdes ^81
. ... 182
CHAP. I. — Arthritidiîs viîsico-squameuses
6 I. De l'eczéma arthritique
^ 183
S'^^g*' ■ 184
TAHLli ANALYTIQUE. 381
Symptômes • 183
Marclic, durée 186
Variétés 187
Etiologie 189
Diagnostic 190
Pronostic 191
Traitement 191
§11. De l'hydroa arthritique 192
•i° Hydroa vésiculeux 193
2° Hydroa vacciniforme 197
3° Hydroa buileux (pemphigus à petites bulles) 198
CHAP. II. — Abturitide bullo-lamelleuse 201
Pemphigus arthritique (pemphigus diutinus) 201
Symptômes 202
Marche, durée, terminaison 204
Étiologie 205
Diagnostic 206
Pronostic 207
Traitement 207
CHAP. in. — ArthritiDes PURO-cnusTACÉEs 208
§ 1. Mcntagrc arthritique 208
Siège 210
Symptômes 211
Marche, durée cl terminaison 212
Etiologie 212
Diagnostic 213
Pronostic, traitement 213
§11. De l ecthyma, du furoncle 216
DES HERPÉTIDES.
Caractères communs et dilTcrenliels des hcrpétides 219
Caractères propres 223
PREMIÈRE SECTION. — Herpétides pseudo - exanthématiques . . . . 225
CHAP. 1. — HeRPÉTIDEî PSEUDO-EXANTUI'MATIQUES EU YTUÉMATEUSES 226
§ I. De la roséole 226
Symptômes 227
Variétés 228
Étiologie 229
Palhiigcnie 229
Diagnostic 230
382 tAfiLK ANALYTiQUIi.
Pronostic, traitement 231
§ H. De l'urticaire 231
§ lU. Du pityriasis aigu disséminé 233
GHAP. II. — IIeiipétides pskudo-exanthématiques vésiculeuses 234
§ I. liczéma rubruin généralisé 234
Symptômes 235
Étiologie 230
Diagnostic, pathogénie > 237
Pronostic, traitement .... 238
§ II. De l'herpès phlycténoïde 239
§ m. Du zoua 240
CHAP. 111. — IIebpétide pseudo-exanthématique bulleose 242
Pemphigus aigu 2*2
DEUXIÈME SECTION. — Herpétides sèches 243
CHAP. I. — Herpétides sèches éuythémateuses 244
§ I. Du cnidosis herpétique 244
Symptômes 245
Étiologie 246
Diagnostic 246
Pronostic, traitement 247
§ 11. De l'épinyctide 248
CHAP. 11. — Herpétides sèches squameuses 250
§ 1. Du pityriasis herpétique 2^)0
Première variété (pityriasis simple) 251
Deuxième variété (pityriasis inflammatoire) 252
Étiologie 252
Diagnostic 253
Pronostic, traitement 255
§ H. Psoriasis herpétique 255
Siège 257
Symptômes 2o7
Marche, durée et terminaison 258
Variétés
Étiologie
Diagnostic
Pronostic
Traitement 26/
CHAP. Hl. — Herpétides boutonneuses 270
8 1. Prurigo herpétique 270
• • 271
l. Prurigo naitis
s
TABLE ANALYTIQUE. S83
II. Prurigo formicans 272
ni. Prurigo senilis 274
Variétés 275
Étioiogie 276
Diagnostic 277
Pronostic 278
Traitement 279
§ II. Du lichen herpétique 280
Symptômes 280
Siège 282
Variétés 283
Étioiogie 286
Diagnostic 287
Pronostic 289
Traitement 290
TROISIÈME SECTION. — Herpétides humîde§ 290
CHAP. I. — Herpiîtide vésico-squameose 291
§ 1. De l'eczéma herpétique 291
Divisions * 293
I. Forme inflammatoire 294
II. Forme sécrétante 296
Marche, durée 298
Terminaisons, siège 299
Variétés 300
Complications 303
Etioiogie 304
Diagnostic - 305
Pronostic 309
Traitement 310
CHAP. II — Herpétide bullo-lamelleuse 313
Pemphigus herpétique {pemphigus diulinus) 313
Symptômes 313
Marche, durée, terminaison 315
Complications 318
Étioiogie, diagnostic 318
Pronostic, traitemenl 321
CHAP. III. — Herpétides puro-crustacées 322
§ I. Mélitagre (impétigo de Willau) 323
Symptômes 324
Siège 326
Marche, durée et terminaison 327
TABLE AWALYTIQUR.
Diagnostic 327
Pronostic 329
Étiologic et traitement 329
§ II. De l'ecthyma, du furoncle 330
TROISIÈME PARTIE.
OBSERVATIONS.
Obs. I. Érylhème papulo-tuberculeux arthritique 332
II. Éry thème papulo-tuberculeux arthritique 333
III. Érylhème noueux et eczéma arthritiques 335
IV. Arlhritidps multiples : urticaire avec hémorrhagie, lichen urti-
cans, érylhème marginé. — Ulcères variqueux 336
V. Hydroa vésiculeux (arlhritidel 338
VI. Hydroa vésiculeux (arthritide) 340
VII. Hydroa vésiculeux (arlhritidc) 341
VIII. Pemphigus chronique (arthritique), mort 342
IX. Pemphigus chronique (arthritique), acaé pilaris (arthritique),
mort 344
■ X. Psoriasis scarlaliniforme (arthritique) 347
XI. Psoriasisnummulaire (arthritique) 350
XII. Acné roséa tarthrilique) 352
XIII. Eczéma arthritique 354
XIV. Eczéma arthritique 356
XV. Eczéma arthritique 357
XVI. Eczéma arthritique 359
XVII. Eczéma arthritique 360
XVIII. Psoriasis herpétique 361
XIX. Psoriasis herpétique 362
XX. Psoriasis herpétique 364
XXI. Psoriasis herpétique 361
XXII. Eczéma herpétique 367
XXIII. Eczéma herpétique 370
XXIV. Eczéma herpétique 371
XXV. Pemphigus chronique (herpétique) 373
FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Acné arthritique, 170. — indurata,
176. — miliaire, 172. — piiaris,
174. — rosca, 177.
Arthrilides, 90. — boutonneuses, 161.
— bullo-Iamelleuse, 201. — hu-
mides, 181. — pseudo-cxanthé-
matiques, 95. — pseudo-exanthé-
matiques érythémateuses, 98. —
pseudo-exanlhématique huileuse ,
128. — pseudo-exanthématiques
vésiculeuses, 116. — puro-crusta-
cées, 208. — sèches, 132. — sè-
ches érythémateuses, 133. — sè-
ches boutonneuses, 161. — sèches
squameuses, 150. — vésico-squa-
nieuses, 182.
Arthritis considérée comme unité pa-
thologique, 24.
B
Boutonneuses (arthritides), 161. —
Boutonneuses (herpétides), 270. —
Bulleuse (arthritidc pseudo-exan-
thématique), 128.— Bulleuse (her-
pétidc pseudo- cxanthémalique) ,
242. — Bulleux (hydroa), 198. —
Builo-lamclleuse (arthritide) , 201.
— Bullo-lamelleuse (herpétide),
313,
Caractères communs et différentiels
des arthritides, 90. — des herpéti-
des, 219.
Caractères propres des arthritides, 94,
— des herpétides, 225.
Cause interne ou prédisposition dans
les maladies constitutionnelles, 54.
Circonscrit (lichen), 164.
Cnidosis arthritique (urticaire chro-
nique), 116. — herpétique (urticaire
chronique), "244, t^lx--
Conditions extérieures ou propres à
l'individu, qui favorisent le déve-
loppement des maladies constitu-
tionnelles, 56.
Considérations générales sur les affec-
tions cutanées, 1 .
Couperose arthritique, 138,
D
Dartre considérée comme unité pa-
thologique, 24.
Deuxième partie (arthritides), 90.
Diagnostic différentiel de la dartre et
de l'arthritis, 63. — entre la dartre
et l'arthritis, et entre les diathèses
et les maladies constitutionnelles.
E
Ecthyma, 216 et 330.
Eczéma arthritique, 182. — herpé-
tique, 291. — rubrum généralisé,
234.
Epinyctide, 248.
Erylhématheuses (arthritides pseudo-
exanthématiques ) , 98. — ( ar-
thritides sèches), 133. — (herpéti-
des pseudo-exanthématiques), 225.
— (herpétides sèches), 244.
Erythème noueux, 98. — papulo-tu-
berculeux, 1 42.
25
386
TATU.IL ALPIIAIJÉTIQUE.
Eliologie des maladies constitulion-
iiclles, 53.
Etude nosogra|)Iii(|uc de l'arlhritis et
de la dartre, 24.
F
Furoncle (dans l'arthritis), 216. —
(dans la dartre), 330.
G
Générales (considérations), 1. — (thé-
rapeutique des artbritidcs et des
herpétides), 71.
H
Herpès phlycténoïde, 417 et 239. —
zoster ou zona, 121 et 240.
Herpétides, 219. — boutonneuses,
270. — bullo lamelleuse, 313. —
humides , 290. — pseudo-exan-
thémaliques érythémateuses, 226.
— pseudo-exanthématique hui-
leuse , 242. — pseudo-exanthé-
maliques vésiculeuses, 234. — puro-
cruslacées, 322. — sèches, 243.
— sèches érythémateuses, 244. —
sèches boutonneuses, 270. — sè-
ches squameuses, 250. — vésico-
squameuse, 291.
Herpétisme ( ou dartre ) considéré
comme unité pathologique, 24.
Hydroa arthritique, 192.
I
Impétigo herpétique (mélitagre), 323.
Indurata (acné), 176.
latertrigo arthritique, 134.
L
Lèpre vulgaire, 255.
Lichen arthritique, 163. — circon-
scrit, 164. — lividus, 169. — pi-
laris, 168. — herpétique, 280.
M
Mélitagre (impétigo dartreui), 323.
Mentagre arthritique, 208.
Miliairc (acné), 172.
N
Nosographie de l'arthritis et de la
dartre, 24.
Noueux (érythème), 98.
O
Observations, 332.
Olophlyclide, 192.
Ophlyctide, 117.
P
Papulo-tuberculeux (érythème), 142.
Pathogénie de l'arthritis et de la dar-
tre, 59.
Pcmphigus aigu, 128 et 282, — diu-
tinus arthritique, 201. — diutiuus
herpétique, 313.
Phlycténoïde (herpès), 117 et 239.
Phlyzacia, 216 et 330.
Pityriasis aigu disséminé arthritique,
110. — herpétique, 233. — Pity-
riasis arthritique, 150. — herpé-
tique, 250.
Pronostic des maladies constitution-
nelles, de la dartre et de l'arthritis
en particulier, 67.
Prurigo arthritique, 161. — herpé-
tique, 270.
Psoriasis arthritique, 154. — herpé-
tique, 255.
R
Roséa (acné arthritique), 177.
Roséole herpétique, 226.
S
Séméiotiquc de l'arthritis et de la dar-
tre, 62.
Squameuses (artiiritides), 1 50. — (her-
pétides), 250.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
387
Sycosis arthritique, 208.
Symptomatologie des maladies coii-
stitutioDneiles eu général, 23.
Symptômes commuas ou généraux,
49. — propres de l'arlhritis, 36.
— de la dartre, 42.
T
Tableau des affections cutanées, 21.
Thérapeutique générale des arthriti-
des et des herpétides, 71.
U
Urticaire aiguë arthritique, 104. —
herpétique , 231. — chronique
(voy. cnidosis).
V
Vacciniforme (hydroa), 197.
Vésiculeux (hydroa), 193.
Z
Zona arthritique, 121. — herpéti-
que, 240.
FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE.
Paris. — Imprinierio de L. Martinet, rue Mignou, 2.
t